Bataille d’Adoua

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paysage d'Adoua
paysage d'Adoua

La bataille d'Adoua (quelquefois écrite bataille d'Adua ou d'Adowa) est une bataille victorieuse des troupes éthiopiennes de l'empereur Ménélik II contre les troupes coloniales italiennes en 1896.

Sommaire

[modifier] Contexte

L'Éthiopie a de bonnes relations avec l’Italie ce qui avaient permis à Ménélik d’obtenir une grande quantité d’armes. Grâce à cela, il put conquérir plusieurs riches régions d’Éthiopie. Le 2 mai 1889, Ménélik et les Italiens signent le traité de Wuchalé (Ucciali en italien). Ce traité dit que Ménélik reconnait la souveraineté italienne sur l’Érythrée tandis que l’Italie est le premier pays qui reconnait à Ménélik le titre d’empereur d'Éthiopie et surtout lui indique qu’il pourra faire transiter par l’Érythrée, donc un accès à la mer, ses importations d’armes et de munitions.

Mais c'est surtout l’article XVII du traité de Wuchalé qui est la cause de la guerre. En effet, le traité a été signé dans deux versions : l'une en italien et l’autre en amharique, la langue officielle d'Éthiopie. Selon la version amharique : « S. M. l'Empereur d'Éthiopie aura la faculté de se servir des agents du gouvernement italien, etc... ». Alors que dans la version italienne, le recours à l’Italie était obligatoire. Le mot «faculté» été remplacé par « obligation ».

Les puissances européennes reconnaissent les ambitions italiennes en Éthiopie. Les Italiens prennent la ville d’Adowa (Adoua/Adua en italien) pour faire pression sur Ménélik. Ils font savoir au ras Mangacha qui est également gouverneur de la province du Tigré (Tigre en italien) et fils de Johannes qu’ils ne se retireront pas tant que Ménélik n'a pas accepté leur interprétation du traité de Wuchalé.

Après plusieurs années, Ménélik refuse de céder et achète un grand nombre d’armes, principalement à la France et à la Russie, pour envahir et annexer le plus souvent par la force divers territoires. Il dénonce le traité de Wuchalé le 12 février 1893 et avertit les pays européens de que "l’Éthiopie n’a besoin de personne. Elle tend les mains vers Dieu". Ménélik a tout de même en sa possession 82 000 fusils et 28 canons.

En décembre 1894, la guerre éclate entre l’Érythrée et l’Italie. Au début de janvier 1895, les Italiens attaquent le Ras Mangacha et s’emparent d’une grande partie de la province du Tigré. Le 17 septembre, Ménélik forme une armée de 100 000 guerriers et remporte d’importantes victoires. Les Italiens se replient alors sur Adoua qui se situe dans le nord de l'Éthiopie.

[modifier] La bataille

Ménélik, soutenu par le gouverneur de Harar, Ras Makonnen, dispose d'une armée de 100 000 hommes équipés de fusils modernes et possède 40 canons. Les guerriers viennent de tous les régions de l'Éthiopie. La population locale est hostile aux Italiens et est prête à aider l'armée de Ménélik.

L’armée italienne est composée de 18 000 hommes dont 10 596 Italiens, le reste étant des guerriers érythréens, et de 56 canons.

La Bataille d'Adoua se déroule le 1er mars 1896. C'est une éclatante victoire pour Ménélik : plus de 40 % des soldats de l’armée italienne sont tués ou blessés, les Italiens perdent 11 000 fusils et tous leurs canons. Les Italiens avaient prévu d'attaquer le 1er mars parce que ce jour était un jour de fête pour l’Église éthiopienne et le général Baratieri pensait, à tort, que beaucoup de soldats éthiopiens seraient occupés par leurs rites religieux. Mais il se heurta à 100 000 guerriers armés et prêts au combat.

[modifier] Conséquences

Le traité d’Addis-Abeba (la fleur nouvelle) qui annule le traité de Wuchalé et par lequel l'Italie reconnaît l'indépendance de l'Éthiopie est signé. Pour éviter toute erreur de traduction, le traité, sur la demande du gouvernement éthiopien, est écrit en ahmarique et en français, les « deux textes absolument conformes » et une convention qui délimite les frontières entre l’Érythrée et l’Éthiopie est signée le 10 juillet 1900.

Cette bataille va donner un grand prestige au Négus Ménélik II, ainsi qu'au Ras Makonnen, et permet à l'Éthiopie de devenir une puissance africaine aux cotés des Occidentaux. La France et la Grande-Bretagne envoient à la cour des missions diplomatiques pour conclure des traités avec le souverain éthiopien. Puis le sultan de l’Empire ottoman, le tsar de Russie, les mahdistes du Soudan envoient également des ambassadeurs.

Le pays attire des intellectuels noirs d’outre-mer: le haïtien Benito Sylvain, un des premiers apôtres du panafricanisme, est venu en Ethiopie entre 1889 et 1906 quatre fois en tant que de représentant ou messager du président Alexis de Haïti. Un Afro-américain d’origine cubaine, William H. Ellis, visite lui aussi l'Éthiopie en 1903 et en 1904 pour exposer divers projets de développement économique et d’établissement d'Afro-Américains. En 1911, l’écrivain de la Gold Coast (la colonie britannique de l'actuel Ghana) J.E Casely Hayford publie un livre, Ethiopia Unbound, avec la dédicace suivante : "Aux fils de l’Éthiopie du monde entier".


[modifier] Annexes

[modifier] Articles

  • (en) March 3: The Victory of the Battle of Adua (1896), Dr. Getachew Metaferia and Dr. Paulos Milkias, 2 mars 2007 [lire en ligne]
  • (en) The Battle of Adwa: Reflections on Ethiopia’s Historic Victory Against European Colonialism, Paulos Milkias and Getachew Metaferia, Horn of Africa Journal vol. xxii No. 2, 2006 [lire en ligne]

[modifier] Videographie

  • (en) Adwa: an african victory, Haïlé Gerima, US, 1999, Mypheduh Films, 97 min [lire en ligne]

[modifier] Musique

  • (am) Adwa Gigi Shibabaw Ejigayehu, Album: Gigi, Palm Pictures, 2001: chant dédié aux soldats éthiopiens tombés à Adoua

[modifier] Poésie

  • (am) (en) Not in the honor of Adwa", "Adwa what for?" Poèmes sur Adoua par le poète éthiopien Tsegaye Gebre-Medhin, 1995 [lire en ligne]

[modifier] Liens externes