Guyonne de Rieux

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Guyonne de Rieux, née Renée de Rieux (1524-13 décembre 1567), comtesse de Laval, de baronne de Vitré, vicomtesse de Rennes, baronne de Quintin, dame héritière d'Avaugour, de Beffou, de Belle-Isle, dame de Montfort, de Gaël, dame héritière de Lohéac, dame héritière de Rieux, de Rochefort et de Largouët, vicomtesse héritière de Donges, dame héritière de Tinténiac et de Bécherel, châtelaine héritière du Désert-à-Domalain.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Origine

Fille aînée de Claude de Rieux, comte d'Harcourt et de Catherine de Laval. Elle devint dame de Laval en 1548, après la mort sans enfants de Claude de Laval, dit Guy XVII de Laval, son oncle. Elle recueillit en 1548, la succession de Claude de Rieux, son frère unique, mort cette année sans enfants.

[modifier] Un mariage de lutte et de division perpétuel

Elle avait épousé le 5 janvier 1545 Louis de Sainte-Maure, marquis de Nesle et comte de Joigny. Ce ne fut pas une union, mais un état de lutte et de division perpétuel. Pendant que le mari, d'intelligence bornée, exploité par deux conseillers décriés, Charrault et Amy, s'intitulait, selon la tradition de la maison de Laval, du nom de Guy XVIII de Laval. Sa femme obtenait du roi l'autorisation de régir ses biens, et se titrait de son côté Guyonne de Laval. Le peuple, à cause de son extravangance (Renée mène une vie tumultueuse), et de son huguenotisme, la nommait « Guyonne la Folle ». L'incompatibilité d'humeur entre les deux époux est telle qu'ils vivent habituellement séparés.

Les tiraillements étaient partout. Le marquis choisissait-il un nouveau chanoine de son chapitre de Saint-Tugal de Laval, Guyonne en pourvoyait un autre que son mari défendait d'installer. C'était bien pis pour l'administration du comté.

A la fin, il se fit entre les deux époux une espèce de réconciliation pendant laquelle Guy trouva moyen d'arrêter sa femme , qu'il amena prisonnière au château de Joigny, où il la retint assez longtemps. S'étant échappée, en 1557, avec le secours d'un de ses gardes, elle retourna dans ses terres , dont les habitants la reçurent avec joie. Guy la somma de revenir auprès de lui, et fit rendre un arrêt au parlement pour l'y contraindre. Sur le refus qu'elle fit d'obéir, il s'adressa au pape Paul IV, qui, d'après son exposé, donna contre elle une bulle d'excommunication que les officiaux de Paris et de Meaux furent chargés de fulminer. Cette sentence, qui lui fut signifiée au château de Meriais, près de Vitré, le 20 février 1557 (v. st.), la porta à se jeter dans le parti des Protestants , et à embrasser la nouvelle religion.

[modifier] Le protestantisme

Une minorité de chrétiens du diocèse de Laval s'engage au XVIe siècle dans la voie de la Réforme; quelques pasteurs influents créent des noyaux de protestantisme, particulièrement dans la noblesse, à l'exemple de Renée de Rieux, dite Guyonne la Folle, comtesse de Laval de 1547 à 1567.

On avance deux raisons pour expliquer son adhésion au calvinisme :

  • Sa sœur, Claudine de Rieux, est mariée à un chef du protestantisme français, François d'Andelot, le premier de la famille Châtillon à avoir adopté la Réforme. Ce dernier est le fondateur de l'église calviniste de Vitré qui, dès 1560, est pourvue d'un pasteur résidant.
  • Après un arrangement à propos de la gestion du comté de Laval, Louis de Sainte-Maure appelle sa femme auprès de lui. Comme elle refuse de venir, le comte de Laval la dénonce auprès du pape qui fulmine contre elle une sentence d'excommunication.

François de Laval, évêque de Dol-de-Bretagne, avait comme seule héritière, sa nièce, Renée de Rieux, qui prit le nom de Guyonne de Laval, qui s’était discréditée en adhérant au protestantisme. François de Laval mourut le 2 juillet 1554, son héritage vint accroître la fortune de la comtesse huguenote.

[modifier] Poursuite de Meaux

François d'Andelot, son beau-frère, voyant qu'elle n'avait pas d'enfants , la prit sous sa protection et la défendit contre poursuites de son mari. Proche d'une des plus grandes familles du Royaume, les Coligny, Guyonne est considérée, avec Louis de Condé, l'amiral de Coligny et François d'Andelot, comme instigatrice de la poursuite de Meaux, en 1567, qui est une tentative des protestants pour saisir le roi Charles IX de France et la reine-mère Catherine de Médicis.

Pour l'Art de vérifier les dates[1], son procès lui ayant été fait au parlement de Paris, elle fut condamnée par arrêt, à être décapitée, avec confiscation de ses biens au profit du roi : jugement d'où les procureurs-généraux du parlement ont souvent pris occasion de soutenir que le comté de Laval appartenait au roi, sans faire attention que tout avait été aboli par les édits de pacification. L'arrêt portait outre cela, que les armes de la comtesse de Laval seraient renversées et traînées par les rues de Paris, à la queue d'un cheval. Cependant elle n'est pas mise à mort, à cause de son dérangement mental, réel ou supposé, on ne sait pas. Ce fut seul le dernier article qui eut son exécution. Charles Maucourt de Bourjolly ne parle que d'un procès fait à sa mémoire.

[modifier] Le dernier refuge à Laval

Venue se réfugier à Laval, elle meurt quelques mois après, le 13 décembre 1567, pendant que toute la population faisait une procession solennelle d'expiation pour le triomphe et l'affermissement de la foi.

Elle fut enterrée à petit bruit, dit l'Art de vérifier les dates ; et probablement sans aucune cérémonie religieuse, puisqu'elle n'était pas morte catholique. Son corps est quand même enterré dans le choeur de la Collégiale Saint-Tugal de Laval. Elle est une comtesse protestante enterrée dans une église catholique en plein milieu des guerres de religion[2]

On n'a pas rompu avec la tradition qui fait de Saint-Tugal la nécropole de la maison de Laval ; ses convictions calvinistes sont peut-être fragiles et dues aux circonstances ; elle ne semble pas avoir fait de prosélytisme dans la ville de Laval et les autorités catholiques peuvent toujours invoquer une aliénation pour la disculper. Il faut quand même avouer qu'on agit bien formellement contre les règles canoniques en l'inhumant dans l'église de Saint-Tugal[3].

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Guy XVII de Laval comtesse de Montfort Guy XIX de Laval
Guy XVII de Laval baronne de Quintin Guy XIX de Laval

[modifier] Bibliographie

  • Malcolm Walsby The Counts of Laval: Culture, Patronage and Religion in Fifteenth and Sixteenth-Century France (Ashgate, Aldershot, 2007)

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes et références

  1. Chronologie historique des sires, puis comtes de Laval, 1784, t. II, p. 864-875.
  2. On y a mis l'épitaphe suivante, gravée sur son tombeau : Cy repose le corps de très-illustre et excellente Guionne , comtesse de Laval, auparavant nommée Renée de Rieux, femme de très-haut et très-puissant seigneur messire Louis de Sainte-Maure, marquis de Nesle comte de Joigny, chevalier de l'ordre du roi, et fille de feu illustre et excellent seigneur messire Claude de Rieux, comte d'Harcourt, et d'excellente Catherine de Laval, laquelle décéda au château de Laval, le 13e jour de décembre l'an 1567, en l'année des troubles de France, pour la religion réformée....
  3. Voici ce que Charles Maucourt de Bourjolly dit à ce sujet : « Quelques anciens Lavallois content que les traverses de sa vie causèrent de la faiblesse et de l'égarement en sa raison, si bien que, quoiqu'elle ne soit pas effectivement morte dans le sein de l'église , il fut néanmoins résolu que son corps, enfermé dans un cercueil de plomb , attendu sa haute extraction , serail inhumé avec ceux de ses ancêtres, en la voûte de l'église de Saint-Tugal. »

[modifier] Source partielle

« Guyonne de Rieux », dans Alphonse-Victor Angot, Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Goupil, 1900-1910 ([détail édition])