Elohim (Bible)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Elohim (ou Éloïm) est un terme hébreu qui apparaît dans l'Ancien Testament de la Bible (אֱלֹהִים ʾElohīm) et qui est généralement traduit par dieu en tant que nom commun. Le nom propre, selon quelques confessions chrétiennes, serait Yahvé et YHWH étant le nom donné dans le texte massorétique.

Sommaire

[modifier] Étymologie

Bien qu'il n'existe aucune certitude sur son origine, on rapproche parfois le mot Elohim du verbe arabe alih qui signifie « craindre » ou « chercher refuge en raison de la crainte ». Même s'il s'agissait bien là de son origine, elle ne permettrait pas de trancher quant à l'interprétation qui en a été faite dans la Bible. À titre d'exemple, on peut citer comme source de la racine El [1]:

— « celui qui est l'objet de la crainte / de la révérence » ;
— « celui en qui celui qui a peur peut trouver refuge ».

Dans la Torah, Eloah/Elohim est utilisé pour représenter un/des juges. Dieu peut être considéré comme un juge, et au pluriel, un juge de qualité/excellence parfaite.

Le terme "Elohim" s'emploie aussi en cabbalistique pour désigner le langage supposé qu'usiteraient les personnages de type divin, tels que les anges, séraphins, chérubins ou autres (à concurrence du langage énochien). La question de l'origine hébraïque du langage divin fut appelée vexata quaestio dès la Renaissance.

Le mot Elohim (pluriel) est aussi à rapprocher du terme arabe Allah. Les deux noms partagent en effet tous deux la racine sémitique e-l. En arabe, « divinité » se dit ilèh et le Dieu unique al-ilèh d'où peut-être le nom propre Allah.

[modifier] Monothéisme

La morphologie plurielle du terme pose aux monothéismes issus de la Bible une problématique doctrinale. En attendant une solution interprétative, on peut essayer la grammaire.

La terminaison en -im d'Elohim, qui en hébreu s'applique à un nom pluriel, le plus souvent masculin (sans exclusive). On considère, dans la théologie traditionnelle[2], qu'il s'agit d'un pluriel de majesté (pluralis majestatis) ou pluriel d'excellence (pluralis excellentiæ), de qualité, plutôt que d'un pluriel numérique. Ce concept de pluriel de qualité est ignoré de la grammaire hébraïque biblique comme moderne sans aucune exception pas même baal -> baelim, baelim concepts pouvant être propriétaires ou propriétaire « de qualité ».

Du point de vue linguistique, la grammaire hébraïque ignore le superlatif (très, plus... que). Elle rend donc toute catégorie d'augmentatif ou d'intensif par un pluriel dont les adjectifs et verbes qui s'y rapportent restent au singulier (attesté par la grammaire Weingreen, chez Beauchesne). Ce phénomène est attesté dans des expressions comme Shir Hashirim (le Cantique des Cantiques), Kippur Kippurim (le Grand Pardon ou jour des Expiations).

Comme ni le grec ni le latin n'utilisent de pluriel de qualité pour les noms seuls, les traductions de la Septante puis la Vulgate rendent par un singulier le texte original au pluriel.

Genèse, 1:1 : « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre » :

  • בְּרֵאשִׁית בָּרָא אֱלֹהִים אֵת הַשָּׁמַיִם וְאֵת הָאָֽרֶץ ׃ ;
  • Ἐν ἀρχῇ ἐποίησεν ὁ Θεὸς [theós, Dieu] τὸν οὐρανὸν καὶ τὴν γῆν ;
  • In principio creavit Deus [Dieu] cælum et terram.

Par ailleurs, la pluralité se confirme à plusieurs endroits :

Genèse, 1:27 : « Elohim dit : faisons l'homme à notre image, à notre ressemblance … » Si l'interprétation la plus fréquente dit que le faisons et le notre tient compte de ce qui suit, à savoir une humanité double, mâle et femelle, on ne peut oublier que EL (au singulier) est aussi le nom d'une divinité ougaritique faisant partie d'une triade. ou encore ici :

Genèse, 3:22 : « Elohim dit : Voici que l’homme est devenu comme l’un de nous ... »

De nombreuses théories ont été avancées pour expliquer ce pluriel. La théologie traditionnelle affirme qu'elle ne peut grammaticalement pas venir de ʾEl (אֱל ; forme singulière du mot traduit par « Dieu ») ou de ʾEloah (forme utilisée en composition, à morphologie grammaticale féminine). Elle affirme que la forme serait donc un pluriel d'un nom qui n'existe pas au singulier en dépit de l'usage attesté de ces singuliers dans la Bible même. D'ailleurs, le e BDB Thayer (dictionnaire hébreu-anglais de renom) signale le singulier ELA outre EL et ELOAH ou encore ELYON avec le commentaire suivant :

la question est compliquée et les conclusions incertaines. En effet, quoiqu'on associe traditionnellement chacun de ces mots à la racine "EL" (aleph, Lamed), on n'est pas certain que ces mots aient un rapport avec elle.

Les avis divergent cependant à cet égard, ainsi que les raisons de ce pluriel :

  • comme vu ci-dessous, la forme de qualité (dit de majesté ou d'excellence) dont on trouve d'autres exemples dans d'anciennes civilisations (phénicienne, éthiopienne, etc.)est absente de l'hébreu ;
  • hypothèse de la primitivité : le sens est fort en face de, et plus tard, avec Eloah : peur, objet de crainte, de révérence, mais aussi : chef et seigneur, aperçu sémantique qui revient à la forme syntaxique intensive ou augmentative,
  • l'expression de la pluralité des visages de dieu. Cette interprétation lévinassienne est souvent associée à l'observation que panaïm, (fr: visage) est un pluriel sans singulier ;
  • des traces d'une origine polythéiste.
  • Apparaît dans la section Haazinou, avant-dernière du Deutéronome, la forme "Elohimo", et non "Elohav" comme cela apparaît habituellement, "comme si" Elohim était finalement singulier.

Quoi qu'il en soit, le radical ʾel ou ʾil pour désigner le dieu se retrouve en arabe, dans le nom de Dieu, اللّٰه ʾAllāh ; en araméen, le mot se dit ʾāllāhā. Le radical se retrouve dans d'autres langues sémitiques.

Quand ce sont les dieux païens qui sont désignés, ʾElohīm renvoie bien au pluriel numérique : « dieux » (ex: Exode 20:3).

Enfin, pour d'autres aussi - pour qui le pluriel de majesté n'explique pas la pluralité du terme Elohim mais bien l'expression d'un groupe de personnes distinctes - le pluriel de majesté n'est qu'une invention récente en Europe. Cette invention des souverains et des hommes en général a transpiré dans la tradition des juifs occidentaux baignant dans la culture religieuse occidentale. Cette tradition en a été modifiée.

En effet, ce pluriel de majesté était le fait de rois couronnés par l'église (catholique essentiellement) et donc, chaque souverain se réclamait de "Dieu" puisque l'Église l'avait fait roi. En conséquence, quand ce souverain prenait une décision, il disait « nous avons décidé ceci… » pour dire en fait : « moi, le roi, ainsi que Dieu, nous avons décidé ceci… ». Même le pluriel de majesté exprime une pluralité effective. Cette tradition ne peut avoir vu le jour qu'après la création du terme "Dieu" apparu vers le IXe siècle de notre ère (dictionnaire étymologique).

À la rigueur, le terme Elohim toujours précédé d'un verbe au singulier [3] pourrait être considéré comme un « collectif » : un sujet pluriel commandant un verbe au singulier pour exprimer une collection innombrable ou innommable.

Selon la tradition rabbinique, le nom de Elohim se traduit par 'Maître de toutes les puissances'. D., lorsqu'il créa le monde, mit en toute créature une certaine force. Par exemple l'homme a le pouvoir de construire, de planter, de porter etc. La Lune a une influence sur les marées, le Soleil a le pouvoir de faire pousser les récoltes etc. Toutes ces 'forces' ont donc été créées par D. afin que le monde subsiste. Les ayant créé, il est donc le 'Maître de toute les puissances' existant sur terre.

[modifier] Mouvements religieux

Certains nouveaux mouvements religieux voient dans le pluriel du terme Elohim un signe de la pluralité du divin ou du moins de pluralité de ses formes. Certains en ont conclu l'existence d'êtres portant en eux une part de ce divin, souvent nommés les « êtres de lumière ».

[modifier] Mouvement raëlien

Elohim est le nom donné aux extraterrestres que Claude Vorilhon (dit Raël) affirme avoir rencontrés en 1973 et 1975 et qui sont à la base des préceptes du Mouvement raëlien qu'il a créé. D'après lui, Elohim se traduirait par « ceux qui sont venus du ciel » et désignerait, dans la Bible, les extraterrestres avec qui les Hébreux seraient entrés en contact dès l'Antiquité. Selon cette croyance, c'est grâce à une technologie ultra développée que les Elohim auraient conçu l'humanité en laboratoire.

[modifier] Église de la Famille d’Adoration Elohim

L'Église de la Famille d'Adoration Elohim (Ministères Ebenezer) est un nouveau mouvement religieux donnant une nouvelle interprétation des textes bibliques en mettant en avant le nom de Dieu, Elohim.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

Dieu | Judaïsme | Noms de Dieu dans le judaïsme

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. source BDB THAYER
  2. il faut, à ce sujet, bien prendre conscience que la théologie n'est pas de la linguistique
  3. à l'exception des deux exemples de Genèse signalés ci-dessus ce qui en fait des ruptures syntaxiques