Reggae

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Reggae
Origines stylistiques Mento, Ska, Rocksteady
Origines culturelles Fin des années 1960 en Jamaïque
Instrument(s) typique(s) Batterie - Basse - Guitare - Clavier - Chant - Cuivres - Saxophone - Orgue
Popularité Internationale

Sous-genre(s) {{{sous_genres}}}
Genre(s) dérivé(s) Dub, Ragga
Genre(s) associés(s)
Scènes régionales

Voir aussi


Le reggae est l'une des expressions musicales jamaïcaines les plus connues et les plus populaires. Il est devenu, à la faveur de son succès international, un style musical incontournable porteur d'une culture qui lui est propre.

Sommaire

[modifier] À l'origine du reggae

« Il y d'abord le mento, notre musique locale traditionnelle. Le ska, le rocksteady et le reggae ont pris au mento le jeu à contretemps de la guitare rythmique, et aussi certaines chansons transformées. Si on essaie d'établir des relations entre les musiques, et de voir quelles continuités existent d'une période à une autre, on peut isoler le jeu à contretemps de la guitare, que l'on peut entendre dans le mento avec le banjo, le ska, et qui correspond aussi au contretemps dans le rythm & blues et en particulier dans le piano boogie-woogie. C'est le "beat" entre les temps, c'est le Tin-Cutin'-Cutin' -Cutin', c'est le un ET deux ET trois ET… Tu le retrouves dans toutes nos musiques, le reggae, le calypso, le mento, la musique de la Martinique, de la Guadeloupe, tu le retrouves dans le hi-life, mérengue. De plus cette attirance vers l' "after-beat" se retrouve dans les églises, avec les rythmes des tambourins, des claquements des mains… Une grande part du mento provient de la musique populaire. Mais nous avons aussi des traditions folk très fortes, qui pénètrent dans la musique à différentes étapes de son développement. Par exemple tu as la musique Burru, le tambour traditionnel africain sur lequel les gens font des chansons sur les évènements locaux. Ces chansons sont celles qu'ils chantent en creusant dans les champs, des diggin'songs…  »
    — Linton Kwesi Johnson

[réf. nécessaire]

Le reggae est apparu à la fin des années 1960. Il est le fruit de nombreuses rencontres et de métissages : évolution du ska et du rocksteady, il trouve ses racines dans les musiques traditionnelles caribéennes comme le mento et le calypso, mais est aussi très influencé par le rythm&blues, le jazz et la soul music (la musique américaine est alors très en vogue en Jamaïque). À ces influences s'ajoute celle de musiques africaines, du mouvement rasta et des chants nyabinghi, qui utilisent les Burrus africains (tambours) apportés par les esclaves en Jamaïque. Ce métissage ne s'arrêtera pas là: aujourd'hui nombre de styles s'inspirent, intègrent ou reprennent le style reggae de par le monde. Le reggae est aujourd'hui une musique universelle, comme le souhaitait celui qui fut son principal ambassadeur, Bob Marley.

Si le terme apparaît vers 1973 dans la presse occidentale, son origine est obscure. Il pourrait venir du mot d'anglais jamaïcain, "streggae", qui désigne une personne mal ou trop peu habillée, et de là, les prostituées[1]; ce mot aurait été modifié par une radio jamaïcaine de l'époque . D'autres explications existent, comme celle qui en fait la contraction des expressions “regular guy”, “regular people”, en somme une musique faite pour “l'homme de la rue” (citation Bob Marely, interview [réf. nécessaire]). Pour le chanteur Bob Marley, le terme aurait des racines espagnoles et désignerait la « reine des musiques » (« la musica del rey »)[2]. Selon d'autres sources, il serait la contraction et l'altération du terme anglais « raggamuffin » (littéralement « va-nu-pieds ») [3] ou peut-être de rege-rege « querelle ». Autre hypothèse, « reggae » désignerait une tribu de langue bantou originaire du lac Tanganyika[4]. Derrière toutes ces étymologies possibles, se dessinent les particularités d'un genre musical fait d'héritages, de brassages, d'appropriations et de confrontation à la dure et rugueuse réalité. Enfin, dernière explication, le terme « reggae » découlerait de la spécificité de son rythme - «a ragged rythm» un «rythme déguenillé» ou «irrégulier» - comme le soutient le guitariste de studio Hux Brown [5].

Tout aussi problématique est la question de la paternité du reggae en tant que genre musical proprement dit ; paternité qui, contrairement au rocksteady, est très controversée : certains attribuent le premier disque de reggae aux Maytals avec Do the Reggay en août 1968. Cependant, si Toots est certes le premier à utiliser le mot "reggae" dans une chanson, d'autres morceaux au tempo un peu plus rapide que le rocksteady ont déjà préfiguré le style au cours de l'année 1968. Ainsi Pop-a-Top de Lynford Anderson annonçait déjà, début 1968, un nouveau style de rythme, bien plus rapide. D'autres compositions se disputent le titre de premier reggae, dont le Bang A Rang de Stranger Cole et Lester Sterling (pour Bunny Lee), le Nanny Goat de Larry Marshall et Alvin (sous la direction de Jackie Mittoo, pour Studio One), la première version méconnue du Soul Rebel de Bob Marley, et le No more heartache des Beltones.

Cette première phase d'évolution du reggae, que l'on qualifie de période du "early reggae", est caractérisée par un tempo plus rapide, et l'accélération du jeu à contretemps déjà présent avec le ska et le rocksteady. Puis le tempo ralentira, la basse se fera plus lourde encore, mais le reggae gardera cette base rythmique basse/batterie prédominante et ce mouvement chaloupé qui lui est propre.

Lee « Scratch » Perry est également à l'origine d'un des premiers succès reggae de 1968, Long Shot (interprété par les Pioneers, avec les jeunes frères Aston « Family Man » et Carlton Barrett à la basse/batterie), où il utilise une rythmique particulièrement rapide. Scratch travaille alors pour Joe Gibbs et le quittera pour ne pas avoir été crédité pour son travail sur ce morceau [réf. nécessaire]. - Il reprendra ce morceau à son compte en se lançant dans la production, avec son propre label "upsetter" (énerveur). "People Funny Boy" fera un carton en Angleterre. - Scratch utilisera par la suite des pratiques innovantes qui transformeront le reggae, comme l'introduction de bruitages (l'origine du sample). Il fondera également le légendaire studio Black Ark où seront enregistrés, entre autres, Bob & The Wailers, The Congos, Max Romeo, Junior Murvin.

[modifier] Styles et caractéristiques

Le reggae peut-être caractérisé par :

  • généralement, l'utilisation de la guitare basse, de la guitare électrique, de la batterie, et du scraper ou son équivalent le jawbone qui vient en fin de mesure, et qui accompagnent des chants lourds d'émotion et qui souvent, expriment le rejet pour une "culture dominante".
  • son rythme four beat, binaire, assez lourd, avec l'accent par la basse et batterie les temps faibles, en particulier troisième temps (connu aujourd'hui sous le nom de one drop),
  • ce que l'on qualifie souvent de contretemps, car ses accords se retrouvent sur le second et quatrième temps - marqué la guitare rythmique ou le clavier (connu sous le nom skank).
  • Caisse claire sur le 3e temps.
  • De 1975 à 1980, le roots perdure sous une nouvelle forme: le rockers développé par Sly Dunbar. Il est caractérisé par des coups de charleston vifs et saccadés. Il survient après le flying cymbal, style caractérisé par deux coup de charleston sur les 2eme et 4eme temps (contretemps rythmique) tssss-tssss.
  • A partir des années 1981-1982, un nouveau style de batterie qui a perduré jusqu'à aujourd'hui règne en maître: le early dancehall. Il s'agit d'un balancier binaire grosse caisse (1er temps) caisse claire (3e temps). Le nouveau backing band de Channel One, les Roots Radics, sont considérés comme les maîtres absolus du Dancehall instrumental. C'est à cette même période qu'explose le dub, sur les instrumentaux dancehall, et une nouvelle vague de mixeur à l'image de Scientist.

L'orgue: Les early reggae présentent souvent une structure d'orgue empruntée au vieux RNB, celui-ci marquant chaque croche d'une note. Cette technique nommée "shuffle" se place là où se trouvait le beat guitare (ou skank) du ska et accentue fortement la dynamique rythmique, donnant l'impression d'accélérer le tempo. Le riddim mythique du Beat Down Babylon de Lee Perry est un exemple typique. Cette technique s'est raréfiée par la suite, l'orgue accompagnant alors souvent le skank (sur le 2e et 4e temps) et ouvrant parfois le riddim par une introduction mélodique. L'ouverture de riddim la plus mythique est probablement celle du "Take A Ride" aka "Truth and Right" d'Al Campbell chez Studio One.

La guitare: elle est toujours électrique (très rares exceptions) et l'effet utilisé est absolument crucial. Les très rares cas où une distorsion rock est utilisée (ex: the Heathen de Marley) se sont soldés par des échecs au niveau du résultat. Le son doit être rond et doux, tout en gardant son groove. Le skank est parfois doublé par un mouvement d'aller-retour rapide ("le pickin") ou par l'utilisation d'une boîte analogique à écho ou delay (de préférence un Roland Space Echo RE201...). Souvent, une deuxième guitare est posée en parallèle à la guitare rythmique et pose des accords mélodiques, parfois un solo discret, sur le riddim.

La basse: à l'origine les contrebasses marquaient le temps sur les rythmes ska. Les basses reggae sont électriques et ont plus de liberté mélodique. Elles utilisent les fréquences les plus basses et apportent un effet alourdissant volontairement le riddim. La guitare basse forme le noyau central du riddim avec la batterie, musique fondamentalement rythmique, des mots même de Lee Perry. Les lignes de basses les plus marquantes (par ex: milk & honey, rasta business, the Heathen, Children of the Ghetto...) sont simples mais jouées avec une précision absolue afin de maintenir une rythmique marquée au travers des accords. Les accords sont bien distincts, avec une assez grande amplitude dans les notes choisies, les fréquences très basses étant plus difficilement distinguables par l'oreille humaine.

Les cuivres: dominant durant le ska, presque absents du rocksteady, ils reprennent place avec le reggae. Ils marquent parfois le skank (ex: They don't Know Jah des Wailing Souls) mais remplacent plutôt l'espace occupé par l'orgue au début des années soixante-dix: intro et refrain. Le rythme le plus célèbre est sans doute celui du Satta des Abyssinians.

[modifier] Diffusion

L'histoire du reggae est indissociable de celle des sound systems. Souvent lié à l'industrie phonographique locale et comparable à une sono mobile, le sound-system désigne à la fois le matériel utilisé, l'équipe qui l'anime et la soirée elle-même.

Toute musique produite en Jamaïque est diffusée en sound-system et les disc jockeys (DJ) animent les danses depuis les années 1950. Pour des raisons économiques ces soirées, qui diffusent de la musique préenregistrée, remplacent les orchestres. Les DJ y pratiquent le Toasting (Toaster = bonimenteur) pour introduire les morceaux. On trouve ici les racines du Rap. Les sound-systems sont donc de grands rassemblements festifs, en plein air qui attirent une large frange de la population jamaïcaine, en particulier celle des quartiers pauvres de Kingston, la capitale.

On peut citer notamment parmi les plus célèbres sound-systems ceux de Sir Coxsone Dodd (Studio One) et Duke Reid 'The Trojan' qui se sont longtemps affrontés avant de monter chacun leur propre studio, respectivement Studio One et Treasure Roanne

[modifier] L'évolution du reggae

Dès sa naissance, en Jamaïque, le reggae évolue :

  • 1968 - 1970 : le early reggae : tempo rapide, dû aux influences du mento local encore très rythmé, prédominance de la basse
  • 1970 - 1976 : le one-drop : tempo medium, rythme plus lent, batterie sur le 3e temps
  • 1977 - 1980 : le rockers parfois décliné stepper avec les 4 temps frappés à la batterie, ajoutant du tonus.
  • 1981 : le early dancehall ou rub-a-dub : tempo lent, prédominance de la basse et de la batterie
  • 1985 : le early digital : rythmique rapide, entièrement composé sur boîte à rythme


C'est à partir de 1973, avec le succès de Bob Marley & The Wailers puis d'autres groupes comme les Gladiators et Black Uhuru que le reggae prend une dimension internationale. Dès lors, il pourra non seulement continuer à évoluer en Jamaïque, mais aussi reprendre son métissage à travers le monde.

[modifier] Sound System

On voit apparaître les premiers sound system en 1940 : une sono embarquée dans un camion, faisant le tour de la Jamaïque. Un sound system est constitué d'un selecter: programmateur qui choisit les musiques pour faire bouger, et du toaster (terme qui disparaîtra dans les milieux électro/techno pour devenir DJ) qui commente et anime la session du selecter au micro. Les premiers sound systems sont très rudimentaires : une platine (tourne disque), un amplificateur et deux enceintes. Tom Wong, alias Tom the Great Sebastian, jamaïcain d'origine chinoise sera le premier a faire bouger les rues de Kingston au début des années 1950. Un autre sound system très connu est celui de Clement Seymor Dodd, alias "Sir Coxsone Downbeat", qu'il monte en plein ghetto de Kingston. Il engage "Count Matchuki" (précurseur du rap et du beatboxing) comme toaster. Le milieu des sound system est très rude, et la concurrence féroce envoie souvent des hommes de mains saccager les sound "adverse": on arrache les étiquettes des disques, détruit le matériel, etc (c'est pour cela par exemple que Coxsone va engager Prince Buster, boxeur amateur, qui sauvera d'ailleurs Lee Scratch Perry). Vers la fin des années 1950, le courant recule aux USA et les selecter ont beaucoup de mal a s'approvisionner en disques. Ils se tournent alors vers l'industrie du disque locale. C'est à ce moment-là que Coxsone créé son propre label : le Studio One.

Encourageant la foule ou commentant le quotidien dans les sounds, les toasters utilisent un phrasé original parfois proche de la psalmodie, entre parler et chant mélodique. Parmi les premiers à lancer le genre : Count Matchuki, Sir Lord Comic, King Stitt, suivis du fameux U Roy. Cette pratique, le "talk over" est à l'origine du rap.

Les sound systems sont plus que présents de nos jours, et on y écoute tous les styles: Dub, Dancehall, Roots, Nu roots, UK style, Rub-a-Dub, etc. Quelques sound systems connus internationalement: Aba Shanti I, King Earthquake, King Shiloh, Jah Tubbys, Jah Shaka, Stone Love, Killamandjaro, Addies... Quelques sound systems connus au niveau national: Heartical sound, Soul Stéréo, Guiding Star, Love Corner Krew, Irie Crew, Irie Ites sound system, Zion Gate Hi Fi, Lion Roots, Black Board Jungle,Lions Sound, Call Jah....

[modifier] Du Reggae instrumental au dub

La musique dub est dérivée du reggae. Au début des années 1970, les ingénieurs du son King Tubby et Errol Thompson approfondissent les recherches d'invention d'Augustus Pablo dans le domaine du reggae instrumental. Ceci consiste à effectuer un travail des morceaux présents sur la face A des vinyles, et que l'on place en face B. La face A étant le morceau original et la face B la version dub. Le style se caractérise alors par son accentuation rythmique, lourde et dépouillée, une basse très présente et une mélodie squelettique. On y ajoute des effets comme des échos, de la réverbération qui permettent aux toasters (disc-jockey du reggae) de développer leurs improvisations dans les sound-systems.

Cette mouvance jamaicaine est reprise dans les années 1980 par des Sounds Systems anglais (Aba Shanti I par exemple) qui y rajoutent une bonne dose d'instruments électroniques et par la prédominance du Steppah (basse et grosse caisse sur chaque temps). Ce courant se développe ensuite en Europe (France, Allemagne, Autriche) puis se détache du mouvement reggae pour devenir un style à part entière.

voir aussi l'article Dub

[modifier] Dub Poetry

La dub poetry est l'adaptation du genre "spoken word" à la musique reggae/dub. Le "poète dub" psalmodie ses textes en calquant son phrasé sur la rythmique qu'interprètent les musiciens qui l'accompagnent (Il ne chante pas mais pose sa poésie sur des rythmiques reggae/dub). Initialisé par Prince Far I, Michael Smith, Sister Breeze, Oku Onuara... c'est avec Linton Kwesi Johnson que le mouvement trouve son véritable représentant.

Cette "poésie dub" reprend les thèmes et revendications des rastas mais s'intéresse de plus près à l'acte artistique, à l'engagement politique et social contre le racisme, l'impérialisme, les problèmes économiques...
Elle a su s'implanter dans les milieux culturels et intellectuels et contribue à élever le niveau du reggae et de la culture jamaïcaine. Des artistes comme Benjamin Zephaniah ou The Last Poets participent à l'évolution du style en l'orientant vers le Hip Hop et l'Electro.

[modifier] Lover’s Rock

L’appellation, née à Londres au milieu des années 1970, définit un reggae doux, au rythme moins marqué, qui parle d’amour et de situations sentimentales et s’oppose en cela au reggae roots. Il est devenu synonyme du reggae "romantique" dont les figures jamaïcaines les plus représentatives sont Gregory Isaacs, John Holt, Dennis Brown et Freddie McGregor. Ce style a perduré en Jamaïque dans les années 1980 avec Sugar Minott, Cocoa Tea ou Frankie Paul, puis dans les années 1990 avec Beres Hammond, Sanchez, Jack Radics, Glen Washington, George Nooks, Richie Stephens, Wayne Wonder et, durant les premières années de sa carrière, Luciano. Il est également resté assez populaire en Angleterre, où même des groupes "reggae roots" comme Aswad ou Matumbi s'y sont adonnés. Les artistes lover's rock britanniques actuels sont Don Campbell, Peter Huningal, Nereus Joseph ou Peter Spence. Il a en particulier suscité de nombreuses carrières d'artistes féminines telles Carol Thompson, Louisa Marks et Janet Kay.

[modifier] Skinhead reggae

L'early reggae se démarque du rocksteady par un tempo plus rapide, un skank à l’orgue souvent doublé et une influence funk dans le jeu de basse alors que la batterie marquait le troisième temps d’une mesure de quatre temps, à la façon du rocksteady (dans le ska, il s’agissait des deuxième et quatrième temps). Ce style fut également influencé par le mento traditionnel, influence que l’on peut retrouver dans le skank dédoublé et dans certaines lignes de basse que l’on peut rapprocher du jeu d’une rumba box. Ce reggae, très nerveux et mené par le jeu de l’organiste, connut beaucoup succès en Angleterre auprès des skinheads anglais, au point qu’il prit parfois le nom de skinhead reggae.

Le skinhead reggae proprement dit naît dans les années 1969-70 en Angleterre, suite au mélange des mods et des rudies jamaïcains fans de reggae, donnant naissance à des skinheads auxquels ils ont transmis le goût de cette musique : des groupes se sont mis alors à jouer ce style spécifique pour répondre à leurs attentes. Les principaux artistes issus de l'émigration caraïbes (Jamaïque, Barbades, Guyane britannique …) qui faisaient allusion aux skinheads étaient Laurel Aitken, Dandy, Derrick Morgan, Symarip/The Pyramids, The Rudies, Hot Rod Allstars (The Cimarons), The Pioneers... et les producteurs Joe Mansano, Lambert Briscoe, Webster, Shrowder et Desmond Bryan.

[modifier] Kaneka

Le kaneka est une forme musicale issue de Nouvelle-Calédonie où les kanaks ont mêlé les rythmes et les sonorités des musiques traditionnelles aux influences reggae.

[modifier] Nu roots

(ou "new roots" ou "dancehall roots")

L'année 1995 marque le début de la vague "new-roots" amorcée l'année précédente par la mort du grand chanteur Garnett Silk (9 décembre 1994) et la conversion à rasta du deejay du moment Buju Banton et qui perdure tant bien que mal jusqu'à aujourd'hui. Sur le plan des textes, le "new roots" aussi appelé "dancehall roots" désigne le retour de la mode des textes conscients et "culturels" (moins présents depuis la seconde moitié des années 1980 où les textes les plus mis en avant traitaient souvent de manière ambiguë d'armes à feu ou de sexe) dans le reggae jamaïcain, sous le renouveau de l'influence rasta.

Sur le plan de la texture musicale, le new-roots se traduit par le retour du reggae à un son moins digital voire de plus en plus "acoustique". La plupart du temps, le son reste néanmoins semi-digital puisque l'ossature des "riddims" (basse-batterie-skank) reste généralement exécutée à l'aide de synthétiseurs/boîtes à rythmes tandis que viennent se greffer autour des instruments non-digitaux plus traditionnels (cuivres, guitare, piano, orgue Hammond).

Les labels phares de la vague new roots de 1995 sont X-terminator (Phillip "Fattis" Burrell), Digital B (Bobby "Digital" Dixon), Penthouse (Donovan Germain), Startrail (Richard "Bello" Bell), puis par la suite à un niveau moindre, X-rated (Barry O'Hare), Kariang (Jah Mike), Black Scorpio (Jack Scorpio), Kings Of Kings (Colin "Iley Dread" Levy) et Fateyes (Fatta Marshall & Bulby York).

Mais cette vague très influente en Jamaïque jusqu'en 1998 a ensuite cédé la place à un retour du dancehall hardcore, le dancehall bogle (que l'on appelle de plus en plus dancehall tout court) jusqu'en 2004, époque à laquelle on recommence à parler de new roots pour désigner un nouveau retour à un reggae plus classique dans la rythmique. Ce nouveau cycle de la musique jamaïcaine prend également le nom de "one drop", terme qui désignait à l'origine le rythme roots reggae le plus "traditionnel" (les autres étant le flying cymbal, le rockers et le rub-a-dub) mais qui devient de plus en plus synonyme d'une rythmique roots reggae, quelle qu'elle soit.

Depuis peu, le reggae one drop à l'ancienne a repris ses droits en Jamaïque [réf. nécessaire]. aux dépens d'un dancehall qui régnait en maître ces dix dernières années. De plus en plus influencé par le hip-hop américain, ce genre musical peinait à se renouveler. Il n'en fallait pas plus pour que quelques jeunes pétris de talent, que l'on appelle « nouvelle garde », s'engouffrent dans la brèche. Une brèche ouverte en 2002 par Warrior King et son tube Virtuous Woman, son premier véritable succès. Cette chanson a séduit le public jamaïcain non seulement pour sa qualité et son coté novateur, mais aussi pour la belle histoire autobiographique qu'elle racontait. En effet, cette chanson était destinée à son ex-petite amie qui, en l'entendant à la radio, a décidé de retourner avec lui, charmée par cette preuve d'amour. Les yardies, friands de contes de fées, ont littéralement accroché. S'ensuivit le bien nommé album Breath Of Fresh Air, un succès d'estime autant que commercial.

Puis, en 2003-2004, c'est tout une génération qui émergea de l'iceberg reggae, rebaptisé une nouvelle fois new roots pour l'occasion. Ce fut d'abord Richie Spice, le cadet de la famille Banner, à qui l'on doit déjà les chanteurs Pliers et Spanner Banner, qui scora trois numéros un hit singles consécutifs. Dans l'ordre : Earth A Rune Red, Marijuana et Folly Living. Il est, depuis, devenu l'icône du renouveau du reggae et son album Spice In Your Life figure déjà au panthéon de la musique jamaïcaine moderne. À ses côtés, le label Fifth Element, équipe de production/management également en charge d'autres artistes à la mode comme Chuck Fender et Anthony Cruz.

Puis il y eut Chezidek et son Leave The Trees, Pierpoljak et ses "Je fais c'que j'veux", "Stim turban", et "Tuff Gong Blues", Natty King avec ses No Guns To Town et Mr. Greedy, Fantan Mojah avec Hail The King et Hungry Days, Mr. Perfect avec Handcart Boy. D'ailleurs, ce dernier possède une histoire similaire à celle de Warrior King. Sa chanson narre la belle histoire tirée de sa propre vie, à savoir celle d'un pauvre rasta pousseur de charrette amoureux d'une belle fille de bonne famille, et qui parvient malgré tout à la séduire. Enfin, Gyptian a connu un très grand succès avec sa chanson Serious Times sur un rythme nyabinghi-FM.

Mais le leader de ce nouveau mouvement reggae, Jah Cure, a vécu une moins belle histoire: il a effectué un séjour en prison, pour une affaire contestée de viol, de 1999 à 2007. Il vient d'être libéré sur parole le 28 juillet, et continue de clamer son innocence et n'a jamais reconnu les faits. Trois jours après sa libération, il sort son quatrième album intitulé True Reflections...A New Beginning (Des pensées profondes... Un nouveau début), qu'il a pu enregistrer dans sa cellule.

Depuis, cela a donné des idées à certains et même les artistes dancehall se mettent au one drop, y compris le sauvage Elephant Man qui se met soudainement à chanter rastafari.

À des lieues du dancehall et de sa glorification fréquente des guns et des grosses voitures, le reggae one drop évolue constamment dans un climat positif et constructif. Les chansons ont bien souvent comme thème l'appel à l'amour, la condamnation de la violence, l'éloge de la weed (herbe) ou encore la dénonciation de la corruption presque traditionnelle.

Même si elles découlent de causes identiques, il existe des différences entre la vague nu roots de 2004 et celle de 1995 : - Celle de 1995 reposaient sur des labels assez anciens et très puissants, qui formaient de véritables familles artistiques avec leurs artistes (X-terminator, Startrail) et imposaient chacun un son particulier (les fameux sons Penthouse ou Digital B). À l'inverse, celle de 2004-2005 est plus basée sur une génération de nouveaux artistes. Les labels "dominants" (il n'y en a pas vraiment, mis à part Downsound) sont plus modestes, bien moins puissants et moins charismatiques au niveau des productions (on ne reconnaît pas vraiment ces labels à leur son, à part peut être ceux de Don Corleon, dont les riddims nu roots facilement abordables sont tous basés sur à peu près la même rythmique). - L'aspect familial mis en avant en 2004 a disparu (départs de Chuck Fender et Anthony Cruz du Fifth Element, de Junior Kelly de Downsound, de Luciano de chez X-Terminator). - Le son est de plus en plus acoustique en 2004, alors qu'il restait assez digital en 1995. Par ailleurs, il est aussi plus léger (basses parfois mises en retrait lors du mixage) et plus "lover's" (le riddim "Cry Baby" de Christopher Birch) que le son lourd de 1995. - Le reggae nu-roots n'est pas exclusivement jamaicain. Que ce soit Groundation pour les États-unis, Gentleman et seeed pour l'Allemagne ou bien Le Rascal Riddim Reggae pour la France le nu-roots (et le reggae en général) est à présent une musique jouée et écoutée sur toute la planète [réf. nécessaire].

[modifier] Bibliographie

[modifier] Références

  1. Sur cette hypothèse voir par exemple, Timothy White, Catch a fire, Omnibus Press, 2000, p. 16.
  2. Timothy White, op. cit. , ibidem
  3. Télérama, 1979, n° 1541, p. 18
  4. Timothy White, op. cit. , ibidem.
  5. «It's the description of the beat itself» cité par Timothy White, op. cit. , ibid.On évoque encore une référence au ragtime voir ainsi F.G.Cassidy, R.B. Le Page, A Dictionary of Jamaican English publié, University of the West Indies Press, 2003.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens et documents externes

  • (fr) Reggaefrance.com [1] Webzine référençant 400 artistes et 1400 albums, actualités et agenda concerts
  • (fr) United Reggae France[2] Webzine international consacré à la culture jamaiquaine, news, articles, artistes, vidéos, films et littérature
  • (fr) JAHSound.net[3] Webzine amateur consacré aux musiques jamaïcaines : forum, reports, interviews, chroniques cd and more..

[modifier] Lectures complémentaires

Voir aussi l'article Liste de livres consacrés au reggae

  • Lloyd Bradley Bass Culture, quand le Reggae était roi, éditions Allia 2005 (ISBN 2-84485-174-6)
    Livre très complet et très documenté, reprenant l'émergence de la musique populaire depuis les débuts du ska, jusqu'à Bob Marley et au-delà.
  • Yannick Maréchal, L'Encyclopédie du reggae 1960-1980, éditions Alternatives, 2005 (ISBN 2-86227-437-2)
    Biographies de 250 groupes et artistes et 1300 LPs traités.
  • Bruno Blum. Le reggae, éditions Librio musique 2002. (ISBN 2290317098)
    L'auteur retrace dans ce livre rempli de temoignages cette aventure musicale unique.
  • Laurent Lavige et Carine Bernardi Tendance Rasta éditions 10/18 2003 (ISBN 2264034300)
    Cet ouvrage fait voyager au sein du mouvement rasta. Un récit sur ce concept jamaïcain qui a dépassé les frontières, notamment grâce au reggae, musique partie prenante de ce mouvement.
  • Chris Salewicz, Reggae explosion : histoire des musiques jamaïcaines, éditions Seuil 2001. (ISBN 2020501368)
  • Steve Barrow Reggae : the rough guide, éditions Rough guide, 2001. (ISBN 1858282470)
  • Denis Constant, Aux sources du reggae : musique, société et politique en Jamaïque, éditions Parenthèses, 1982. (ISBN 2863640143)
  • Sebastian Clarke, Les racines du reggae : évolution des musiques populaires jamaïcaines, Éditions caribéennes, 1981 (ISBN 2-903033-26-9)