Clef (musique)

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Dans le solfège, une clé — ou clef — est un signe graphique placé au début de la portée et dont la fonction est d'indiquer une note repère associée à une ligne.

La clé se trouve obligatoirement au début de toute portée, mais peut aussi se rencontrer ailleurs : dans ce cas, on a tout simplement affaire à un changement de clé, phénomène tout à fait comparable au changement de mesure.

Sommaire

[modifier] Les trois figures de clés

Il existe principalement trois figures de clés : la clé de fa, qui indique le fa N°2 et qui concerne les sons graves, la clé d'ut, qui indique le do N°3ut est l'ancien nom de la note do — et qui concerne les sons du médium, enfin, la clé de sol, qui indique le sol N°3 et qui concerne les sons aigus.

[modifier] Notation

clé de sol

clé de fa

clé d'ut

Le dessin des clés est dérivé des lettres G (pour sol), F (pour fa) et C (pour do ou ut), que l'on avait pris l'habitude de placer sur une ligne de la portée primitive — aux alentours du XIe siècle — afin d'attacher une hauteur absolue à la ligne en question. Les copistes ont ensuite progressivement transformé l'aspect de ces lettres jusqu'à aboutir au graphisme des clés actuelles. Cette trouvaille qui est en fait à l'origine de l'invention de la portée, est attribuée à un moine italien, Guido d'Arezzo.

[modifier] Les huit clés et leur position sur la portée

Chaque figure de clé pouvant en principe se fixer sur n'importe quelle ligne de la portée, on devrait disposer d'un total de 15 clés. Cependant, la pratique a seulement conservé deux clés de fa, quatre clés d'ut et deux clés de sol. Une clé part de Do à Si, le Sol 3 est donc de la même octave que Do 3.

  • Tableau récapitulatif des huit clés :
Les huit clés

[modifier] Le rôle des différentes clés

Chaque instrument ou chaque voix ayant son ambitus particulier — son étendue propre —, le choix de la clé permet d'écrire une partition pour cet instrument ou cette voix, en utilisant au maximum les cinq lignes de la portée, sans avoir à trop multiplier les lignes supplémentaires.

[modifier] Affectation traditionnelle

De nos jours, la clé indique uniquement une zone particulière de l'étendue des hauteurs. Jusqu'au milieu du XVIIIe siècle cependant, la clé déterminait plus précisément le type de voix — et, par extension, le type d'instrument — de destination.

  1. La clé de sol 1re, jadis utilisée par le violon — par exemple dans la musique française du XVIIe siècle — est de nos jours abandonnée.
  2. La clé de sol 2e, affectée aux sons aigus et à la mélodie en général, est au contraire celle dont l'usage est le plus répandu. C'est actuellement la clé de toutes les voix, excepté les voix graves masculines. Elle est utilisée par de nombreux instruments : violon, flûte, clarinette, trompette, main droite de la harpe et des instruments à clavier — piano, orgue, clavecin, etc. ainsi que par les instruments plus graves dans leur registre le plus aigu (alto, violoncelle)
  3. La clé d'ut 1re, jadis utilisée par la voix de soprano — voix aiguë des femmes et des enfants —, ne sert désormais qu'à la transposition orchestrale.
  4. La clé d'ut 2e, jadis utilisée par la voix de mezzo-soprano — voix moyenne des femmes et des enfants —, ne sert désormais qu'à la transposition orchestrale.
  5. La clé d'ut 3e, jadis utilisée par la voix de contralto — voix grave des femmes et des enfants —, est principalement utilisée de nos jours par le violon alto.
  6. La clé d'ut 4e, jadis utilisée par la voix de ténor — voix aiguë des hommes —, est principalement utilisée de nos jours par le violoncelle, le trombone et le basson.
  7. La clé de fa 3e, jadis utilisée par la voix de baryton — voix moyenne des hommes —, ne sert désormais qu'à la transposition orchestrale.
  8. La clé de fa 4e, affectée aux instruments graves, est presque autant utilisée que la clé de sol. C'est la clé de la voix de basse — voix grave des hommes — et de baryton. Elle est par ailleurs utilisée par de nombreux instruments graves : contrebasse, violoncelle, guitare basse, basson, trombone, tuba, main gauche de la harpe et des instruments à clavier — piano, orgue, clavecin, etc.
Notons enfin une clé de fa 5e, qui fut parfois utilisée au début de la Renaissance — soit neuf clés à cette époque —, mais, alors que la clé de sol 1re se trouve encore dans plusieurs manuscrits du XVIIIe siècle, cette clé de fa 5e fut rapidement abandonnée dans la pratique. Elle produisait les mêmes notes que notre clé de sol courante, deux octaves plus bas.
La connaissance de toutes les clés n'est indispensable qu'aux musiciens désirant étudier la transposition, l'orchestration ou la composition, les autres pouvant se contenter de la clé correspondant à leur type de voix ou à leur instrument.

[modifier] Les sept principales clés

La clé de fa 4e et la clé de sol 1e produisant en fait les mêmes notes — les hauteurs des sons, par contre, diffèrent de deux octaves entre ces deux clés —, on peut considérer qu'il n'existe en fait que sept clés. Ce n'est pas par hasard que le nombre réel de clés correspond au nombre de notes. En effet, ces sept clés permettent l'affectation de n'importe quel nom de note à n'importe quel emplacement sur la portée — ligne ou interligne.

Ainsi, par exemple, la figure de note placée sur la première ligne peut prendre n'importe quel nom selon la clé utilisée :
La même note dans les sept clés
  • On peut en effet utiliser les différentes clefs pour transposer une partition. Ainsi, pour jouer deux tons plus haut une partie écrite en clé de sol — le do doit devenir mi, le , fa, le mi, sol, etc. — il suffit de changer la clé de sol en clé de fa. C'est ainsi que le sol deviendra si, le la, do, le si, , etc. — il faudra aussi changer l'armure, ainsi que certaines altérations accidentellesdièses, bémols, etc. —, ce qui est une autre histoire.
Il faut noter que ce système de « transposition par les clés » n'est pas connu par les musiciens de tous les pays, et semble lié à une certaine tradition solfégique française. Par ailleurs, il a l'inconvénient de ne pas toujours indiquer la bonne octave des sons réels. Ce procédé est un détournement du sens historique de ces différentes clés, dont l'existence n'était pas nécessitée par la transposition mais par la volonté d'éviter les lignes supplémentaires.

[modifier] Octaviation

Exemple de clé de sol octaviée
Exemple de clé de sol octaviée

Traditionnellement, la notation musicale de certains instruments ou de certaines voix peut décaler la hauteur réelle de la note-repère — et par conséquent, de tout l'ambitus concerné — d'une octave, ou davantage, si nécessaire. Il s'agit d'une octaviation permanente.

Par exemple, la partie de contrebasse, écrite en clé de fa 4e, doit être jouée une octave au-dessous ; la partie de flûte à bec soprano ou sopranino, écrite en clé de sol, doit être jouée une octave au-dessus ; la partie de ténor, écrite en clé de sol, doit être chantée une octave au-dessous. Guitare et guitare basse jouent également une octave plus bas que ne l'indique leurs clefs (respectivement de sol et de fa). Dans ce cas on trouve parfois un « petit huit » collé sous la clé : par exemple sous la clé de sol pour les parties de ténor.

[modifier] Voir aussi