Canebière (Marseille)

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Coordonnées sur le plan :
Position : D4-F4

La Canebière ou anciennement Cannebière (en occitan provençal : la Canebiera selon la norme classique ou la Canebiero selon la norme mistralienne) est une rue du centre de Marseille mesurant 1 000 mètres, qui va des Réformés au Vieux Port et englobe, depuis 1927, la rue Noailles et les allées de Meilhan.

Carrefour Canebière-Cours Belsunce avec vue sur le Vieux-Port en 1808
Carrefour Canebière-Cours Belsunce avec vue sur le Vieux-Port en 1808

Sommaire

[modifier] Étymologie

Le nom de Canebière vient du provençal canabe ou canebe, signifiant chanvre. Soit parce que des champs de chanvre y étaient plantés, soit en raison de l'installation en ce lieu de cordiers qui travaillaient le chanvre pour la fabrication de cordages.

[modifier] Historique

A l'origine, un talweg y collecte les eaux des sources Saint-Bauzile, de Reynier, du Loisir et de la Poussaque ainsi que les eaux de pluie descendant du plateau Longchamp et de la plaine Saint-Michel. Les eaux se perdent dans les marais qui occupent le bas de la Canebière, entre l'actuel quai des Belges et la place Charles-de-Gaulle.
Au XIIIème siècle, à cet endroit, s'installent les chantiers navals qui construisent les navires pour les armateurs de la ville. Le lieu prend le nom de plan Fourmiguier.
Au XVIIème siècle, le roi Louis XIV ordonne l'extension de la ville, ainsi que l'installation d'un arsenal des Galères. Celui-ci s'installe sur le plan Fourmiguier, les constructeurs déménagent alors sur la rive sud-est du port, les cordiers s'installent sur la rue Corderie.
En 1666, les remparts sont détruits et la commercialisation des terrains des nouveaux quartiers commence.
Le 23 avril 1672, la première mention du nom de Canebière apparaît dans une délibération du Conseil tenu par le Bureau des Affaires de l'Agrandissement chargé de vendre les terrains, de dresser et faire exécuter les plans d'urbanisation.

[modifier] La Canebière

A l'origine, la rue est comprise entre le cours Saint-Louis et l'arsenal des Galères. D'une longueur de 250 mètres pour 30 mètres de large, elle est bordée au sud par le petit Jeu de Mail, version ancienne du jeu de croquet.
Des immeubles sont construits (en 1745, l'ensemble immobilier entre la rue Saint-Ferréol et le cours Saint-Louis) et des commerces de luxe s'installent (parfumeur, librairie, confiseur, etc.)
En 1727, des rangées d'arbres sont plantées transformant la rue en promenade. C'est là que se tiennent les marchés aux fruits et légumes.
Des trottoirs sont aménagés en tiercenaux, briques pleines posées sur chant.
En 1785, l'arsenal des galères est désaffecté permettant la prolongation de la Canebière jusqu'au Vieux-Port.
En 1853, certains des immeubles sont détruits, frappés d'alignement.
En 1854, commence la construction du Palais de la Bourse qui héberge la Chambre de Commerce. Celle-ci, créée en 1599 par les marchands, siégeait jusqu'alors à l'Hôtel de Ville.
En 1857, le Conseil municipal décide que la Canebière aura 30 mètres de large. Les maisons sont démolies et on en reconstruit d'autres dont la majorité subsiste encore aujourd'hui.
De 1857 à 1927, la rue s'appelle Cannebière

[modifier] La rue Noailles

Elle est crée en même temps que la Canebière, en 1666. Située entre le cours Saint-Louis et la porte des remparts, elle est habitée par des grandes familles qui lui donnent ainsi son premier nom, rue des Nobles
Le constructeur de galères, Jean-Baptiste Chabert, y construit un hôtel particulier qu'il loue à Jacques de Noailles, lieutenant des galères. Son nom reste attaché à la rue, à la place qui la prolonge et à la porte des remparts.
En 1859, le conseil municipal vote l'élargissement de la rue qui passe de 8 mètres à 30 mètres
En 1863 est construit l'hôtel du Louvre et de la Paix. De 1941 à 1977, cet immeuble est occupé par la Marine nationale. En 1982, la façade, deux salons du rez-de-chaussées et l'ascenseur sont classées monuments historiques.

[modifier] Les allées de Meilhan

Hors les murs de la ville, Gabriel Sénac de Meilhan, intendant de Provence aménage, en allées plantées d'arbres, la route sortant de la porte de Noailles. Elles portent sont nom depuis 1775.
Lieu de promenade, des guiguettes et un kiosque à musique y sont installées.
De nombreuses foires s'y déroulent :

  • de 1839 à 1860, la foire Saint-Lazare, transférée sur la place Jean-Jaures
  • à partir de 1850, la foire aux herbes et plantes aromatiques, devenue depuis, la foire à l'ail et aux tarraïettes.
  • en 1883, la foire aux santons qui se tenaient depuis 1803 sur le cours Saint-Louis se tient pour la première fois sur les Allées de Meilhan à l'occasion de Noël.

Les Augustins réformés, installés à Marseille depuis 1605, construisent leur couvent dans le quartier Saint-Bauzilly en 1611. La chapelle est détruite le 30 novembre 1869, après la construction de l'Église Saint-Vincent-de-Paul, dite les Réformés.

Ces allées de Meilhan seront nommées successivement :

[modifier] La Canebière après 1927

En 1927, les trois rues sont réunies et renommées rue Canebière par le conseil municipal.
Le 9 octobre 1934, face au Palais de la Bourse, le roi Alexandre Ier de Yougoslavie et le ministre français des Affaires Etrangères, Louis Barthou, sont victimes d'un attentat commis par un nationaliste macédonien.
Le 28 octobre 1938, l'incendie du magasin Nouvelles Galeries entraîne la mort de 73 personnes. Suite à cet incendie, le maire, Henri Tasso, est destitué; Marseille est mise sous tutelle et doté d'un administrateur extraordinaire; le bataillon de marins-pompiers est créé, le 29 juillet 1939, pour protéger la ville.

L’Institut universitaire de formation des maîtres, la faculté des Sciences Economiques et de Gestion et la faculté de droit sont installés sur la Canebière.

Le 30 juin 2007 voit le retour du tramway.

A l'angle de la Canebière et des cours Saint-Louis et Belsunce, se trouve le point zéro de Marseille permettant le calcul de la distance de Marseille à Paris, ainsi que le numérotage des immeubles.

[modifier] Renommée

Marseille a toujours connu des marins des quatre coins du monde, grâce à son port. Les marins anglophones du début du XXe siècle traduisaient Canebière par can-o-beer, canette de bière, à cause des nombreux débits de boissons bordant l'artère.
Par ailleurs, Vincent Scotto avait composé une chanson qui proclamait :

« On connaît dans chaque hémisphère
notre Cane-Cane-Canebière
et partout elle est populaire
notre Cane-Cane-Canebière... »

ce qui a largement contribué à graver le nom de cette rue dans la mémoire collective des Français.

[modifier] Bibliographie

  • Adrien Blès, Dictionnaire historique des rues de Marseille, Editions Jeanne Laffitte, 1989
  • Adrien Blès, La Canebière, dans le temps et dans l'espace, Editions Jeanne Laffitte, 1994 (ISBN 2-86276-250-4)
  • Marc Bouiron, Henri Tréziny éd., Marseille : trames et paysages urbains de Gyptis au Roi René, actes du colloque international d'archéologie, Marseille, 3-5 novembre 1999, Marseille, Édisud, 2001 (Études massaliètes, 7) (ISBN 2-7449-0250-1)

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