Abbeville

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Cet article concerne la ville française. Pour les autres lieux portant ce nom, voir Abbeville (homonymie).
Abbeville

Pays
drapeau de la France
     France
Région Picardie
Département Somme
(sous-préfecture)
Arrondissement Abbeville
(chef-lieu)
Canton Abbeville-Nord
(chef-lieu)
Code Insee 80001
Code postal 80100
Maire
Mandat en cours
Nicolas Dumont
2008-2014
Intercommunalité Communauté de communes de l'Abbevillois
Coordonnées
géographiques
50° 06′ 21″ Nord
         1° 50′ 09″ Est
/ 50.1058, 01.8358
Altitudes moyenne : 8 m
minimale : 2 m
maximale : 76 m
Superficie 2 642 ha = 26,42 km²
Population sans
doubles comptes
24 567 hab.
(1999)
Densité 930 hab./km²
Gentilé Abbevillois
Site http://www.abbeville.fr
Carte de localisation de Abbeville

Abbeville est une commune française, située dans le département de la Somme et la région Picardie. Chef lieu d'arrondissement de la Somme, sur la Somme.
Les habitants d'Abbeville sont appelés les Abbevillois. C'était la capitale du Ponthieu.

Sommaire

[modifier] Étymologie et anciennes formes du nom

Le nom a été très changeant : Brittania (au IIIe siècle), Abacivo villa (au VIe siècle), Bacivum palatium, Cloie et Cloye (au VIIe siècle), Abacivum villa, Basiu, Haymonis villa, Abbatis villa, Abbevilla (au XIe siècle), Abbavilla, Abedvilla, Abatis villa, Abbasvilla, Abbisvilla, Abbevile en 1209, Abbevilla in ponticio en 1213, Abisvil, Abeville en 1255, Abbeville en 1266, Abbisville, Abbeville en Pontiu (XIIIe siècle), Albeville, Aubeville en 1358, Albeville en 1347, Aubbeville, Aubeville, Abevile (1383), Abbativilla, et enfin Abbeville, signifie la ville de l'abbé qui dépendait autrefois de l'abbaye de Saint-Riquier.
On trouve aussi Hableville en 1607 et Ableville en 1643 de hable ou havre de mer.

[modifier] Communes limitrophes

Abbeville est borné par 8 communes :
Au nord : Buigny-Saint-Maclou et Drucat; au nord-est : Caours; à l'est : Vauchelles-les-Quesnoy; au sud-est : Épagne-Épagnette; au sud : Mareuil-Caubert; à l’ouest : Cambron; au nord-ouest : Grand-Laviers.

[modifier] Géographie

Abbeville, située sur la Somme à 45 kilomètres en aval d'Amiens, se trouve également à 10 kilomètres à vol d'oiseau de la baie de Somme et de la Manche.
Juste à mi-chemin entre Rouen et Lille, c'est la capitale historique du comté de Ponthieu et de la Picardie maritime.

[modifier] Quartiers, hameaux et lieux-dits

  • Le parc municipal de La Bouvaque, situé au nord de la ville, est longé par le boulevard de la République.
  • Le parc d'Emonville au milieu duquel se dressent les archives de la bibliothèque municipale, au sud du boulevard de la République.

[modifier] Rouvroy, à l'Ouest

Rouvray (du latin roborem, moyen français robre = chêne) se rapporte donc au chêne indique un bois de chêne ou un chêne remarquable.

[modifier] Mautort, à côté de Rouvroy

Mautort est un ancien fief situé entre Cambron et Abbeville. Il est à l'origine du nom noble de Mautort, qui subsiste dans le nom de famille Tillette de Mautort. Le nom tort est attesté en ancien français avec le sens de détour et Mau (du latin malus) = mauvais.

C'est à Mautort où il fut construit l'Église de Saint-Silvin de Mautort qui fut au départ une simple chapelle de marins fondée au XIe siècle, qui subit de nombreuses modifications (XIVe, XVe, XVIe et XIXe siècles).

[modifier] Administration

La ville est une sous-préfecture.

Liste des maires successifs
Période Identité Parti Qualité
1947 1989 Max Lejeune UDF-PSD
1989 1995 Jacques Becq PS
1995 2008 Joël Hart UMP
2008 Nicolas Dumont PS Conseiller spécial du Président de la Région Picardie
Toutes les données ne sont pas encore connues.

[modifier] Démographie

Évolution démographique
1698 1794 1836 1851 1872 1906 1936 1946 1954 ... 1962 1968 1975 1982 1990 1999 2007
17 982 18 125 18 247 18 174 18 208 20 704 18 819 16 780 19 502   22 005 23 999 25 398 24 915 23 787 25 439 23 800
Nombre retenu à partir de 1962 : Population sans doubles comptes

En 1851 comme de nos jours encore, Abbeville est la deuxième commune du département par l'importance de sa population.

[modifier] Devise

Abbeville se vantait de n'avoir jamais été prise et se faisait appeler « Abbeville la pucelle ». Aussi les rois capétiens, pour récompenser sa fidélité, lui accordèrent de nombreux privilèges, et Charles V enrichit son blason du chef de France et de la glorieuse devise : « Semper fidelis » (toujours fidèle), par lettres patentes de 1369, datées de Vincennes.

[modifier] Nom jeté

Le nom jeté des Abbevillois est « chés bourgeois d'Adville ».

[modifier] Histoire

Bien que les recherches de Boucher de Perthes aient mis en évidence une occupation du site d'Abbeville (quartier du Moulin-Quignon) d'époque acheuléenne, il faut s'imaginer l'endroit à l'époque romaine comme une succession de marécages, semblables aux marais de Saint-Gilles qui subsistent aujourd'hui. Plus au nord, tout le plateau entre l'Authie et la Somme était couvert d'une forêt primaire. Les Romains avaient dû entamer ce massif forestier pour le passage de la grande voie d'Amiens au village de Ponches d'une part, et d'autre part à l'Ouest par la chaussée reliant le Beauvaisis à Boulogne-sur-Mer.

Le couple Abbeville / Saint-Valery-sur-Somme constitue la clef de l'énigme historique du débarquement de Maxime et de ses troupes britto-romaines au printemps 383. (St-Valery = Leuconos > Pors Liogan; Abbeville = Talence > Tolente). La route en direction de Paris passe tout près du Vieux-Rouen-sur-Bresle, où a été identifié le personnage Himbaldus (Château-Hubault).voir en bibliographie et liens externes)

La Vierge et l'Enfant dite Vierge d'Abbeville, conservée au musée du Louvre, proviendrait du couvent des Ursulines d'Abbeville
La Vierge et l'Enfant dite Vierge d'Abbeville, conservée au musée du Louvre, proviendrait du couvent des Ursulines d'Abbeville

Dès le XIIe siècle, l'abbé ouvrit aux lépreux un hospice, la maladrerie des Frères du Val, déplacée à Grand-Laviers au siècle suivant, devant l'extension urbaine. Désormais accessible aux bateaux, Abbeville devint un port de la Manche[1] sous la dépendance des abbés de Saint-Riquier. Par la suite, l'ensablement de la baie de Somme a repoussé la mer (12 km), mais la ville continua d'être un port de commerce.

Avec le développement rapide du commerce du sel (depuis Rue), de la guède (waide en picard) et de l'industrie du drap de laine, les bourgeois augmentent en nombre et en importance politique : ils demandent une charte accordée en 1184. Pour commémorer l'événement, ils édifient un beffroi en 1126. Un siècle plus tard, Jeanne de Dammartin, comtesse de Ponthieu (1220 † 1278), permet aux religieux de convertir une partie supplémentaire des forêts en terres labourables, permettant le développement de l'économie locale.

Touchée de près par l'expédition anglaise de 1346, Abbeville résiste aux armées ennemies, mais elle est cédée, avec le Comté de Ponthieu dont elle est la capitale, à la couronne d'Angleterre par le traité de Brétigny (1360). Comme les autres villes picardes, elle passe ensuite sous domination bourguignonne en 1404. Au cours de ces décennies, la région est dévastée par les pillages, les épidémies et les loups. Louis XI rachète Abbeville au duc de Bourgogne en 1463, mais son fils Charles le Téméraire revient sur cette cession en prenant la tête de la Ligue du Bien public. Louis XI échoue devant Abbeville en 1471, mais recouvre toute la Picardie à la mort du duc de Bourgogne en 1477.

En 1514, Louis XII épouse à Abbeville la fille d'Henri VII d'Angleterre, mais les Anglais se rangent finalement (1523) aux côtés de Charles Quint dans les guerres de François Ier. Le coup le plus sérieux porté à Abbeville est la série de raids anglais menés par le duc de Suffolk sur les côtes de l'estuaire en 1544, après la chute de Boulogne-sur-Mer et Montreuil-sur-Mer.

Vers le milieu du XVIe siècle, le commerce de la waide recule devant la promotion du pastel des pays du midi, et il faut restructurer l'artisanat. Colbert s'y emploie, et sous Louis XIV, la ville se développe grâce à l'installation des Van Robais, fabricants de draps et de tapisseries venus des Pays-Bas, qui créent en 1665 la Manufacture royale des Rames (ateliers de draperie).

En juillet 1766, le Chevalier de La Barre, accusé d'avoir, un an plus tôt, manqué au respect dû à une procession religieuse en refusant d'ôter son chapeau et d'avoir chanté des chansons impies, fut exécuté sur la place du Grand-Marché pour blasphème. Soumis à la question, ses jambes furent broyées. La main droite et la langue tranchée, son corps décapité fut finalement livré aux flammes, avec le Dictionnaire philosophique de Voltaire, sur ce même lieu. En 1907, un monument a été érigé par souscription volontaire près de la gare, sur les berges du canal de la Somme, en commémoration du martyre du jeune homme. On peut y voir une plaque de bronze représentatnt le supplice du chevalier de La Barre. Ce monument est encore aujourd'hui un lieu de rassemblement pour les laïques et les libres-penseurs. Aujourd'hui, un pavé, gravé de son nom et de la date de son exécution, est toujours visible sur la place de l'éxécution, nommée maintenant place Max-Lejeune, près de l'hôtel de ville. Le martyre du chevalier de la Barre servit à Voltaire de bannière dans son combat contre le fanatisme religieux[2] .

Sur le plan administratif, l’Abbevillois formait une subdélégation dont les ressorts se confondaient avec ceux de la délégation du même nom (située dans la généralité d’Amiens). À la veille de la Révolution, Abbeville fut le chef-lieu d’un bailliage électoral principal (sans bailliage secondaire).

Victor Hugo fut trois fois de passage à Abbeville, en touriste :

- en 1835, il y séjourna successivement à partir du 26 juillet (après être descendu à "L'Écu de Brabant"), puis les 4 et 5 août (en étant hébergé à "L'Hôtel d'Angleterre")
- en août et septembre 1837, arrivé d'Amiens après avoir descendu la Somme en bateau à vapeur
- en 1849, quittant la ville sous la pluie le 11 septembre.

1849 : Comme dans toutes les communes de France, la population masculine majeure put, pour la première fois, aller voter grâce à l'instauration du suffrage universel.

Lors de la Première Guerre mondiale, la ville ne sera jamais occupée par les troupes allemandes (Comme l'atteste le monument édifié sur le mont de Caubert). Lors des batailles de la Somme, elle accueillera un hôpital militaire (le 3rd Australian General Hospital). L'écrivain André Maurois, dans Les Silences du colonel Bramble décrit plaisamment l'esprit commerçant intact des habitants dans les derniers mois de la guerre. Comme Amiens et Beauvais, la commune est partiellement détruite et les séquelles de guerre sont nombreuses aux environs, notamment en raison des munitions non explosées qui perturbent encore l'agriculture, les chantiers ou l'industrie de la betterave sucrière. En 1918, elle fut le siège de deux conférences franco-britanniques (conférences d'Abbeville) : celle du 25 mars, entre le maréchal Haig et les généraux Wilson et Foch, prépara la conférence de Doullens. Au cours de la seconde le 2 mai, Foch réclama l'autorité sur le front italien mais n'obtint qu'un pouvoir de coordination. C'est à la conférence d'Abbeville (1er et 2 mai 1918) alors que les armées s'affaiblissent que Foch face à Clemenceau et Lloyd George aurait envisagé un repli vers le sud pour protéger la capitale, s'il advenait que les armées françaises et anglaises soient séparées et qu'elles ne puissent plus défendre à la fois l'accès aux ports de la Manche et à Paris, l'armée anglaise devant alors se replier et résister sur la Somme. Ce qui pourra être évité grâce à l'aide américaine.

Le 3 mai 1936, les électeurs de la 1re circonscription d’Abbeville ne dérogèrent pas au large mouvement populaire. Au 2e tour, ils choisirent pour député Max Lejeune qui, à 27 ans, fut alors le plus jeune élu de la Chambre.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, la ville fut à nouveau en grande partie détruite par les bombardements allemands et anglais, qui firent disparaître à jamais les anciennes maisons à pans de bois et encorbellements. Abbeville fut libérée en septembre 1944 par l'armée Polonaise, qui entra par le faubourg de Rouvroy.

En 2001, la ville, comme toute la vallée de la Somme, eut à souffrir des inondations. La gare fut inaccessible, les voies ferrées étant recouvertes par plusieurs centimètres d'eau.

[modifier] Monuments et lieux touristiques

Collégiale Saint-Vulfran
Collégiale Saint-Vulfran
Le beffroi
Le beffroi

Le côté pittoresque du centre-ville, avec les rues bordées de maisons anciennes rayonnant vers Saint-Vulfran, n'est plus qu'un fantôme depuis la Seconde Guerre mondiale. Ont pourtant été préservés (après « quelques » restaurations) :

Son saint-patron (fêté le 20 mars) est saint Wulfran de Fontenelle, né vers 650, à Milly (Gâtinais), seigneur à la cour de Clotaire III, abbé de Fontenelle, archevêque de Sens en 682, évangélisateur de la Frise. Il mourut en 720 à Saint-Wandrille.
  • Le beffroi, l'un des plus anciens de France, construit en 1209. Le 20 mai 1940, lors d'un bombardement, sa toiture fut endommagée et ce n'est qu'en 1986 qu'elle fut refaite. Le beffroi obtint en 2005 son inscription sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO (voir Beffrois de Belgique et de France), et accueille aujourd'hui le musée de la ville.
  • L'église Saint-Sépulcre, possédant des vitraux réalisés par Alfred Manessier.
  • Le parc d'Emonville et la bibliothèque municipale
  • Le Monument La Barre, érigé en 1907 par souscription volontaire, en commémoration du martyre du chevalier de La Barre. Placé près de la gare, à côté du pont sur le canal de la Somme, le Monument La Barre est un point de ralliement annuel, le premier dimanche de juillet, des défenseurs de la laïcité et des libres-penseurs.

[modifier] Personnages célèbres

En son hommage, le musée et lycée public portent son nom.
Les vitraux d'Alfred Manessier
Les vitraux d'Alfred Manessier

[modifier] Économie

Abbeville est le siège de la Chambre de commerce et d'industrie d'Abbeville - Picardie maritime. Elle gère des ports, l'aérodrome et des zones industrielles de l'arrondissement d'Abbeville.

[modifier] Jumelages

[modifier] Sport

[modifier] Vie militaire

Unités ayant été stationnées à Abbeville:

[modifier] Notes

  1. En fait, les navires de mer accostent plutôt à cette époque à Grand-Laviers, mais les marchandises peuvent être amenées par de grosses barques au cœur même de la ville, comme en témoigne le faubourg du Guindal.
  2. Cf. notamment l'article Torture qu'il rajouta dans son Dictionnaire philosophique à la suite de l'événement.

[modifier] Bibliographie

  • Victor Hugo, Œuvres Complètes - Voyages, Collection "Bouquins", Editions Robert Laffont, Paris, octobre 1987, plus de 1300 pages.
  • Christian Morel de Sarcus, Déluges, roman, Prix Renaissance 2005, Editions Henry, novembre 2004, évocation des bombardements de 1940 et des inondations de la Somme, en 2001.
- Tome I, 462 p. - ISBN 2-84435-013-5
- Tome II, 550 p. - ISBN 2-84435-014-3

[modifier] Voir aussi

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Abbeville.

[modifier] Liens externes