Hans-Dietrich Genscher

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Hans-Dietrich Genscher, 2001
Hans-Dietrich Genscher, 2001
Hans-Dietrich Genscher, 2007
Hans-Dietrich Genscher, 2007
Le Président des États-Unis George H. W. Bush et Hans-Dietrich Genscher, le 21 novembre 1989 dans le bureau ovale de la Maison-Blanche, avec un fragment du mur de Berlin
Le Président des États-Unis George H. W. Bush et Hans-Dietrich Genscher, le 21 novembre 1989 dans le bureau ovale de la Maison-Blanche, avec un fragment du mur de Berlin

Hans-Dietrich Genscher, né le 21 mars 1927 à Reideburg, est un homme politique allemand. (FDP)

Il fut ministre fédéral de l’Intérieur (1969–1974), puis ministre fédéral des Affaires étrangères et Vice-chancelier (1974–1992, avec une brève interruption en 1982) de la République fédérale.

[modifier] Biographie

Son père, syndic d'une coopérative agricole, meurt en 1937. En 1943, il est incorporé dans la Luftwaffe comme auxiliaire, et en 1945, lors de la bataille de Berlin, il se trouve dans le groupe d'armée Wenck, dernier espoir d'Adolf Hitler face aux alliés. Fait prisonnier, il est libéré après une courte période de captivité.

Après des études de droit à la faculté de Droit et de Sciences économiques de l'Université de Halle, puis à celle de l'Université de Leipzig, il réussit ses derniers examens en 1949 et devient avocat, l'année même où est créée la nouvelle RDA, mais atteint d'une grave tuberculose, il passe trois ans dans un sanatorium.

En 1946, il avait adhéré au Parti libéral-démocrate (LDP) de la zone d’occupation soviétique, mais avait vite compris que ce parti ne servait qu'à entretenir l'illusion du multipartisme, alors que le SED communiste accaparait tous les pouvoirs. En 1952, comme des milliers de ses compatriotes, il « vote avec les pieds » et choisit la liberté en quittant sa région natale, englobée dans le territoire de la République démocratique allemande (RDA).

Dès son arrivée, il adhère au Parti libéral-démocrate (FDP) et passe un examen de droit à l'Université de Hambourg dans le but d'exercer la profession d'avocat et s'installe à Brême, en République fédérale d'Allemagne (RFA). Plus tard, lorsqu'il sera au gouvernement, il s'installera dans une villa à Wartbech-Post, près de la capitale Bonn.

[modifier] Carrière politique

De 1962 à 1964, il va occuper une fonction dirigeante en tant qu'assistant du groupe parlementaire du FDP au Bundestag, et dès 1965, il est élu député et en 1968 il accède au poste de vice-président de son parti. Lors de la première coalition entre SPD et FDP, dirigée par le chancelier Willy Brandt, de 1969 à 1974, il occupe le poste de ministre fédéral de l’Intérieur durant les deux gouvernements successifs de la coalition SPD-FDP.

De 1974 à 1985, il va devenir le président de son parti, et il est nommé ministre fédéral des Affaires étrangères et Vice-chancelier, fonctions qu'il va occuper de 1974 à 1982, dans le gouvernement de Helmut Schmidt. Cependant, Genscher est à l'origine du renversement d'alliance qui va porter au pouvoir les chrétiens-démocrates d'Helmut Kohl, et de 1982 à 1992, il va continuer à être le ministre des Affaires étrangères et Vice-chancelier. Cette « trahison » provoqua le départ d'un tiers des militants du FDP.

[modifier] Action politique

Au niveau de l'Union européenne, il était persuadé de la nécessité du renforcement du pilier franco-allemand qu’il jugeait indispensable à l'amélioration de l'efficacité au sein de la Communauté — constituée à l'époque de 10 pays —, et contribua à la relance du volet politique de la coopération européenne en proposant, en 1981, en association avec le ministre italien des Affaires étrangères, Emilio Colombo, un renforcement de la coopération politique européenne (CPE), aussi appelée plan d'Acte européen, portant sur le développement d'une politique étrangère commune, l'harmonisation des législations, la concertation au niveau européen en matière d'ordre public et de terrorisme et le renforcement du rôle du Parlement.

Persuadé que la guerre froide agrandit la plaie de la séparation des deux Allemagnes, il s'efforça en toute occasion de favoriser toutes les initiatives de détente, de dialogue et de négociation afin de conserver des liens politiques et culturels en vue de futures perspectives de réunification car il estimait que la coupure du pays était seulement idéologique et de la responsabilité des hiérarques du Kremlin. Il fut ainsi l'initiateur d'une Ostpolitik réaliste afin de favoriser le dialogue avec les Russes. Cette politique étrangère, fut longtemps incomprise par les gouvernements Alliés et par de nombreux analystes politiques, et il fut accusé de « philosoviétisme ». Cette politique permis d'aboutir aux accords d'Helsinki, cependant, durant la coalition avec Helmut Kohl, il parvint à endiguer le flot pacifiste lors de la bataille des euromissiles et résista fermement aux manœuvres politiques et diplomatiques de l'Union soviétique.

En 1987, après l'avènement de Mikhail Gorbatchev, Genscher appela l'Occident à « prendre au mot » le discours novateur du président soviétique dans sa volonté de réformes, mais en 1989, lorsqu'il refusa de moderniser les missiles nucléaires à courte portée, les pays anglo-saxons critiquèrent sa politique de désarmement et de coopération volontariste avec l'Union soviétique et l'Allemagne de l'Est. Lors du 40ème sommet de l'OTAN, fin mai 1989, il propose une « troisième option zéro » prévoyant le démantèlement en Europe des missiles nucléaires à courte portée — moins de 500 km, comprenant donc les missiles Lance — après ceux à longue et moyenne portée. Cette option fut jugée comme laissant aux forces du Pacte de Varsovie qui disposaient à l'époque, de quatre fois plus missiles et de forces conventionnelles que les forces de l'OTAN, une supériorité militaire écrasante.

En 1989, il a su transformer les départs massifs des réfugiés allemands en un succès personnel, lorsque sur le balcon de la mission diplomatique de la République fédérale à Prague il annonça, le 30 septembre, aux réfugiés qu'ils étaient tous autorisés par la RDA à émigrer librement en RFA via le territoire est-allemand, alors que son homologue est-allemand, les considérant comme des associaux, déclarait : « Ces hommes n'auraient pas retrouvé de place dans le processus social normal de la RDA ». Le 18 octobre, Erich Honecker démissionnait et Gorbatchev déclarait : « Nous ne relâcherons pas nos efforts pour l'établissement d'un ordre de paix européen, une maison européenne commune, où le rideau de fer rouillera, où il se disloquera, comme nous le souhaitons tous [pour] créer une Europe […] qui ouvre ses frontières, et qui rende partout les réformes possibles ».


Précédé de :
Ernst Benda
Ministre fédéral de l’Intérieur
19691974
Suivi de :
Werner Maihofer
Précédé de :
Walter Scheel
Vice-chancelier
19741982
Suivi de :
Egon Franke
Précédé de :
Walter Scheel
Ministre fédéral des Affaires étrangères
19741982
Suivi de :
Helmut Schmidt
Précédé de :
Egon Franke
Vice-chancelier
19821992
Suivi de :
Jürgen Möllemann
Précédé de :
Helmut Schmidt
Ministre fédéral des Affaires étrangères
19821992
Suivi de :
Klaus Kinkel