Film culte

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Un film culte est un film généralement original ayant acquis un groupe fortement dévoué de fans. Souvent, les films cultes n'ont pas réussi a être reconnus en dehors de petits groupes d'admirateurs ; cependant certains sont parvenues a gagner dès leur sortie en salle une reconnaissance populaire et parfois même critique, tel 2001 : l'odyssée de l'espace (1968), Orange mécanique (1971), Taxi Driver (1976), Apocalypse Now (1979), Blade Runner (1982), Blue Velvet (1986), ou Pulp Fiction (1994)[1]. Certains films cultes dépassent au fil du temps leur statut originel pour être reconnus comme classiques ; d'autres sont des nanards destinés à rester dans l'ombre. Les films cultes sont souvent source de fascination, d'obsession, et une culture secondaire peut se construire autour du film (d'où l'analogie à « culte »). Cependant, tout film possédant un groupe d'admirateur n'est pas forcément culte.

Sommaire

[modifier] Histoire

[modifier] Première période : 1959-1970s

Le terme lui-même a été en usage à la fin des années 70 et a été popularisé dans une série de trois livres de Danny Peary, commençant en 1981 par Cult Movies. Plan 9 from Outer Space (1959) et d'autres films d'Ed Wood, Jr font partis des plus anciens films considérés comme cultes, attirant les passionnés admiratifs de l'incompétence du cinéaste. D'autres films de science-fiction et d'horreur de série Z des années 50 (par exemple Robot Monster), et les films d'exploitation des années 30 qui sont réapparut dans le marché de la vidéo des années 80 (tel Reefer Madness), ont aussi reçus ce statut.

Le film d'horreur de série Z La nuit des morts vivants (1968) réalisé par George A. Romero reçu un accueil mitigé au box-office mais attira l'attention de la critique avec le temps. Cependant, la culture américaine durant la guerre du Viet-nam eu un impact énorme sur le film et ce dernier obtint le statut de film culte après être fréquemment diffusé dans les Midnight movies. Le film est en effet une charge féroce contre la société américaine des sixties et un historien a décrit le film comme « subversif à beaucoup de niveaux[2]. » Bien que ce ne fut pas le premier film de Zombie, La nuit des morts-vivants eut tellement d'influence sur ses successeurs qu'il est peut-être aussi devenu l'influence majeure de la zombie-culture moderne[3]. C'est le premier volet de la saga des zombies réalisée par Romero. Récit à suspense sur la guerre froide, Docteur Folamour ou : comment j'ai appris à ne plus m'en faire et à aimer la bombe (1964) de Stanley Kubrick a été acclamé par la critique tout en conservant son statut de film culte. Dans le même genre, la comédie noire Harold et Maude (1971) est devenu le premier film à gros budget d'Hollywood capable de maintenir un cercle de fidèle conséquent durant ses rediffusions, bien qu'apparemment il n'ait pas été repris par les Midnight movies pendant les années 70[4]. La comédie musicale de Mel Stuart Charlie et la chocolaterie est l'un des films pour enfants les plus célèbres et a pourtant développé un cercle d'inconditionnels parmi les adultes pour son design. L'Orange mécanique de Stanley Kubrick (1971), un film sur la violence dans un futur proche, eut un succès commercial important et fut nominé à l'Oscar du meilleur film ; pourtant les thèmes explorés et leur représentation ont fait de ce film l'un des plus polémique du cinéma, lui accordant de ce fait le statut de film culte.

Pink Flamingos (1972) de John Waters, film présentant de manière extravagante et controversé (ce fut un exercice d'« un goût douteux ») des scènes d'inceste et de coprophagie, est devenu le plus connu d'un groupe de films passés dans les Midnight movies se concentrant sur les perversions sexuelles et le fétichisme[5]. Filmé pendant les week-ends à Baltimore, la ville natale de Waters, avec un câble d'un mile comme conducteur d'énergie, ce film se montra également important en inspirant la croissance des films indépendants[6]. En 1973, le théâtre d'Elgin a commencé des Midnight movies groupés avec Pink flamingos et un drame de Jamaïque comportant une bande sonore remarquable. Dans sa vision traditionnelle, The Harder They Come (1972) avait été un échec cuisant, éreinté par les critiques après que son distributeur aux États-Unis, New World Communications de Roger Corman, l'a lancé sur son propre marché comme un produit de la Blaxploitation. Revu dans les Midnight movies pendant six années, il contribua à la popularité du reggae aux Etats-Unis. Tandis que le potentiel de certains films en tant que Midnight movies était identifié seulement quelques temps après leur sortie, un autre nombre y ont été distribués directement dès leur sortie en salle pour tirer profit du marché - par exemple, en 1973, Broken Goddess, Dragula, The White Whore and the Bit Player, and Elevator Girls in Bondage (aussi bien que Pink Flamingos) firent leur première en tant que Midnight movies[7]. En 1974, le premier Midnight movie Flesh Gordon montre avec évidence comment le phénomène bifurqua parfois vers la pornographie.

Le trans-genre The Rocky Horror Picture Show (1975) est probablement le film culte le plus connu encore en activité. Le film est une satire des conventions de films science-fiction et d'horreur de son temps et inclut des éléments de Travestissement, inceste et homosexualité - le tout dans le contexte d'un film musical. Le film reçu peu d'attention de la part des critiques à sa sortie en 1975 mais se constitua un groupe d'admirateurs fanatiques qui sont à plusieurs reprises apparu aux Midnight movies des cinémas de quartiers, habillés en costumes et « participant » au film en imitant des scènes telles que le lancé de riz pendant la scène du mariage[8]. Le film ridiculise intentionnellement ses propres thèmes, entrant de ce fait dans l'esprit d'amusement sarcastique entourant souvent les films culte. Il gagna une nouvelle vie sur VHS. The Rocky Horror Picture Show peut être vu comme une norme et aider à déterminer si un film est en effet un film culte, car il est probablement le film culte le plus célèbre. Une grande partie de sa célébrité est moins dû au film lui-même qu'à l'exposition qu'en ont faite ses admirateurs[9]. Si un film est plus largement connu que The Rocky Horror Picture Show, il n'est pas susceptible de pouvoir être considéré comme un film culte. Les réseau de chaînes télévisées, télévision par câble et pay-per-view ont également changé la nature des films culte. L'expérimental et surréaliste Eraserhead (1977) de David Lynch fut un flop commercial et critique, et pourtant sortit de l'obscurité lors de son passage en Home video vers la fin des années 70 et au début des années 80.

D'autres films culte de cette période sont ceux du réalisateur et acteur Tom Laughlin, dont sa série Billy Jack.

[modifier] Deux genres de films cultes

Si la notion de film culte est aujourd'hui populaire, notamment chez les cinéphiles, son origine est incertaine. On peut rattacher la naissance du phénomène films cultes aux projections de minuit (Midnight movies) qui commencèrent vers 1970 dans des cinémas de New York, Boston ou Los Angeles. Les directeurs de ces salles, désirant rendre accessible des films peu connus et décalés, n'avaient que ce créneau horaire de disponible, la journée et la soirée étant occupées par les productions hollywoodiennes. Un public de connaisseurs ou de curieux, à l'époque où la cassette VHS n'existait pas encore, se constitua autour de films comme The Rocky Horror Picture Show, La Nuit des morts vivants, Eraserhead ou encore El Topo. Ces films commencèrent ainsi une carrière de films cultes.

Ainsi, ce furent des films étranges, bizarres, excentriques voir surréalistes qui constituèrent les premiers films cultes. Souvent controversés car sortant des conventions formelles ou narratives de l'époque, ces films étaient aussi difficile à voir que véritablement originaux [1].

Un film culte a circulé sans avoir bénéficié d'une lourde sortie ou édition commerciale : soit une copie unique qui devient elle-même culte, soit la copie VHS de la copie VHS. Ce qui est culte est rare, et ce qui est rare devient également signe de ralliement culturel d'une communauté, avant d'être ou non intégré plus tard dans la culture de masse. Pour certains cinéphiles, un film culte cesse d'être culte à partir du moment où il est facilement disponible puisque, à l'origine, "culte" est (ou était) synonyme de « rare ». Pour un puriste, un autocollant "Film culte" sur un DVD vendu dans un supermarché est donc une aberration.

Un film culte se situe dans la marge (ce n'est pas une volonté du réalisateur, mais le film est censuré, pas ou peu distribué, est considéré comme trop médiocre, expérimental ou choquant) et un nombre limité d'inconditionnels fournissent des efforts répétés autour de cette œuvre (déplacements, écritures, projections, rencontres, etc.)

[modifier] Le film d'initiés

Pour les puristes, un film culte est d'abord un film ayant gardé une certaine confidentialité, au moins à ses débuts, et qui a obtenu un succès d'estime auprès d'un public qui lui reste fidèle et attaché.

Entrent dans cette catégorie des films de réalisateurs indépendants, des films qui n'ont pas eu le succès escompté à leur sortie (succès moyen ou échec commercial), soit parce qu'ils n'étaient pas bien distribués soit parce qu'ils ne correspondaient pas aux critères du grand public. Il peut s'agir de films ayant un format particulier, une réalisation novatrice, de films qui ont choqué à leur époque ou ont paru décalés par rapport aux standards de commercialisation. Ces films, bien qu'ayant quelques fois une imagerie forte, ne sont pas source de merchandising ou de produits dérivés généralisés. Par exemple :

  • The Rocky Horror Picture Show : l'exemple même du film culte possédant son cercle d'admirateurs fidèles (ceux-ci se réunissent régulièrement pour des projections-spectacles ou les scènes du film sont en même temps reprise par des acteurs[10]).
  • Braindead : Un sommet du film gore déjanté.

[modifier] Le succès générationnel

Prenant davantage appuis sur le sens étymologique de l'expression que sur l'approche cinéphile, certains films sont considérés culte pour avoir été, en dépit de toute prévision, le signe de ralliement de toute une génération se partageant répliques cultes et collectionnant objets s'y référant avec la même passion. La première trilogie de la saga de science-fiction Star Wars marqua toute les années 80 et reste par son ampleur un phénomène unique dans l'histoire du cinéma.

[modifier] Confusion avec le chef-d'œuvre

La confusion entre « film culte » et « chef d'œuvre » est courante, même chez les cinéphiles, et ne peut trouver de solution car ces deux notions qualitatives restent profondément subjectives. Le chef d'oeuvre est cependant davantage utilisé pour désigner un « classique » du cinéma, une œuvre accomplie dans son domaine, son genre, tandis que le film culte possède une originalité certaine parfois peu compatible avec les conventions cinématographiques.

[modifier] Une étiquette commerciale

Icône de détail Article détaillé : Merchandising.

L'essor de la société de consommation et la généralisation du merchandising ont eu des répercussions sur le terme de « Film culte », en le détournant de son sens originel pour l'utiliser comme argument commercial sur les affiches, spot publicitaire, pochette de Dvd et autres produits dérivés d'un film. Pour les cinéphiles, cette utilisation du terme est assez ironique vu le caractère généralement confidentiel et peu vendeur des films cultes.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

  1. Série B
  2. Série Z
  3. Nanar
  4. Midnight movie
  5. Film d'exploitation
  6. Cinéma underground
  7. Cinéma indépendant

[modifier] Liens externes

[modifier] Documentation

  • Hoberman, J. and Jonathan Rosenbaum (1983). Midnight Movies. Da Capo Press. ISBN 0-306-80433-6
  • Le documentaire Midnight Movies (2006) du réalisateur canadien Stuart Samuels qui expose la genèse du phénomène film culte aux États-Unis.

[modifier] Notes et références

  1. ab Film culte sur Film Site (en)
  2. Adam Rockoff, Going to Pieces: The Rise and Fall of the Slasher Film, 1978–1986 (Jefferson, N.C.: McFarland, 2002), p. 35, ISBN 0-7864-1227-5.
  3. "Zombie Movies" in The Encyclopedia of Fantasy, ed. John Clute and John Grant (New York: St. Martin's Press, 1999), p. 1048, ISBN 0-312-19869-8
  4. See Hoberman and Rosenbaum (1983), p. 298.
  5. Waters (2006).
  6. Pink Flamingos Production Notes. Retrieved 11/15/06.
  7. Hoberman and Rosenbaum (1983), p. 13.
  8. See History of the Rocky Horror Picture Show and Rocky Horror Timeline. Retrieved 11/14/06.
  9. Henkin, Bill (1979). The Rocky Horror Picture Show Book. Dutton Adult, 36. ISBN 978-0801564369. 
  10. voir studiogalande