Corset

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Femme défaisant son corset, vers 1870.
Femme défaisant son corset, vers 1870.

Un corset est un sous-vêtement (aujourd'hui porté plus volontiers en vêtement de dessus) comportant des baleines destinées avant tout à affiner la taille et accentuer ainsi les courbes naturelles féminines, ainsi qu'à maintenir le buste et les hanches.

Sommaire

[modifier] Les différentes sortes de corsets

Il existe également des corsets orthopédiques utilisés pour redresser les déviations de la colonne vertébrale dans les cas de scoliose ou de cyphose. Ces corsets peuvent être aussi utilisés pour soulager les articulations intervertébrales dans le cas de lombalgies.

Ce vêtement oscille entre une connotation très masculine (corset à armer, corset de fer), destiné aux militaires, et un sens usuel, le plus féminin qui soit. Les femmes ont utilisé des corsets presque sans discontinuer du XVIe siècle jusqu'à la mode des robes tubes dans les années 1920 pour se donner une taille de guêpe, ce qui consistait à avoir la taille très fine par rapport aux hanches et à la poitrine.

Il est intéressant de noter que les zones considérées comme les plus érotiques ou significatives du corps féminin ont beaucoup changé suivant les époques : si aujourd'hui c'est la poitrine qui est souvent la partie la plus érotisée, au XIXe siècle c'était bien la taille et sa finesse qui étaient le plus regardées. Le corset n'affinait donc pas la taille pour mettre en valeur, par contraste, la poitrine ou les hanches, mais bien pour la taille elle-même ; on a d'ailleurs à de nombreuses époques utilisé des rembourrages divers sur les hanches, pour accentuer visuellement la finesse de la taille.


[modifier] Histoire du corset

Dans l'Antiquité, les femmes cherchaient déjà à mieux marquer et affiner leur taille : les Grecques par de larges ceintures serrées, les Crétoises (et aussi les hommes Crétois) par des ceintures de cuir. Mais le corset tel qu'on l'entend aujourd'hui, baleiné, n'existe qu'à partir de la Renaissance (et non du Moyen-Âge, qui l'ignorait complètement).

Silhouette conique, pointe basse à la taille, poitrine aplatie. Pas ou peu de réduction de taille du XVIe au XVIIIe siècle, plutôt une « mise en forme » conique du buste. Venu de l'univers masculin et militaire, le corset est plutôt perçu comme une « armure » physique et morale réservée à la haute société.

Silhouette conique, apparition de petits panneaux décoratifs en bas.

Silhouette conique, apparition de la « pièce d’estomac », souvent amovible, richement ornée sur le devant. Du XVIe au XVIIIe siècle, le corset est plus fréquemment appelé corps à baleines.

En France, suite à la Révolution, brève disparition du corset (mode « romaine » puis « taille Empire »).

Retour du corset, de forme foncièrement différente : réduction de la taille (qui reste assez haute), long sur les hanches, seins non plus écrasés vers le haut mais soutenus et séparés. La pièce d'estomac typique du XVIIIe siècle a disparu.

Corset vers 1880, montrant un busc cuillère.
Corset vers 1880, montrant un busc cuillère.

Disparition des bretelles, vraie réduction de taille, construction en « bandes » verticales. Apparition du baleinage métallique (et non plus, ou rarement, en fanons de baleines). Invention du busc métallique à crochets.

Le corset est très court, à la fois bas sur la poitrine (il couvre à peine les mamelons, et le sein se porte bas…) et sur les hanches.

Le corset s’allonge. Parfois des pièces d’élastique, matériau nouveau, sont insérées sur les hanches. On utilise beaucoup de « goussets » (pièces triangulaires) pour la poitrine et/ou les hanches.

Publicité, vers 1890.
Publicité, vers 1890.

Le buste s’allonge encore.

C’est l’âge d’or du « busc cuillère », non plus droit mais accompagnant l’arrondi du ventre. La couleur apparaît.



Ce sont les corsets de cette période (la seconde moitié du XIXe siècle) qui se sont le plus imprégnés dans l'imaginaire collectif et viennent immédiatement à l'esprit quand on parle de corset - bien que ceux-ci aient pu prendre des formes très différentes. Ils ont la fameuse forme « en sablier ».


Changement important de forme : le busc (fermeture devant) devient très droit, très rigide et plus large, le ventre ne fait plus aucun arrondi, les pièces du corset sont taillées très différemment. Les fesses sont projetées en arrière, très cambrées, les hanches larges. La poitrine est basse. C'est le nouveau corset dit « droit devant » ou corset abdominal, inventé par Inès Gaches-Sarraute.

  • Corset-rubans

Variante éphémère et légère, vers 1900, destinée à faire du sport (équitation, etc.). Peu restrictive.

La ligne de poitrine n’en est plus une, puisque le haut du corset est tombé au niveau du foie ; le bas s’allonge sensiblement.

Le corset continue de « tomber » pour évoluer vers la gaine. La taille n’est presque plus marquée tandis que les hanches et cuisses sont écrasées, pour satisfaire au look « tubulaire » des années 1920.

Le corset à proprement parler n'existe plus, remplacé par des gaines élastiques beiges et roses qui connaîtront des avatars divers suivant les décennies. Dans les années 1950-60, la femme retrouve brièvement une vraie taille (cf. le New Look de Dior et les pin-ups américaines).

Quelques vrais corsets sont encore fabriqués, mais pour le théâtre, l’opéra, les séances photos de stars de cinéma. Au quotidien, le corset n’existe plus. Il laisse des traces en lingerie, où il ne réduit plus la taille, n’est plus baleiné, mais redevient esthétique : guêpière, bustier.

  • Corsets modernes

Le corset fait un retour depuis la fin du XXe siècle, d’abord timide dans les années 1980, plus marqué depuis la fin des années 1990. Les vrais corsets existent à nouveau, en marques de prêt-à-porter ou faits sur mesure par des corsetiers, et séduisent aussi bien les nouvelles mariées que les gothiques.


[modifier] Quelques clichés

Le corset est sans doute l'un des vêtements qui véhicule le plus d'images fausses et de clichés étonnants dans l'esprit du grand public.[réf. nécessaire] Pourtant la lecture d'ouvrages de fond sur l'histoire du costume, ses significations sociales et ce qui était réellement pratiqué à l'époque, l'intérêt porté à ceux qui aiment mettre des corsets encore aujourd'hui et à ce que leur expérience nous apporte, le fait de se pencher sur les arts et techniques de la corseterie, permettent de distinguer aisément le vrai du faux. Voici analysés les clichés les plus courants :


  • "Certains médecins enlevaient les côtes des femmes pour qu'elles puissent serrer davantage leur corset" : ce cliché très courant est selon cette page une rumeur mensongère[1] Selon cette critique, l'état des techniques chirurgicales à la fin du XIXe siècle (sans parler de l'anesthésie encore balbutiante, pratiquée au chloroforme...), impliquait un taux de décès considérable lors de toute opération chirurgicale invasive, parfois de 50% et plus. "Croire au mythe des côtes enlevées chirurgicalement à la fin du XIXe siècle, c'est croire que, à une époque où même la plus simple opération chirurgicale se révélait souvent fatale, les femmes faisaient la queue pour prendre ce risque et les chirurgiens recousaient joyeusement à tour de bras[1]." Valerie Steele, conservateur du Musée de la Mode à New-York et autorité mondiale en matière de corsets, va jusqu'à affirmer qu' "aucune femme de l'ère victorienne ne s'est jamais fait enlever une côte". Apparemment le canular existait déjà dans les années 1900. Il aurait été lancé par l'imprésario d'une actrice en 1890 pour la rendre intéressante grâce au scandale. Même si une ou deux femmes très fortunées et inconscientes l'avaient fait (ce qui ne semble déjà pas être le cas : on n'a strictement aucun nom de femme riche, célèbre ou aventureuse, qui aurait réellement pratiqué cette opération si extraordinaire qu'elle n'aurait pas manqué de faire les titres des journaux, et de rendre un médecin célèbre...), ce n'a en aucune façon été une pratique répandue chez une partie des femmes de l'époque.
  • "Certaines femmes de 1900 sont mortes à cause d'organes perforés par des côtes écrasées par leur corset". Encore une exagération majeure. Le seul récit de fait divers dont on ait trace à ce sujet, est l'histoire d'une jeune fille de 16 ou 18 ans ; lors d'un bal (dont la date fluctue entre 1850 et 1910 suivant les sources, autre caractéristique des rumeurs), où elle voulait séduire par l'extraordinaire finesse de sa taille, la jeune femme aurait serré son corset bien au-delà de ce dont elle avait l'habitude. Complimentée par tous lors de la soirée, elle aurait en fait souffert le martyre et serait morte quelques jours après. L'autopsie aurait révélé que la perforation du foie par une côte cassée était à l'origine de la mort. L'invraisemblance médicale du récit n'a pas empêché sa diffusion. D'abord, une jeune fille avec le foie perforé se tordrait de douleur par terre, plutôt que d'être complimentée sur sa bonne mine. Ensuite, l'autopsie était-elle réellement aussi facilement pratiquée à l'époque, surtout pour un cas qui relevait visiblement de la maladie et non du meurtre - n'est-ce pas plutôt une projection de nos habitudes actuelles ? Enfin, ceux qui n'ont jamais porté de corset ne peuvent pas le savoir, mais il ne suffit en aucun cas d' "ignorer la douleur" pour pouvoir serrer autant que l'on veut, quitte à se briser les côtes : le corps résiste à la pression, au-delà d'un certain point on ne peut serrer plus. Techniquement, il est impossible de briser un os avec un corset tel qu'on sait parfaitement qu'ils étaient fait à l'époque, dans des conditions de santé normales. Peut-être ce malheureux accident est-il arrivé à une ou deux femmes à l'occasion, probablement fragilisées par une ostéoporose ou autre maladie osseuse, transformant leur cas en un fait divers de journal à sensation ; en aucun cas cela n'a été une chose relativement courante !
  • "Le record de la taille la plus fine en ce temps était de 16 centimètres (la même taille qu'un cou)". Les centimètres ont visiblement été confondus avec des pouces anglais (inches). Une taille considérée comme déjà trop fine au XIXe siècle (au point d'être vraiment vue comme excessive et peu esthétique, même à l'époque), et atteinte par seulement une poignée de femmes qui avaient choisi de s'y consacrer corps et âme, était de 16", soit 40,5 cm (source : le livre de Valerie Steele)(Il faudrait comparer cette mesure avec un cou de femme qui, même très fin, fait plus de 30 cm de circonférence, voire 35 cm et plus ). Il s'agissait donc bien de pouces et non de centimètres. Pour plus ample information, le tightlacing (port d'un corset 23h/24 sauf pour la douche, 7 jours/7) est pratiqué aujourd'hui par une petite poignée de passionnés dans le monde, essentiellement aux USA dans le même type de conditions que les femmes des années 1850-1910, et fournissent ce faisant une quantité énorme de données sur ce qui est possible et ce qui ne l'est pas. Une taille de 16 cm ne l'est pas. La taille la plus fine jamais enregistrée au monde, et qui est une exception considérable, est celle d'Ethel Granger (1905-1982)[2] : 13", soit 33 cm, vers 1938, enregistré au Livre Guinness des records. L'actuelle championne du monde est Cathie Jung, avec une taille de 15", soit 38 cm[3].

[modifier] Références bibliographiques

Les livres les plus complets sur le sujet sont en anglais :

  • (en) Valerie Steele, The Corset: A Cultural History, Yale University Press, 1er novembre 2001, 240 p. (ISBN 0300090714)
    Essai documentaire richement illustré, par la conservatrice du Musée de la Mode à New York.
  • (en) Leigh Summers, Bound to Please: A History of the Victorian Corset, Berg Publishers, 1er octobre 2001, 288 p. (ISBN 1859735304)
  • (en) Jane Ashelford, The Art of Dress: Clothes and Society 1500-1914, Harry N. Abrams, 1er septembre 1996, 320 p. (ISBN 0810963175)
  • (en) C. Willett et Phillis Cunnington, The History of underclothes, Dover Publications, 26 mai 1992, 272 p. (ISBN 0486271242)
  • (en) Gilles Néret, 1000 Dessous: A History of Lingerie, Taschen Verlag, février 1998, 767 p. (ISBN 3822876291)

Il en existe cependant quelques-uns en français qui traitent partiellement du corset :

  • (fr) Caroline Cox (trad. Denise Secleve-Ganderton et Solange Roussat), Lingerie : langage du style, éd. du collectionneur, Paris, 15 mai 2000, 192 p. (ISBN 290945066X)
    Tout le premier chapitre est consacré à l'histoire du corset
  • (fr) Béatrice Fontanel, Corsets et soutiens-gorge : l'épopée du sein de l'Antiquité à nos jours, La Martinière, Paris, 1992, 159 p. (ISBN 2-09-290566-X)
    Épuisé ; disponible dans sa version anglaise : Support and seduction: A history of corsets and bras


Il existe également un roman fantastique :

  • (fr) Julie Peyr, Le Corset, Denoël, Paris, 2005, 245 p. isbn=2-207-25682-0, disponible

[modifier] Voir aussi

Pages sur ce thème sur les projets Wikimedia :

[modifier] Liens externes

Le corset est un sujet peu traité en France, alors qu'une abondante littérature papier et en ligne existe à son sujet aux États-Unis, en Angleterre et dans une moindre mesure en Allemagne.

[modifier] Notes et références

  1. ab site qui référence les urban legends et qui démonte de façon fort argumentée, ce cliché qui a la vie dure (lire depuis la moitié de la page à peu près, à partir de "If it's any comfort, at least the rumor is an old one").
  2. Ethel Granger
  3. Cathie Jung