Réduit national

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Réduit national (homonymie).
Bunker au massif du Saint-Gothard pour un canon de 105 mm
Bunker au massif du Saint-Gothard pour un canon de 105 mm

Le « Réduit national » ou « Réduit » est un terme utilisé en Suisse pour désigner le système de fortifications dans les Alpes, du Jura jusqu'au lac de Constance. Il fut planifié dès les années 1930 avec son apogée durant la Seconde Guerre mondiale et tomba peu à peu en désuétude devant les changements géopolitiques en Europe, la modernisation de l'armement et les réformes de l'armée suisse.

Sommaire

[modifier] Histoire

Dès 1933, le gouvernement suisse prend des dispositions pour mettre en place des fortifications dans les montagnes suisses. Les travaux se poursuivent durant toute la décennie.

Le général Henri Guisan se rend compte bien vite au début de la Seconde Guerre mondiale que la Suisse ne peut pas résister à une invasion Allemande sur le plateau, essentiellement formé de rase campagne. L'armée se voit donc attribuer la tâche de construire dans les Alpes un noyau bien fortifié : le réduit national.

Celui-ci englobe les forteresses de Saint-Maurice, du massif du Saint-Gothard et de Sargans. Ce nouveau principe de la politique militaire est approuvée dès juillet 1940 par le Conseil fédéral.

Le 25 juillet, Henri Guisan convoque les officiers lors du rapport du Grütli pour y exposer sa nouvelle stratégie, tout en voulant redonner confiance à l'armée et à la population.

Le but de son nouveau plan est de protéger les objectifs stratégiques les plus importants pour l'Allemagne : les axes de communication à travers les Alpes. En cas d'attaque, l'ennemi doit s'attendre à une longue et épuisante guerre de montagne pour finalement trouver les principaux itinéraires rendus impraticables : les tunnels et les ponts sont minés dans ce but.

Mais le plan a aussi le désavantage de laisser le plateau et sa population quasiment sans défenses, d'autant plus que toute l'industrie y est concentrée. De 1940 jusqu'à la fin de la guerre, l'armée construit 21 000 ouvrages fortifiés.

[modifier] Démantèlement

Une bonne partie de ce dispositif, obsolète, coûteux et ne répondant plus aux exigences militaires, fut progressivement démantelée après guerre. Certaines constructions peuvent maintenant être visitées comme le fort de Pré-Giroud à Vallorbe.

D'autres forts importants ont toutefois été modernisés et sont toujours actifs comme le fort de Dailly sur la rive droite du Rhône près de Saint-Maurice (le fort de Savatan étant maintenant occupé par l'Académie de Police et les galeries de la rive gauche ont été abandonnées au début des années 1990). D'autres bunkers, en particulier ceux destinés à l'aviation et à l'artillerie, sont encore utilisés par l'armée suisse.

[modifier] Controverse récente

Depuis les années 1990 et la redécouverte de l'histoire de la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale, les historiens helvétiques ont avancé de nouvelles théories quant aux objectifs motivant la mise en place du réduit national.

En effet, la raison avancée à l'époque et jusqu'à récemment, est qu'elle ne répondait qu'à des fins militaires ; l'armée suisse, inférieure en nombre et en technologie face à celle du IIIème Reich, reprenait ainsi un avantage certain.

Mais sont maintenant évoquées d'autres raisons[1] :

  • le fait de ne plus laisser qu'une force militaire symbolique à la frontière allemande aurait été un acte d'allégeance au IIIe Reich
  • la démobilisation massive qui accompagna sa mise en application (évaluée à 2/3 de ses effectifs) aurait en fait permis d'augmenter d'autant la main d'oeuvre dans les usines suisses, qui pour beaucoup revendaient leurs produits aux allemands. Ainsi, le réduit suisse aurait permis d'accroître de manière significative les échanges commerciaux avec le IIIe Reich, et partiper ainsi indirectement à l'effort de guerre allemand (dans un but économique surtout, et dans une moindre mesure par sympathie)

[modifier] Notes et références

  1. l'honneur perdu..., archives de la TSR (1997)

[modifier] Liens externes

Autres langues