Discuter:Gilles de Rais

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je voudrai savoir quelle personnes se sont opposer a la guerre de cent ans svp reponder vite merci

Personne à ma connaissance. c'est une lubie moderne de s'opposer à une guerre archeos

Seuls l'eglise a eu un role en general d'opposition à la guerre entre chretiens. D'où l'idée des croisades. 0 l'epoque de la Guerre de Cent ans les croisades (du moins en terre sainte) sont finies. L'Eglise avait crée des institutions pour limiter la guerre, telle que la "paix de Dieu" et les "treves de Dieu". Et celles ci interviennent pendant la guerre de cent ans puisque Jeanne d'arc refusait de combattre certains jours qui étaient considérés comme des jours de trèves. En revanche, cela sous entend aussi, que probablement la plupart des chefs de guerre ne s'en souciaient plus tellement.

Utilisateur:Bschifres


Si la Trémoille a vraiment trahi il faudrait le mettre sur sa fiche. En fait il s'est rendu compte que l'assaut était impossible après la mort du frère de jeanne. (d'après les films) Fafnir 2 aoû 2004 à 01:38 (CEST)

Sommaire

[modifier] Culpabilité

J'ai moi aussi une question : l'article parle de montage habile du procès, mais ce procès était-il politique (Gilles de Rais étant alors innocent), ou sait-on qu'il était coupable de toute ce dont on l'accuse ? Turb 2 aoû 2004 à 02:06 (CEST)

Je n'ai jamais entendu parler de remise en cause de sa culpabilité. Après tout, il a avoué (mince preuve, mais quand même). archeos
D'après Gilbert Prouteau et son ouvrage "Gilles de Rais ou la gueule du loup" Gilles de Rais n'était pas coupable mais victime d'une machination visant à le spolier de ses biens.
Les "témoins" auraient été manipulés et leurs paroles détournées du contexte.
D'autres auteurs partagent cette thèse, et de nombreux projets de réhabilitation ont vu le jour depuis les 90 dernières années.

Un seul (parmis une avalanche dans "Gilles de Rais ou la gueule du loup") exemple : tous les feuillets qui retranscrivent le procès ont été signé par le juge, comme le voulait la loi, mais celui-ci n'a jamais signé la transcription des aveux de De Rais (aveux d'une valeur relative puisqu'arrachés par l'usage de la torture : De Rais a fini par avouer 800 meurtres alors qu'on ne lui en "demandait" que 140, et aucun corps n'a jamais été retrouvé). Rien que pour cela le procès pourrait être considéré comme nul et non avenu. markadet

Pour ce qui est de la thèse, j'avais entendu parler des réserves, mais pas d'une révision importante de l'histoire à ce sujet. Comme pour tout sujet potentiellement à scandale, il faut être prudent. L'histoire se fait à partir de sources, donc jugeons les sources (mémoires, actes du procès, lois de l'époque, jurisprudence, etc.) qui sont apportées, et l'interprétation qui en est faite. Les arguments sont valables bien sur, mais il existait quantité de seigneurs tout aussi riches, mais auxquels il était infiniment plus facile et moins risqué de s'attaquer. Gilles de Rais, c'était quand même un compagnon de Jeanne d'Arc. Je t'ai répondu plus longuement sur ma page de Discussion archeos 26 jan 2005 à 12:36 (CET)
Il me semble que 80 corps avaient été retrouvé à Tiffauges.Utilisateur:Bschifres

Gilles de Rais est l'un des tout premier baron à se faire condamner pour des actes qui se sont produit dans sa baronnie. Cela a été permis grace à sa profannation, et cela a donné suite à un procès d'inquisition, qui a des compétence particulière, mais cela reste néanmoins une première, et annonce la fin de l'omnipotence des seigneurs dans leur domaines, au détriment du pouvoir du Roi, en l'occurrence Louis XI, qui a assûdiment travaillé à cela.Utilisateur:Bschifres

Il y a eu au contraire, non seulement une tentative de réhabilitation de Gilles de Rais mais une réhabilitation juridiquement aboutie. En 1994, le Sénat a constitué une commission spéciale pour réouvrir ce dossier et a conclu à l'innocence de Gilles de Rais. Etant donné que les tribunaux qui avaient condamné Rais n'existaient plus, le Sénat s'était estimé compétent. Il conviendrait donc de mettre au conditionnel tous les crimes reprochés à Gilles de Rais dans l'article et de signaler cette décision. A l'heure actuelle, si un descendant de Gilles de Rais attaquait Wiki pour difamation (cas plus que hautement improbable, il est vrai !) il obtiendrait presque certainement sa condamnation....Utilisateur:Tintinaucongo

Avec des sources, ce serait encore mieux (rumeur?). Sans rancune. ThierryVignaud 28 août 2006 à 17:36 (CEST)

Ce n'est bien sûr pas une rumeur. Je n'ai pas le compte-rendu officiel de cette commission mais on peut trouver un article très critique sur cette initiative sur http://www.humanite.presse.fr/journal/1992-11-11/1992-11-11-664111


Je pense que la question de sa culpabilité est un faux problème. La vrai question est celle du caractère hautement politique de son procès. En fait je pense que Gilles de Rais était coupable au regard de ses aveux (contrairement de ce qui a été dit il n'a pas été torturé, seulement menacé) et de nombreux documents qui abonde dans son sens. Mais le procès est lui par contre politique ! Il permettait au pouvoir royal de se renforcer en montrant le profond et puissant lien entre l'Eglise et le Roi. Le roi est ainsi l'expression de la volonté de Dieu sur terre, et l'Eglise est reconnue comme référence de la Morale. Et en effet, Gilles de rais n'aurait jamais été jugé s'il n'était pas si puissant et si inquiétant par sa visibilité et son pouvoir semblant supérieur à celle de ses supérieurs (Roi, Duc Jean V de Bretagne). Il faut bien comprendre que la société féodale traverse un crise profonde à cette époque (15è siècle). Vous pensez bien après la grande peste, la guerre de cent ans... Des contestations des pouvoirs en place commençait à se faire sentir... Et Gilles de Rais en est un des ces symbole. Mais ils n'avaient pas besoin d'aller si loin pour le discréditer !!! Une "simple" accusation d'hérésie (Gilles de Rais aimait l'alchimie selon de nombreux documents) aurait largement suffit ! Tous ces meurtres, ces tortures vont beaucoup trop loin par rapport au but rechercher de le destituer ! Disons que les crimes de Gilles c’était trop beau mais vrai donc ils n’allaient pas le rater ! Bon ce n'est pas une preuve, juste un raisonnement. Mais ce se tient ! Pour la question du procès voir cette source : http://www.hst.ulaval.ca/ActInt/Diable/DiableWeb/gilles_de_rais.htm signé : pierrem

[modifier] "Pendu" ???

Dans la version que j'avais entendue, le repentir (!) qu'avait manifesté Gilles de Rais avait été tel qu'on lui avait accordé d'être décapité et non pendu (ses complices présumés n'eurent pas droit à ce traitement).

J'avais entendu dire aussi en effet que tous ceux qui avaient témoigné contre lui faisaient partie, étrange hasard, de ses débiteurs, mais bon, les "on dit", soyons prudents... François-Dominique 2 aoû 2004 à 02:37 (CEST)

[modifier] Vandalisme

Veuillez supprimer la partie de 212.194.184.251, c'est de repomper sur internet ! Pierrelm 11 mai 2005 à 22:21 (CEST)

[modifier] Tueurs en série

n'est ce pas un anachronisme que de qualifié ainsi gilles de rais? Traeb 31 mai 2005 à 11:41 (CEST)

Je ne pense pas, ce n'est pas parce que la notion n'était pas inventée que ça n'existait pas. Je trouve ça moins choquant que de dire la noblesse pour la nobilitas romaine, qui sont très différentes bien que désignées par le même nom. archeos 4 jun 2005 à 17:05 (CEST)

Si ce n'est pas forcement un anachronisme, je pense que cela prete à confusion néanmoins, car les conditions de ses crimes n'ont strictement rien à voir avec les pratiques de la plupart des tueurs. Gilles de Rais disposaient de Rabateurs, disposait d'un pouvoir autoritaire sur ces victimes qui étaient souvent employées à son service, et de par sa position de Baron. Rien à voir avec un tueur en série qui joue à cache cache avec les autorités. Gilles de Rais était l'autorité, tout comme les nazis ont pu l'être (mais la nature des crimes des nazis c'est encore autre chose). Utilisateur:Bschifres

[modifier] Rôle de Vincent Cassel dans Jeanne D'arc de Luc Besson

Vincent Cassel interprête son rôle dans le film...un rôle violent certe mais loyale pour la cause. Un lien pour le film peut être? De Rais est present au moins sur les 3/4.

Il faut lire absolument "culte, mythe et religions" de Salomon Reinach, qui démontre (pour moi) sans ambiguité, et en citant à chaques fois les pieces du procé, que Gilles de Rais à été victime d'une machination visant à le déposséder de ses biens (plusieur des membres du jury lui devait de l'argent ou avait acquis des terres en "cession", terres leur revenant si Gilles venait à mourir (!!!). A lire donc.

[modifier] Texte de Mme Desrochers Durocher-Parent déplacé

Je déplace le texte ci après ici, en page de discussion : l'analyse est intéressante, mais non conforme à la ligne éditoriale : usage de la 1re personne, subjectivité, signature... Pontauxchats 13 août 2006 à 19:40 (CEST)

L'enfance malheureuse, et, solitaire du comte de Brien: Gilles de Rais; sa très grande dépression d'avoir perdu Jeanne après la fin des hostilités; peuvent avoir conduit le Seigneur de Rais a commettre des gestes malheureux, mais de là, à le surnommer "Barbe-Bleue" (tiré d'un conte de Perraut, 100 ans plus tard & nié par la suite); à le condamner pour " sodomie " ( sans aucune preuve ); à l'accuser de " sorcellerie" ( ce qui n'a jamais été prouvé ); que les siècles prolongent sans grandes études; me font croire que le Seigneur Gilles de Rais a été faussement condamné, par le royaume de France, parce que Gilles de Rais - Comte de Brien - , était le plus riche seigneur de ces temps très reculés, et que , le royaume de France était pauvre. Selon moi, il fallait au royaume de France, les richesses du comte de Brien, Gilles de Rais, pour survivre. Et, ces fausses accusations , par de hauts et puissants seigneurs, ne sont qu'un moyen malhonnête du royaume de France, pour s'approprier tous les biens du seigneur Gilles de Rais - Comte de Rais -. De plus, il est écrit dans une de ses biographies que Gilles de Rais, comte de Brien, a avoué, après son retour de la chambre des tortures, dans sa cellule. Gilles de Rais a vu tous les supplices que le royaume de France était prêt à lui faire subir pour avoir tous ses biens. Il a souffert dans cette chambre de tortures aussi. Sans nier tous ces crimes d'enfants, dont personne, n'a essayé du moins, a chercher le vrai criminel, donc, jamais trouver le vrai coupable, ou, peut-être même le vrai coupable était tenu au Secret d'État, comme dans le cas de : L'Homme de Fer, 200 ans plus tard, le Noble et Digne Gilles de Rais, a préféré mourir en Noble et Digne Seigneur, plutôt, que de mourir ignoblement dans cette chambre des tortures. Et, les tortures physiques que l'on attribuaient dans ces temps anciens, étaient affreuses, et, inhumaines. La preuve en est que sa fille Marie, a pu récupérer les biens de son père: le Seigneur Gilles de Rais, dix ans plus tard.

Par une descendante, Madame: Johanne, Brien dit Desrochers Durocher-Parent.


Malheureusement pour Gilles de Rais, les textes abondent et convergent vers sa culpabilité. Evidement, cela ne signifie pas que cela se soit forcément passé tels que les textes l'indiquent. Néanmoins les sources sérieuses prouvant son innocence n'existent pas, et il est très probable que le dossier ne sera pas réouvert. Donc en l'état des connaissances actuelles la thèse officielle est difficilement contestable. Mais effectivement il ne faut pas tout mélanger, et savoir exactement pourquoi il a été condamné. Je recommande le Gilles de Rais de J. Heers qui fait le tri des choses à peu pret averée, et celles qui sont du fantasme. La supposée dépression suite au décès de Jeanne releve du fantasme. Bien que l'hypothèse soit intéressante, elle est improuvable.bschifres 25 aout 2006 à 1:25

[modifier] Infos complémentaires ici

Ceci est un article fort long où se retrouve toute la carrière de Gilles de Trazegnies (et non Trasignies), connétable de France sous Saint Louis.

Envoyé par le marquis de Trazegnies. Château de 5032 Corroy-le-Château (Belgique). Mail: <mail effacé>


POURQUOI «GILLES» de RAIS ?

Gilles de Montmorency-Laval, baron de Rais (Retz) (1404-1440) est un de ces «monstres» que l’Histoire a retenus avec Elisabeth Bathory, Vlad Dracula et autres «serial killers» dont notre époque semble particulièrement féconde. La description des meurtres sadiques d’enfants (particulièrement des jeunes garçons) que nous livre son procès est souvent insoutenable, mêlant, comme toujours en pareil cas, sévices sexuels terrifiants et supplices où le raffinement dans l’horreur atteint des extrêmes.

J’appartiens à ceux qui ne sont que médiocrement convaincus de sa culpabilité, vu la façon dont le procès a été mené (en quelques jours et avec des aveux de complices extorqués sous la torture, alors que ceux qui avaient poussé Gilles à l’alchimie et à la nécromancie ont bénéficié de grâces incompréhensibles) ainsi que le contexte historique où les quelque cinquante châteaux de ce grand seigneur richissime, mais prodigue, faisaient l’objet de convoitises douteuses. De plus les minutes du procès semblent surtout un catalogue de fantasmes dont certains religieux, inspirés par le célibat et par les rumeurs du confessionnal, ont de tout temps été spécialistes. Curieusement cet exemplaire compagnon de Jeanne d’Arc mourut comme elle sur le bûcher (si celui de Rouen est bien ce qu’en disent les documents officiels : l’identité de Jeanne d’Arc et sa mort ont fait l’objet de récentes controverses) et connut in tempore non suspecto une disgrâce inexplicable de Charles VII. Certains témoins ont traité Gilles de «naïf». Voilà qui ne correspond pas au profil de Barbe Bleue. Quand on sait les intrigues qui se tramaient dans l’entourage du roi de Bourges, ne pourrait-on imaginer qu’une Jeanne d’Arc ou qu’un Gilles de Rais en savaient trop sur les rats de ces écuries d’Augias voire sur le souverain lui-même ? Les zones d’ombre de cette époque l’emportent sur les espaces de lumière. Toujours est-il que le mythe qui entoure notre maréchal de France est indubitable et qu’il demeure dans la mémoire collective une espèce de Lucifer dont les châteaux de Tiffauges et de Machecoul abritaient d’atroces bacchanales. Que Gilles fût coupable, demi coupable ou innocent est une question qui ne relève pas de cet article.

Matei Cazacu, dans l’excellente biographie qu’il vient de lui consacrer , se pose la question de son prénom. Gilles appartenait à la maison de Montmorency, les «premiers barons chrétiens», mais à la branche cadette de Laval issue du second mariage de Mathieu II de Montmorency, lui-même fils de Laurence de Hainaut (cf. infra). Chez les Laval, le prénom traditionnel était Guy. Aussi loin que l’on cherche dans ses quartiers paternels ou maternels (sa mère était Marie de Craon), il ne se trouve aucun Gilles. Or l’attribution d’un prénom au Moyen Age n’était pas le fait de la fantaisie des parents. Il avait une signification patrimoniale évidente, car le nom aristocratique (un lieu précédé de la préposition de) n’était pas à l’origine un patronyme. Il définissait une fonction ou une possession. Le seul facteur d’identification entre les mâles de la tribu était un prénom qui en constituait le sceau. Ainsi chez les seigneurs de Gavre (cf. infra), le prénom de Rasse était-il aussi répandu que celui de Heinrich l’est resté chez les princes de Reuss, au point qu’on le découvre souvent attribués à plusieurs frères. D’autres historiens ont été frappés par ce Gilles qui tombait de nulle part. D’aucuns y voient le résultat d’une promesse faite lors d’un pèlerinage à Saint-Gilles-du-Cotentin ou à Saint-Gilles-du-Gard. Mais pourquoi des époux, qui s’étaient mariés vraisemblablement en juillet ou en août 1404, auraient-ils redouté une quelconque stérilité au point d’aller en pèlerinage dans les trois ou quatre mois suivant leurs premiers ébats ? Si l’hypothèse de Matei Cazacu est exacte (naissance vers le 1er septembre 1404, soit la fête de Saint Gilles), Marie de Craon était déjà enceinte en décembre 1403. Qu’on ait donné à un enfant le prénom du saint du jour n’entrait pas dans la coutume aristocratique, surtout pour l’aîné d’une famille de nobilissimi qui atteignait des sommets de richesse et de pouvoir. Même dans le cadre de cette hypothèse, il faut trouver une raison supérieure au choix fait par les parents. En admettant que l’enfant fût né le 1er septembre, la révélation du calendrier a dû coïncider avec un état d’esprit antérieur et apparaître comme un signe du ciel.

Peut-on voir dans ce choix une forme de courtoisie à l’égard des puissants, comme ce pourrait être le cas de son frère cadet, René, venu au monde en 1414  ? Il existait en effet à l’époque un Gilles de Bretagne (1394-1412), troisième fils du duc Jean V. Toutefois, bien que possessionnés dans les deux Etats, les barons de Rais étaient en aussi bons termes avec la maison d’Anjou qu’en conflit ouvert avec celle de Bretagne. De 1381 à 1399, le breton Jean IV s’était emparé de la baronnie et de ses places fortes, emprisonnant Jeanne Chabot qui en était légitime propriétaire et faisant main basse sur toutes les richesses mobilières de la famille. Après un l’arbitrage du duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, il n’était resté à Jeanne, puis à ses héritiers en conflit, qu’une mince portion des biens volés. C’est d’ailleurs pour mettre un terme à la querelle entre Guy de Laval et Jean de Craon, tous deux parents de la dame de Rais, que le premier se décida à épouser Marie, fille du second. Voilà pourquoi il semble évident que le prénom de l’héritier des Montmorency-Laval, des Chabot de Retz et des Craon ne se référait d’aucune manière à ce cadet de Bretagne qui en outre se qualifiait de «seigneur de Champtocé et d’Ingrandes». Or il ne semble pas que les Craon, dont il s’agissait de biens héréditaires, en eussent été dépossédés (c’est au château de Machecoul que naquit Gilles de Rais en septembre ou octobre 1404).

La démonstration qui suit a pour but de tracer une piste en apparence assez surprenante et qui fera sourire ceux qui ne m’auront pas lu jusqu’au bout. Gilles de Rais fut baptisé de la sorte en souvenir de son lointain oncle Gilles le Brun de Trazegnies, connétable de France sous Saint-Louis (1250-1276). Bien sûr, m’objecterez-vous, les Montmorencys devaient se préoccuper des Trazegnies comme un poisson d’une pomme. Voire ! Je ne nie pas qu’une maison de cette importance, qui cousinait avec tous les rois de la chrétienté, devait être assez indifférente à une parenté de ce type. Mais c’est la personne de Gilles de Trazegnies et sa renommée aux XIVe et XVe siècles qui méritent d’être prises en compte.

Avant tout raisonnement, procédons à un petit rappel généalogique. Mon histoire commence avec Aleide de Boulaere à la fin du XIIe siècle. Elle est la plus riche héritière du comté de Flandre. Une des plus nobles aussi puisque sa mère se nommait Ade de Hainaut-Rœulx. On sait que les comtes de Hainaut descendent des Carolingiens. Du moins figurent-ils parmi les héritiers du dernier d’entre eux, Charles de France, le fondateur de Bruxelles. En 1196, Philippe-Auguste, pour couper court à ceux qui dans son royaume contestent les Capétiens, demande au moine André de Marchienne une demonstratio qui, via son épouse Isabelle de Hainaut, raccroche définitivement la dynastie française à la race impériale, sacrée par la Papauté. C’est dire que les princesses de Hainaut sont très appréciées sur le marché matrimonial. Bouchard V de Montmorency, l’ancêtre de Gilles de Rais, a d’ailleurs précédé son suzerain dans cette course à la haute noblesse, puisqu’il a épousé Laurence de Hainaut, tante de la reine Isabelle.

Pour le nouveau comte de Flandre-Hainaut, le jeune Baudouin qui, en 1204, sera élu empereur de Constantinople, sa cousine Aleide de Boulaere possède une importance stratégique. En 1196 vient à mourir son premier mari, le connétable héréditaire de Flandre, Philippe de Harnes. Le comte décide de la remarier à un Hennuyer, Gilles II de Trazegnies, fils d’un héros de la troisième croisade qui est, lui aussi, apparenté à sa famille. Ainsi prépare-t-il la fusion entre les noblesses des deux comtés. Dans un article précédent, j’ai montré comment Gilles, devenu connétable de Flandre ad intérim, avait été la cause indirecte du détournement de la quatrième croisade vers Constantinople et l’objet de commentaires peu amènes de Villehardouin. Le connétable, après s’être embarqué pour la Terre Sainte à Brindisi, a dû mourir en 1204 à la bataille de Ribla sur l’Oronte alors qu’il se portait au secours de Bohémond IV de Poitiers, prince d’Antioche. Aleide, veuve une deuxième fois, était libre de convoler dans son pays d’origine et prit pour époux l’héritier d’une de ses plus illustres familles, Rasse de Gavre. Si mon hypothèse au sujet de la mère de Gilles Ier de Trazegnies est exacte , le troisième mari d’Aleide était cousin proche du deuxième. A la fin de sa vie, cette grande dame consacra des ressources importantes à fonder l’abbaye cistercienne de Beaupré.

Aleide de Boulaere a des enfants de ses trois conjoints. Son fils aîné, Michel de Harnes, fait une brillante carrière au service de la France. Régine Pernoud, dans sa biographie de la mère de Saint Louis, le surnomme «le Bayard de Blanche de Castille». Ce n’est pas si mal pour un chevalier flamand. De Gilles de Trazegnies, elle a deux fils : Otton III, mon ancêtre, et Gilles dit «le Brun» (Egidius Niger) dont je parlerai ci-dessous. Quant à Rasse, il laisse Rasse VII, seigneur de Gavre et de Chièvres qui épousera Jeanne de Wavrin et qui engendrera Rasse VIII, mari de Béatrice de Strijen. La fille de ces derniers, Béatrice de Gavre en qui s’éteindra finalement la branche aînée de sa maison, prendra pour époux Guy IX de Montmorency, seigneur de Laval. Gilles de Rais est l’arrière-petit-fils de son cinquième garçon, Foulques de Montmorency, époux de Jeanne Chabot, dite la Folle , fille du baron de Rais et de Machecoul.

Béatrice de Gavre n’est en rien une ombre dans la généalogie des Laval. Petite-nièce du connétable de France, Gilles le Brun, et cousine issue de germain de mon aïeul Gilles IV de Trazegnies, elle avait gardé des attaches solides dans son pays d’origine. Elle aurait fait venir de Flandre des ouvriers agricoles, experts dans la culture du lin et introduit en Bretagne l’industrie drapière. Son souvenir est matérialisé par une statue placée sur la terrasse du château qui domine la cité de Laval. Elle semble donc avoir eu une forte personnalité. Son fils Guy IX, qui fit son testament à Chièvres en 1340, avait épousé, quatre mois avant sa mort et sans doute sous son influence, Béatrix de Bretagne, fille du duc Artus II et de Yolande de France-Dreux, comtesse de Montfort (veuve d’Alexandre III, roi d’Ecosse). Quant à son second fils, tout Montmorency qu’il fût, il reçut le prénom traditionnel des Gavre : Rasse. On peut donc penser qu’elle transmit à sa descendance pas mal d’informations sur ses parentés flamandes et hennuyères et qu’elle ne se laissa pas intimider par la superbia des premiers barons chrétiens.

Avant d’aborder la personnalité de Gilles le Brun, continuons la descendance des Montmorency-Laval. Une des filles de Guy X et de Béatrix de Bretagne épouse le richissime connétable de France, Olivier de Clisson (cf. infra), tandis que leur second fils, Guy XII, s’unit en deuxièmes noces à sa cousine Jeanne de Laval-Châtillon, veuve du connétable Bertrand du Guesclin. Il en aura une fille Anne, laquelle apportera les immenses possessions de la famille à Jean, seigneur de Montfort, qui reprendra le nom de Laval . Tant la branche aînée que les Laval-Rais, les Laval-Montfort ou les Laval-Châtillon manifestent une forte solidarité lignagère. Ce point est important à retenir.

Qui est Gilles «le Brun» de Trazegnies, ce grand-oncle de Béatrice de Laval ? Assez curieusement ce personnage n’est plus très connu dans notre panthéon national, alors qu’il fit l’objet au XIVe et au XVe siècle d’une véritable légende. Il représente sans nul doute le plus grand homme de ma famille. Dans un environnement de blondinets, qui était celui de notre Moyen-Age, il avait probablement des cheveux châtain foncé, d’où son surnom . A la fin de son adolescence en 1218, une grande dame de sa parenté vint à la cour de Hainaut. Il s’agissait de la cousine germaine de la reine de France, Alix de Montmorency, l’épouse du fameux Simon de Montfort, comte de Toulouse, et de Leicester, duc de Narbonne . Depuis 1209, celui-ci menait dans le midi la croisade contre les Albigeois qui se transformait en une véritable guerre de conquête. Mais en septembre 1217, la ville de Toulouse s’était donnée à son comte légitime, Raymond VI. L’énergique guerrière venait donc demander des renforts pour aider les croisés à reprendre la ville. Louis IV, comte de Chiny, et son beau-frère le comte de Grandpré avaient combattu sur place dans les premiers temps de l’expédition . Malgré la persuasion de cette femme extraordinaire, peu de seigneurs hennuyers suivirent leur exemple. Néanmoins Engelbert IV d’Enghien , époux d’Ide d’Avesnes, tint à se montrer digne de ses beaux-frères. Il emmenait avec lui le jeune Otton III de Trazegnies qui avait dû être séduit par l’éloquence de sa célèbre cousine. Leur présence en Languedoc est attestée dans un acte de l’évêché de Maguelonne. Mais, en la circonstance, la plus brillante recrue de la comtesse de Montfort se révéla être Michel de Harnes, demi-frère d’Otton III et de Gilles, qui fut un des principaux acteurs de la reprise de Toulouse et qui assista à la mort brutale du grand Simon en plein milieu des opérations. Les documents ne disent pas si Gilles suivit en terre cathare ses deux frères, mais il y a tout lieu de le croire, puisque depuis 1216 il était chevalier et usait d’un sceau personnel.

On ne sait pas grand-chose des années qui suivirent. Gilles, qui depuis 1226 était marié à Ida de Sotrud, dame de Bailleul-sur-Escaut (peut-être issue des Mortagne-Tournai), assista avec son frère au tournoi de Compiègne donné en 1238 pour le jeune Louis IX. Durant toutes ces années il se perfectionna dans la science militaire. Le chroniqueur Gilles li Muisis dit qu’il était « in armis expertus», mais surtout qu’il avait acquis la réputation d’un homme sage et de bon conseil (miles sapiens).

Sa gloire la plus pure commença lors de la septième croisade, la célèbre et malheureuse expédition de Saint Louis en Egypte. En qualité de seigneur de Bailleul, il accompagnait son suzerain Guillaume de Dampierre, l’héritier de Flandre . Le roi de France quitta Paris en janvier 1248. Il avait adopté une tactique déjà pratiquée par Amaury Ier de Jérusalem puis par Jean de Brienne qui consistait à s’attaquer au ventre mou de l’empire ayoubide, c’est-à-dire l’Egypte, dans l’espoir de négocier ainsi la restitution de la Ville Sainte. Il disposait de pas mal d’atouts au départ, puisque en Méditerranée orientale le roi de Chypre était un Lusignan tandis que l’empereur Baudouin II de Courtenay, empereur de Constantinople, appartenait à la famille capétienne. On sait que la prise de Damiette fut un jeu d’enfant, mais la suite de l’expédition se termina par un désastre. Le 8 février 1250, les croisés franchirent un gué et furent assiégés dans un camp fortifié. Si cette bataille de Mansûra ne fut pas à proprement parler une défaite, l’armée eut ensuite à affronter un mal plus redoutable que les Mamelouks : la dysenterie. Incapable de continuer la lutte, toute la chevalerie du roi de France fut capturée. Les Egyptiens emmenèrent douze mille prisonniers au Caire, tandis que le Roi et quelques centaines de fidèles, parmi lesquels Guillaume de Dampierre et Gilles le Brun, furent enfermés dans des maisons de Mansûra ou dans des bateaux. La reine Marguerite de Provence, restée à Damiette, obtint avec grande difficulté que les banquiers italiens payassent la rançon. En fin de compte, le roi et ses proches furent libérés à condition de restituer Damiette. Arrivé sur place, Guillaume de Dampierre demanda à Louis IX de pouvoir retourner en Flandre. Il ne pouvait imaginer que, quelques mois plus tard, il serait assassiné au fameux tournoi de Trazegnies, chez Gilles III, le neveu de son compagnon d’infortune, et son épouse Ide d’Enghien (6 juin 1251). Quant aux rescapés de l’expédition d’Egypte, ils se rendirent en Terre Sainte à Saint-Jean d’Acre. C’est là, entre le 26 juin et le 27 juillet 1250, que mourut le connétable de France, Humbert de Beaujeu, sans doute épuisé par les épreuves subies. Lors de la réunion du conseil royal qui eut lieu le 27 juillet, Joinville signale la présence de mon seigneur Giles le Brun, et bon chevalier et preudhomme, cui li roys avoit donné la connestablie de France après la mort mon seigneur Hymbert de Biaugeu le preudomme. On sait que le connétable, chef des armées, était le premier personnage du royaume après le souverain. Depuis Albéric de Montmorency (vers 1060), la fonction était occupée par les plus grands féodaux de France. Gilles de Trazegnies n’était qu’un petit seigneur dont le fief de Bailleul et les biens flamands dépendaient de la couronne, mais qui venait d’une terre d’Empire, le Hainaut. Or jamais la situation de la monarchie française n’avait été aussi périlleuse qu’après la catastrophe égyptienne, la capture de l’armée, l’éloignement du Roi et la régence exercée à Paris par la vieille Blanche de Castille. Il fallait donc que Gilles eût fait montre de qualités humaines exceptionnelles pour accéder sans coup férir à la plus écrasante des responsabilités. Jean de Joinville ,qui écrit ses mémoires dans un but hagiographique au début du XIVe siècle, donne son interprétation de la décision royale : Il aima tant toutes les personnes qui croyaient en Dieu et qui l’aimaient qu’il donna la connétablie de France à messire Gilles le Brun, qui n’était pas du royaume de France, parce que celui-ci avait une grande réputation de croire en Dieu et de l’aimer ; et je crois vraiment qu’il a été ainsi .

Au connétable furent confiées des missions militaires comme la prise de Belinas, l’ancienne Césarée de Philippe, mais ce qui frappe le plus dans son action en Palestine, ce sont la sagesse et le bon sens. En témoigne l’anecdote suivante que je cite en entier, parce que Gilles récidivera bien plus tard lors de la conquête de Sicile. Un chevalier de Joinville s’était compromis dans une rixe en présence de son seigneur qui s’écria: Allez, hors de ma maison ! Car – aussi vrai que Dieu me vienne en aide ! – vous ne serez plus jamais avec moi. Le chevalier s’en alla en manifestant une grande douleur, et m’amena messire Gilles le Brun, le connétable de France ; et à cause du grand repentir que celui-ci voyait que le chevalier avait de la folie qu’il avait faite, il me pria, aussi vivement qu’il put, de le reprendre dans ma maison ; et je répondis que je ne le reprendrais pas, si le légat ne me déliait pas de mon serment. Ils allèrent trouver le légat et lui contèrent la chose ; et le légat leur répondit qu’il n’avait pas le pouvoir de me délier, parce que le serment était raisonnable, car le chevalier l’avait bien mérité.

On voit immédiatement que Gilles était considéré par l’armée comme un personnage bienveillant et conciliant, l’ancêtre de nos «démineurs» nationaux en quelque sorte. Par opposition, Jean de Joinville et surtout le légat pontifical sont bien des gens de leur époque, concevant le monde en noir et blanc et jugeant les hommes dans le même registre. Lors du voyage de retour, la nef royale heurta un banc de sable et fut endommagée. Le roi voulait continuer. Alors le roi demanda à messire Pierre le Chambellan, à messire Gilles de Brun (qui logeait habituellement dans la chambre du roi), connétable de France, à messire Gervaise d’Escrennes, qui était maître cuisinier du roi, et à l’archidiacre de Nicosie, qui portait son sceau, qui depuis fut cardinal, et à moi, que nous lui donnions notre avis sur cette situation. Et nous lui répondîmes que, dans toutes les choses de ce monde, on devait croire ceux qui en savaient le plus : «Donc nous vous conseillons, de notre côté, que vous fassiez ce que les maîtres nautonniers vous conseillent. Si Gilles n’occupe pas une place centrale dans le livre de Joinville, c’est parce que ce dernier était chargé de témoigner uniquement en faveur du saint roi (saint, mais parfois très dur, à commencer pour la reine Marguerite) et parce que l’auteur, au soir de sa vie, avait tendance à se décrire comme le principal familier du souverain. La «Vie de Saint Louis» consiste à 90% en un récit de la septième croisade, à laquelle participa le sénéchal de Champagne, et n’est en rien une chronique du règne. Sous Philippe le Bel, il était le seul survivant de cette époque héroïque (il mourut en 1317, âgé de 92 ans, ce qui était exceptionnel pour l’époque) et, avec le temps, apparaissait comme l’arbitre des bons usages et des codes de bienséance. Cela en fait davantage un témoin qu’un acteur. Il ressort néanmoins de la «Vie de Saint Louis» que le roi de France disposait d’un cercle étroit de conseillers fidèles, des hommes de confiance, parmi lesquels on peut citer Gilles le Brun, Geoffroy de Sergines, Simon, sire de Nesle ou Jean de Nesle, comte de Soissons plus que Joinville lui-même

Ce profil de conseiller royal allait se préciser dans les années qui suivirent. Malgré le drame de Trazegnies, Marguerite de Constantinople maintint sa confiance à Gilles qui fut nommé précepteur de l’héritier au trône, le jeune Robert «de Béthune» . Comme la France était en paix, le connétable pouvait se partager dans l’exercice de ses fonctions.

En 1259, un fait divers abominable ramena le connétable au premier plan. Voici comment Guillaume de Nangis rapporte cet événement qui eut un retentissement immense dans toute l’Europe et qui reste le symbole de l’impitoyable justice de Saint Louis.

Il advint en ce temps qu'en l'abbaye de Saint-Nicolas au bois qui est près de la cité de Laon, demeuraient trois nobles jeunes gens [enfants] natifs de Flandre, venus pour apprendre le langage de France. Ces jeunes gens allèrent jouer un jour dans le bois de l'abbaye avec des arcs et des flèches ferrées pour tirer et tuer les lapins. En suivant leur proie qu'ils avaient levée dans le bois de l'abbaye, ils entrèrent dans un bois appartenant a Enguerran le seigneur de Coucy. Ils furent pris et retenus par les sergents qui gardaient le bois. Quand Enguerran apprit ce qu'avaient fait ces jeunes gens par ses forestiers, cet homme cruel et sans pitié fit aussitôt pendre les jeunes gens. Mais quand l'abbé de Saint-Nicolas qui les avait en garde l'apprit, ainsi que messire Gilles le Brun, connétable de France au lignage de qui appartenaient les jeunes gens, ils vinrent trouver le roi Louis et lui demandèrent qu'il leur fît droit du sire de Coucy. Le bon roi droiturier, dès qu'il apprit la cruauté du sire de Coucy, le fit appeler et convoquer à sa cour pour répondre de ce vilain cas. Quand le sire de Coucy entendit le commandement du roi, il vint à la cour et dit qu'il ne devait pas être contraint à répondre sans conseil ; mais il voulait être jugé par les pairs de France selon la coutume de baronnie. Mais il fut prouvé contre le seigneur de Coucy par le registre de la cour de France que le sire de Coucy ne tenait pas sa terre en baronnie car la terre de Bove et la terre de Gournay qui entraînaient la seigneurie et la dignité de baronnie furent séparées de la terre de Coucy par partage entre frères ; c'est pourquoi il fut dit au seigneur de Coucy qu'il ne tenait pas sa terre en baronnie. Ces faits ayant été établis devant le roi Louis, il fit prendre et saisir le sire de Coucy, non pas par ses barons ni par ses chevaliers, mais par ses sergents d'armes et le fit mettre en prison dans la tour du Louvre et fixa le jour où il devait répondre en présence des barons. Au jour dit les barons de France vinrent au palais du roi et quand ils furent assemblés le roi fit venir le sire de Coucy et le contraignit à répondre sur le cas susdit. Le sire de Coucy, par la volonté du roi, appela alors tous les barons qui étaient de son lignage à son conseil, et ils vinrent presque tous et ils se retirèrent à part, si bien que le roi demeura presque tout seul, sauf quelques prud'hommes de son conseil. Mais l'intention du roi était de rester inflexible et de prononcer un juste jugement [justum judicium judicare], c'est-à-dire de punir ledit sire selon la loi du talion et de le condamner à une mort semblable [à celle des jeunes gens]. Quand les barons s'aperçurent de la volonté du roi, ils le prièrent et requirent très doucement d'avoir pitié du sire de Coucy et de lui infliger une amende à sa décision. Le roi, qui brûlait de faire justice [qui moult fut échaffé de justice faire], répondit devant tous les barons que s'il croyait que Notre Seigneur lui sût aussi bon gré de le pendre que de le relâcher, il le pendrait, sans se soucier des barons de son lignage. Finalement, le roi se laissa fléchir par les humbles prières des barons et décida que le sire de Coucy rachèterait sa vie avec une amende de dix mille livres et ferait bâtir deux chapelles où l'on ferait tous les jours des prières chantées pour l'âme des trois jeunes gens. Il donnerait à l'abbaye le bois où les jeunes gens avaient été pendus et promettrait de passer trois ans en Terre sainte. Le bon roi droiturier prit l'argent de l'amende, mais ne le mit pas dans son trésor, il le convertit en bonnes œuvres […]. Laquelle chose fut et doit être un grand exemple pour tous ceux qui font respecter la justice, car un homme très noble et de si haut lignage, qui n'était accusé que par de pauvres gens, parvint difficilement à racheter sa vie devant celui qui tenait et gardait justice.

Primat rapporte le crime avec quelques nuances en ce qui nous concerne :

Bien qu’il [Enguerran de Coucy] fût homme de si noble parage que tous les plus nobles princes du royaume lui appartenaient par lignage, il dut à la fin racheter sa vie en donnant de sa monnaie aux pauvres, parce qu’il avait forfait en la mort des enfants qu’il avait fait pendre.

Car trois nobles enfants de Flandres étaient en l’abbaye de Saint-Nicolas-au-Bois, qui avaient été envoyés là pour apprendre le langage de France : lesquels, comme ils allaient s’ébattant et jouant et -comme certains racontent- en tirant avec arcs et flèches les lapins parmi les bois du sire de Coucy, furent trouvés et pris par les forestiers. Et quand ils les eurent menés en prison, les sergents rapportèrent au seigneur ce qu’ils avaient fait. Et le seigneur tantôt, sans connaître la cause ni l’âge, donna sentence qu’ils soient pendus, et les fit pendre. Sur ces entrefaites, l’abbé de Saint-Nicolas, en la garde duquel ils étaient, et Gilles le Brun, connétable de France, du lignage duquel on disait que l’un des enfants était, apportèrent à grande instance la complainte au roi. Et donc le roi fit appeler pour cette chose le sire de Coucy à la cour, pour répondre sur le cas de si grande félonie. Lequel, venu en la présence du roi, dit qu’il ne devait pas être contraint à répondre, mais devait être jugé selon la coutume par les pairs déjà mis en avant devant la cour, la terre de Boves et de Gournay, qui avait été divisée par partie de frères, emportait la seigneurie de la baronnie - et donc le négoce pendant un tel état - le roi fit prendre le seigneur de Coucy, et non par les pairs ni par les chevaliers, mais par les valets de la salle, et le fit mener au Louvre en prison et le fit garder. Et il établit un jour où tous les barons seraient là. Il fit donc assembler tous les barons. Et quand ils furent assemblés, il fit amener le seigneur de Coucy au milieu de tous ; et donc le roi le contraignit à répondre sur le cas susdit. Et donc, avec l’accord du roi, il assembla en son conseil tous les barons de son lignage ; il y eut là si grande noblesse de son lignage que le roi demeura presque tout seul, hormis son conseil. Car le roi ne savait pas qu’il y en eut tant qui fussent de la suite de sa parenté. Et c’était le soin du roi de juger le juste jugement sans fléchir, au point qu’il fut puni d’une telle peine et condamné à une mort semblable. Et fut à grand-peine décidé avec le roi, par les prières et les requêtes des barons, qu’il rachèterait sa vie de dix mille livres environ, et qu’il ferait faire deux chapelles pour les âmes des enfants, où l’on célébrerait tous les jours la messe. Mais ce véritable ami et cultivateur de droiture, à savoir Louis roi de France, ne mit pas cette monnaie en ses trésors mais répartit tout en œuvres de piété. Par ce pécule, il accrut les rentes de la maison Dieu de Pontoise, et fit faire les écoles et le dortoir des Jacobins, fit l’église des frères Mineurs de Paris, qu’il accomplit dès les fondements toute entièrement. Et cette chose fut grand exemple de justice aux autres rois, que ceux qui étaient nés de si nobles lignages et qui étaient ainsi accusés comme des pauvres et simples gens de telle félonie parmi les siens si nobles doivent à grand-peine trouver remède de leur vie. Que les trois enfants ou un seul des trois fussent des Trazegnies, il semble bien qu’il s’agît du lignage d’Otton II de Trazegnies-Wedergraet, cousin germain du connétable. Cette branche flandrienne de la famille était implantée autour de Ninove où elle possédait de nombreuses forteresses Les trois adolescents étaient venus en France pour apprendre ce qui devenait le parler de tout aristocrate policé, mais avaient été incapables d’expliquer leur situation au terrible Enguerrand IV de Coucy. Cela m’a permis de raconter l’histoire à notre Premier ministre Wilfried Martens et de lui préciser que ma famille – à l’origine francophone – avait donné au monde les premiers martyrs de la langue flamande…

S’attaquer à un personnage tel que le sire de Coucy demandait pas mal de courage au connétable. Cependant il était révolté par l’horreur de sa conduite et savait que le Roi sauterait sur l’occasion pour abaisser un vassal trop puissant. Comme on l’a vu ci-dessus, Louis IX voulait appliquer la loi du talion, mais son conseil, où figuraient le comte de Champagne, le duc de Bourgogne, l’archevêque de Reims, le comte de Soissons et Marguerite de Constantinople – qui était rarement en désaccord avec Gilles - réussit à le faire fléchir. C’était la première fois que, dans une affaire de droit commun, un souverain capétien jugeait un grand du royaume comme s’il avait été un simple citoyen. Inutile de dire qu’on en parle encore. A la suite de cette triste histoire, la forêt qui entoure l’abbaye de Saint-Nicolas-au-Bois devint propriété de la couronne. L’Etat français en a gardé la propriété. On fit édifier dans une clairière, à l’endroit de l’odieux forfait, une «croix de saisine» qui existe toujours.

Gilles aurait terminé paisiblement la fin de sa vie si une dernière occasion ne s’était présentée de mener une expédition guerrière. Après la mort de Frédéric II de Hohenstaufen en 1250, le trône de Sicile était passé à son fils bâtard Manfred, tandis que l’Empire sombrait dans «le grand interrègne». Excommuniés par la Papauté, qui cherchait surtout à se débarrasser d’une puissance dont l’influence s’étendait à toute l’Italie ainsi qu’à une partie de la Méditerranée, les Hohenstaufen étaient traités de «race maudite». En 1265, le Pape Urbain IV, résolu à extirper le «chancre», offrit la couronne de Sicile à Charles d’Anjou, le frère cadet de Saint Louis à qui Marguerite de Constantinople, au pire moment de la querelle des Avesnes et des Dampierre, c’est-à-dire après le sanglant tournoi de Trazegnies, avait autrefois donné le Hainaut. D’une ambition démesurée, Charles d’Anjou ne pouvait se contenter du comté de Provence qui lui venait de son épouse, sœur de la reine. Ce royaume à conquérir était une magnifique occasion de déployer son besoin d’activités et d’intrigues . Une des filles de Charles, Blanche d’Anjou, venait d’épouser Robert de Béthune, l’héritier du trône de Flandre et l’ex-pupille de Gilles le Brun. Le connétable, qui était aussi l’homme de confiance des Dampierre, apparut comme l’expert, chargé de coordonner l’expédition. Malgré ses soixante-six ans, Gilles accepta d’accompagner son ancien élève. Peut-être était-il chargé par S aint Louis de modérer quelque peu Charles d’Anjou, qu’il avait côtoyé tout au long de la septième croisade et dont le manque de scrupules, contrastant avec le caractère de son frère aîné, était bien connu. La participation de Gilles à cette aventure permit sans doute aux armées françaises d’éviter le fiasco. Comme nous le raconte Gilles li Muisis : Et le dit seigneur chevalier donna beaucoup de bons conseils non seulement au dit Robert mais aussi au seigneur Charles d’Anjou, grâce à quoi ils remportèrent, dans la bataille de Bénévent, beaucoup de victoires dues à son savoir-faire.

Au mois de juin, l’armée traversa les Alpes et rencontra les troupes de Manfred à Brescia. Trop faible, celui-ci préféra se dérober. Charles et les siens continuèrent jusqu’à Rome où le Pape les reçut comme des sauveurs. Pendant ce temps, le roi de Sicile concentrait ses forces autour de la vieille ville de Benévent. Les Angevins y arrivèrent au soir du 26 février 1266. Charles voulait remettre la bataille au lendemain. Cependant l’œil du connétable avait tout de suite perçu les faiblesses de l’ennemi qui subissait l’effet de surprise. Il usa de toute son éloquence pour convaincre Charles d’une attaque immédiate. Les débuts de la bataille furent incertains, mais, guidé par son mentor, Robert de Béthune parvint à remonter le moral des troupes et à écraser l’adversaire Cette énorme victoire donnait en quelques heures aux Capétiens tout le sud de l’Italie ainsi que la Sicile. Manfred était resté parmi les morts. Le coup de force stratégique de Gilles fit si grande impression qu’on le donna pour vainqueur en combat singulier du malheureux Hohenstaufen. On peut dire sans exagérer que Gilles de Trazegnies avait permis la conquête du royaume.

Il semblait qu’après la mort de Manfred, l’expédition avait atteint son but et que Charles d’Anjou n’avait plus qu’à monter sur le trône de Sicile et à régner en paix. Malheureusement le nouveau roi n’avait pas le sens de la justice qui était le propre de son frère saint Louis Sa méthode de gouvernement était surtout empreinte de rigueur et, même pour l’époque, de cruauté. Gilles li Muisis nous raconte qu’un jour Alard, seigneur de Rèves et Bourguelles, reçut l’ordre de prendre un détachement de la suite de Robert et d’aller assiéger un château fort dans lequel s’étaient retranchés des gens du pays, hommes et femmes ; si les assiégés consentaient à se rendre, il devait les accueillir et leur laisser la liberté ; si par contre, il fallait les prendre par la force, il devait les décapiter. Le sire de Rèves fit ainsi qu’il lui avait été ordonné et envoya un émissaire pour transmettre les ordres du roi. Il fut obligé de forcer le camp retranché et d’appliquer aux vaincus la rigueur de la sentence. Il fit donc massacrer tous les hommes et un certain nombre de femmes. Devant la grande beauté de quelques nobles dames, il se sentit ému et leur laissa la vie et la liberté. Mais lorsque le roi apprit cette dérogation à ses volontés, il entra dans une grande colère et donna l’ordre d’exécuter par les armes le chevalier désobéissant.

En apprenant cette affreuse nouvelle, Gilles le Brun résolut de sauver Alard de Rèves. Ce n’était pas un inconnu pour lui ; c’était un lointain cousin et un vassal de Trazegnies ; en plus il était de l’armée de Flandre et c’était un chevalier ardent au combat et habile dans l’art de la guerre. Gilles alla donc trouver Robert de Béthune, le mit au courant de son plan, lui dicta ce qu’il devait dire et, ensemble, accompagnés de quelques nobles influents de l’armée, ils allèrent auprès du roi plaider la cause du condamné. «Sire, dit Robert, nous avons appris que vous avez condamné le sire de Bourguelles notre compatriote, chevalier des plus dévoué, à subir la mort». - «Oui, dit le roi» - «Dans ce cas, répondit Robert, en tant que chevalier, selon la coutume, il doit être appréhendé dans son château». Le roi irrité répliqua : «Il sera pris dans son château s’il en a un». Robert et les autres se retirèrent. Gilles, usant de son pouvoir de maréchal, rassembla toute l’armée de Flandre, la forma en carré et mit Alard au milieu. Ensuite, il envoya un messager avertir le roi que le seigneur de Rèves était dans son château prêt à le recevoir. Le roi indigné crut qu’on se moquait de lui, ignorant ce qui s’était passé ; il vint donc en force pour s’emparer du condamné. Mais lorsqu’il se trouva en face de l’armée, la sienne, lui faisant front, il se fit expliquer la mise en scène et eut le bon esprit de s’avouer vaincu. Il félicita Gilles de son ingéniosité et pardonna à Alard.

A quelque temps de là, un autre événement donna l’occasion à Gilles de mettre une nouvelle fois ses talents à profit. Le seigneur de Wez près de Tournai avait tué un chevalier de l’hôtel du roi, près d’un gué où étaient parqués les chevaux. Charles d’Anjou manda à son gendre, Robert, de qui dépendait le délinquant, qu’il avait à lui amener l’auteur du meurtre afin de lui infliger le châtiment qu’il méritait. Robert, très embarrassé, demanda conseil à Gilles le Brun. Que lui répondit celui-ci ? Que se passa-t-il ensuite ? Nul ne le sut jamais. Mais il est certain que Robert n’exécuta pas l’ordre du roi, que le sire de Wez parvint à s’enfuir et à rentrer sain et sauf dans son château. Et le chroniqueur tournaisien ajoute en matière de conclusion : J’ai noté tout ce que je viens de dire afin que les générations à venir sachent qu’elle était la noblesse de Robert et quelles étaient la sagesse et l’astuce de Gilles .

Ce récit montre à la fois l’humanité du connétable, qui tranchait sur le comportement de la plupart des chefs de guerre, ainsi que son habileté de vieux briscard de la politique. En ce qui concerne Alard de Rèves, la conduite de Gilles eut des conséquences heureuses pour la dynastie angevine, puisque c’est le sens tactique et les conseils du rescapé qui permirent à Charles d’Anjou de remporter sur Conradin, le dernier petit-fils de Frédéric II, la bataille de Tagliocozzo en 1268. L’ingéniosité d’Alard frappa les esprits au point que Dante s’en souvint dans la Divine Comédie :

Con quella, che sentio di colpi doglie Per contrastare a Ruperto Guiscardo Et l’altra, il cui ossame ancor s’accoglie

A Ceperan, la dove fu bugiardo Ciascun Pugliese, e là da Tagliocozzo Ove senz’arme vinse il vecchio Alardo.

Pendant que le connétable, avec son bon sens et son «respect des droits de l’homme» (en tout cas ceux du chevalier…), aidait Charles d’Anjou à installer sa dynastie à Naples (où elle allait demeurer pendant une bonne centaine d’années), Louis IX préparait la huitième croisade. Gilles, fort occupé en Italie, était bien incapable d’y participer. Il avait largement «rempli son contrat» et arrivait à ses soixante-dix ans. Voilà pourquoi il ne put accompagner son maître dans ce qui fut son dernier voyage. Sans doute retiré dans son château de Bailleul, le connétable mourut, auréolé de gloire, en 1276. Sa petite-nièce, Béatrice de Gavre, dame de Montmorency-Laval, qui se maria dix ans plus tard, dut le rencontrer dans son enfance. Peut-être même fut-ce Gilles qui négocia les prémices d’une alliance entre sa nièce et l’arrière-petit-fils d’un de ses prédécesseurs à la connétablie .

La renommée du connétable, mais surtout sa réputation de sage, capable de résister par la douceur et par la ruse à la volonté des puissants de ce monde, fut bien plus importante qu’on ne le pense de nos jours. Même les Montmorencys, malgré les trois connétables qu’ils produisirent avant le treizième siècle, ne furent pas à l’origine d’une chanson de geste. Or, selon la thèse d’Auguste Bayot, le roman de Gillion de Trazegnies et de Dame Marie, sa femme, s’il se base sur un récit fantaisiste, chante la gloire d’un personnage qui reflète parfaitement le caractère de Gilles le Brun et qui reprend plusieurs épisodes de sa vie. Sa première version fut rédigée vers 1365, en vers octosyllabiques, sur le modèle du lai d’Eliduc. Il en existait une adaptation populaire, De spel van Strasengijs, fabliau joué à Audenarde en 1373 et encore représenté à Termonde en 1447 (De spel van Tresingis). La légende alla plus loin, puisqu’elle fut à l’origine de celle des deux femmes du comte de Gleichen en Allemagne. Si la bigamie ne fut pas le propre de Gilles (bien qu’il fût marié deux, voire trois fois selon certaines sources), le reste de ses exploits suscita pas mal de pièces de théâtre et d’écrits qui franchirent aisément les frontières, à commencer par celle qui aurait pu paraître la plus hermétique, la barrière des langues (néerlandais et allemand).

Parmi les versions qui nous restent du roman qu’écrivit sans doute au XVe siècle Georges Chastellain, toutes furent commandées par des proches de la cour de Bourgogne, la plus brillante de son temps, et non par les Trazegnies eux-mêmes. Entendons-nous : si, en raison d’une similitude d’armoiries, l’idée commença de courir à l’époque sur «les Trazegnies issus des rois carolingiens de Bourgogne», ma famille sembla y attacher moins d’importance que les proches de Philippe le Bon. Les trois hauts personnages en question furent : Antoine de Bourgogne, comte de La Roche-en-Ardenne, dit le «Grand Bâtard», fils de Philippe le Bon, déclaré successible en cas d’extinction de la descendance légitime ; Philippe de Clèves-Ravenstein, neveu du même duc et prototype du parfait chevalier à la fin du XVe siècle et enfin Louis de Bruges-Gruuthuse, comte de Winchester, le plus grand collectionneur et mécène du siècle de Bourgogne . Par sa mère Marguerite de Trazegnies-Steenhuyse, il portait le titre de «prince de Steenhuyse» et voulait évidemment rappeler au monde que les Trazegnies le concernaient au premier chef. En la circonstance, le niveau social élevé des amateurs de «gillionneries» n’est que le reflet d’un véritable engouement populaire. Il montre en tout cas que le connétable avait laissé derrière lui une réputation aussi forte que durable.

Parallèlement, le récit de Jean de Joinville connut tout au long du XIVe siècle un intérêt croissant. Il est vrai que, devant l’espèce de fin du monde que furent la guerre de Cent ans et son père Fouettard, la peste noire, la renommée d’un souverain canonisé par l’Eglise ne pouvait que remonter le moral des Français. On sait qu’il existait au début du XVe siècle un manuscrit qui circulait en Bretagne et en Anjou. Une copie en a été retrouvée dans les archives du Bon roi René d’Anjou, qui épousa Jeanne de Montfort-Laval en 1453, mais on pense qu’il en existait une version plus ancienne à Laval . Or les Montfort-Laval gardèrent longtemps leurs fiefs flamands et hennuyers. Guy de Montfort-Laval vendit Chièvres à Antoine de Croÿ en 1455 et son petit-fils Jean vendit Gavre en 1517 à Jacques de Luxembourg .

On pourrait croire en effet, à l’image d’une époque récente, que les principautés belges ne représentaient rien de très prestigieux pour les Français. Du temps de Gilles de Rais, c’était exactement le contraire. En 1381 à Paris, les métiers se révoltaient au cri de «Vive Gand». La grande métropole industrielle de l’Escaut était à la pointe du modernisme – on se souvient que c’est en ses murs qu’Edouard III d’Angleterre s’était proclamé roi de France - et ses tisserands menaient une lutte sociale exemplaire qui impressionnait le monde occidental. Si la cour de Bourgogne n’éblouit le monde qu’à partir de Philippe le Bon, elle avait eu un précurseur : la cour de Bruxelles du temps de Jeanne de Brabant et de Wenceslas de Luxembourg (frère de cet empereur Charles IV qui faisait briller Prague de tous ses feux et oncle des fils de Charles V de France, soit Charles VI, les ducs d’Anjou, de Berry et de Bourgogne, tous éblouis par le faste des Luxembourg).

Dans sa biographie de Gilles de Rais, Matei Cazacu détaille l’énorme fortune de Gilles de Rais dont les terres rapportaient quelque 30.000 livres tournois par an. Parallèlement Jean VIII, vicomte de Rohan, comte de Porhoët, qui, sur le plan nobiliaire, était le premier baron de Bretagne, affichait 9.000 livres de revenus. Or, soixante ans plus tard, alors que la monnaie était restée stable, les trois seigneuries de Jean II de Trazegnies dont nous avons gardé les comptes, soit Trazegnies, Silly et Hacquegnies, produisaient un revenu annuel de plus de 8.000 livres. Les Trazegnies possédaient de nombreuses autres seigneuries et ils étaient loin de représenter les plus riches seigneurs de nos provinces. C’est dire que la noblesse des Pays-Bas était considérée avec envie par les grands seigneurs français. L’espace de ses domaines était limité, mais leurs villages surpeuplés produisaient des revenus considérables.

Ajoutons aussi que nos ancêtres connaissaient fort bien leur généalogie. L’enseignement de cette «science auxiliaire» faisait d’ailleurs partie de l’éducation des gens bien nés. Si l’histoire des familles commença d’être couchée sur papier au XVIe siècle (par des auteurs généralement complaisants qui, pour développer des origines fabuleuses, ont souvent brouillé les pistes) la tradition orale était vive, et dans l’ensemble exacte, durant le Moyen Age . Le bouche à oreille des civilisations où l’écrit est peu répandu est souvent d’une précision extrême, nos aïeux disposant d’excellents moyens mnémotechniques. Voilà pourquoi je proclame toujours qu’il ne faut jamais mépriser les généalogies traditionnelles. Elles contiennent beaucoup d’erreurs (dues pour l’essentiel aux auteurs de complaisance qui sévissaient au XVIe siècle), mais disposent d’informations très utiles qui correspondent à l’enregistrement d’une ou de plusieurs traditions orales.

Cependant, me direz-vous, comment Guy de Laval et Marie de Craon, les parents de Gilles de Rais, auraient-ils eu l’attention attirée par leur lointain grand-oncle au point de donner son prénom à leur fils aîné ? Certainement pas pour sa qualité de connétable – les Montmorencys en avaient vu d’autres – mais parce qu’il représentait l’idéal du parfait chevalier à une époque où les romans de chevalerie intoxiquaient la noblesse . Un élément familial était venu raviver la lointaine parenté : le mariage, le 4 janvier 1367 - en plein «boom» de l’histoire de Gillion - que conclurent le même jour Otton VI de Trazegnies et son fils, le futur Otton VII. Le père épousait Isabelle de Châtillon-Porcean et le fils recueillait l’héritière née du premier mariage de la dame avec Jean II de Barbançon, baron de Vierves. Cela les rapprochait derechef du milieu où évoluaient les Montmorency-Laval et les Craon.


Guy de Châtillon, comte de Porcean, Connétable de France de 1302 à 1329 ép. (1) Isabeau de France-Dreux


Gaucher, comte de Porcean Hugues, seigneur de Rozoy ép. Marguerite de Flandre-Dampierre ép. Marie de Clacy, vidamesse de Laon


Gaucher, comte de Porcean, Gaucher, vidame de Laon, ép. Jeanne de Brienne-Conflans ép. Marie de Coucy-Meaux


Isabeau ép. Marie, vidamesse de Laon Jeanne ép. 1) Jean II de Barbançon-Vierves ép. Jean de Craon Pierre de Craon 2) Otton VI de Trazegnies


Jeanne ép. Otton VII de Trazegnies Marguerite ép. Jacqueline Jeanne ép. Ingerger II Jean, sire de Croÿ ép. Jean de d’Amboise Ghistelles, sire de Dudzele


Marie ép. (1410) Amaury de Craon, oncle de Gilles de Rais


Le tableau généalogique ci-dessus demande quelques commentaires :

1) Jean et Pierre de Craon étaient tous deux fils de Marguerite de Flandre-Dampierre, vicomtesse de Châteaudun, ce qui les rapprochait encore de la branche de Porcean (Château-Porcien). 2) Les Châtillon, comme les Laval et les Craon, formaient une famille aux rapports très étroits. Constance de Trazegnies, fille d’Otton VI et d’Isabeau de Châtillon, épousera son cousin, Nicolas de Châtillon, seigneur de Blaise et de la Bastie, arrière-petit-fils de Jacques de Châtillon, le terrible gouverneur de la Flandre sous Philippe le Bel, à cause duquel furent déclenchées les matines brugeoises (schild en vriend). Or Jacques était le cousin germain du connétable. La parenté était très lointaine et les seigneuries de Nicolas de Châtillon ne se trouvaient pas dans le voisinage de celles des Trazegnies. Il fallait donc que fussent organisées régulièrement des réunions de famille pour concevoir un tel mariage. 3) Jean de Croÿ et Marie de Craon furent les ancêtres de toute la maison de Croÿ et les parents d’Antoine de Croÿ, dit le Grand, acheteur de Chièvres en 1455. 4) J’ai cité pour l’anecdote Jacqueline de Craon, épouse de Jacqueline de Ghistelles, parce que cette branche des Ghistelles s’éteignit dans les Trazegnies au XVIe siècle, par le mariage de Catherine de Ghistelles, dame de Dudzele, etc. fille de Jean de Ghistelles et de Louise de Luxembourg, avec Jean de Trazegnies, fille d’Arnould et de Marguerite de Bourgogne. Ceci pour montrer les liens étroits entre les aristocraties françaises et celles de notre pays à cette époque. 5) Je ne suis pas certain de l’alliance d’une Marie d’Amboise avec Amaury de Craon, frère de la mère de Gilles de Rais. De toute façon ce mariage aurait eu lieu en 1410, après la naissance de Gilles. Qu’il fût authentifié ou non, il est certain que les relations entre Jean de Craon de La Suze, grand-père de Gilles, et ses cousins germains Jean de Craon de Dommart et son frère, le fameux Pierre de Craon , étaient suivies.

Précisons encore que Pierre de Craon, avant de se brouiller définitivement avec lui, fut un familier de Louis d’Orléans, le frère du roi Charles VI. Or il semble bien que les Trazegnies, qui possédaient apparemment des terres à Fontenay (Fontenay-Trésigny) par héritage des Garlande via les Grandpré et les Hellebeke , aient fréquenté le château du Vivier non loin de là, lequel appartenait au duc d’Orléans (et où fut enfermé Charles VI au début de ses crises). Sinon comment expliquer qu’en 1396, le duc d’Orléans fasse payer les ménestrels des ducs de Bavière, de Savoie et de Mr de Trazegnies (Otton VII) ? Ainsi en 1390, Otton VII fut-il à Paris ambassadeur d’Albert de Bavière, régent de Hainaut, Hollande, Zélande et Frise. Ajoutons que l’ancêtre des deux branches des Craon, Maurice VI, seigneur de Craon et de Sablé (mort en 1292), avait épousé Mathilde Berthout, petite-fille de Walter VI Berthout, seigneur de Malines, et d’Adelive d’Enghien, elle-même petite-fille d’Elisabeth de Trazegnies (et tante d’Ide, femme de Gilles III qui avait organisé le tournoi désastreux de 1251). Il existait donc quelques sujets de conversation entre ces pions du monde féodal. Les épouses des deux frères Craon avaient d’autant plus de raison de «tiquer» au souvenir de Gilles le Brun que leur mère était une Coucy, grande maison notoirement mise au tapis par l’illustre connétable.

Après toutes ces explications, revenons en 1404 au château de Machecoul. Guy de Montmorency-Laval et Marie de Craon ont entendu des lectures du livre de Joinville (et sans doute d’autres thuriféraires de Saint Louis) à la cour de Laval. Ils ont été frappés par la sagesse de leur lointain grand-oncle, Gilles le Brun. Les rapports entre les Bavière de Hainaut et la cour de France sont étroits (Jean de Werchin, autre chevalier hennuyer, est un héros de tournois et de la cour amoureuse de Charles VI) . Leur cousin Otton VII de Trazegnies, également cousin de Pierre de Craon, a dû leur faire part du succès dans le Nord de l’histoire de Gillion de Trazegnies.

Ils ont un héritier qui naît le 1er septembre 1404, le jour de la Saint-Gilles. N’est-ce pas l’occasion de rappeler l’exemple du «parfait chevalier» que de baptiser leur fils de ce prénom ? Et n’est-ce pas non plus une habile flatterie à l’égard des ducs d’Anjou , à qui on veut être agréable pour mieux se garder des ducs de Bretagne, que d’évoquer la mémoire de celui auquel ils doivent leur fantomatique royaume de Naples ? Jean de Craon est un familier de Yolande d’Aragon, femme de Louis II. Son autorité sur sa fille et sur son gendre est importante et peut influencer leur choix.

Toutes ces pages nous ramènent à la modestie. Ceci n’est qu’un échafaudage d’hypothèses, puisque l’attribution d’un prénom a rarement fait dans l’histoire l’objet d’une justification par-devant notaire. Si les Montmorency-Laval revenaient d’outre-tombe, ils me diraient peut-être que je déc…(encore que la biographie de leur fils aîné leur fournirait d’autres motifs de préoccupation), mais ce genre de recherche a l’avantage de faire revivre tout un univers. La généalogie des prénoms est un sujet peu usité dans les études historiques. Plus on remonte dans le temps et plus elle se rapproche d’une science exacte alors que les documents se raréfient en proportion. Au XVe siècle cependant le choix d’un prénom n’est pas encore tout à fait libre. Il conserve une grande part de sa symbolique originelle, ce qui donne à cette évocation l’allure d’une promenade sur un fil de soie.


Marquis de Trazegnies

NOTE COMPLEMENTAIRE A PROPOS DE SIMONETTE de JOINVILLE

Dans certaines éditions de Joinville (Histoire de saint Louis par Jehan, sire de Joinville, éd. J.B. Mellot, Cl. Sallier, J. Capperonnier, Paris, 1761, Première édition inspirée du Manuscrit de Bruxelles, considéré comme le plus ancien et celui qui s’était directement inspiré du texte gardé chez lui par Joinville lui-même), le chroniqueur traite le connétable de «frère». Ce terme ne peut avoir le sens de «frère d’armes» (comme le pensait Du Cange), car Gilles le Brun avait quelque 26 ans de plus que Joinville. En effet le chroniqueur ne parle jamais de Gilles le Brun durant la campagne d’Egypte qui représente la plus longue partie du livre. Manifestement le futur connétable combattait dans un autre corps d’armée, celui du comte (héritier) de Flandre, Guillaume de Dampierre. On ne sent à aucun moment une familiarité de frère d’armes entre un jeune homme de 25 ans et un vieux sage qui avait dépassé la cinquantaine ni même une relation d’intimité particulière entre deux personnages très différents de caractère (Joinville montre de manière beaucoup évidente son enthousiasme pour les compagnons de son âge). Le terme frère désigne manifestement un beau-frère selon la coutume médiévale. Les opposants à cette alliance pensent sans doute que l’édition de référence (sur quels critères ?) ne contient pas ce terme et surtout que Joinville, très disert quant aux rapports de parenté (cet aristocrate amoureux du protocole était aussi une sorte de bottin mondain), ne commente nulle part une relation de famille avec Gilles le Brun. On peut leur opposer un autre passage (un des plus célèbres de toute l’œuvre), celui où, durant la bataille de Mansûra, il combat à côté du comte de Soissons, Jean II le Bon : Je m’approchai du comte de Soissons, dont j’avais épousé la cousine germaine (…). Le bon comte de Soissons, dans la situation où nous étions, plaisantait avec moi et me disait : «Sénéchal, laissons crier cette canaille ; car, par la coiffe Dieu – c’est comme cela qu’il jurait – nous en parlerons encore, vous et moi, de cette journée, dans la chambre des dames». Alix de Grandpré, dame de Joinville, était en effet petite-fille d’Ade d’Avesnes, remariée à Raoul III le Bon, comte de Soissons dont elle eut Jean II. Mais tant la dame de Joinville que le comte de Soissons étaient également parents d’Isabelle de Chiny (fille de Mathilde d’Avesnes, une des sœurs d’Ade :voir notes 9 et 12 supra), la deuxième épouse d’Otton III de Trazegnies. Le chroniqueur était donc le neveu par alliance du frère aîné du connétable. Qu’il n’y ait jamais fait allusion montre qu’il n’apportait pas systématiquement un commentaire généalogique à tous ceux dont il citait le nom et qui lui étaient apparentés. De plus le «bottin mondain» pouvait se montrer approximatif. Demi-frère de son père, le comte de Soissons était l’oncle et non le cousin germain d’Alix de Grandpré. A un dignitaire sarrasin qui lui demandait s’il était parent de Frédéric II, Joinville répondit que l’empereur était cousin germain de sa mère. Nous avons vu ci-dessus (note 19) que l’épouse de Simon de Joinville était la petite-fille du cousin germain de l’impératrice Béatrice, elle-même grand-mère de Frédéric II. C’est nettement plus compliqué. En réalité le mariage de Gilles le Brun et de Simonette de Joinville, s’il eut lieu, fut une union tardive et sans enfants de deux personnes que Saint Louis voulait sans doute rapprocher. L’âge avancé des conjoints et la séparation de biens résultant d’une telle situation expliqueraient évidemment l’absence de chartes justificatives. La question reste donc ouverte. Il est intéressant de noter que la tradition de ce mariage n’est pas née dans ma famille, mais chez les Joinville eux-mêmes (toutes les généalogies anciennes de cette famille la rapportent). Ceci est plutôt favorable à la thèse de l’existence d’une telle union, car il semble bien que Gilles le Brun, surtout quand il apprit le terrible épilogue du tournoi de Trazegnies (1251) resta fidèle à sa suzeraine, la comtesse de Flandre, et rompit les ponts avec ses neveux du Hainaut. Comme il partageait son temps entre la Flandre et la France, les Trazegnies de la branche aînée ignoraient peut-être l’existence de cette alliance ou tout du moins ne lui attachaient pas d’importance particulière.

Récupérée de « http://fr.wikipedia.org/wiki/Gilles_II_de_Trasignies »


Ce texte a été inséré par l'IP 62.4.153.100 et rapidement effacé par Taguelmoust qui en semble pas avoir pris la peine de lire ni les deux premières lignes !! LOL Peut-être y-a-t'il des infos intéressantes dans ce long texte indigeste ? Avis aux spécialistes....

Starus 8 novembre 2006 à 21:10 (CET)

[modifier] "Un criminel présumé hors du commun" en 1340 ?

"Dès la Pentecôte 1340, un conflit larvé s'installe entre Gilles de Rais et l'Église, qu'il aurait défiée en reprenant par la force une de ses possessions (Voir liens externes)." Je pense qu'il y a une erreur dans la date, pour cette phrase puisque logiquement Gilles de Rais n'était pas né en 1340. Quelle est donc la date exacte ? (Ou alors il avait vraiment des puissants pouvoirs de sorcellerie ! ;) ) MRick 8 janvier 2007 à 13:03 (CET)

[modifier] Citations et bibliographie

J'ai supprimé l'affirmation relative à la torture de Gilles de Rais.

Par ailleurs, certains passages (je pense notamment aux "notes") ont quasiment été copiés-collés à partir d'ouvrages. Il serait bon d'établir des citations à la place.

Il faudrait également remettre un peu d'ordre dans la bibliographie en triant les études historiques, les ouvrages de vulgarisation et les oeuvres littéraires, par exemple en établissant une hiérarchisation qualitative, thématique et/ou chronologique afin de ne pas recenser indistinctement tous les livres parus sur le sujet.

Enfin, les interrogations suscitées par le procès de Gilles de Rais (réhabilitation façon Reinach et Prouteau, ou, de manière plus pertinente, questionnement des sources et mentalités par Jacques Chiffoleau dans « Gilles, la vérité, l'histoire. Un médiéviste et le procès du sire de Rais », article paru dans le n°3 des Cahiers Gilles de Rais) devraient faire l'objet d'un résumé dans une section de l'article Wiki.

Cordialement,

Guise, 25 août 2007 à 17:14


Bonjour, il apparaît une petite contradiction dans la note 1 : elle est liée à son exécution "par pendaison", et la note commence par "avant que le feu l'eut dévoré", sans qu'il y ait référence à son bûcher à cet endroit de l'article... Je ne peux corriger moi-même, ne me souvenant plus exactement dans quel ordre ça a été fait (pendaison, puis bûcher, je crois ?)

Cordialement, Tryskel

[modifier] Ile de Biesse

Je cite l'article :

« Le lendemain matin, le 26 octobre 1440, après une messe à la Cathédrale Saint-Pierre de Nantes, l'exécution est accomplie dans les prairies de l'île de La Biesse (aujourd'hui l'île est rattachée à la berge gauche de la Loire, le gibet avait été dressé à l'endroit de l'actuel Hôtel-Dieu). »

--J i b i--44 14 juin 2008 à 12:23 (CEST)

Je viens de mettre la main sur un plan du Nantes en 1766. La prairie de Biesse y figure bien, sur l'île de Grande Biesse. Le site de l'Hôtel Dieu aussi, sur l'île de la prairie de la Madeleine. De deux choses l'une : soit l'exécution a eu lieu sur l'île de Grande Biesse, soit sur le site actuel de l'Hôtel Dieu, pas les deux à la fois, ce n'est pas possible. L'île de la prairie de la Madeleine est bien rattachée aujourd'hui à la rive droite de la Loire, quant à l'île de Biesse, elle est rattachée aujourd'hui à l'île de Nantes, sur la rive gauche du bras de la Madeleine. --J i b i--44 14 juin 2008 à 17:12 (CEST)
Une recherche rapide sur le net confirme que l'exécution a bien eu lieu dans la prairie de Biesse, c'est-à-dire sur l'île de Grande Biesse. La mention « sur le site actuel de l'Hôtel Dieu » est par conséquent inexacte (même si ce dernier n'est finalement pas très loin de là, mais sur l'autre rive de la Loire). Les différents sites qui l'affirment semblent allègrement se copier les uns les autres. Je retire cette mention du présent article. --J i b i--44 14 juin 2008 à 17:25 (CEST)