Bataille d'Arsouf

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Bataille d'Arsouf

Bataille d'Arsouf, par Eloi Firmin Feron
(tableau du XIXe siècle)
Informations générales
Date 7 septembre 1191
Lieu Arsouf près de Jérusalem
Issue Victoire des croisés
Belligérants
Croisés Ayyoubide
Commandants
Richard Cœur de Lion Saladin
Forces en présence
50 000 hommes 53 000 hommes
Pertes
1 000 7 000
Troisième croisade
Hattin — Jérusalem — Saint-Jean-d'Acre — Arsouf

Livrée le 7 septembre 1191, la bataille d'Arsouf vit la victoire de Richard Cœur de Lion sur l'armée de Saladin.

[modifier] Campagne précédant la bataille

Après la chute de Jérusalem, une troisième croisade avait été lancée à partir de l'Europe. Au départ, tout laissait croire que les croisés n'auraient aucune difficulté à reprendre Jérusalem. Rassemblant à elle seule l'armée allemande de Frédéric Barberousse, les troupes françaises du roi de France Philippe Auguste et, enfin, les troupes françaises et anglaises du roi d'Angleterre Richard Cœur de Lion, la force des croisés semblait effectivement bien trop puissante pour que Saladin puisse résister. Cependant, tout n'alla pas comme prévu. Suite à la noyade de Frédéric Barberousse dans un fleuve, l'armée allemande se décomposa et les principales forces qui la composaient retournèrent chez elles. Le départ des Allemands supprimait un appui qui aurait pu s'avérer décisif pour la croisade. Malgré tout, la croisade n'en était pas terminée pour autant.

Combattant ensemble, Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion remportèrent quelques succès qui leurs permirent d'emporter notamment Saint-Jean-d'Acre, à la grande déception de Saladin. Suite au départ du roi de France, Richard se retrouva seul. Cependant, se trouvant toujours à la tête d'une puissante armée, Richard se décida à marcher en direction de Jérusalem. C'est au cours de cette campagne que Richard démontra toutes ses qualités de stratège et de tacticien.

Faisant marcher son armée le long de la mer, Richard put alors rester en communication avec sa flotte et, ainsi, assurer continuellement des provisions à ses troupes. Représentant une immense colonne, l'armée de Richard avait pour avant-garde le corps des Hospitaliers, venaient ensuite les corps des Bourguignons, des Champenois, des Poitevins, des Angevins, des Bretons, des Normands et, enfin, des Anglais. Placé en arrière-garde, le corps des Templiers fermait donc la marche. Ayant repéré l'axe de marche des croisés, Saladin fit réunir toute son armée et se porta rapidement vers le flanc droit des troupes de Richard. Avant de livrer une bataille rangée, Saladin préféra tout d'abord épuiser considérablement les croisés par une stratégie de harcèlement. Les cavaliers turcs commencèrent alors à s'approcher suffisamment des croisés pour les cribler de flèches. Répétée plusieurs jours de suite, cette stratégie de harcèlement n'eut que des résultats assez médiocres. Bien protégés par leurs cottes de mailles, les chevaliers croisés ne reçurent que des blessures assez légères, rarement mortelles. Obéissant en outre à la solide discipline que Richard avait instauré dans leurs rangs, les chevaliers croisés ne se prirent jamais au piège de poursuivre les cavaliers turcs se retirant continuellement après avoir lancé leurs volées de flèches. D'autre part, faisant preuve d'adresse, les archers et les arbalétriers de Richard infligèrent des pertes notables aux cavaliers turcs.

Pensant qu'il avait suffisamment épuisé les croisés par sa stratégie de harcèlement, Saladin se décida à livrer bataille. Réunissant ses trente mille soldats turcs, arabes et africains, il les jeta donc à l'attaque contre le flanc droit des croisés.

[modifier] Déroulement de la bataille

Prévenu par ses éclaireurs qu'une immense armée arrivait sur son flanc droit pour livrer bataille, Richard garda non seulement un sang-froid remarquable mais réalisa impeccablement une manœuvre adéquate à faire en sorte que son armée ne présente plus le flanc droit mais le front. Faisant avec un ordre remarquable un quart de tour vers leur droite.. Le plan de Saladin venait de connaître alors un échec indiscutable. Étant dorénavant très proches l'une de l'autre, les deux armées prirent le même dispositif de combat, l'infanterie devant et la cavalerie en seconde ligne.

Ayant désormais l'initiative tactique, Richard voulu tenter à un enveloppement des forces de Saladin, et ainsi, remporter une victoire totale. Cependant, agacés par le tir des archers noirs africains qui blessaient leurs chevaux, un chevalier Hospitalier et le chevalier Anglais Thomas Carrew n'attendirent pas le signal de Richard et chargèrent les Sarrasins. Pour Richard, cette charge était bien trop prématurée puisqu'il n'avait pas eu le temps de terminer sa manœuvre d'encerclement des Sarrasins. Apprenant que quelques chevaliers avaient chargé sans attendre ses ordres, Richard comprit alors qu'il ne pourrait pas réaliser son plan et entra donc dans une de ses plus violentes colères. Malgré tout, reprenant son calme et comprenant que seule une cohésion parfaite de ses troupes lui apporterait la victoire, Richard ordonna alors à toute sa chevalerie de charger. Engagés en première ligne, les fantassins de Richard débandèrent alors leurs rangs pour laisser passer la chevalerie croisée. Toute la chevalerie européenne, Bourguignons, Champenois, Poitevins, Angevins, Bretons, Normands, Anglais, les Hospitaliers et les Templiers chargèrent en rangs très serrés et enfoncèrent toutes les lignes ennemies qu'ils rencontrèrent sur leur passage. Premières victimes du massacre, les archers furent pour la plupart décapités à coups d'épées. Les cavaliers turcs et arabes furent les secondes victimes, les croisés les enfoncèrent à coups d'épées et de lances, l'arme la plus redoutable du chevalier. Chargeant lui-même dans la mêlée, Richard se battit comme un lion et abattit de nombreux cavaliers adverses. Un chevalier français, le fameux Guillaume des Barres, s'illustra par sa vaillance et fit l'admiration de Richard lui-même. Le comte de Champagne, l'évêque de Beauvais et le comte de Dreux firent des prodiges. Ainsi, suite à ses premiers succès, la chevalerie croisée venait de mettre les troupes de Saladin en déroute.

Voyant les cavaliers Sarrasins fuir en désordre, les chevaliers ne tombèrent pas dans le piège de les poursuivre. La discipline instaurée par Richard fonctionnait encore à merveille. Réunissant les troupes qu'il lui restait, Saladin leur ordonna de charger les croisés. Voyant leurs adversaires charger à leur tour, les chevaliers croisés vinrent aussitôt à leurs rencontre, les enfoncèrent encore et les mirent une seconde fois en déroute. Chargeant encore dans la mêlée, Richard affronta Saladin au corps à corps et le renversa après l'avoir blessé à l'épaule d'un coup de lance. N'étant que légerement blessé, celui-ci prit une nouvelle monture et se retira, renonçant à rallier de nouveau ses troupes.

[modifier] Commentaires

Richard venait de remporter une très belle victoire près du bois d'Arsouf, bois qui donna le nom de la bataille. Non seulement, les Sarrasins étaient complètement battus, mais leurs pertes étaient très fortes. On pouvait voir des cadavres Sarrasins à la tête barbue alignés les uns contre les autres par milliers. Fort de cette victoire d'Arsouf, Richard avait donc le chemin ouvert en direction de Jérusalem. Cependant, pensant qu'il n'avait pas assez de troupes pour prendre la ville sainte, Richard se refusa à l'assiéger et signa la paix avec Saladin. Dans cette paix, les chrétiens conservaient les conquêtes de la croisade et obtenaient le droit de pèlerinage dans Jérusalem.