David Herbert Lawrence

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D. H. Lawrence à 21 ans en 1906
D. H. Lawrence à 21 ans en 1906

David Herbert Lawrence, plus connu comme D. H. Lawrence, (né le 11 septembre 1885 à Eastwood au Royaume-Uni - mort le 2 mars 1930 à Vence en France) est un écrivain britannique, auteur de nouvelles, romans, poèmes, pièces de théâtre, essais, livres de voyage, traductions et lettres.

Sommaire

[modifier] Vie et pensée de Lawrence

Son roman Amants et Fils raconte l'enfance troublée de Paul Morel entre un père mineur alcoolique et une mère mal mariée, avide de voir ses fils se promouvoir socialement, ainsi que ses difficultés sentimentales au cours de ses premières amours résultant de son attachement affectif extrême à cette mère. Ce livre est communément considéré comme largement autobiographique.

Ses œuvres sont une réflexion sur les effets déshumanisants de la modernité et de l'industrialisation, ce à quoi il se réfère en parlant de « monde mécanique » par opposition à un monde « organique » ou « phallique » où la « tendresse », c'est-à-dire une sexualité dépourvue de culpabilité, peut apporter un remède. Lawrence confronte des considérations relatives à la force des émotions et à la force vitale, à la spontanéité, à la sexualité et aux comportements instinctifs faisant de lui une icone dans une période influencée par Freud et Nietzsche.

Ayant passé plusieurs années au Mexique et au Nouveau-Mexique, Lawrence a aussi été très impressionné par les religions ancestrales des Indiens et a ainsi cherché à explorer les possibilités de régénération de l'homme blanc par un retour au « sacré primitif ». Il se fait ainsi l'un des représentants modernistes fortement influencés par l'œuvre ethnographique de James George Frazer.

Les opinions troublantes de Lawrence sur la démocratie, la sexualité, les femmes, la virilité, les races, etc., lui attirèrent beaucoup d'ennemis déjà de son vivant, une persécution officielle, la censure et une mauvaise perception de son œuvre créative durant la seconde partie de sa vie qu'il passa volontairement en exil se décrivant lui-même comme un « pèlerin sauvage ». L'influent T. S. Eliot participa dans une grande mesure à répandre l'idée que Lawrence était un écrivain « sans moralité » (dans After Strange Gods). À sa mort, sa réputation de pornographe a masqué son véritable talent. À la suite d'Aldous Huxley, Edward Morgan Forster, dans une nécrologie, a contesté cette perception, le décrivant comme « le plus imaginatif des romanciers de notre génération ». La réhabilitation de l'écrivain a débuté dans les années 1950, notamment grâce au critique influent de Cambridge F. R. Leavis qui a mis en avant son intégrité artistique et son sérieux moral situant la plupart des œuvres de fiction de Lawrence dans la « grande tradition » du roman anglais.

Ayant admirablement senti le lien profond existant entre esthétique, sexualité et idéologie, il est aujourd'hui considéré comme un penseur visionnaire et un représentant significatif du modernisme britannique, bien que quelques féministes aient mis en cause certains propos sur les femmes et la sexualité que recèlent ses œuvres (Kate Millett, Sexual Politics, Virago, 1970). L'un de leurs principaux arguments repose sur le « phallocentrisme » de Lawrence qui, pour être réel, n'en est pas moins incompris et mésinterprété. En prônant un respect mystique à l'égard de ce qu'il nomme le « phallus », Lawrence se rapporte davantage aux cultes dionysiaques phalliques des Grecs Antiques ou au lingam de l'hindouisme qu'à un phallocratisme idéologique comme on peut l'entendre dans un sens ultérieur au féminisme des années 1970.

[modifier] Œuvres

  • Le Paon Blanc (The White Peacock)
  • Amants et fils (Sons and Lovers)
  • L'Arc-en-ciel (The Rainbow)
  • Femmes amoureuses (Women in Love)
  • Kangourou
  • L'Homme et la poupée
  • L'Homme qui était mort (The Man Who Died)
  • La Mort de Siegmund
  • La Verge d'Aaron
  • Jack dans la brousse
  • Promenades étrusques
  • Sardaigne et Méditerranée
  • Eros et les chiens
  • Corps social
  • Le Serpent à plumes
  • Fantaisie de l'inconscient
  • La Fille perdue (The Lost Girl) (James Tait Black Memorial Prize)
  • L'Étalon ("St. Mawr"), Phébus, Paris, 2006
  • L'Amant de Lady Chatterley (Lady Chatterley's Lover) suivi de Défense de Lady Chatterley
  • Lady Chatterley et l'homme des bois (1928), Gallimard, troisième version du roman précédent
  • La Vierge et le gitan, Plon (1934), Éditions du Rocher (1988)
  • Pornographie et Obscénité, Mille et Une Nuits, Paris, 2001
  • Apocalypse (1929), présentation de Gilles Deleuze, Desjonquères, 2002
  • L'Amour, le sexe, les hommes et les femmes (recueil de textes), Éditions du Rocher, 2003
  • De la rébellion à la réaction (recueil de textes), Éditions du Rocher, 2004
  • Psychanalyse et inconscient (1921), préface de Paul-Laurent Assoun, Desjonquères, 2005
  • Nouvelles (en trad. fr.): Une Ombre au Tableau, Île, mon Île, Les Filles du Pasteur, Le Renard, L'Amazone fugitive, La Nouvelle Eve et le Vieil Adam, La Princesse et la Fille du Marchand de Chevaux
  • Poèmes (Édition intégrale : notes, préface et traduction de Sylvain Floc'h), L'Âge d'Homme, coll. « Au cœur du monde », Lausanne et Paris, 2007, 917 p., (ISBN 978-2-8251-3723-9)

[modifier] Citations

  • « Chérir l'être aimé, l'appréhender en lui-même et lui prodiguer la part de soi tournée vers l'extérieur : c'est cela seul que nous appelons l'amour. » (Psychanalyse et inconscient)
  • « Il faut voir comment tout désir délicat et créateur, émettant ses subtiles vibrations à la recherche du véritable pôle magnétique de repos en un ou plusieurs autres êtres humains, est contrarié et mis à l'écart par tout un ensemble d'idées, d'idéaux et de conventions incohérents, jusqu'à ce que toutes les formes possibles de perversion et de désir de mort s'installent ! Comment pouvons-nous échapper aux névroses ? » (Psychanalyse et inconscient)
  • « Nous devons être suffisamment conscients, et conscients de nous-mêmes, pour connaître nos propres limites et sentir en dedans et au-delà de nous un plus grand élan. Alors nous cesserons d'être principalement centrés sur nous-mêmes. Nous apprendrons alors à nous laisser aller dans tous nos centres affectifs, à ne jamais forcer notre sexe. Alors nous pourrons procéder au grand assaut contre le mensonge extérieur, ayant vaincu le mensonge intérieur. Telle est la liberté, et la lutte pour la liberté. » (Pornographie et obscénité)
  • « Je n'ai jamais vu une bête sauvage s'apitoyer sur son sort. Même un oiseau préférerait mourir de froid et tomber de sa branche plutôt que de s'apitoyer sur son sort. »
  • « Heureux lis, qui ne sera jamais entraîné à une idée fixe, jamais étouffé par la monomanie du bonheur, ou de l'amour, ou de l'accomplissement. Ce n'est pas du laisser-aller. C'est le fait d'être enraciné dans la vie, d'être seul avec soi-même, de vivre la vie comme le lis tant discuté. On travaille, on file, on s'efforce : tout comme le lis. Mais, comme lui, on suit, au milieu de tout, son chemin de vie, et on le suit seul. De même pour l'amour. Là aussi on suit son chemin, joyeusement seul parmi toutes les merveilles de la communion, enlevé, sur les vents, mais jamais enlevé loin de soi-même. » (La verge d'Aaron)

[modifier] Adaptations cinématographiques

[modifier] Études de l'œuvre

  • Henry Miller, Le Monde de D.H. Lawrence : Une appréciation passionnée, Buchet/Chastel, 1986
  • Anthony Burgess, D.H. Lawrence ou le Feu au cœur, Grasset, 1990
  • Frédéric Monneyron, Bisexualité et littérature. Autour de D.H. Lawrence et Virginia Woolf, L'Harmattan, 1998

[modifier] Liens externes