Edward Young

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Edward Young
Image:Edward Young Poet.jpeg
Naissance 1683, Upham
Décès 1765, Welwyn
Activité Poète
Nationalité Angleterre Angleterre
Mouvement Romantisme
Œuvres principales Nuits.

Edward Young, né le 3 juillet 1683 à Upham et mort le 12 avril 1765 à Welwyn (Hertfordshire), est un poète romantique anglais.

Auteur du poème Plaintes ou Pensées nocturnes sur la vie, la mort et l’immortalité (1742-1745), connu sous le nom de Nuits qui inaugurent le genre sombre et mélancolique du romantisme, son âme tourmentée laisse à la postérité une œuvre personnelle et profonde.

Fils d’un recteur d’Upham, depuis doyen de Salisbury, il fut instruit au collège de Winchester et sortait à peine du collège d’All Souls à Oxford en 1719, qu’il commença, avec son Epistle to ... Lord Lansdoune (Épître à Lord Lansdoune, 1713) suivie d’un Poem on the Last Day dédié à la reine Anne (Poème sur le jour du jugement dernier, 1713), une carrière de poète courtisan qu’il poursuivit jusqu’à quatre-vingts ans passés, multipliant les dédicaces et les poésies adulatrices, se mettant au service des grands, des ministres, le tout avec un médiocre profit ; une pension de 200 livres et, quand il fut entré dans les ordres à quarante-six ans, la cure de Welwyn, furent sa récompense. Il y eut The Force of Religion: or Vanquished Love (la Force de la religion : ou l’amour vaincu, 1714), poème sur l’exécution de Jane Grey et de son mari, dédié à la comtesse de Salisbury ; et une épître à Joseph Addison, On the late Queen’s Death and His Majesty’s Accession to the Throne (Sur la mort de la Reine et l’accession de sa majesté au trône, 1714), dans lequel il s’est précipité pour féliciter le nouveau roi. Le modèle excessif des dédicaces détonne tellement avec le ton pieux des poèmes que Young les omit de son édition de ses œuvres.

Vers cette époque, il entra en contact avec le duc Philip de Wharton, qu’il accompagna à Dublin en 1717. Quatre ans avant sa mort, il obtint enfin une place de secrétaire du cabinet de la princesse douairière de Galles. À part ces productions de circonstance peu importantes, on cite de lui deux tragédies, Busiris, jouée avec beaucoup de succès à Drury Lane en 1719, et la Vengeance, imitée d’Othello (Revenge, 1721 et qui passe pour un des meilleurs drames anglais du temps. Cette pièce avait été dédiée à Wharton qui lui promis deux pensions de 100 livres et une somme de 600 livres en considération de ses frais comme à l’élection parlementaire de Cirencester. Ces promesses amenèrent Young à refuser deux postes à Oxford et à sacrifier une offre de pension perpétuelle par la marquise d’Exeter pou le poste de précepteur de son fils. Lorsque Wharton manqua à ces engagements, Young dut plaider son cas devant le chancelier Hardwicke en 1740, obtint la pension, mais pas les 600 livres.

De 1725 et 1728 Young a publié une suite de sept satires morales dans le genre de Pope une série de satires sur la passion universelle, dédiées au duc de Dorset, à George Bubb Dodington, Spencer Compton, Elizabeth Germain et Robert Walpole. Publiés sous le titre de Love of Fame, the Universal Passion (l’Amour de la Renommée, la passion universelle ; Londres, 1725-28, 2 part.), cette suite pas indigne de son modèle, qui abonde en couplets saisissants et vigoureux, a été qualifiée par Samuel Johnson de « très grande réalisation ». Herbert Croft a affirmé que cette satire avait rapporté 3 000 livres à Young, lui permettant de compenser les pertes qu’il avait subies dans le krach de 1720.

En 1726, Young reçut une pension annuelle de 200 livres de Walpole, mais il continua, jusqu’à la fin de ses jours, à chercher à obtenir une nomination à un poste. Le roi considérait néanmoins sa pension comme une rémunération appropriée. Vivant à une époque où le mécénat était en voie de disparition, Young est remarquable pour sa recherche obstinée de soutien pour sa poésie, ses œuvres théâtrales, et sa carrière ecclésiastique. Il échoua dans chaque sphère, n’obtenant jamais le degré d’appui qu’il estimait que son travail devait lui obtenir, en grande partie en raison de son choix de mécènes dont la fortune était sur le déclin. Cela ne l’empêcha pas d’écrire que « les fausses éloges sont la prostitution de la plume. »

L’Amour de la Renommée permit à Young de compenser ses pertes dans le krach de 1720.
L’Amour de la Renommée permit à Young de compenser ses pertes dans le krach de 1720.

À près de cinquante ans, Young décida d’entrer dans les ordres. On a indiqué que, dans ses jeunes années, Young était loin d’être « l’ornement de la religion et de la moralité qu’il devint par la suite ». Ses amitiés avec le duc de Wharton et Dodington ne firent sûrement rien pour améliorer sa réputation. Pope eut probablement raison de dire qu’ « Il possédait beaucoup de génie sublime, mais sans bon sens, de sorte que son génie, sans guide, était perpétuellement exposé à dégénérer dans l’affectation », mais qu’il « possédait un cœur excellent qui lui permit de soutenir, une fois qu’il l’eut assumé, le caractère ecclésiastique d’abord avec décence et ensuite avec honneur. »

En 1728, Young devint aumônier royal et obtint, en 1730 une cure à Welwyn. Marié en 1731, à Elizabeth Lee dont la fille qu’elle avait eue d’un précédent mariage avec Francis Lee, mariée à Henry Temple, mourut à Lyon le 8 octobre 1736 en chemin pour Nice, suivie de son mari et de sa mère en 1740. Comme Elizabeth Temple était de religion protestante, on refusa l’enterrement dans le cimetière catholique et l’inhumation fut autorisée dans le cimetière de la colonie suisse[1]. Ces coups redoublés que la mort frappa autour de lui sont censées être les douleurs domestiques qui ont donné lieu aux Night thoughts (Pensées nocturnes), poème divisé en neuf nuits, publié de 1742 à 1746, souvent réimprimé, et connu en France sous le titre des Nuits. Ces pertes successives jetèrent le poète dans une disposition lugubre qui se traduisit par ce poème religieux, moral, romanesque, où l’on trouve un chrétien qui paraît sincère, un moraliste satirique de l’école de Pope, habile à balancer les antithèses, et un déclamateur sentimental déployant ses chagrins avec une abondance déréglée d’images. L’immortalité de l’âme, la vérité du christianisme, la nécessité d’une vie religieuse et morale, tels sont les thèmes que Young s’efforce de renouveler en y ajoutant des personnages et des incidents de roman, qui représentaient des faits et des êtres réels. Young déclare, dans la préface de cette œuvre, à laquelle sa célébrité est restée attachée, que le sujet du poème était réel. Philandre et Narcisse ont été identifiés plutôt à la légère avec Henry et Elizabeth Temple. On a également suggéré que Philandre représentait Thomas Tickell, un vieil ami de Young mort trois mois après sa femme. Certains ont également voulu voir un lien entre l’infidèle Lorenzo et le fils de Young, mais celui-ci n’avait que huit ans au moment de la parution des Nuits.

Première édition des Nuits, 1743, Londres.
Première édition des Nuits, 1743, Londres.

Publié en 1742, La Plainte, ou pensées nocturnes sur la vie, la mort et l’immortalité, fut suivi d’autres Nuits, la huitième et la neuvième paraissant en 1745. En 1753, sa tragédie The Brothers (les frères, écrite plusieurs années auparavant et supprimée alors qu’il était sur le point d’entrer dans l’église, fut produite à Drury Lane. Young a été décrit comme un brillant causeur. Bien que les Nuits soient longues et désorganisées, l’œuvre abonde en passages brillants. Le succès en fut énorme. Il a été traduit en français, allemand, italien, espagnol, portugais, suédois et hongrois. En France, Pierre Le Tourneur traduisit les Nuits en prose plus emphatique et plus lugubre que les vers de l’original. Cette version (1769, 2 vol. in-8°) eut un immense succès et assura, dans ce pays où elle devint un classique de l’école romantique, une réputation supérieure à celle même dont jouissait Young dans son pays. En Allemagne, quelques critiques le préférèrent à John Milton. Elle fut réimprimée une cinquantaine de fois. Pierre Le Tourneur a donné une traduction des Œuvres complètes (Paris, 1796, 6 vol. in-18) de Young.

Les questions touchant à la « sincérité » du poète furent soulevées un siècle après sa mort. La publication des lettres d’adulation de Young et sa recherche des emplois a amené beaucoup de lecteurs à remettre en cause la sincérité du poète. George Eliot a discuté, dans un célèbre essai, son « manque radical de sincérité en tant qu’artiste poétique ». Même s’il est clair que Young n’est pas l’inventeur de la mélancolie et du clair de lune en littérature, il a beaucoup fait pour en répandre le goût.

L’essai de Young, adressé à Samuel Richardson, Conjectures on Original Composition (Conjectures sur la composition originale, 1759), fut populaire et influent en Europe continentale, particulièrement en Allemagne, comme testament préconisant l’originalité sur l’imitation néoclassique. Malgré toutes ses imperfections, son œuvre est restée l’une des principales de la poésie anglaise du XVIIIe siècle.

En dépit de la célébrité que lui apportèrent les Nuits, Young vécut dans une retraite quasi-ininterrompue. En 1761, il fut nommé commis du cabinet de la princesse douairière Augusta de Saxe-Gotha. N’ayant jamais récupéré de la mort de son épouse, il se brouilla avec son fils qui avait apparemment critiqué l’influence excessive exercée par sa femme de charge, Mme Hallows. Refusant de voir son fils jusqu’à peu avant sa mort, le vieil homme se réconcilia néanmoins avec son fils et lui légua tout ce qu’il possédait.

[modifier] Autres œuvres

  • The Instalment, à Sir R. Walpole, 1726
  • Cynthio, 1727
  • A Vindication of Providence ..., sermon, 1728
  • An Apology for Punch, sermon, 1729
  • Imperium Pelagi, a Naval Lyrick ..., 1730
  • Two Epistles to Mr Pope concerning the Authors of the Age, 1730
  • A Sea-Piece ..., 1733
  • The Foreign Address, or The Best Argument for Peace, 1734
  • The Centaur not Fabulous; in Five Letters to a Friend, 1755
  • An Argument ... for the Truth of His [Christ's] Religion, 1758, sermon prêché devant le roi
  • Resignation ..., poème, 1762

[modifier] Notes

  1. Cet événement impressionna les durablement contemporains : un tableau de Pierre-Auguste Vafflard Young et sa fille exposé au salon de 1804, s’inspire de cet épisode en transformant le défunt en la propre fille de Young.

[modifier] Source

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  • Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des littératures, Paris, Hachette, 1876, p. 2087