Défécation

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La défécation est l’acte d’expulser les matières fécales hors du corps.

Sommaire

[modifier] Physiologie

En temps normal, la défécation est volontaire et nécessite une action consciente d’ouverture du sphincter anal. Cependant, une défécation involontaire peut se produire, par exemple en cas d’émotion forte, ou de troubles psychomoteurs.

Le contrôle de la défécation, donc des sphincters, marque un des stades de l’évolution de l’enfant : celui-ci devient « propre », il n’a plus besoin de couches, et peut être scolarisé. Du fait de la forte portée symbolique de cette étape d’accession à la maturité, les psychanalystes ont nommé cette étape le stade anal.

[modifier] Pratiques et cultures

Selon les cultures, il existe différentes habitudes par rapport à la position de défécation, au nettoyage anal et à la manipulation des excréments.

[modifier] Position

Il existe principalement deux positions pour la défécation[1] : assis et accroupi. La position assise consiste à reposer ses fesses sur un siège le plus souvent conçu dans ce but (sur des toilettes), mais parfois sur un simple bloc de béton percé d’un trou dans des latrines publiques rudimentaires. Cette position est répandue dans les pays occidentaux (Europe, Amérique du Nord), en Amérique du Sud et centrale, et tend à se généraliser lors de l’adoption de toilettes à chasse d'eau.

La position accroupie consiste à s’appuyer sur ses pieds, l’arrière des cuisses reposant sur les mollets ; le rectum est positionné au plus bas. Cette position se prend naturellement pendant une défécation en plein air, car il est dur, voire douloureux, de se tenir « assis » en l’absence de siège (sollicite fortement les abdominaux). La position accroupie a l’avantage de permettre une meilleure évacuation des excréments, mais a parfois une connotation négative, associée à une pratique culturellement « inférieure ». Elle reste toutefois la position la plus courante dans de nombreux pays d’Asie (notamment dans le sous-continent indien et en Asie du Sud-Est) et en Afrique sub-saharienne, ainsi que dans les endroits où la technologie est insuffisante, comme dans les bidonvilles et les zones rurales peu accessibles.

Changer de position est un acte souvent difficile[1] ; ainsi, les personnes habituées à s’asseoir peuvent répugner à devoir s’accroupir en l’absence de siège. Et inversement, il n'est pas rare qu'une personne habituée à s’accroupir utilise incorrectement un siège de WC, en s’accroupissant dessus, les pieds sur le siège. Si forcer une communauté de personnes à utiliser la position assise est possible (quand bien même cela serait souhaitable ; par exemple avec l’introduction en masse de toilettes avec sièges), forcer la position accroupie est souvent illusoire.

La position revêt également une importance en fonction de la religion ou de certaines traditions. Par exemple, un musulman respectant le Coran ne devrait pas déféquer en tournant le dos ou en faisant face à La Mecque.

[modifier] Nettoyage anal

Il existe une grande variété de méthodes utilisées pour se nettoyer après la défécation. Dans les endroits où les toilettes à chasse d'eau sont répandues, le papier toilette est largement utilisé, qui a l’avantage d’être relativement hygiénique et de pouvoir se décomposer par la suite s’il y a suffisamment d’eau. Le papier toilette a pour inconvénient principal son approvisionnement : il peut être peu accessible dans certaines zones reculées et peut rester cher pour les plus démunis. Il est dans ce cas remplacé par du papier journal par exemple, qui se décompose moins facilement.

L’eau est employée à de nombreux endroits en raison de la tradition ou de la religion (à nouveau, l’islam) : c’est le cas par exemple en Asie du Sud-Est, dans la péninsule indienne, au Yémen, à Zanzibar, au Kirghizistan… l’inconvénient est qu’il faut disposer d’une quantité d’eau suffisante. Pour aider au nettoyage, la main est utilisée dans de nombreux pays ; il s’agit la plupart du temps de la main gauche[2], et certains tabous sont associés à cette main : par exemple, il ne faut pas manger avec la main gauche, mais seulement la droite ; de même pour serrer la main d’une personne rencontrée, etc.

Enfin, suivant ce qui est disponible sur place, d’autres matériaux sont utilisés, notamment dans les zones rurales et les zones péri-urbaines paupérisées ; il peut s’agir de pierres suffisamment lisses, de feuilles, d’épis de maïs, de boules de terre, de papier journal, de branches, etc. Ces objets sont plus volumineux et peuvent bloquer l’égout ou remplir trop rapidement une fosse de latrine ; ils doivent donc être collectés à part.

Contrairement à maintes idées reçues, l'utilisation d'eau lors du nettoyage anal présente l'avantage de mieux éliminer les matières fécales. Cette méthode est donc plus hygiénique dans la mesure où il est, ensuite, possible de se laver les mains ou si l'on possède un de ces petits jets qui délivrent une eau fraiche et sous pression.[réf. nécessaire]

[modifier] Attitudes fécophile et fécophobe

Les différentes cultures se distinguent aussi selon la façon dont les excréments sont perçus ou manipulés, ce qui peut être distingué comme attitudes « fécophile » ou « fécophobe »[2]. Dans les cultures fécophobes, les excréments sont principalement vus comme malodorants et porteurs de maladie ; les toucher est un tabou. C’est notamment le cas dans l’hindouisme qui codifie certaines attitudes comme « pures » ou « impures ». L’impureté des excréments fait que seule la caste des intouchables peut y toucher. Les sociétés nomades sont de même fréquemment fécophobes, car elles ne disposent que rarement de toilettes ou de latrines fixes ; percevoir les excréments d’autres personnes ou communautés sur le sol est perçu comme un signe de danger.

Les sociétés dites « développées » sont aussi fréquemment fécophobes : les toilettes à chasse d’eau reliées à l’égout permettent de minimiser autant que possible le temps que l’usager passe à percevoir ses excréments et permet de les oublier presque entièrement. Ainsi, l’évocation de la défécation en soi est même un tabou et n’est souvent tolérée qu’à propos de petits enfants ou de personnes malades. Il n’est dès lors pas étonnant que dans ces cultures les expressions tournant autour des matières fécales et de la défécation soient considérées comme vulgaires, à valeur exclamative (Merde alors !), dépréciative (C’est chiant.) ou insultantes (Va chier !).

À l’opposé, dans d’autres cultures et notamment en Chine rurale, les excréments humains étaient fréquemment utilisés comme fertilisants en les mettant directement au sol, compostés ou non ; encore de nos jours, dans la plupart des campagnes chinoises il n’y a pas de problème pour sentir, toucher ou parler des excréments ; une telle société peut être qualifiée de fécophile.

[modifier] Littérature

Dans de nombreuses cultures, la défécation est un tabou, contrairement à l’acte de s’alimenter. L’écrivain de science-fiction américain Philip K. Dick a inversé ce schéma dans À rebrousse-temps où la prise de matières fécales dans une défécation inversée (le temps tourne à l’envers) est un acte social et la déglution (l’alimentation à l’envers) un tabou.

[modifier] Notes

  1. ab Duncan Mara, Low-Cost Urban Sanitation, 1996, Wiley & Sons.
  2. ab Uno Winblad et Mayling Simpson-Hébert (éds.), Ecological Sanitation, 2e édition, Stockholm Environment Institute, 2004, 147 p. (ISBN 91-88714-98-5)

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

Documentaire:

  • Au nom de la rose : reportage diffusé le 07/06/2008 dans le cadre de la série de trois émissions La Fabuleuse Histoire des excréments, en trois parties, sur la chaine de télévision Arte - Au nom de la rose sur le site d'Arte.