Casablanca (film)

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Casablanca
Image associée au film

Titre original Casablanca
Réalisation Michael Curtiz
Acteur(s) Humphrey Bogart
Ingrid Bergman
Paul Henreid
Claude Rains
Conrad Veidt
Scénario Julius J. Epstein
Philip G. Epstein
Howard Koch
Musique Max Steiner
Costumes Orry-Kelly
Photographie Arthur Edeson
Montage Owen Marks
Producteur(s) Hal B. Wallis
Arthur Freed
Production Warner Bros. Pictures
Durée 102 minutes (1h42)
Sortie 26 novembre 1942
Langue originale Anglais, français, allemand
Pays d'origine États-Unis États-Unis

Casablanca est un film américain de Michael Curtiz, sorti en 1942. L'action se déroule pendant la Seconde Guerre mondiale dans la ville de Casablanca alors contrôlée par le gouvernement de Vichy. Humphrey Bogart joue le rôle de Rick Blaine et Ingrid Bergman celui d'Ilsa Lund. Le sujet principal du film est le conflit de Rick entre l'amour et la vertu: Rick doit choisir entre son amour pour Ilsa et son besoin de faire ce qui est juste pour aider le mari de celle-ci. Le héros de la Résistance Victor Laszlo s'échappe de Casablanca et continue son combat contre les Nazis. Le film a connu un succès immédiat qui ne s'est pas démenti depuis. Les critiques ont vanté les performances charismatiques de Bogart et Bergman, l'alchimie entre ces deux vedettes, la profondeur des personnages de fiction, la finesse du scénario et l'impact émotionnel du film dans sa globalité.

Sommaire

[modifier] Synopsis

Rick et Ilsa se sont aimés à Paris, puis séparés. Quelques années après, dans le chaos de la Seconde Guerre mondiale, Ilsa débarque à Casablanca avec son époux, héros de la résistance. Rick, devenu patron de night-club, cynique et détaché de tout, est le seul à pouvoir aider le couple à s'échapper. Mais il refuse de le faire...

[modifier] Fiche technique

[modifier] Distribution

La distribution est remarquable par son internationalisme : seulement trois des acteurs crédités sont nés aux USA.

Acteurs crédités au générique :

  • Humphrey Bogart : Rick Blaine. Avec Casablanca, Bogart devint une star. Auparavant il n'avait joué que des rôles de gangster, interprétant des personnages nommés Rocks, Turkey, Whip, Chips, Gloves (et deux fois Dukes). En 1941, Le Faucon maltais lui offre son premier grand rôle, et High Sierra lui avait offert une certaine chaleur humaine mais Rick était le premier qui soit vraiment romantique.
  • Ingrid Bergman : Ilsa Lund Laszlo. Le site internet officiel de Bergman qualifie ce rôle comme son plus célèbre. Après un début prometteur à Hollywood dans Intermezzo, ses autres films n'avaient pas été de grands succès jusqu'à Casablanca. Ebert la qualifie de "lumineuse" et commente ainsi l'alchimie entre elle et Bogart: "elle peint le visage de Bogart avec ses propres yeux".
  • Paul Henreid : Victor Laszlo (Tchécoslovaquie). Henreid était un acteur autrichien d'origine aristocratique qui avait fui l'Allemagne nazie en 1935. Il était semble-t-il peu disposé à accepter ce rôle peu gratifiant (cela vous catalogue à jamais comme quelqu'un de raide selon Pauline Kael) jusqu'à ce qu'il soit assuré par Bogart et Bergman d'être bien rémunéré.
  • Conrad Veidt : Major Heinrich Strasser de la SS. Acteur allemand, il avait incarné le fameux rôle de Cesare dans Le Cabinet du docteur Caligari en 1920. Marié à une actrice juive, il avait dû quitter l'Allemagne nazie et termina sa carrière en jouant des Allemands ou des nazis dans des films américains.
  • Peter Lorre : Guillermo Ugarte. Lorre était un acteur austro-hongrois d'origine juive qui avait dû fuir l'Allemagne en 1933. Il avait incarné le fameux rôle du tueur dans M le maudit.
  • S.Z. Sakall : Carl (crédité S.K. Sakall). S.Z. Sakall était un acteur hongrois d'origine juive qui avait fui l'Allemagne en 1933 puis la Hongrie en 1940, pour les États-Unis.
  • Madeleine LeBeau : Yvonne. Française, femme de Marcel Dalio jusqu'à leur divorce en 1942.
  • Dooley Wilson : Sam. Arthur "Dooley" Wilson (1894-1953) était à la tête d'un orchestre très populaire dans les années 1920. Il est le seul acteur qui soit allé à Casablanca (lors d'une tournée en Europe et en Afrique du Nord). Mais il ne savait pas jouer du piano...[1]
  • Joy Page : Annina Brandel, la réfugiée bulgare. Joy Page était la belle-fille du directeur du studio Jack Warner.
  • Curt Bois : le pickpocket. Curt Bois était un acteur juif allemand réfugié. Il peut prétendre au titre d'acteur à la plus longue carrière puisqu'il a fait sa première apparition au cinéma en 1907 et la dernière en 1987.

Acteurs non crédités au générique :

  • Monte Blue (un américain) : originaire des États-Unis.

Une partie de l'impact émotionnel du film est attribuée à la proportion importante d'exilés européens et de réfugiés parmi les rôles mineurs et les figurants. Ebert cite un témoin du tournage de la scène duel des chants : « la moitié des figurants avaient les larmes aux yeux... la plupart chantaient leur propre expérience de réfugiés de l'Allemagne nazie. » C'est Corinna Mura (Wall, USA) - non créditée - qui chante la Marseillaise.

[modifier] Genèse du scénario

Le scénario original est inspiré d'un voyage en Europe de Murray Burnett, pendant lequel il a visité Vienne et le littoral du sud de la France, où coexistaient alors, peu facilement, des Nazis et des réfugiés. Dans cette pièce originale, le personnage d'Ilsa est américain ; elle ne rencontre pas Laszlo avant que sa relation avec Rick à Paris soit terminée; Rick est un avocat.

Les deux principaux contributeurs au scénario pour la Warner ont été les jumeaux Epstein (Julius et Philip) qui ajoutèrent plus d'éléments de comédie. D'autres contributeurs crédités, dont Howard Koch, les ont rejoints plus tard. Plusieurs scènes importantes ont été ensuite ajoutées par Casey Robinson (non crédité), en particulier les rencontres entre Rick et Ilsa dans le café. Malgré ces origines multiples, le scénario reste, selon le critique Ebert, "magnifiquement homogène et consistant".

[modifier] Mise en scène

Le metteur en scène Michael Curtiz était un émigré hongrois, arrivé aux États-Unis dans les années 1920 mais dont certains membres de la famille avaient fui l'Allemagne nazie.

Certaines scènes, comme celles qui montrent l'invasion de la France, ont été mises en scène par Don Siegel. Le tournage s'est déroulé du 25 mai au 3 août 1942. La première a eu lieu le 26 novembre suivant au Hollywood Theatre à New York.

La réalisation du film était très délicate, le scénario étant écrit au jour le jour. Michael Curtiz tourna chaque scène avec un soin immense, en ne sachant souvent pas là où il allait. Résultat, le film, un chef-d'œuvre absolu, est d'une perfection inégalée.

[modifier] Musique

La musique du film a été écrite par Max Steiner qui était déjà connu pour avoir écrit la musique de Autant en emporte le vent. La chanson As Time Goes By d'Herman Hupfeld faisait partie du scénario original ; Steiner voulait la remplacer par une de ses compositions mais a dû y renoncer car Bergman s'étant coupé les cheveux pour son prochain rôle, les scènes qui mentionnaient la chanson ne pouvaient être refilmées. A la place, Steiner a basé sa partition sur cette chanson et sur La Marseillaise en les transformant pour exprimer l'atmospère changeante du film. Remarquable est le « duel des chansons », dans lequel La Marseillaise est jouée par un ensemble orchestral (plutôt que par le petit orchestre présent dans le club de Rick) et qui s'oppose aux Allemands chantant Die Wacht am Rhein au piano. Les autres chansons principales sont It Had to Be You de 1924 avec des arrangements de Gus Kahn et une musique de Isham Jones, et Knock on Wood (musique de M.K. Jerome, arrangements de Jack Scholl).

Voir le « duel des chansons » en vidéo.

[modifier] Autour du film

[modifier] Récompenses

Nommé huit fois aux Oscars en 1944, le film remportera finalement 3 statuettes :

  • Meilleur film
  • Meilleur scénario
  • Meilleur réalisateur

[modifier] Anecdotes

  • Limité au niveau budget, l'avion que l'on voit dans la scène finale est en réalité en carton, avec comme équipage des nains pour donner l'illusion d'un appareil de taille réelle.
  • En Allemagne, le film n'a pas pu sortir pendant la guerre, car il était considéré par les autorités comme une œuvre de propagande anti-nazie. Après la guerre, le film fut projeté mais avec vingt minutes de coupes; toutes les références au nazisme et le personnage du Major Strasser ayant été supprimées.
  • Ce sont notamment des exilés allemands ou juifs qui incarnent les rôles de nazis et qui ne pouvaient que se sentir concernés par le sujet du film.
  • En 1987, une copie spéciale a été projetée au Festival du film de Rio avec une fin alternative. Ingrid Bergman n'y prenait pas l'avion et retournait dans les bras d'Humphrey Bogart. Un épisode de la série Les Simpson propose également une fin alternative au film.
  • Une suite avait été envisagée, elle devait s'appeler "Brazzaville". Mais Ingrid Bergman s'étant désistée, le projet tomba finalement à l'eau. Cependant, une suite littéraire a été donnée en 1990 par Michael Walsh avec son roman "As time goes by".
  • Il est classé neuvième dans le classement des meilleurs films de tous les temps sur le site de référence IMDB avec une note de 8,8/10.
  • Les références au film dans la culture populaire sont nombreuses et illustrent la popularité du film. Woody Allen réalisa un film dont le titre s'inspire du film, tandis qu'une des dernières scènes du Tailleur de Panama reprend la réplique finale de Casablanca.

[modifier] Adaptations

Deux séries télévisées ont été adaptées du film :

  • une de 10 épisodes de 60 minutes avec Charles McGraw, diffusée en 1955
  • une de 7 épisodes de 60 minutes avec David Soul et Ray Liotta, diffusée en 1983

Deux adaptations radiophoniques :

  • par Screen Guild Players, avec les acteurs d'origine Humphrey Bogart, Ingid Bergman et Paul Henreid, émise le 26 avril 1943 ; durée: 30 minutes
  • par Lux Radio Theater, avec Hedy Lamarr (Ilsa), Alan Ladd (Rick) et John Loder (Victor Laszlo), émise le 24 janvier 1944, produite par Cecil B. DeMille ; durée: 55 minutes

Deux parodies :

  • Une nuit à Casablanca (1946) est un pastiche du film par les Marx Brothers, qui leur valut quelques démêlés avec la Warner. La Warner les menaça de procès pour utiliser la référence au film dans le titre. Groucho Marx aurait écrit en retour qu'il menaçait la compagnie pour utiliser le terme "Brothers". "D'un point de vue professionnel, nous fûmes frères avant même qu'ils n'existent". La véracité de l'anecdote est cependant contestée, et elle pourrait n'être qu'une publicité faite par les Marx Brothers pour leur film.
  • Carrotblanca (1995), court-métrage d'animation, à la fois parodie et hommage, dans lequel Bugs Bunny reprend le rôle d'Humphrey Bogart.

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes

  1. Pochette du CD "Casablanca" de "Disconforme" (SFCD33568), Andorra, 2002.