Eurocentrisme

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L' eurocentrisme serait une idéologie ou une pratique, consciente ou pas, d'insister sur des préoccupations, des cultures et des valeurs européennes (et plus généralement, occidentales) aux dépens de celles d'autres cultures. Ce serait une variante d'ethnocentrisme, peut-être particulièrement pertinente en raison de son alignement avec des structures de pouvoir actuelles et passées dans le monde : ce pourrait être une forme moins manifeste de suprématie de la civilisation occidentale. L'eurocentrisme aurait souvent impliqué le fait de ne pas considérer des cultures qui n'étaient pas blanches ou européennes comme telles, ou le fait de nier leur existence.

[modifier] Définition ?

Il est toutefois impossible d'en donner une définition claire et catégorique. Ce mot, apparu dans la deuxième moitié du XXe siècle, ne renvoie à aucune notion doctrinale ou aucune idéologie théorisée. Il n'est pas reconnu en langue française (ne figure ni dans le Robert, ni dans l'Encyclopédie Hachette, ni dans le Dictionnaire de l'Académie française). C'est pourquoi aujourd'hui, en l'absence de codification officielle, ce mot est soumis à des interprétations variables selon les personnes et les motifs.

S'il est à rapprocher de l'ethnocentrisme, ce mot n'en est pas moins différent par de nombreux aspects. Contrairement à ce dernier qui renvoie à un groupe ethnique ou culturel homogène et déterminé, l'eurocentrisme ne se base sur aucun groupe ou fondement précis qui serait susceptible de le légitimer. Il n'existe encore à ce jour ni nation européenne ni culture ou civilisation européennes clairement identifiables ou reconnues internationalement.

[modifier] Historique

Sa portée actuelle est à mettre en relation avec le contexte qui a accompagné sa création. La naissance de ce mot coïncide en effet avec le mouvement de décolonisation engagé après la Seconde Guerre mondiale par les anciennes puissances européennes. La montée des nationalismes et les aspirations à l'indépendance, consécutives aux promesses de liberté des Alliés, ont amené les peuples colonisés à se réaproprier leurs identités, de manière très hétérogène selon les régions et les cultures. Ainsi nombreux ont été ceux qui ont dénoncé alors avec raison, de la part de leurs anciens oppresseurs, une vision du monde encore empreinte de racisme ou du moins de discrimination condescendante vis à vis des pays nouvellement indépendants. Ces revendications se fondirent pour une grande part dans le Mouvement des non-alignés au cours de la Guerre froide.

Actuellement ce mot est repris dans de multiples régions du monde, en Afrique essentiellement et en Amérique du Sud accessoirement, pour stigmatiser ce qui est ressenti comme une hégémonie de l'Occident tant dans les domaines politico-économique que culturel. Il s'agirait de dénoncer une mentalité "européenne" qui mépriserait les autres cultures au profit de la sienne propre, une néo-colonisation économique et culturelle. Il est néanmoins difficile aujourd'hui d'attester de la pertinence d'une telle idéologie.

[modifier] Tempérament

Ce mot souffre de contradictions internes qui lui confèrent une portée limitée. Il aurait vocation à désigner une pratique occidentale. Or l'Occident regroupe, outre l'Europe, les États-Unis, le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Les Américains ont eux-mêmes une vision américano-centrée du monde, fort éloignée des représentations européennes, tout comme les Australiens ou les Néo-Zélandais. Il s'agirait donc d'une pensée spécifiquement européenne. Mais l'Europe est constituée d'une mosaïque de cultures diverses, très différentes entre elles, qui rendent improbable l'existence d'une telle pratique supposée commune. Jusqu'à présent personne ne s'est réclamé de ce courant qui n'a jamais été théorisé ou codifié de manière doctrinale. Paradoxalement, force est de constater que ce terme n'est utilisée que par ses détracteurs : les afrocentristes du fait de leur idéologie, les Indiens d'Amérique du Sud victimes de la mondialisation, les Arméniens pour la reconnaissance du génocide de 1915...

Il serait donc souhaitable à l'avenir d'utiliser d'autres mots au contenu moins flou et sans doute plus approprié pour désigner des comportements légitimement condamnables comme le racisme, la xénophobie, la discrimination, le nationalisme, la mondialisation, l'uniformisation ou aliénation culturelle...