Espace vectoriel topologique

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Les espaces vectoriels topologiques sont une des structures de base de l'analyse fonctionnelle. Ce sont des espaces munis d'une structure topologique associée à une structure d'espace vectoriel.

Des exemples connus d'espaces vectoriels topologiques sont les espaces de Banach et les espaces de Hilbert.

Sommaire

[modifier] Définition

Un espace vectoriel topologique ("e.v.t") E est un espace vectoriel sur un corps topologique K (généralement R ou C muni de leur topologie habituelle) muni d'une topologie compatible avec la structure d'espace vectoriel, c’est-à-dire vérifiant les conditions suivantes :

  • La somme de deux vecteurs est une application continue de E x E dans E,
  • Le produit d'un scalaire par un vecteur est une application continue de K x E dans E.

La catégorie des espaces vectoriels topologiques sur un corps topologique K est notée TVSK ou TVectK où les objets sont les K-espaces vectoriels topologiques et les morphismes sont les applications K-linéaires continues.

[modifier] Voisinages de l'origine

[modifier] Ensemble absorbant

Une partie \quad U d'un espace vectoriel \quad E sur \mathbb K = \mathbb R ou \mathbb C est absorbante si:

\forall v \in E \quad \exists \alpha \in \mathbb R_+^*\quad \forall \lambda \in K \quad |\lambda|\le \alpha \Rightarrow \lambda v \in U
Théorème
Tout voisinage de l'origine est un ensemble absorbant.
En effet si \mathcal V est un voisinage de 0 et si v est un vecteur quelconque, il résulte de la continuité de l'application (partielle) de \mathbb K dans \mathbb E : \lambda \mapsto \lambda v qu'il existe un voisinage de 0 dans \mathbb K qu'on peut restreindre à |\lambda|\le\alpha dont l'image est dans \mathcal V et donc  |\lambda|\le\alpha \Rightarrow \lambda v \in \mathcal V.

[modifier] Ensemble symétrique

Une partie \quad U d'un e.v.t \quad E sur \mathbb K = \mathbb R ou \mathbb C est symétrique si :

\forall v \in U \quad -v\in U.

[modifier] Ensemble équilibré

Une partie \quad U d'un e.v.t \quad E sur \mathbb K = \mathbb R ou \mathbb C est équilibrée si :

\forall \lambda \in K \quad \forall v \in U\quad |\lambda|\le 1 \Rightarrow \lambda v \in U

[modifier] Noyau équilibré d'une partie de E contenant l'origine

Le noyau équilibré N d'une partie A de E contenant 0 est la réunion des parties équilibrées de E incluses dans A. Ce noyau est non vide puisque {0} est une partie équilibrée incluse dans A. C'est un ensemble équilibré car toute réunion d'ensembles équilibrés est équilibrée (puisque si  x \in N x appartient à une partie équilibrée incluse dans N). N est donc le plus grand ensemble équilibré inclus dans A

Théorème
Soit N le noyau équilibré d'un ensemble A contenant l'origine. Pour que \quad v \in N, il faut et il suffit que pour tout scalaire \lambda\, vérifiant |\lambda|\le 1 on ait \quad \lambda v \in A.
En effet si  v \in N alors pour tout scalaire \quad \lambda vérifiant |\lambda|\le 1 on a  \lambda v \in N \in A.
Réciproquement si v vérifie la condition |\lambda|\le 1 \Rightarrow \lambda v \in A, supposons que  v \not\in N. En posant N'=N \cup \{\mu v / |\mu|\le 1\} on voit que N' est un ensemble équilibré inclus dans A et contenant strictement N, ce qui est contradictoire.
Proposition
Quelque soit O un ouvert contenant le vecteur nul, il existe un ouvert Ω inclus dans O et équilibré.
En effet, l'application la multiplication externe est continue, donc continue au point (0_{\mathbb K},0_E), ce qui s'exprime de la manière suivante, si τ désigne la topologie de E :
\exists \alpha \in \mathbb R_+^* \quad \exists W \in \tau \qquad \forall \lambda \in \mathbb K \; \forall v \in W \qquad  |\lambda | < \alpha \; \text {et} \; y \in W \Rightarrow \lambda \cdot y \in O

L'ensemble Ω, défini par la propriété suivante, remplit la condition :

\Omega = \bigcup_{|\lambda | < \alpha} \lambda W

[modifier] Espace quotient

Soit F un sous espace vectoriel de E. Il est relativement aisé de munir E/F d'une structure d'espace topologique. Soit φ la projection canonique de F sur E, par définition la topologie induite par le quotient de E/F est la plus fine qui rende φ continue. Les ouverts sont les ensembles dont l'image réciproque par φ est ouverte.

  • La topologie induite par le quotient confère à E/F une structure d'espace vectoriel topologique.

En effet, soit Ω un ouvert de E/F, son image réciproque par φ est un ouvert ω de E. L'image réciproque de ω par l'addition est un ouvert σ de ExE. La projection de σ par φxφ est un ouvert de E/FxE/F, il correspond à l'image réciproque de Ω par l'addition. Le raisonnement pour la multiplication externe est analogue.

Si E est séparé, la question se pose de savoir sous quelle condition le quotient l'est toujours :

  • La topologie de E/F est séparée si et seulement si celle de E l'est et si F est fermé.

En effet, si E n'est pas séparé alors l'image par φ de deux points non séparés est clairement non séparée. Si F n'est pas fermé, alors il existe un point x tel que tout voisinage de x rencontre F. En conséquence tout voisinage de φ(x) contient le vecteur nul.

Réciproquement si E est séparé et F fermé, considérons deux points x et y dont l'image par φ n'est pas confondue. Le point x - y n'est pas élément de F, comme F est fermé, il existe un ouvert Ω contenant x - y et d'intersection vide avec F. L'application soustraction est continue, il existe donc deux ouverts contenant respectivement x et y tel que leur image par l'application soustraction est incluse dans Ω. L'image de ses deux ouverts par φ forment deux voisinages de x et y d'intersection vide.

[modifier] Types d'espaces vectoriels topologiques

Suivant l'application qu'on en fait, on utilise généralement des contraintes supplémentaires sur la structure topologique de l'espace. Ci-dessous se trouvent quelques types particuliers d'espaces topologiques, à peu près classés selon leur gentillesse.

[modifier] Références

  • Alexander Grothendieck, Topological vector spaces, Gordon and Breach Science Publishers, New York, 1973 (ISBN 0677300204)
  • G Köthe, Topological vector spaces, Grundlehren der mathematischen Wissenschaften, Band 159, Springer-Verlag, New York, 1969
  • Helmuth H. Schaefer, Topological vector spaces., Springer-Verlag, New York, 1971 (ISBN 0387987266)
  • F Trèves, Topological Vector Spaces, Distributions, and Kernels, Academic Press, 1967 (ISBN 0486453529)
  • N Bourbaki Espaces vectoriels topologiques Masson 1981 (ISBN 2225684103)

[modifier] Voir aussi