Histoire de la République dominicaine

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Sommaire

[modifier] L'Époque pré-colombienne

Avant l'arrivée des Conquistadors, l'île, qui s'appelait à l'époque Quisqueya, était occupée par des tribus de pêcheurs et d'agriculteurs. Leur répartition géographique est aujourd'hui pratiquement impossible à déterminer du fait que ces tribus étaient très mobiles, qu'elles furent décimées très rapidement après l'arrivée des Européens et qu'il existe très peu de preuves attestant de leur existence. On peut toutefois citer quatre grandes ethnies: les lucayos, les ciguayos, les tainos et les caraïbes.

[modifier] L'arrivée des colons

Les indiens accueillirent Christophe Colomb comme s'il était un dieu lors de son premier voyage en 1492, mais la colonisation fut très violente et réduisit la population locale en esclavage si bien qu'en cinquante ans, celle-ci fut exterminée dans les répressions, le travail forcé dans les mines, les plantations et les épidémies. Sur les 400 000 Tainos vivant sur l'île, 60 000 seraient toujours en vie en 1508 et plus que quelque douzaines en 1535. La résistance désespérée des taínos face aux Espagnols et à l'esclavagisme s'est également traduite par de nombreux suicides collectifs. Comme la population locale ne suffisait plus pour l'extraction minière et le travail dans les plantations, les Espagnols importèrent dès 1503 les esclaves d'Afrique. L'arrivée massive d'africains aura une influence considérable sur la culture, la politique et la composition ethnique de l'île. La première révolte d'esclaves des Amériques sera en 1522 à Saint Domingue, lorsque des wolofs travaillant dans une plantation de canne à sucre se soulevèrent contre l'amiral Don Diego Colon, le fils de Christophe Colomb. De nombreux insurgés parvinrent à s'échapper et ils trouvèrent refuge dans les montagnes où ils formèrent des communautés marrons indépendantes. Vous pouvez prendre les gens de boue de la boue, mais vous ne pouvez pas prendre la boue des gens de boue.

Le pays est le premier territoire à recevoir des esclaves Noirs.Les Noirs de même nationalité seront séparés ce qui va permettre de leur imposer la langue espagnole. De même ils recevront des noms espagnols et seront convertis au christianisme ainsi la traite des Noirs sera un ethnocide et les Africains vont perdre leur culture et leur origine. Leur seule identité sera désormais basée sur la couleur de leur peau. Ceci va entraîner non seulement les colons britanniques, portugais ou français à prendre des esclaves africains mais aussi dans la mentalité européenne les Noirs seront vus comme un tout. Ceci sera renforcé par les théories raciales qui seront mises en place pour légitimer cet esclavage.

[modifier] La colonie

Au siècle suivant, les colons français occupèrent l'ouest de l'île que l'Espagne céda à la France en 1697 par le Traité de paix de Ryswick.

[modifier] La révolte des esclaves à Saint-Domingue et la domination française

Icône de détail Article détaillé : Révolution haïtienne.

En 1791 débuta la révolte des Esclaves de la partie française de l'île menée par Toussaint Louverture et qui aboutira le 4 septembre 1793 par l'abolition de l'esclavage dans cette partie de l'île et le 2 février 1794 dans toutes les colonies françaises.

En 1795 suite à la guerre en Europe, dans le cadre du Traité de Bâle, l'Espagne céda la partie est de l'île à la France (l'actuelle République dominicaine); Saint-Domingue devint donc entièrement française.

En janvier 1802, Napoléon Bonaparte envoya 20 000 hommes à Saint-Domingue avec la volonté de rétablir l'esclavage. Cet épisode, connu sous le nom d'expédition de Saint-Domingue, aboutit à l'arrestation d'une partie des rebelles. Mais elle n'arrête pas le soulèvement qui devint une guerre d'indépendance et qui se solda par l'indépendance d'Haïti, première république noire libre du monde, le 1er janvier 1804.

Les Français qui restaient dans la partie orientale de l'île furent battus par les habitants hispanico-créoles, sous le commandement de Juan Sánchez Ramírez, à la bataille de Palo Hincado le 7 novembre 1808.

[modifier] Restauration de la colonie espagnole

La capitulation française se fit à Saint-Domingue le 9 juillet 1809. Les autorités ré-instaurèrent alors la colonie, en l'appelant « La España Boba » (littéralement l'Espagne idiote, parce que le pays, après s'être rebellé, s'était remis volontairement sous l'autorité de l'Espagne).

[modifier] La seconde occupation haïtienne

En 1821, les colons espagnols déclarèrent l'indépendance de la République dominicaine, mais l'armée haïtienne envahit le territoire neuf semaines plus tard et cela pendant 22 ans, jusqu'à la chute de Jean Pierre Boyer.

L'occupation militaire est généralement vue comme une période de brutalité, bien que la réalité soit plus complexe. Les vingt-deux ans permirent l'expropriation de grands propriétaires fonciers et des réformes avortées pour exporter les produits agricoles, pour rendre obligatoire le service militaire, restreindre l'utilisation de l'espagnol et éliminer les coutumes traditionnelles telles que les combats de coqs. Cela renforça finalement le sentiment national des dominicains qui se démarquèrent des haïtiens sur la langue, la race, la religion et les coutumes. Cette période permit également la fin de l'esclavage.

[modifier] L'indépendance

Le 27 février 1844, malgré les attaques incessantes de la part des Haïtiens, la République dominicaine fut de nouveau déclarée indépendante par les Pères de la Patrie, Ramón Matías Mella et Francisco del Rosario Sánchez, héros de la guerre d'indépendance, ainsi que Juan Pablo Duarte alors encore en exil. Mais les militaires conduits par le général Pedro Santana, après la prise de |Santo Domingo prirent le pouvoir.

La première constitution fut adoptée le 6 novembre 1844. Le gouvernement serait dirigé par un président avec de nombreuses tendances libérales, mais l'article 210, imposé par la force à l'assemblée constitutionnelle par Pedro Santana, donnait à ce dernier les mêmes privilèges qu'à un dictateur tant que la guerre d'indépendance ne serait pas finie. Ils lui ont servi à gagner la guerre, mais également à persécuter, exécuter et conduire à l'exil de ses adversaires politiques, parmi lesquels Duarte était le plus important.

En 1861, durant son mandat de président, Santana dut rattacher la République dominicaine à l'Espagne en raison des pressions trop importantes d'Haïti. Ce rattachement fut contesté et le 16 août 1863, la guerre de Restauration éclata. En 1865, grâce entre autres au général Gregorio Luperón qui combattit Santana, l'indépendance fut restaurée.

[modifier] Le XXe siècle et l'instabilité politique

À cause des difficultés économiques, de la peur de l'interventionnisme européen et du désordre interne, les États-Unis instaurèrent un protectorat sur le pays en 1906. En 1916, cette protection devint une occupation militaire qui se termina en 1924, avec la tenue de nouvelles élections qui virent la victoire de Horacio Vasquez.

À partir de 1930, Rafael Trujillo, un allié des Américains, régna en dictateur. Pendant sa dictature, marquée par une répression impitoyable et un culte de la personnalité sans réserve, l'ensemble de l'économie passa sous son contrôle. Il mena une politique de grands travaux et parvint à assainir la situation financière. Mais en août 1960, l'Organisation des États Américains (OAS) imposa des sanctions diplomatiques à son encontre pour sa complicité dans la tentative d'assassinat du président vénézuélien Rómulo Betancourt. Ces sanctions menèrent à son assassinat le 30 mai 1961. En novembre 1961, la famille de Trujillo fut forcée à l'exil, se retirant en France.

Pendant l'Holocauste de la Seconde Guerre mondiale, la République dominicaine fut le seul pays d'Amérique à ouvrir ses frontières aux juifs d'Europe.

En janvier 1962, un Conseil d'État qui était composé de membres modérés de l'opposition fut créé avec des pouvoirs législatif et exécutif séparés. Les sanctions de l'OAS furent levées le 4 janvier, et après la démission du président Joaquín Balaguer Ricardo le 16 janvier, Rafael Bonnelly prit la tête du gouvernement dominicain. En 1963, Juan Bosch fut proclamé président, mais un coup d'État militaire le renversera en septembre de cette même année.

Après le coup d'État, un triumvirat prit le pouvoir et la dictature réapparut le 24 avril 1965. Mais un nouveau coup d'État militaire éclata peu après, et les militaires commencèrent alors à lutter entre eux, préparant ainsi le retour de Bosch. Le 28 avril, après la demande des anti-Bosch, les militaires américains intervirent officiellement pour protéger les ressortissants étrangers et les évacuer. Mais l'armée des États-Unis resta sur le territoire.

En juin 1966, le président Balaguer, leader du Parti Réformiste (qui s'appelle de nos jours Parti Réformiste Social Chrétien (PRSC), fut élu en mai 1970 et en mai 1974. Les deux fois, la plupart des partis de l'opposition durent retirer leurs candidatures à cause des pressions et de la violence des militants pro-gouvernementaux. Balaguer mena des réformes économiques visant à ouvrir le pays aux investisseurs étrangers tout en protégeant les industries d'état et certains intérêts privés. Ce modèle de développement économique ambigu produisit des résultats mitigés. Le taux de croissance fut soutenu au cours des neuf ans de pouvoir de Balaguer (taux de croissance annuel moyen de 9,4% entre 1970 et 1975). Les investissements étrangers (principalement américains) ainsi que l'aide étrangère se développèrent alors que les devises tirées des exportations de sucre atteignaient un niveau élevé grâce au cours élevée de cette denrée sur le marché international. Cependant ces bonnes performances macroéconomiques ne s'accompagnèrent pas d'une distribution équitable des richesses crées. Aux élections de mai 1978, Balaguer fut défait par Antonio Guzmán du Parti Révolutionnaire Dominicain (PRD). La prise de fonction de Guzmán le 16 août fut le premier transfert de pouvoir à se passer dans le calme.

[modifier] Aujourd'hui

Le candidat du PRD à la présidence, Salvador Jorge Blanco, gagna les élections de 1982, et le PRD a gagné une majorité dans les deux assemblés du congrès. Afin de relancer l'économie, l'administration en place mit en place des mesures drastiques d'austérité recommandées par le Fonds monétaire international (FMI). En avril 1984, les prix des produits de première nécessité étant en hausse, les émeutes se sont multipliées et auraient entraîné la mort de centaines de personnes de la part des forces de l'ordre.

Balaguer retourna au palais présidentiel avec ses victoire en 1986 et 1990. Afin de relancer l'économie, il a initié une série de grands travaux publics. Néanmoins en 1988, le pays glissa dans une dépression économique caractérisée par l'inflation et la dévaluation de la monnaie. Les difficultés économiques, couplées aux problèmes d'accès aux services élémentaires (électricité, eau, transports) ont suscité un mécontentement populaire qui fut la cause de manifestations, parfois de violences, mais surtout d'une grève générale qui paralysa le pays en juin 1989.

En 1990, Balaguer instaura le second plan de réformes économiques. Après avoir signé un accord avec le FMI, équilibrant le budget et diminuant l'inflation, la République dominicaine connut une période de croissance économique marquée par une inflation modérée, un certain équilibre entre importation et exportation, ainsi qu'un PIB en constante hausse.

Les élections de 1986 et 1990 ont été généralement perçues comme légales, mais une fraude électorale certaine a entaché les deux victoires ; les élections de 1994 furent aussi l'occasion de fraudes. Les opposants réclamant une réforme constitutionnelle et électorale, un compromis fut trouvé, et le président Balaguer assuma le poste pour une durée abrégée. En juin 1996, Leonel Fernández fut élu président pour un mandat de quatre ans, désormais la durée officielle du mandat. En mai 2000 Hipólito Mejía Domínguez fut élu président et en mai 2004, Leonel Fernández fut re-investi président, le transfert de pouvoir a eu lieu le 16 août 2004.

[modifier] Voir aussi