Codex d'Alep

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Une page du codex (Deutéronome).
Une page du codex (Deutéronome).

Le Codex d'Alep (hébreu: כֶּתֶר אֲרָם צוֹבָא, Keter Aram Tsova, anglais : Aleppo codex) est la plus ancienne version connue de la Bible hébraïque, selon la massora tibérienne. Il aurait été écrit entre 910 et 930 de notre ère. Cependant, il n'est plus, contrairement au codex de Leningrad, complet depuis 1947: 1/3 de ses pages sont manquantes, y compris la plus grande partie de la Torah. Il demeure néanmoins la plus grande autorité en matière de 'massora ("transmission", la tradition par laquelle les Écritures hébraïques ont été préservées à travers les générations[1]), et donc le plus fiable concernant le texte biblique et sa vocalisation, ou cantillation.

Le codex d'Alep fut le manuscrit utilisé par le rabbin et érudit Moïse Maïmonide (1135-1204), qui s'en servit pour édicter les règles exactes de rédaction de rouleaux de la Torah[2]. Ces décrets halakhiques conférèrent au codex d'Alep un sceau d'autorité suprême, bien que Maïmonide ne s'en soit servi qu'au sujet des sections ouvertes et fermées, et non pour le texte lui-même.

Sommaire

[modifier] Rédaction et édition du codex

Selon les indications laissées dans les dernières pages du codex, ses consonnes auraient été copiées par un scribe du nom de Shlomo ben Bouya'a en Israël aux alentours de 920. Le texte fut ensuite vérifié, vocalisé, et doté de notes massorétiques par Aharon ben Moshe ben Asher. Celui-ci était le dernier et plus illustre descendant de la famille Ben Asher, grammairiens, scribes et massorètes éminents depuis cinq générations, ayant établi la version la plus exacte de la Massora, donc de la Bible hébraïque.

Le codex de Leningrad, daté de la même période, aurait été réputé sortir du scriptorium de Ben Asher. Cependant, son propre colophon indique seulement qu'il fut corrigé d'après des manuscrits rédigés par Ben Asher, et il n'existe aucune preuve permettant d'attester que Ben Asher l'aurait eu sous les yeux.

[modifier] Contenu du Codex

À la lumière des recherches sur le codex d'Alep (principalement la description de Cassuto), on peut reproduire sa structure et énoncer le nombre de pages perdues. Il semble que le codex d'Alep avait jusqu'en 1947 491 pages, dont 295 ont survécu, et 196 ont été perdues. Les parties absentes du codex d'Alep sont[3] :

  1. Les sept premières pages, qui incluaient les chapitres du diqdouq haMasora, le commentaire grammatical massorétique.
  2. Cent dix-huit pages, contenant le Deutéronome à partir de Deutéronome 28:17.
  3. Trois pages du second livre des Rois (2 rois 14:21-18:13).
  4. Trois pages du livre de Jérémie (29:9-31:34) – et la page précédant ce trou est partiellement déchirée.
  5. Trois pages des 12 prophètes (les petits prophètes) - Amos 8:13 à Michée 5:1.
  6. Quatre pages de la fin des 12 prophètes – la fin du Livre de Sophonie jusqu'au Livre de Zacharie 9:17 (y compris le Livre d'Aggée).
  7. Deux pages des psaumes (15:1-25:1).
  8. Trente-six pages des Autres Écrits – depuis le cantique des cantiques 3:11 jusqu'à la fin (incluant l'Ecclésiaste, le Livre des Lamentations, le Livre d'Esther, le Livre de Daniel, le Livre d'Ezra et le le Livre de Néhémie.
  9. Une page de la partie contenant les auteurs puis les propriétaires du codex.
  10. Vingt pages à la fin du codex, avec les annotation massorétiques.

Le codex était complet jusqu'en 1947, mais à cette date, les émeutes anti-juives de Syrie l'ont considérablement abîmé.

Le codex suit le même ordre des livres que le codex de Léningrad, lequel suit la tradition de Tibériade. L'ordre des livres est similaire à celui des autres bibles hébraïques, sauf pour la section des Ketouvim ou l'ordre était (avant la disparition de certaines parties en 1947) : Chroniques, Psaumes, Job, Proverbes, Ruth, Cantique des Cantiques, Ecclésiaste, Lamentations, Esther, Daniel, Ezra-Néhémie.

[modifier] Histoire du Codex

Vers le milieux du XIe siècle, un siècle après sa rédaction, le livre à été dédié à la communauté karaïte de Jérusalem (selon ses pages de fin, qui décrivent ses auteurs et ses propriétaires) par le karaïte Yisrael Ben Simha, de Bassora (Irak actuel). On ignore tout de sa situation pendant ce siècle. Selon une hypothèse, il était resté dans la famille ben Asher. Selon un autre, il avait été vendu à des karaïtes avant sa dédicace par ceux-ci à la communauté de Jérusalem[4]. Cette appartenance aux karaïtes est utilisé comme argument pour soutenir l'hypothèse selon laquelle le célèbre Massorète Aharon ben Moshe ben Asher était lui-même karaïte.

Au moment de la première croisade, le livre part en Égypte dans des circonstances inconnues, peut-être après le paiement d'une rançon aux croisés (ce type de manuscrit avait déjà une énorme valeur). Le codex aurait ensuite été utilisé par Maïmonide. Celui-ci, dans son livre Mishneh Torah parle d'un livre de 24 rouleaux, revu par Aharon ben Moshe ben Asher, et qui venait de Palestine. Une telle description correspond parfaitement au codex. A compter du XVe siècle, la communauté d'Alep, propriétaire du codex, a une tradition, attestée par des sources de l'époque (témoignage de Sa’adia Ben David Ha’adani), selon laquelle le codex avait appartenu à Maïmonide. L'hypothèse selon laquelle le codex a été utilisé par Maïmonide est donc crédible, mais pas certaine. Le professeur Moche Cassuto, qui avait travaillé sur le livre, a plusieurs fois indiqué (sans explication) avant sa mort en 1951, qu'il ne croyait pas à cette théorie. Dans son livre de 1989 The Aleppo Codex in the Light of the Notes made by M. D. Cassuto, Yosef Ofer conclut que le professeur Cassuto s'est trompé et que le livre est bien celui mentionné par Maïmonide[4].

D'Égypte, le codex aurait gagné Alep (Syrie actuelle), peut-être vers la fin du XIVe siècle, ou il est resté jusqu'au XXe siècle.

Le 2 décembre 1947, lors des émeutes anti-juives qui font suite à la décision de l'ONU de créer un état Juif sur une partie de la Palestine, le codex a été jeté au sol et éparpillé. Malgré ce qui est souvent dit, on n'a pas trouvé de trace de feu, mais une partie des pages ont disparu, sans doute emmenées par des émeutiers ou par des membres de la communauté[4]. Il est possible qu'elles aient brûlées, mais le reste du codex ne porte pas de trace de flamme.

Le codex a alors été caché pendant une dizaine d'année par la communauté juive de Syrie, jusqu'à ce qu'il parvienne en Israël en 1958. Sur les parties manquantes, une page a été restituée en décembre 1982 par une famille juive d'Alep émigrée à Brooklyn, aux USA[5]. Le codex est aujourd'hui exposé dans le Sanctuaire du Livre du Musée d'Israël, sous la copie du Rouleau d'Isaïe.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. M. H. Goshen-Gottstein, "The Aleppo Codex and the Rise of the Massoretic Bible Text" The Biblical Archaeologist 42.3 (Summer 1979), pp. 145-163.
  2. Mishneh Torah, Hilkhot Tefillin, Mezouzah veSifrei Torah, chap. 8 : "Le codex utilisé pour ces travaux est le codex connu en Égypte, qui inclut 24 livres, et était à Jérusalem."
  3. The Extant Parts of the Aleppo Codex, sur le site consacré au codex. Consulté le 03/08/2007.
  4. abc The Vicissitudes of the Aleppo Codex sur le site dédié au codex. Consulté le 03/08/2007.
  5. The Aleppo codex, sur le site Bible research, consulté le 03/08/2007.