Fanzine

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Quelques fanzines de tailles et de sujets differents
Quelques fanzines de tailles et de sujets differents

Un fanzine (contraction de fan magazine) est un périodique (ou apériodique) indépendant, créé et réalisé de manière désintéressée par et pour quelques passionnés.


Sommaire

[modifier] Une définition

Le fanzine est un journal libre, parfois clandestin (une large majorité d'entre eux n'a pas de dépôt légal), publié sous l'égide du Do it yourself (slogan de Jerry Rubin repris par les punks en 1977), souvent spécialisé, qui n'est soumis à aucun impératif de vente et que l'on se procure dans quelques distros, librairies, disquaires spécialisés, lycées, universités, salles de concerts indépendantes, ou par le bouche-à-oreille.

Sa diffusion est réduite (le tirage moyen d'un fanzine en France serait de 200 exemplaires), sa périodicité demeure le plus fréquemment aléatoire et sa durée de vie relativement courte, même si certaines exceptions sont à noter, tels que Cometbus (en) ou Maximum Rock'n'roll (en), deux fanzines nord-américains existant depuis le début des années 80. En France, le fanzine punk Rad Party existe lui depuis plus de 15 ans et tient toujours la forme. Certains fanzines historiques comme New Wave sont reparus dans les années 2000, certains disparus trouvent une seconde vie sur MySpace (exemple : Agent Orange).

Un fanzine devient un magazine lorsqu'il cesse d'être le produit de l'activité d'un amateur passionné (un « fan ») pour devenir le produit d'un professionnel. Cela ne dispense pas pour autant le professionnel de rester passionné, bien que des « impératifs » de rentabilité peuvent influencer son activité, ainsi que le contenu, la forme du fanzine.

La forme intermédiaire entre le fanzine et le magazine est parfois appelée prozine, notamment lorsque la forme devient plus professionnelle, plus recherchée, mais que l'esprit non-commercial persiste.

Souvent militant dans le champ culturel (au sens large), l 'esprit des fanzines se retrouve dans le slogan du réseau alternatif Indymédia « Ne critiquez pas les médias, soyez les médias ».

[modifier] Histoire

Consacrés le plus souvent à la musique rock, au cinéma, aux séries télévisées, à la sphère politique ou à la littérature populaire (et, en premier lieu, à la bande dessinée), les premiers fanzines apparaissent à l'aube des années 1930. Plus que les progrès accomplis dans le domaine de la xérographie, c'est sa diffusion au sein des sphères privée et publique qui contribue à l'essor de ces publications au milieu des années soixante-dix, notamment dans le domaine musical où le fanzine reste l'un des médias fétiches du mouvement punk. On parle aussi de Graff'zines : fanzines graphiques aux ambitions artistiques affichées, généralement réalisés par des étudiants en écoles d'Art.

Couverture du fanzine américain Sluggo! faite à la main
Couverture du fanzine américain Sluggo! faite à la main

Certains font démarrer l'histoire du fanzine bien plus tôt, avec la presse amateur de science-fiction américaine et le journal The Time Planet, paru en 1926. Le premier fanzine avéré reste The Comet, paru en 1930 et publiant des correspondances de fans de science-fiction.

Parmi les plus célèbres fanzines français de ces quarante dernières années figurent notamment :

"Hello Happy Taxpayers","Agent Orange",Hop!, Falatoff, Choc, Kaput, le Bulletin de l'ACGP, l'Incongru, Actual-Hebdo, le Citron hallucinogène, Jade, Le Goinfre, 813, PLGPPUR, On a Faim ! , Abus Dangereux, Violence, Le légume du jour, No government, Rock Hardi, On est pas des sauvages, New Wave.

Depuis 1981, le Festival international de la bande dessinée d'Angoulême récompense chaque année les meilleurs d'entre eux. Si l'intérêt pour cette presse libre a connu un certain déclin au début des années quatre-vingt-dix, le succès d'Internet a permis à l'esprit libertaire et généralement militant qui est le sien de se pérenniser. Le webzine ou e-zine, fanzinat sur Internet, touche un public beaucoup plus large : les coûts de production étant nettement moins élevés, et l'interactivité réellement accrue. Les années 90 ont vu également l'apparition de "Médiathèques alternatives" pour fanzines et disques autoproduits à Toulouse[1] ou Poitiers[2], certaines collectant les Fanzines.

Les musiques dites contestataires -- comme le punk, le rock, le reggae, le hard-core, la techno ou encore le ska -- restent encore aujourd'hui le terreau du fanzinat (New Wave, né en 1981, existe toujours).

De nos jours, il existe aussi de nombreux fanzines dérivant d'un livre ou d'une histoire pour aboutir à quelque chose de très différent. Exemple : Le livre Harry Potter a de nombreux fanzines qui font dériver l'histoire sur des sujets autres (le sexe, l'homosexualité, la guerre, etc.) ou transportent les personnages dans des univers différents.

[modifier] Modes de diffusion

Le fanzine est par définition un support à diffusion limitée, de par son faible tirage et les frais occasionnés par une diffusion massive. On distingue quelques pratiques généralisées dans le monde du fanzinat afin de faciliter la diffusion des fanzines.

  • De « main à main » : Un fanzine se fait avant tout pour un cercle assez intime, proche de ses préoccupations et il est donc facile de rencontrer des lecteurs potentiels et de distribuer à ces occasions les fanzines.
  • La poste : le fanzinat n'aurait quasiment aucune portée sans expédition postale. De nombreux échanges se font par courrier, que ce soit entre fanzines ou de fanzine à lecteurs. Des participations aux frais de ports sont souvent demandées lors de l’envoi de fanzine par la poste.
  • Lors d'événements spéciaux. Par exemple lors de concerts, de salons de bande dessinée, de salons associatifs ou autres rencontres, il peut arriver qu'un fanzine tienne une table de vente où il propose les numéros aux personnes présente. L'intérêt est de toucher des personnes a priori sensibles au thème du fanzine. Les fanzines peuvent aussi être déposés à l'entrée par exemple pour permettre à chacun d'y avoir accès.
  • Les distros : les distros sont tenues par des personnes qui se chargent de récolter le maximum de fanzines, les photocopient, puis les revendent à la demande. Souvent les distros tiennent des tables lors d'événements et proposent alors à la vente des multitudes de titres.[3],[4],[5]
  • Dans des librairies spécialisées dans la culture underground (Regard moderne, Parallèles ou Thé-troc à Paris, par exemple), dans les librairies de bande dessinée, chez les disquaires, etc. Ce mode de distribution fonctionne de manière différente de la distribution "mainstream" : certains lieux font des achats fermes (sans politique de retour), d'autres prennent les fanzines en dépôt et signent un bon de dépôt, puis paient ce qui a été vendu à l'éditeur du fanzine si ce dernier revient le réclamer.
  • Dans des infokiosques, à prix libre, avec des brochures et des livres a-périodiques.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes

  1. *La Fanzinothèque de Toulouse
  2. *La Fanzinothèque de Poitiers, qui recense et conserve tous les fanzines qu'il lui est possible d'obtenir.
  3. *L'association Meluzine, qui référence et distribue tous les fanzines qui lui sont confiés.
  4. *La Pétroleuse, distributeur de nombreux zines français et internationaux.
  5. *Microcosm Publishing, distributeur de fanzines traitant nombre de sujets divers et variés allant de l'antisexisme à la passion pour le vélo en passant par les récupérations de nourriture dans les poubelles.

[modifier] Bibliographie

  • 20 ans de fanzines rock 1977-1997. Histoire d'un mouvement parallèle, Fanzinothèque de Poitiers, septembre 1997
  • Etienne, Samuel (dir.) - La presse musicale alternative au 21e siècle. Copyright Volume !, vol.5, n°1, 160 p. http://www.seteun.net/volume/sommaire%202006_1.pdf

[modifier] Liens externes