Discussion sur le nom des Palaos

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En français, la première forme sous laquelle apparaît le nom des Palaos, est « îles Palaos », en raison de l'origine espagnole du nom (comme pour les îles Galapagos). Les géographes (français comme Jules Dumont d'Urville qui en 1831 découpe l'Océanie en quatre zones devenues traditionnelles, comme Louis Isidore Duperrey, mais aussi russes comme Johann Adam von Krusenstern) confirment cette forme initiale dans leurs publications, de même que plus tard Élisée Reclus dans sa Nouvelle géographie universelle (18761894). La forme « îles Pelew » apparaît en 1788 avec la traduction par George Keate (Relation des îles Pelew situées dans la partie occidentale de l'océan Pacifique, Le Jay Maradan, Paris 1788) de l'ouvrage de Henry Wilson (An Account of the Pelew Islands, situated in the Western part of the Pacific Ocean, G. Nicol, Londres 1788).

Quand les îles deviennent allemandes (1899) puis japonaises (1914), la forme sans pluriel apparaît, avec un -u final en place du -o en raison de la prononciation dans ces deux langues (bien qu'en allemand, la forme écrite -au rende en fait la prononciation [aʊ]», diphtongue souvent décrite comme étant prononcée comme /ao/ [ao] (Luciano Canepari) et qu'en japonais, la forme attestée « パラオ » doive être correctement translittérée Parao et non Palau). Les Américains auxquels échoit cet archipel après la Seconde Guerre mondiale (1944), reprennent alors cette forme écrite germano-japonaise, Palau, qui remplace « Pelew » (encore attestée en 1907 par la Nuttall Encyclopædia du Révérend James Wood). Cette forme se généralise dans le monde anglophone puisque ces îles ne sont qu'un des archipels du territoire sous tutelle des îles du Pacifique (1947).

De son côté, le paluan, devenu progressivement langue officielle avec l'anglais lors de l'accession à l'autonomie (1979) ou de l'indépendance (1994), provoque l'apparition d'une forme « Belau », dont la graphie (anglaise) correspondrait davantage à la prononciation locale ([bə.lɑʊ]) que la forme Palau. La forme française « Palaos » devient rarement utilisée — ne serait-ce qu'en raison de la modestie de cet archipel, rarement cité hors des publications spécialisées mais surtout en raison de la prédominance de la forme anglaise, bien qu'elle reste celle utilisée par les spécialistes francophones de l'Océanie et de la Micronésie, réunis notamment dans la Société des Océanistes.

Parmi les instances officielles, il y a hésitation sur la forme courte à utiliser en français. Ainsi, la Division francophone du GENUNG (Groupe d'experts des Nations unies pour les noms géographiques) et la DGLF (Délégation générale à la langue française) préfèrent Belau à Palaos; par contre, la Commission de toponymie de l'Institut géographique national et l'Unesco [1] préfèrent Palaos à Belau. Palaos est attesté de plus longue date (1827) et est plus connu —l'archipel des Palaos continue d'utiliser exclusivement "Palau" dans ses publicités anglaises bien que le nom de l'État (en paluan) soit "Belau" (le nom officiel en anglais restant Palau). Seule la forme « Palau » apparaît sur les documents officiels des Palaos (timbres-poste, sites du gouvernement, passeports, visas, etc.). De nombreuses institutions internationales (FAO, OMC, UE, mais aussi les Nations unies ou le ministère français des Affaires étrangères, malgré la DGLF) utilisent, en français, la forme Palaos.