Enseignement de l'arabe en France

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Sommaire

[modifier] Aux origines de l'enseignement de l'arabe en France

L'enseignement de l'arabe en France est extrêmement ancien. L'étude de cette langue, introduite en Europe après que Rome a commencé à former les prêtres maronites originaires du Liban, gagne rapidement la France qui, dès François Ier, noue des relations diplomatiques amicales avec l'Empire ottoman. C'est au XVIIe siècle, sous le règne de Louis XIV, que Colbert décide de créer une école d'interprètes qui permettrait de se passer des intermédiaires locaux, les drogmans (de l'arabe turjumân qui a donné en français "truchement"). L'École des Jeunes de Langues est créée en 1669. La République crée en 1795 une seconde école, l'école spéciale des langues orientales, dont la mission est d'enseigner les langues orientales vivantes "d'une utilité reconnue pour la politique et le commerce": les trois premières langues enseignées sont le turc, l'arabe et le persan. Cette école existe toujours sous le nom d'Institut national des langues et civilisations orientales. Dès les origines, la République s'est donc attachée à former des arabisants.

[modifier] La massification progressive de l'enseignement de l'arabe

Au départ formation complémentaire réservée au diplomates, missionnaires et militaires, l'arabe gagne peu à peu sa reconnaissance comme discipline à part entière: en 1905 est créée l'agrégation d'arabe. Le CAPES suivra en 1975. Dans le courant des années 90, sous l'action conjuguée d'une actualité internationale où le Proche-Orient se taille la part du lion et de la visibilité accrue de la jeune génération de Français issus de l'immigration maghrébine, l'enseignement de l'arabe devient victime de choix idéologiques et de politiques à courte vue qui créent un sentiment de précarité chez les élèves, étudiants et professeurs et contribue à donner à cette discipline l'image d'une matière "à risque" où les débouchés peuvent s'élargir prodigieusement ou se tarir d'une année à l'autre. Néanmoins, le nombre d'étudiants en arabe connaît de la fin des années 90 au début des années 2000 une très forte hausse, notamment dans les établissements universitaires. Ainsi, le département d'arabe de l'INALCO a pu enregistrer certaines années près de 1000 nouveaux inscrits.

[modifier] L'absence de politique globale pour l'enseignement de l'arabe en France

[modifier] Une demande et une offre fortes qui ne se rencontrent pas

Mais cet engouement ne connaît pas de répercussion dans l'enseignement secondaire, malgré l'initiative de Claude Allègre qui décide d'augmenter significativement le nombre de postes proposés au CAPES et à l'agrégation. En effet, les créations de postes sur le terrain ne suivent pas, les chefs d'établissements étant extrêmement réticents à ouvrir des classes d'arabe aussi bien dans les établissements défavorisés où l'on craint que cette langue ne contribue à la ghettoïsation de l'établissement que dans les lycées de centre-ville où l'on craint que l'ouverture de cette option attire dans ce lycée des populations "à problèmes" (comprenez: des Français d'origine arabe). Pourtant,la demande est forte. On évalue aujourd'hui la part de l'État dans l'enseignement de l'arabe à moins de 15%. Autrement dit, 85% des jeunes et des adultes qui apprennent l'arabe le font des structures privées ou associatives, souvent communautaires. Alors que l'on ne cesse de réaffirmer l'attachement de l'État à la laïcité, le ministère de l'Education nationale, qui dispose pourtant de suffisamment d'enseignants, ne se charge pas de promouvoir plus vigoureusement l'enseignement de l'arabe à l'école républicaine. Ainsi donc, il existe une forte demande pour un enseignement de l'arabe, une offre consistante puisque la politique menée par Cl. Allègre et son successeur a permis une augmentation et un rajeunissement substantiels du corps enseignant. Mais cette offre et cette demande ne se rencontrent pas.

[modifier] La mosquée plutôt que l'école laïque? Les errements des politiques depuis 2002

Peu sensibles à cette question, les ministères qui se sont succédé depuis 2002 ont décidé, plutôt que de sensibiliser les chefs d'établissement à cet enjeu, de réduire voire de fermer les concours de recrutement des enseignants d'arabe. En 2004, alors que le ministre de l'éducation nationale Luc Ferry proclame la nécessité de diversifier l'enseignement des langues, ses services décident, fait sans précédent depuis la création de l'agrégation et du CAPES, la fermeture des deux concours. Le 16 mars 2004, F. Lagrange, président du CAPES du jury du CAPES d'arabe et Luc-Willy Deheuvels, son prédécesseur, signent dans Libération une tribune intitulée "La langue arabe, un enjeu social" où ils attirent l'attention sur l'importance d'un enseignement de l'arabe laïque et républicain et mettent en garde contre l'abandon de cette langue aux associations communautaires. Parallèlement, une pétition intitulée Yakfi ("Ça suffit" en arabe) est lancée par les étudiants d'arabe. Le texte reprend la même thématique et mentionne également la longue liste de brimades administratives dont la discipline a été victime au cours des années précédents (fermetures de classes dans des lycées prestigieux au nom de raisons idéologiques, combats permanents pour obtenir le maintien de bourses d'études à l'étranger etc.). La pétition obtient un succès inespéré qui dépasse largement les limites du milieu des arabisants, récoltant plus de 2000 signatures en deux semaines. Les Inrockuptibles (n°434, p.25) et L'Humanité s'en font l'écho. Face à cette vigoureuse réaction, le ministère de l'éducation nationale publie un communiqué qualifiant la fermeture des concours de "rumeur totalement infondée". Pourtant, début juillet, le même ministère annonce la fermeture du CAPES. Dans le journal Libération daté du 6 juillet 2004, G. Ayoub, Luc-Willy Deheuvels et F. Lagrange, anciens et actuel président du jury du CAPES, réfutent l'argumentation de la direction des personnels enseignants qui prétend que 40% des enseignants d'arabe seraient en surnombre et payés à rester chez eux. Pourtant, rien n'y fera et seule l'agrégation sera ouverte en 2005. L'arrivée à Matignon de Dominique de Villepin, plus sensible à la question, permet la réouverture des deux concours en 2006 et 2007. Mais l'enseignement de l'arabe n'en reste pas moins durement touché par quatre années de réductions constantes qui ont divisé le nombre de postes proposés au concours par quatre (20 postes en 2002, 5 en 2006) et conforté l'idée que les études arabes sont des études à risques, aux débouchés instables.

[modifier] Liens externes

  • Le site de l'académie de Versailles contient de nombreuses informations générales sur l'enseignement de l'arabe (Définition de la langue enseignée, programmes, documents pédagogiques) ainsi que la liste des établissements de l'académie enseignant cette discipline.