Dan Mitrione

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Dan Mitrione est un policier américain et un agent du FBI, ayant coopéré avec la police de divers pays latino-américains en partageant son expertise dans le domaine de la torture. Il a supervisé à l'entraînement de policiers étrangers aux États-Unis, tout cela dans le contexte de la Guerre froide.

Il fut policier dans l'Indiana de 1945 à 1947, et rejoindra le FBI en 1959. En 1960, il est assigné à l'International Cooperation Administration du Département d'État, qui l'envoie en Amérique latine pour qu'il y donne diverses leçons de "techniques avancées de contre-insurrection". C'est ainsi que débute sa deuxième vie, secrète, celle d'expert en torture.

De 1960 à 1967 il travaille avec la police brésilienne, à une époque où les emprisonnements sans procès, la torture et les exécutions d'opposants politiques devenaient de plus en plus monnaie courante. Il revient au États-Unis en 1967, à Washington, à l'USAID, pour y partager son expérience et son expertise d'anti-guérilleros. En 1969, il débarque en Uruguay cette fois, toujours, sous l'USAID, afin de superviser l'Office de Sûreté Publique.

Depuis quelques années alors, le gouvernement uruguayen devait faire face à une économie chancellante, à des grèves ouvrières et des mouvements étudiants, ainsi qu'aux Tupamaros, un groupe de guérilla urbaine marxiste hautement sophistiqué et bénéficiant d'une large faveur populaire. L'OPS aidait la police locale depuis 1965, lui offrant entraînement et armes. La torture était selon toutes apparences déjà employée dans les années 60, mais l'arrivée de Dan Mitrione aurait eu pour conséquence son utilisation à grande échelle. On lui attribue d'ailleurs souvent la citation suivante: "The precise pain, in the precise place, in the precise amount, for the desired effect." "La douleur juste, à l'endroit juste, en quantité juste, pour l'effet désiré."

Alors que l'emploi de la torture s'amplifia et les tensions en Uruguay montèrent, les Tupamaros enlevèrent Dan Mitrione en 1970. Il fut interrogé sur ses activités secrètes, puis exécuté après que les rebelles aient essuyé quelques contre-coups. Le film L'État de Siège (1973) de Costa-Gavras est entièrement basé sur ces faits, encore que quelques détails sont changés à propos de la vie de Mitrione, joué par Yves Montand, tel son nom. Quelques années plus tard, un régime militaire pro-américain allait prendre le pouvoir en Uruguay.

Marié, Mitrione était père de neuf enfants. Ses funérails furent hautement publicisées aux États-Unis. David Eisenhower, fils de l'ex-président, et le secrétaire d'État sous Richard Nixon, William Rogers, y assistèrent entre autres, alors que Frank Sinatra et Jerry Lewis organisèrent un concert au profit de sa famille à Richmond. Il fut qualifié, notamment, d'homme dont le "service dévoué à la cause du progrès pacifique dans un monde ordonné demeurera un exemple pour tous les hommes libres" par Ron Ziegler, porte-parole de la Maison-Blanche, ainsi que de "grand humaniste" par sa fille Linda. Ce qui n'a pas empêcher les faits concernant ses activités de faire surface en Occident, notamment par l'entremise de l'agent-double cubain Manuel Hevia Cosculluela. Aujourd'hui, bien que peu familier pour une grande majorité d'Américains, il reste un acteur très controversé de la Guerre froide.

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