Gabriel-Julien Ouvrard

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Gabriel-Julien Ouvrard

Naissance 1770
à Cugand
Décès 1846 (à 76 ans)
à Londres
Nationalité France France
Profession Financier

Gabriel-Julien Ouvrard né aux Moulins d’Antières à Cugand le 11 octobre 1770 et mort à Londres en octobre 1846, est un financier français.

Sommaire

[modifier] Fortune lors de la Révolution

Fils d’un simple contremaître, Gabriel-Julien Ouvrard reçut une instruction élémentaire et entra comme employé dans une maison de commerce de Nantes en 1787. Il ne tarda pas à se lancer dans d’audacieuses spéculations et, dès la fin de l’Ancien Régime, il était associé aux armateurs bordelais Baour et Balguerie.

Sous le Directoire, il s’enrichit considérablement dans le commerce colonial et les fournitures militaires. Il contrôlait alors trois maisons de commerce à Brest, Nantes et Orléans, la banque Gamba, Gay et compagnie à Anvers et détenait des participations importantes dans trois sociétés parisiennes (Girardot et compagnie, Rougemont et compagnie, Charlemagne et compagnie). Il était également l’associé de fournisseurs importants : Vanlerberghe pour le blé, les frères Michel pour les fournitures militaires, Carvillon des Tillières et Roy pour l’acier et le bois.

En septembre 1798, il obtint pour six ans la fourniture générale des vivres de la Marine, représentant un contrat de 64 millions de francs-or, passé au nom de son beau-frère Blanchard. Quelques mois plus tard, il reprit le contrat de la flotte espagnole stationnée à Brest puis les fournitures de l’armée d'Italie en 1799. Il loua alors le château du Raincy près de Paris, qu’il devait acheter en 1806.

Il fut arrêté en janvier 1800 sur ordre du premier consul Napoléon Bonaparte, mais l’examen de ses comptes et de ses contrats, préparés par son directeur juridique Cambacérès, ne laissa apparaître aucune irrégularité. Ouvrard libéré, participa aux approvisionnements de l’armée de Marengo et de l’armée d’Angleterre stationnée à Boulogne.

[modifier] Financier de l’épopée napoléonienne

Ouvrard fut l’un des fondateurs de la Compagnie des Négociants Réunis avec le banquier Médard Desprez (1764-1842), régent de la Banque de France. En échange d’une avance de trésorerie, la Compagnie reçut des obligations valables notamment sur les subsides mensuels que l’Espagne devait verser à la France en exécution du traité du 22 juin 1803. La Compagnie avait également obtenu de l’Espagne le monopole du commerce avec l’Amérique espagnole et comptait obtenir des liquidités en organisant le retour en Europe de piastres espagnoles retenues à Cuba. Mais la reprise de la guerre entre la France et l’Angleterre allait ralentir le mouvement des bateaux. Pour produire des liquidités, Ouvrard imagina alors de faire escompter par la Banque de France des traites de complaisance que les membres des Négociants réunis avaient contractées les uns avec les autres. Il en résulta un gonflement des encours que la Banque de France finança en faisant marcher la planche à billets, provoquant une crise de confiance dans les billets de banque, bientôt jugulée par la victoire d’Austerlitz. Dès le lendemain de son retour à Paris, le 27 janvier 1806, Napoléon révoqua le ministre du Trésor, François Barbé-Marbois, jugé coupable d’avoir fait à Ouvrard une confiance excessive, et le Trésor public réclama au financier la somme de 141 millions de francs-or.

Ouvrard traversa alors une période de difficultés financières. Il ne put régler le prix d’acquisition du château du Raincy. En 1809, il fut emprisonné à Sainte-Pélagie pour dette impayée et libéré trois mois plus tard. Jugeant que seule la paix maritime peut ramener la croissance économique, il tenta de négocier, avec l’appui de Louis Bonaparte et de Joseph Fouché, une paix secrète avec l’Angleterre, ce qui lui valut trois années de prison. On peut lui imputer la défaite des armées de Napoléon ayant été chargé de la fournir en chaussures. Par souci d’économie, il livra à l’armée des chaussures en faux cuir à semelles de carton en les faisant passer pour des chaussures en cuir. L’effet de cette arnaque méconnue eut son effet lors du fameux hiver russe[1].

[modifier] La gloire et la ruine

Le Duc de Richelieu
Le Duc de Richelieu

Fin juin 1815, au début de la Restauration, il acquiert sous couvert de l’identité de son beau-frère (G. J. Tébaud) le pavillon de la Jonchère situé à Bougival, connu plus tard, sous le nom de « château de la Jonchère ». Il fit de nombreux aménagements tant sur le bâtiment initial, que dans son parc. En 1816, il se porta acquéreur du Château de la Chaussée, non loin de son pavillon de la Jonchère.

Ouvrard joua un grand rôle dans le redressement économique de la France après la chute de l’Empire. Le traité signé à Vienne en 1815 obligeait en effet la France à payer 700 millions de francs aux puissances étrangères, soit 150 millions par an, auxquels il fallait ajouter l’entretien des 150 000 soldats des armées alliées qui devaient occuper la France pendant cinq ans. En 1816, les récoltes s’effondrèrent et les caisses du royaume étaient vides. Les paiements furent suspendus. duc de Richelieu, Premier ministre de Louis XVIII se retrouvait en face de la Chambre introuvable, dont les querelles et les divisions lui rendaient la tâche impossible. C’est alors que sur les conseils d’Ouvrard, et en dépit du scepticisme et du pessimisme général, Richelieu créa 100 millions de rente qui remplirent les caisses de l’État. Les paiements furent payés et la menace qui planait sur la France fut levée. Grâce à ce paiement, le Premier ministre put anticiper le départ des troupes étrangères prévu en 1820. Le territoire français fut ainsi libéré en 1818, après le congrès d'Aix-la-Chapelle. Le duc de Richelieu rendit à Ouvrard ses biens et annula sa dette envers le Trésor. Preuve du prestige dont il jouissait à l’époque, le roi en personne, ainsi que les futurs souverains Charles X et Louis-Philippe assistèrent en 1822 au mariage de sa fille Elisabeth avec le général de Rochechouart. L’année suivante, le munitionnaire finança l’expédition d’Espagne, mais ne fut jamais remboursé en dépit des accords signés avec le duc d’Angoulême, qui commandait l’expédition. Placé en faillite, il perdit alors toute sa fortune, et fut même emprisonné à la Conciergerie pour corruption. Il fut disculpé, entre autres grâce à l’intervention du duc d’Angoulême, mais il ne récupéra jamais sa fortune. Il mourut à Londres en 1846.

[modifier] Notes

  1. Aimé Malvardi, Napoléon et sa légende, Paris, Lions et Azzaro, 1965, p. 215.

[modifier] Œuvres

  • Mémoires de G.-J. Ouvrard sur sa vie et ses diverses opérations financières, Paris, Moutardier, 1826, 3 vols.

[modifier] Références

[modifier] Lien externe

  • Notice sur G.J. Ouvrard Biographie sur le site dédié à son avocat d’affaires Jean-Jacques Régis de Cambacérès.

[modifier] Bibliographie

  • Arthur Lévy, Un grand profiteur de guerre sous la Révolution, l’Empire et la Restauration, G.-J. Ouvrard, Paris, Calmann-Lévy, 1929
  • Marcel Pollitzer, Le règne des financiers : Samuel Bernard, J. Law, G.-J. Ouvrard, Paris, Nouvelles Éditions latines, 1978
  • Jean Savant, Tel fut Ouvrard, le financier providentiel de Napoléon, Paris, Fasquelle, 1954
  • Otto Wolff, Ouvrard, speculator of genius, 1770-1846, New York, D. McKay Co., c. 1962
  • Maurice Bérard, « Le château de la Jonchère », Bonvalot-Jouve éditeur, Paris, 1906
  • Général Louis-Victor-Léon de Rochechouart, Souvenirs sur la Révolution et l’Empire (Plon, 1889)
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