Bois raméal fragmenté

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Le bois raméal fragmenté, ou encore bois raméaux fragmentés (BRF) est une technique venue du Canada. C'est un mélange de résidus de broyage (fragmentation) de rameaux de bois (diamètre < 7 cm) provenant d'un mélange d'arbres nobles (bois durs à forte teneur en tannins tels que le chêne, l'érable, le hêtre), les résineux étant à éviter (20% sont toutefois tolérés en mélange).

Par extension, le terme BRF désigne aussi des méthodes culturales agricoles innovantes qui, par l'introduction du broyat dans la couche supérieure du sol, ou en paillis recréent un sol de type "forestier". Il favorise la pédogénèse nécessaire à la création de l'humus.

Son utilisation est parfois considérée comme essentielle dans une agriculture de type "biologique".


Sommaire

[modifier] Composition du bois raméal

Ce bois raméal contient des celluloses, hémicelluloses et lignines, de très nombreuses protéines, tous les acides aminés, presque tous les types de sucres et amidons, en plus de polysaccharides intermédiaires. Il faut ajouter un nombre incalculable de systèmes enzymatiques, d'hormones, mais surtout de polyphénols, huiles essentielles, terpènes, tanins et autres..., associés à divers degrés à tous les nutriments nécessaires à la synthèse et à la régulation de la vie.

Parmi tous ces produits, un très grand nombre sont extrêmement fragiles comme les enzymes, les acides aminés, et plusieurs types de protéines. D'autres produits seront des sources énergétiques immédiates comme les sucres, suivis des celluloses et des hémicelluloses. Reste la lignine, molécule tridimensionnelle, l'une des plus compliquées que la nature a édifié qui sera une source d'énergie importante, mais d'accès difficile, puisque cette énergie est contenue dans des cycles aromatiques que peu d'êtres vivants sont aptes à dégrader pour en tirer bénéfice. Parmi ceux-là, on compte les protozoaires et les bactéries, mais les plus importants sont des fungus du groupe des basidiomycètes [1].

[modifier] Action

Le BRF permet de régénérer le sol et de constituer des chaînes trophiques grâce au rôle prépondérant de la jeune lignine (présente sous forme d'oligomères ou de monomères) et à l'action fondamentale des basidiomycètes dans la pédogenèse avec une influence majeure sur la conservation et la distribution de l'eau biologiquement active.

Les branches (ou les très jeunes arbres) qui composent le BRF représentent la partie la plus riche de l’arbre. On y retrouve 75% des minéraux, des acides aminés, des protéines et des catalyseurs.

Cette technique est utilisable par toutes les formes de culture, potagers privés, maraîchage, agriculture, nouvelles plantations et établissements de haies, sylviculture, arboriculture ...

[modifier] Réaction

Le processus de décomposition d'éléments végétaux fait appel à l'activité microbienne et cryptogamique (champignons) du sol. C'est une lente mais inexorable transformation. On peut s'imaginer aisément qu'il va falloir une certaine énergie pour réduire les résidus végétaux en humus ; c'est l'azote qui fera office de combustibleAbsurde! Tout au plus des composés azotés..

Avec le BRF la question de l'énergie est d'importance. En effet, le BRF fournit de l'énergie chimique, du combustible à la vie du sol en quelque sorte , et ce grâce à la lignine, noyau d'hémicellulose, de cellulose et de sucres. La lignine est très longue à être digérée : seuls certains organismes sont capables de cet exploit. Ce sont pour l'essentiel des pourritures blanches en raison de leur aspect (champignons que vous avez certainement observé en déplaçant un vieux tas de bois). La digestion de la lignine par le sol nécessite une importante énergie. Ce "carburant" accessible aux champignons, leur donne un pouvoir structurant : ils sécrètent des antibiotiques limitant certaines bactéries ; leur action rend la cellulose du B.R.F. accessible aux micro-organismes ; ils alimentent une chaîne, des micro-arthropodes vivant du mycélium, leurs déjections servant de nourriture à d'autres organismes, etc. ... Pour conclure, ajouter du B.R.F., permet de reconstruire durablement un écosystème au niveau du sol, autour d'une source d'énergie disponible dans le moyen terme.

Les champignons notamment ont donc besoin pour s'installer d'une importante quantité d'azote. Cet azote est prélevé dans les réserves du sol provoquant une pénurie temporaire de cet élément. Attention aux cultures en place ou à celles à venir qui risquent de souffrir d'un manque d'azote (plus ou moins important suivant la nature du sol). Cette faim en azote est défavorable aux cultures pendant les deux premiers mois environ. Pour compenser cette pénurie, on peut prévoir d'installer la première année un engrais vert de la famille des légumineuses, trèfle ou luzerne par exemple, ou épandre du lisier, riche en azote.

[modifier] En pratique

[modifier] Production

Plus le diamètre de la branche est petit, meilleur sera l'effet sur le sol (tout diamètre supérieur à 7 cm est à proscrire). L'idéal est que ces rameaux ou branchages soient broyés pendant la période dormante donc sans leurs feuilles, peu avant la poussée de sève (février/début mars). Ceci parce qu'elles contiennent de la lignine en formation, plus attaquable par les champignons et les bactéries que la lignine adulte, telle que présente dans le tronc des arbres. Ces branches contiennent une matière azotée indispensable au développement de ces bactéries et champignons. Ces branchages peuvent provenir de la taille et de l'élagage des arbres d'ornement, de la taille des arbres fruitiers et des haies.

Ces branchages, rameaux, etc., seront fragmentés dans une broyeuse afin de faciliter l'attaque de la lignine par les bactéries et les champignons. En effet, l'écorce de ces petites branches est protégée des insectes et des bactéries par une couche de cutine. La lacération met le bois à nu et le rend donc immédiatement attaquable par bactéries et champignons.

On évitera d'utiliser les branches mortes sèches qui risquent de pomper l'eau du sol plutôt que de maintenir ce dernier humide. De plus, les branches mortes sont appauvries en nutriments. Il ne vaut donc mieux pas les utiliser ou alors en très petites proportions.

En terme purement économique pour les sylviculteurs, la production de BRF peut être concurrencée par celle de bois énergie[2].

[modifier] Utilisation

  1. Épandre une fois par an entre 150 à 200 mètres cubes de BRF frais par hectare sur une couche d'environ 1 à 2 cm. Le BRF de résineux est à éviter; il convient de ne pas en incorporer plus de 20%.
  2. incorporer par griffage au sol, sur 5 à 10 cm (suivant la nature du sol), le processus devant rester aérobie
  3. si la première application de BRF est effectuée en fin d'hiver ou au printemps, effectuer un apport d'azote la première année seulement (compost ou fumier)
  4. Semer et ne plus perturber le sol.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes et références

  1. Lemieux, G. Département des sciences du bois et de la forêt Université Laval, Québec - Cet univers caché qui nous nourrit: le sol vivant.
  2. Forum BRF

[modifier] Livres

[modifier] Liens externes

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