Famille Golitsyne

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Les Golitsyne, (russe : Голи́цын), sont une des plus grandes et des plus nobles maisons princières de Russie. Depuis l'extinction de la famille Korecki au XVIIe siècle, les Golitsyne ont clamé leur ancienneté dynastique dans la maison lituanienne de Gediminas (les « Gediminides »).

Sommaire

[modifier] Origines

La famille descend de Yuriy Patrikeevich, un prince lituanien qui émigra à la cour de Vasily Ier et qui épousa sa sœur. Ses enfants et ses petits-enfants, tels que Vassian Patrikeyev, furent considérés comme les premiers boyars russes. L'un d'eux, le Prince Mikhail Bulgakov, fut surnommé Galitsa pour un gant de fer qu'il portait à la bataille d'Orsha (en 1514). Son arrière-petit-fils le Prince Vasily Golitsyne (décédé en 1619) fut actif durant la Période de Troubles et vint comme ambassadeur en Pologne pour offrir la couronne de Russie au Prince Wladislaw.

[modifier] Vassili Vasilievitch Golitsyne

Icône de détail Article détaillé : Vassili Golitsyne.

Le Prince Vasily Vasilievich (1643-1714) fut probablement le plus grand homme d'État russe du XVIIe siècle. Il passa ses premiers jours à la cour du Tsar Alexis où il accéda progressivement au rang de boyard. En 1676 il fut envoyé en Ukraine pour remettre au pas les Tatars de Crimée et il prit part à la campagne de Chigirin.

La révolution de mai 1682 plaça Golitsyne à la tête du Posolsky Prikaz, ou ministère des Affaires étrangères. Durant la régence de Sophia, sœur de Pierre le Grand, dont il était l'amant, il fut le principal ministre de l'État (1682-1689) et se vit décerner le titre de « Garde du Grand Sceau impérial » que seuls deux Russes avaient porté avant lui, Afanasy Ordin-Nashchokin et Artamon Matveev. Dans les affaires intérieures son influence fut insignifiante, mais sa politique étrangère se distingua par le traité de Nertchinsk (en 1689), qui fixa la frontière russo-chinoise le long du fleuve Amour, et par la paix avec la Pologne (en 1683), par lequel la Russie enfin recouvrait Kiev. Par les termes du même traité, il fit entrer la Russie dans la grande ligue contre la Porte, mais ses deux expéditions contre la Crimée (en 1687 et en 1689), la première Guerre de Crimée, furent des échecs et le rendirent extrêmement impopulaire.

Ce ne fut qu'avec la plus grande difficulté que Sophia put obtenir que le jeune tsar Pierre décorât le commandant en chef battu comme s'il était revenu victorieux. Dans la guerre civile entre Sophia et Pierre (août-septembre 1689), Golitsyne soutint sans enthousiasme sa maîtresse et partagea sa ruine. Sa vie fut épargnée grâce aux supplications de son cousin Boris, mais il fut privé de son rang de boyard, ses domaines furent confisqués et il fut banni successivement à Kargopol, Mezen et Kholmogory, où il mourut le 21 avril 1714.

Golitsyne avait reçu une éducation de haut niveau. Il fut un grand ami des étrangers, qui généralement faisait référence à lui comme le grand Golitsyne. Il leur exposa quelques mesures de réforme drastiques, telles que l'abolition du servage, la promotion de la tolérance religieuse, et le développement des entreprises industrielles. Comme Golitsyne était désireux d'éviter toutes formes de violence et de répression, son programme était plus prudent et plus réaliste que celui de Pierre le Grand. Les bouleversements politiques l'empêchèrent d'exécuter ces plans.

[modifier] Boris Alexeevich Golitsyne

L'adversaire politique de Vasily fut son cousin le Prince Boris Alexeevich (1654-1714), un chambellan de la cour depuis 1676. Il était le chef des soutiens du jeune tsar Pierre quand, en 1689, Pierre résista aux usurpations de sa sœur aînée Sophia, et le chef du fidèle conseil qui se réunit au monastère de la Trinité durant la crise. Ce fut Golitsyne qui suggéra de chercher refuge dans cette puissante forteresse et qui défit ainsi les boyars du parti opposé.

En 1690 il se créa un boyar et il le partagea avec Naryshkin, l'oncle de Pierre, en charge des affaires intérieures. Après la mort de la tsarine Natalia, la mère de Pierre, en 1694, son influence s'accrut encore plus loin. Il accompagna Pierre à la Mer Blanche (1694-1695) ; il prit part à la campagne d'Azov (1695); et il fut l'un des triumviri qui dirigèrent la Russie durant la première tournée étrangère de Pierre (1697-1698). La rebellion d'Astrakhan (en 1706), qui affecta tous les districts sous son gouvernement, secoua la confiance de Pierre en lui, et altéra considérablement sa position. En 1707 il fut remplacé dans les provinces de la Volga par Andrei Matveev. Un an avant son décès il entra au monastère.

Golitsyne était un représentant typique de la société russe de la fin du XVIIe siècle penchant vers l'occidentalisme. À bien des égards il fut très en avance sur son temps. Il était hautement éduqué, maîtrisait le latin, fréquentait la société des érudits et eut des enfants soigneusement instruits selon les meilleurs modèles européens. Pourtant cet éminent personnage supérieur était un ivrogne habituel, un grossier sauvage qui imposait l'hospitalité à de riches étrangers, et qui n'était pas honteux de se servir dans les plats comme l'envie le prenait, et de les envoyer à sa femme chez lui. Ce fut son ivresse insouciante qui finalement le ruina d'après Pierre le Grand, malgré ses inestimables services précédents.

[modifier] Dmitriy Mikhailovich Golitsyne

Le grand Golitsyne avait un autre cousin, le Prince Dmitriy Mikhailovich (1665-1737), remarqué pour sa noble tentative de transformer la Russie en monarchie constitutionnelle. Il fut envoyé par Pierre le Grand en 1697 en Italie pour apprendre les affaires militaires ; en 1704 il fut affecté au commandement d'un corps auxiliaire en Pologne contre Charles XII ; de 1711 à 1718 il fut gouverneur de Belgorod. En 1718 il fut désigné président du Collège du Commerce nouvellement instauré et sénateur. En mai 1723 il fut impliqué dans la disgrâce du vice-chancelier Shafirov et fut privé de toutes ses fonctions et dignités, qu'il ne recouvra que par la médiation de l'impératrice.

Après la mort de Pierre le Grand, Golitsyne devint le chef reconnu du vieux parti conservateur qui n'avait jamais pardonné Pierre d'éloigner Eudoxia et d'épouser la plébéienne Martha Skavronskaya. Mais les réformistes, représentés par Alexander Menshikov et Peter Tolstoi, prévalurent ; et Golitsyne resta en arrière-plan jusqu'à la chute de Menshikov, en 1727. Durant les dernières années de Pierre II (1728-1730), Golitsyne fut le plus important chef d'État en Russie et ses théories aristocratiques élevées eurent beau jeu.

À la mort de Pierre II il conçut l'idée de limiter l'autocratie en la subordonnant à l'autorité d'un Conseil privé suprême, duquel il fut président. Il dessina les formes d'une constitution qu'Anna de Courland, la nouvelle impératrice de Russie élue, fut forcée de signer à Mittau avant d'être autorisée à accéder à Saint-Petersbourg. Anna ne perdit pas de temps à répudier cette constitution, et ne pardonna jamais à ses auteurs.

Golitsyne fut laissé en paix, cependant, et vécut la plupart du temps en retraite, jusqu'en 1736, quand il fut arrêté soupçonné d'être concerné par la conspiration de son beau-fils le Prince Constantine Cantimir. Cela, toutefois, ne fut qu'un simple prétexte, car cela fut pour ses sentiments anti-monarchiques qu'il fut réellement poursuivi. Une cour, largement composée de ses antagonistes, le condamna à mort, mais l'impératrice réduisit la sentence à l'emprisonnement à perpétuité à Schlisselbourg et à la confiscation de tous ses domaines. Il décéda dans sa prison le 14 avril 1737, après 3 mois de confinement.

[modifier] Autres Golitsyne notables

Le frère de Dmitriy Mikhail (1674-1730) fut un soldat célèbre, qui est surtout connu pour son gouvernorat de Finlande (1714-1721), où sa dure règle est restée pour les gens qu'il conquit comme la Plus grande Colère (en Suédois : Stora ofreden).

Et le fils de Mikhaïl Alexander (1718-1783) fut un diplomate et un soldat, qui de même s'éleva pour être feld-maréchal et gouverneur de Saint-Petersbourg.

Un autre fils de Mikhaïl, Dmitriy Mikhailovich (1721-1793), fut l'ambassadeur russe à Vienne durant le règne de Catherine la Grande. Principalement reconnu pour son splendide Hôpital Golitsyne qu'il ouvrit à Moscou, il fut aussi un grand ami et un mécène de Mozart.

Le Prince Dmitry Dmitrievich Golitsyne (1770-1840), aussi connu comme l'Apôtre des Alleghanies, fut le premier prêtre catholique romain ordonné en Amérique ; une congrégation en Pennsylvanie porte son nom. Il est actuellement à l'étude pour une possible sainteté, son titre actuel est Serviteur de Dieu.

Le Prince Dmitriy Vladimirovich (1771-1844) combattit bravement durant les guerres napoléoniennes, fut promu au grade de Lieutenant général et gouverna Moscou durant 25 ans.

Le Prince Alexander Nikolaevich (1773-1844) fut un réactionnaire, ministre de l'Éducation dans le gouvernement d'Alexandre Ier. Il mena une enquête sur la participation maçonnique dans le soulèvement décembriste de 1825 et servit comme président du Conseil d'Etat de 1838 à 1841.

Le Prince Nikolai Borisovich (1794-1866) fut un violoncelliste amateur qui commissionna Beethoven pour écrire ses derniers quatuors à cordes, parfois appelés les Quatuors Golitsyne.

Le Prince Lev Sergeyevich (24 juin 1845 - 8 janvier 1916 (12 juin 1845 - 26 décembre 1915)) fut un des fondateurs de la vinification en Crimée. Dans son domaine criméen de Novyi Svet il construisit la première usine russe de vins de Champagne. En 1889 la production de cet établissement vinicole remporta la Médaille d'Or à l'exposition de Paris dans la catégorie « vin pétillant ». Il devint l'arpenteur des vignes impériales à Abrau-Dyurso en 1891.

Le Prince Boris Borisovich (1862-1916) fut un éminent physicien qui inventa le premier sismographe électromagnétique en 1906.

Le Prince Nikolai Dmitrievich Golitsyne (1850-1925) fut le dernier Premier ministre tsariste de Russie, à l'époque de la Révolution de Février.

Le Prince Yuri Sergeyevich Golitsyne (né en 1935) est un physicien russe remarqué pour ses recherches sur le concept d'hiver nucléaire.

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