Empire Plantagenêt

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L'Empire Plantagenêt est l'ensemble d'États s'étendant des confins anglo-écossais aux Pyrénées et de l'Irlande au Limousin et réunis au milieu du XIIe siècle par Henri II Plantagenêt.

Sommaire

[modifier] La constitution de l'« empire »

Expansion de 1144 à 1166
Expansion de 1144 à 1166

En une dizaine d'années, le duc de Normandie et comte d'Anjou, Henri II Plantagenêt, réussit à constituer cet ­« empire » qui fera de lui le plus puissant souverain d'Occident. Ce succès doit-il à la chance ou à l'habileté du prince ? Henri bénéficie d'abord de l'héritage de son père : l'Anjou[1] et la Normandie dont son père Geoffroi Plantagenêt était respectivement le comte et le duc. C'est le noyau initial de sa puissance. À la mort de Geoffroi en 1151, Henri, déjà duc de Normandie depuis 1150, devient comte d'Anjou.

Deuxième raison à la fortune du Plantagenêt : une habile alliance matrimoniale. En 1152, le roi de France Louis VII répudie Aliénor, duchesse d'Aquitaine et comtesse de Poitou. Henri II s'empresse de demander la main de la jeune femme. Il l'obtient aussitôt et contrôle ainsi le sud-ouest du royaume de France. Car à cette époque, la grande Aquitaine comprend aussi la Gascogne, le Poitou, le Limousin, la Saintonge, l'Aunis et le comté d'Angoulême.

Enfin, l'opportunisme explique le succès d'Henri II. Son grand-père, Henri Ier Beauclerc, était duc de Normandie et roi d'Angleterre. À sa mort en 1135, Étienne de Blois, neveu de défunt, a récupéré la couronne anglaise. Henri II voudrait reconstituer l'union anglo-normande à son profit. Il débarque en Angleterre mais ne réussit pas à déposer son adversaire. C'est alors que le hasard change la donne : le fils d'Étienne de Blois, l'héritier du trône d'Angleterre, meurt. En 1153, Étienne, n'ayant pas d'autres fils, signe le traité de Wallingford, et accepte qu'Henri II Plantagenêt lui succède après sa mort. Mort qui intervient l'année suivante.

Au total, en 1154, Henri II domine un vaste ensemble d'États : du nord au sud, le royaume d'Angleterre, le duché de Normandie, le comté d'Anjou, le comté de Poitou et le duché d'Aquitaine.

Cette extraordinaire puissance permet à Henri II d'avancer ses pions. En 1166, il force le duc Conan IV de Bretagne à abdiquer au profit de sa fille Constance de Bretagne qu'il promet en mariage à son fils Geoffroy. En 1169, Henri II célèbre les fiançailles officielles de son fils qui, seulement âgé de onze ans, laisse son père gouverner le duché de Bretagne à sa place. Enfin, en 1171, Henri II fait reconnaître sa domination sur l'Irlande.

En somme, la constitution de l’« empire Plantagenêt » en une dizaine d'années seulement s'explique par un incroyable concours de circonstances. Mais la chance n'explique pas seulement ce succès. Il faut souligner la volonté et l'habileté d'Henri II à saisir toutes les occasions présentées.

[modifier] Un véritable empire ?

L'expression « empire Plantagenêt » est une invention des historiens. Les contemporains n'ont jamais usé de ces termes pour désigner l'ensemble des possessions rassemblées par Henri II.

Les historiens le considèrent comme un empire tant ses dimensions sont grandes. Il faut en effet plusieurs semaines pour se rendre du nord de l'Angleterre à la Gascogne, la Manche créant une vraie barrière. Mais ce n'est pas un véritable empire puisque son titulaire ne fut jamais empereur. L’« empire Plantagenêt » est en réalité un assemblage de plusieurs États : un royaume (l'Angleterre), deux duchés (l'Aquitaine et la Normandie) et plusieurs comtés. Son unité vient du fait qu'un même personnage, en l'occurrence Henri II, se trouve à leur tête.

Même s'il emploie l'expression, l'historien médiéviste Jean Favier trouve plus exact de parler de « complexe féodal » que d'empire. Il réprouve par contre l'expression d'« État Plantagenêt » car cela supposerait l'existence d'une administration unitaire, d'une structure politique centralisée, d'une capitale unique. Or, l'« empire Plantagenêt » est un assemblage d'États qui conservent chacun sa spécificité, son droit, sa coutume et sa culture. Si au cours de son règne, Henri II s'attache à raffermir l'administration de son royaume et de ses principautés françaises, il ne cherche jamais à unifier l'ensemble. On parle anglais outre-Manche, français au nord-ouest et occitan dans le sud-ouest.

À l'évidence, l'« empire Plantagenêt » est un ensemble assez bancal puisqu'il est composé d'une partie souveraine (l'Angleterre) et d'une partie continentale comprise dans le royaume de France. Si à Londres, Henri II Plantagenêt est l'égal du roi de France, à Angers ou à Rouen, il en est le vassal.

[modifier] 1204, la fin de l'empire Plantagenêt ?

Richard Cœur de Lion (1189-1199) succède à son père Henri II à la tête de l'empire. Il réussit, à quelques places fortes près, à conserver l'ensemble des possessions paternelles face aux ambitions du roi de France. Ce n'est pas le cas du successeur de Richard, son frère cadet Jean sans Terre. En 1202, Philippe Auguste prononce la commise (saisie) des fiefs continentaux du roi d'Angleterre car celui-ci ne s'est pas présenté à sa cour pour un jugement. En 1204-1205, le roi de France s'empare de la Normandie, du Maine, de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou. L'« empire Plantagenêt » est-il écroulé ? Non pas exactement puisque Jean sans Terre conserve encore le gros duché d'Aquitaine. Le coup est toutefois sévère car le roi d'Angleterre a perdu le fleuron de son empire, la Normandie, et son berceau, l'Anjou.

Alors 1204 signifie-t-il plutôt la fin de l'apogée de l'« empire Plantagenêt » ? Oui, c'est plus exact. En précisant toutefois que la Guerre de Cent Ans permet au roi d'Angleterre d'enrayer provisoirement le déclin. En 1356, le roi de France Jean le Bon est défait à Poitiers et fait prisonnier par les Anglais. En contrepartie de sa libération et de la paix, les traités de Brétigny et de Calais sont signés en 1360. Le roi de France abandonne au roi d'Angleterre Edouard III une Aquitaine élargie puisqu'elle comprend le Poitou, le Limousin, le Périgord, le Quercy, le Rouergue et le Bigorre. À laquelle s'ajoutent dans le nord du royaume Calais et le Ponthieu. L'Aquitaine est cédée en toute souveraineté c'est-à-dire sans hommage de la part du roi d'Angleterre. Les concessions sont importantes même si elles restent en deçà des territoires dominés 200 ans auparavant par Henri II.

Alors à quand la fin de l’« empire Plantagenêt » ? 1399 est une date assez légitime puisqu'en cette année, le dernier roi de la dynastie Plantagenêt est renversé. Un prince de la famille Lancastre, Henri, le remplace sur le trône.

L'historien Martin Aurell place cette fin en 1224 dans son livre L’Empire des Plantagenêt . A cette date, la veuve de Jean sans Terre aide en effet le roi de France à conquérir le Poitou.

[modifier] Notes et références

  1. Plus exactement le comté d'Anjou, le comté de Touraine et le comté du Maine

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • Jean Favier, Les Plantagenêts. Origine et destin d'un empire, éd. Fayard, Paris, 2004.
  • Martin Aurell, L’Empire des Plantagenêt, 1154-1224, coll. Tempus, éd. Perrin, 2004

[modifier] Articles connexes