Der Hölle Rache kocht in meinem Herzen

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Der Hölle Rache kocht in meinem Herzen (littéralement La vengeance de l'enfer bout en mon cœur) est la seconde aria chantée par la Reine de la nuit dans l'opéra de Mozart La Flûte enchantée.

Sommaire

[modifier] L'air

« Der Hölle Rache kocht in meinem Herzen », (couramment abrégé en « Der Hölle Rache »), est souvent cité comme l’Air de la Reine de la nuit de référence bien que le personnage chante une autre aria, certes moins fameuse, plus tôt dans l'opéra, « O zittre nicht, mein lieber Sohn ». Il est considéré comme l'un des airs d'opéra les plus virtuoses.

Situé dans le second acte de l'opéra, il dépeint l'accès de rage vengeresse lors duquel la Reine de la nuit, plaçant un poignard dans la main de sa fille Pamina, l'exhorte à aller tuer Sarastro, son rival, sous peine de se voir maudire et renier par sa mère si elle n'accomplit pas ce forfait.

« So bist du meine Tochter nimmermehr ! » Début du premier passage en colorature

[modifier] La musique

L'air est écrit en ré mineur, et orchestré pour flûtes, hautbois, bassons, cors, et trompettes par deux, timbales et cordes. C'est un orchestre plus large que pour « O zittre nicht » : il comprend la totalité (en dehors des trombones) des instruments employés dans l'opéra.

Il est largement réputé pour être une œuvre nécessitant de grandes capacités vocales. Son ambitus est de deux octaves, du fa4 à l'époustouflant fa6! La soprano devant chanter quatre contre-fa d'affilée (limite extrême de la tessiture d'une voix de soprano), sans compter la reprise! L'aria demande une tessiture de soprano élevée, du si4 au si5. Le contexte dramatique de l'exhortation vengeresse au meurtre exige une voix avec une charge dramatique importante.

[modifier] Le texte

Le texte est tiré du livret en allemand de l'ami de Mozart, Emanuel Schikaneder, qui jouait aussi le rôle de Papageno lors de la première représentation.

« Der Hölle Rache », la seconde aria de la Reine de la nuit (enregistré en 2006 à l'opéra de Bangkok par le Siam Philharmonic Orchestra)
« Der Hölle Rache », la seconde aria de la Reine de la nuit (enregistré en 2006 à l'opéra de Bangkok par le Siam Philharmonic Orchestra)
Texte original allemand
Traduction française

Der Hölle Rache kocht in meinem Herzen;
Tod und Verzweiflung flammet um mich her!
Fühlt nicht durch dich Sarastro Todesschmerzen,
So bist du meine Tochter nimmermehr!
Verstossen sei auf ewig, verlassen sei auf ewig,
Zertrümmert sei'n auf ewig alle Bande der Natur
Wenn nicht durch dich Sarastro wird erblassen!
Hört! Hört! Hört, Rachegötter! Hört der Mutter Schwur!

Une colère terrible consume mon cœur;
Le désespoir et la mort m’enflamment!
Si Sarastro ne meurt pas de ta main,
Tu n’es plus ma fille, non plus jamais!
Que soient à jamais bannis, à jamais perdus,
À jamais détruits tous les liens de la nature
Si Sarastro n’expire pas par ton bras!
Entendez! Entendez! Entendez, dieux de vengeance! Entendez le serment d’une mère !

Sur le plan de la métrique, le texte consiste en un quatrain en pentamètre iambique (ce qui constitue une exception dans l'opéra essentiellement en tétramètre iambique), suivi par un quatrain en trimètre iambique puis par un couplet final en pentamètre. Le rythme est sur le schéma [ABAB][CCCD][ED].

[modifier] Les interprètes historiques

La première interprète de l'aria fut la belle-sœur de Mozart Josepha Weber, alors âgée de trente-trois ans. Hofer avait une voix d'un registre extrêmement élevé et d'une grande agilité et sans doute Mozart, familier de ses capacités vocales, a-t-il écrit ces deux grandes arias à son attention.

On raconte que Mozart lui-même fut très impressionné par la performance vocale de sa belle-sœur. L'anecdote ressort d'une lettre écrite en 1840 par le compositeur Ignaz von Seyfried, et relate que dans la nuit de sa mort (le 4 décembre 1791), Mozart aurait chuchoté à Constanze :

« Silence, silence ! Hofer est en train de prendre son contre fa ; maintenant ma belle-soeur est en train de chanter sa seconde aria, Der Hölle Rache ; comme elle attaque et comme elle tient ferment son si bémol : Hört ! Hört ! Hört ! der Mutter Schwur ![1] »

Un grand nombre de sopranos modernes ont chanté à la scène et enregistré l'air parmi lesquelles : Diana Damrau, Natalie Dessay, Cristina Deutekom, Edita Gruberova, Sumi Jo, Erika Miklósa, Edda Moser, Roberta Peters, Lucia Popp, Luciana Serra, Beverly Sills, Rita Streich, Cheryl Studer, Dame Joan Sutherland.

June Anderson chante l'aria, en anglais, dans le film Amadeus.

C'est l'un des airs favoris de la fameuse chanteuse Florence Foster Jenkins.

[modifier] Notes et références

  • Otto Erich Deutsch Mozart: A Documentary Biography, (1965) Stanford University Press.
  1. Cité par Deutch (1965, 556). Le si bémol auquel Mozart fait référence est une longue et puissante note, chantée à la troisième répétition du Hört !, sur un inattendu accord de sixte napolitaine à l'orchestre, formant le climax de l'aria.

[modifier] Sources

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes