Bouddhisme au Japon

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Cet article décrit l'apparition et l'évolution du bouddhisme au Japon.

Sommaire

[modifier] Introduction

Le Bouddhisme est né en Inde et s’est développé dans le reste de l’Asie et notamment au Japon par l’intermédiaire de la Chine et de la Corée.

Les Japonais de l'époque considéraient le continent comme supérieur, et ils mirent en place une importation massive des choses chinoises, les recopiant, les triant et parfois innovant eux-mêmes. Parmi ces choses, il y a bien sûr la la religion : le Taoïsme, le Bouddhisme mais aussi des rituels confucéens. Pour les Japonais, au départ, ces courants de pensée sont une seule et même chose se déclinant de différentes manières.

Selon le Nihonshôki, l'Empereur Kimmei aurait reçu en 552, de la part du roi Coréen Kudara, une statuette dorée de Shaka (représentant Çakyamuni) et plusieurs rouleaux d'écritures bouddhiques. Le roi aurait également accompagné les présents par une lettre vantant les mérites du Bouddhisme. L'authenticité de cette lettre est cependant discutable, dans la mesure où la traduction chinoise de cette dernière n'apparaîtra que bien plus tard. On pense à un faux rédigé par les auteurs du Nihonshôki. D’ailleurs, on estime que le Bouddhisme a été importé au Japon bien avant 552.

Devant l'importance d'un tel présent, l'empereur rassembla ses conseillers au nombre de trois, afin de décider de ce qu'ils devraient en faire. Soga no Iname voulut accepter l'existence du Bouddhisme, tandis que Mononobe no Okoshi et Nakatomi no Kamako étaient contre, craignant la vengeance des Kami. Malgré tout, l'Empereur décidé de faire un essai du Bouddhisme. De fait, Soga créa un monastère dans sa propre demeure, dans laquelle il plaça la statue. Mais rapidement, une épidémie se déclara. Mononobe et Nakatomi ordonnèrent alors de se débarrasser de la statue, qu'ils jetèrent dans un canal, et ils brulèrent le monastère. Malheureusement, l'épidémie se renforça et un incendie se déclara à l'interieur de Palais Impérial. On se dépêcha donc de repêcher la statue, et les malheurs prirent fin.

Cependant, ce ne sera véritablement que grâce à l'Empereur Yômei, et surtout grâce à son fils, Shôtoku-taishi que le Bouddhisme s'implantera définitivement au Japon. En effet, Shôtoku-taishi commentera de nombreux sûtras bouddhiques et créera de nombreux monastères. À sa mort, on comptait 46 monastères.

En 592, après des luttes d'influence avec le Shintô, le bouddhisme fut déclaré religion d' État.

Il faut noter que le Bouddhisme s'est introduit par le « haut », dans les classes sociales dominantes, avant d'atteindre le peuple, car ses enseignements relativement difficiles ne pouvaient pas encore être compris par l'ensemble de la population, non lettrée, du Japon.

Le bouddhisme japonais comprend 12 écoles principales, que l'on classe d'après leur époque d'apparition :

[modifier] Période Nara

Pendant la période Nara, naissance des écoles bouddhiques Kusha (fondée sur l'Abhidharma-koça de Vasubandhu), Jojitsu (fondé sur le satyasiddhi-çastra de Harivarman), Ritsu (fondée sur l'observance de la discipline vinaya du petit véhicule), Hosso (Dharmalaksana "Vijnanavada"), Sanron (sur les 3 sastras fondamentaux de l'école de la vacuité "Madhyâmika"), Kégon (fondée sur l' Avatamsaka sutra) . Les quatre premières appartiennent à la tradition indienne du bouddhisme ; Kusha suit de façon tout à fait nette la tradition du petit véhicule ; Jojitsu s'inscrit dans une zone de transition entre petit et grand véhicule ; Hosso et Sanron, tout comme Kégon qui trouve ses origines en Sérinde et en Chine, appartiennent au grand véhicule.

[modifier] Période Heian

Durant la période Heian, on assiste à la fondation de deux nouveaux courants par des moines revenus de Chine : le Tendaï (Tien Taï, " terrasse céleste ", nom du lieu où est née l'école chinoise Tiantai ), basé sur le Saddharma pundarika sutra ou Sutra du Lotus, suite au voyage de Saichô Kogyo Daishi, et le Shingon, courant vajrayana fondé par Kûkaï Kobo Daïshi qui s'était rendu en Chine en 804 et en rapporta le Vajrasekhara sutra qu'il associa au Tantra de Vairocana, Mahavairocanabhisambodhi tantra, pour en faire la base de son enseignement.

[modifier] Période Kamakura

L'époque Kamakura est celle de l'introduction du Zen en provenance de Chine à partir de deux écoles : le Rinzai par le moine Eisaï (1141-1215) et le Sōtō par Dogen (1200-1253). Deux courants inspirés par l' Amidisme chinois naissent, l'école Jôdo sous l'impulsion d'Honen (1133-1212) et l'école Jôdo-shinshû (école véritable de la terre pure aussi nommé bouddhisme Shin) fondé par son disciple Shinran(1173-1263). À la même époque se développe une école portant le nom de son fondateur, Nichiren, qui désire revenir à une pratique uniquement centrée sur le sutra du lotus, déjà popularisé à l'ère Heian par le Tendaï. Toujours à la même période, le Shugendo, voie des ascètes des montagnes, les Yamabushis, connaît un important développement.

[modifier] Période Edo

Pour que le tableau soit complet, il faut encore mentionner une école particulière de Zen, qui s'est développée au Japon au XVIIe siècle pendant la période Edo: l'Obaku. Elle fut fondée par un maître Chan chinois renommé, Yinyuan Longqi (Ingen), et son disciple Muyan qui avaient fui la Chine à la chute des Ming devant les mandchous. Obaku est la transcription du nom du mont Huangbo dans le Fujian où Yinyuan avait été abbé, mais aussi le nom du maître de Linji (fondateur du Rinzai), Huanbo Xiyun, qui s'y était installé. Les pratiquants de l'Obaku se considéraient comme des disciples de Linji, tout en incluant dans leur pratique l'amidisme et des éléments tirés du Mi Zong, bouddhisme ésotérique chinois.

[modifier] Époque contemporaine

Depuis quelques années le Japon, inspiré en cela par la constitution américaine, a vu un développement important de nouveaux mouvements religieux. En règle générale, on peut les classer en trois catégories :

Les syncrétiques mélangeant divers aspects se retrouvent autour d'une figure emblématique, comme ce fut le cas pour Aum Shinrikyo. La situation est encore compliquée par le fait que les grandes écoles, en raison du système des lignées, sont elles-mêmes subdivisées en une multitude d'écoles et de courants, ce qui fait qu'il y a actuellement plus de 184 000 groupes religieux répertoriés au Japon. Le bouddhisme zen est séparé du shintoisme. L'ère moderne connaît des maîtres zen d'importance, comme Kodo Sawaki ou Daiun Harada, mais aussi des mouvements bouddhistes laïcs et militants, comme la célèbre Soka Gakkai ou la Reiyukai.

Si le bouddhisme a perdu de sa vitalité, les études universitaires bouddhiques demeurent florissantes.


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