Bottes de sept lieues

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Le Petit Poucet subtilisant les bottes de sept lieues à l'Ogre. Illustration de Gustave Doré
Le Petit Poucet subtilisant les bottes de sept lieues à l'Ogre. Illustration de Gustave Doré

Dans les contes de fées, les bottes de sept lieues sont des bottes magiques qui s'adaptent à la taille de chacun et permettent de parcourir sept lieues en une seule enjambée.

Sommaire

[modifier] Quelle distance ?

La lieue est une unité de mesure utilisée sous l'Ancien Régime, avant l'adoption en France du système métrique. Elle a comme origine la distance que peut marcher un homme ou un cheval pendant une heure. La mesure de la lieue a évolué au cours du temps, mais est d'environ 4 kilomètres. Les bottes de sept lieues permettent donc de parcourir en une enjambée 28 km, soit la distance qu'un marcheur moyen met sept heures à parcourir.

[modifier] Origine

Au XVIIe siècle, les bottes de sept lieues sont utilisées par les postillons entre deux relais de poste (distants d'environ sept lieues). Fixées à la monture et rigides, elles permettent un meilleur maintien et une protection des jambes en cas de chocs ou de morsures. On peut en voir une paire en visitant le château d'Ussé, près de Tours ou le musée de La Poste à Paris.

[modifier] Contes de fées

Le Petit Poucet, illustré par Antoine Clouzier dans la première édition de 1697
Le Petit Poucet, illustré par Antoine Clouzier dans la première édition de 1697

C'est grâce aux Contes de ma mère l'Oye (parus en 1697), où Charles Perrault en fait des bottes magiques, que les bottes de sept lieues acquièrent leurs lettres de noblesse.

Il les attribue une première fois comme moyen de transport rapide au nain messager de la marraine-fée qui permute la malédiction originelle de la Belle au bois dormant en un sommeil de cent ans :

« La bonne fée qui lui avait sauvé la vie, en la condamnant à dormir cent ans, était dans le Royaume de Mataquin, à douze mille lieues de là, lorsque l’accident arriva à la Princesse ; mais elle en fut avertie en un instant par un petit Nain, qui avait des bottes de sept lieues (c’était des bottes avec lesquelles on faisait sept lieues en une seule enjambée) ».

Dans Le Petit Poucet, elles sont d'abord l'apanage de l'Ogre tout-puissant, dévoreur d'enfants et capable de les retrouver à tout moment dans leur fuite. Lorsque le Petit Poucet réussit à s'en emparer et les enfile, elles s'ajustent par enchantement à ses pieds et lui permettent de gagner la cour du roi en un rien de temps.

L'ambiguïté des bottes de sept lieues provient de l'usage, tantôt bénéfique, tantôt pernicieux, que peuvent en faire ses détenteurs. Elles se distinguent ainsi de la baguette, autre objet magique du recueil, que les marraines-fées utilisent au bénéfice exclusif de leurs filleules Peau d'Âne, la Belle au bois dormant et Cendrillon, ou de la clef fée, pièce à conviction de la Barbe bleue, seul objet néfaste du recueil.

Les bottes sont à l'époque de Perrault les chaussures des cavaliers et des chasseurs, ainsi que de certains domestiques[1]. Les paysans adultes portent au mieux de simples sabots, et on peut imaginer que le Petit Poucet, dernier fils de bûcheron, va nu-pieds. Les bottes deviennent donc un symbole du monde adulte et de puissance dans les contes. Même si ses bottes ne sont pas magiques ou de sept lieues, le Chat botté, ainsi chaussé, peut passer pour l'envoyé d'un personnage important auprès l'Ogre ou du roi. Quant au Petit Poucet, simple enfant au bas de l'échelle sociale, il va « grandir », c'est-à-dire sortir de sa condition grâce aux bottes magiques. Grâce à elles, il entre au service du roi, accumule les richesses et met sa famille à l'abri du besoin.

Perrault s'inscrit dans la tradition de contes merveilleux où, selon l'époque et la latitude, apparaissent des sandales, des babouches ou des souliers de vitesse qui métamorphosent, à la fin du récit, le petit héros qui les chausse en un messager des rois ou des dieux, ou un initié. Cette tradition est déjà présente dans la mythologie grecque, avec les talonnières d'Hermès, les sandales de Persée et les chaussures d'or d'Athéna.

[modifier] Extraits

Passages tirés du Petit Poucet de Charles Perrault :

« L'Ogre, qui se trouvait fort las du long chemin qu'il avait fait inutilement (car les bottes de sept lieues fatiguent fort leur homme), voulut se reposer; et, par hasard, il alla s'asseoir sur la roche où les petits garçons s'étaient cachés. Comme il n'en pouvait plus de fatigue, il s'endormit après s'être reposé quelque temps, et vint à ronfler si effroyablement, que les pauvres enfants n'eurent pas moins de peur que quand il tenait son grand couteau pour leur couper la gorge. »
(...)
« Le petit Poucet, s'étant approché de l'Ogre, lui tira doucement ses bottes, et les mit aussitôt. Les bottes étaient fort grandes et fort larges ; mais, comme elles étaient fées, elles avaient le don de s'agrandir et de se rapetisser selon la jambe de celui qui les chaussait; de sorte qu'elles se trouvèrent aussi justes à ses pieds et à ses jambes que si elles eussent été faites pour lui. »

[modifier] Expression

Dans le langage courant, chausser ses bottes de sept lieues veut dire se hâter ou bien connaître une ascension (sociale, professionnelle) fulgurante.

[modifier] Symbolique du chiffre 7

Le chiffre 7 apparaît quatre fois dans le conte du Petit Poucet :

  • la fratrie est composée de sept garçons
  • l'ogre a sept filles
  • les bottes sont de sept lieues
  • le Petit Poucet est âgé de sept ans

Le 7 a une valeur symbolique : nombre de jours qu'il a fallu à Dieu pour créer le monde et se reposer, nombre de péchés capitaux, les Sept merveilles du monde, etc. Il est ainsi récurrent dans les contes : les sept nains dans Blanche-Neige etc.

[modifier] Voir aussi

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur les bottes de sept lieues.

[modifier] Bibliographie

  1. Charles Perrault, Contes (introduction, notices et notes de Catherine Magnien), Editions Le Livre de Poche Classique

[modifier] Lien externe

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