Arno Schmidt

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Arno Otto Schmidt, (18 janvier 1914 - 3 juin 1979) était un écrivain allemand qui, dans une approche impertinente et rigoureuse de l’écriture, produisit une œuvre marquante de l’après-guerre.

Sommaire

[modifier] Biographie

Arno Schmidt est né à Hambourg-Hamm le 18 janvier 1914. En 1928, suite au décès de son père, sa famille s’installe à Lauban en Silésie. En 1933, il écrit ses premiers poèmes, et entame des études de commerce à Görlitz, qui le mènent à travailler dans les bureaux d’une grande fabrique de vêtements, où il fait là la rencontre d’Alice Murawski, avec qui il se mariera en 1937.

En 1935, il fait parvenir des poèmes à Hermann Hesse et entame deux chantiers qui l’occuperont avec passion pendant de longues années : l'établissement d'une table de logarithmes de 7 à 10 chiffres d’une part, et la constitution d’une biographie monumentale de Friedrich de La Motte-Fouqué d’autre part.

Durant la guerre, on l’intègre d’abord à l’artillerie légère en Alsace, puis il est muté en Norvège, comme commis aux écritures. En 1945, obtenant à sa demande une mutation dans une unité combattante, il profite, début février, d'une permission pour aider Alice à fuir Greiffenberg. En avril, il se rend aux troupes anglaises et devient interprète au camp de prisonniers de Munster. Il est libéré fin décembre et s'installe avec Alice au Mühlenhof à Cordingen, une région de landes qui lui sied parfaitement.

Il écrit durant cette période plusieurs nouvelles et romans, et publie ses premières nouvelles en 1949 (Léviathan), non sans avoir tenté auparavant de fait paraître sa table de logarithmes.

En 1950, les Schmidt déménagement à Gau-Bickelheim près de Mayence, et commencent à sillonner à bicyclette l'Allemagne du Nord et l'Est de la France, à la recherche de documents sur Fouqué.

C’est à partir de cette époque que son travail commence à rencontrer son public et lui apporter des moyens de subsistance. Il écrit pour la radio, publie de nombreux romans et nouvelles, et obtient des prix de plus en plus prestigieux. En 1955, la parution de Paysage lacustre avec Pocahontas lui vaut un procès pour blasphème et pornographie. L’année suivante il découvre les textes de James Joyce: un révélation pour lui. Il traduira une partie de Finnegans Wake. En 1958 il publie enfin sa biographie de Fouqué, et achète une maison à Bargfeld, dans la Lande de Lunebourg. Il n’a de cesse de perfectionner son écriture et développe une pratique tout à fait unique, érudite, impertinente, et toujours plus novatrice. Son ardeur au travail, sa rigueur obsessionnelle et son caractère bourru, donnent de lui l’image d’un personnage tout à fait pittoresque. En 63 il commence à traduire Edgar Poe, et entame la rédaction de Zettel's Traum un livre “format atlas” de 1334 pages, qui sera publié en 1969 en fac simile du manuscrit, tant sa richesse est intranscriptible par les seules techniques typographiques. En 1975 il traduite James Fenimore Cooper, une de ses influences majeures. Au fil des ans, il travaille de plus en plus ardemment, frénétiquement pourrait-on dire, dans ses dernières années de vie, et meurt le 3 juin 1979 à Celle, d’une attaque cérébrale.

[modifier] Œuvre

Les écrits de Schmidt sont impétueux. Profondément marqué par le régime nazi, la guerre, et l’après-guerre, ses textes sont intraitables avec les autorités totalitaire ou castratrices, ainsi qu’avec toutes les formes de collaboration et de soumission à celles-ci. Cette impertinence se manifeste aussi dans la sensualité habile et audacieuse de ses textes. Mais cet aspect sanguin de son travail cohabite avec une rigueur dans l’étude et une érudition rares, qui transparaissent dans les mille détails savants qui jalonnent ses romans. Et ces qualités prennent corps dans la forme du texte. Arno Schmidt a travaillé d’arrache-pied à élaborer des techniques d’écritures expressives. A ces fins, il s’est créé un style rédactionnel d’une liberté rare, mettant à profit des aspects peu exploités de l’écrit. Cette liberté porte notamment sur les mots eux-même. L’auteur n’hésite pas à en inventer, en accoler, en écorcher, etc., de telle façon qu’ils veulent dire ainsi plus qu’ils ne disent d’habitude ; de même que la ponctuation est employée comme moyen direct d’expression, remplaçant souvent des verbiages qui en diraient moins. Le débit des textes d’Arno Schmidt est comme le flux de la pensée, avec ses focalisations, ses raccourcis, ses passages du coq à l’âne. D’année en année, Arno Schmidt sort aussi le paragraphe de ses carcans traditionnels, pour organiser la page en un réseaux complexe de positions et de vues. Certains écrits tardifs seront même publié en fac simili, pour ne rien perdre de tout ce travail.

[modifier] Bibliographie

[modifier] Publications en français

  • Alexandre ou Qu'est-ce que la vérité?, Traduction de Claude Riehl, Tristram, 2008.
  • Cosmas ou la Montagne du Nord. Traduction de Claude Riehl, Tristram, 2006.
  • Goethe et un de ses admirateurs. Traduction de Claude Riehl, Tristram, 2006.
  • On a marché sur la lande. Traduction, notes et postface par Claude Riehl. Éditions Tristram, 2005
  • Le Cœur de pierre. Traduction, notes et postface par Claude Riehl. Éditions Tristram, 2005
  • Histoires. Traduction et postface par Claude Riehl. Éditions Tristram, 2005
  • Tina ou de l'immortalité suivi de Arno à tombeau ouvert. Traduction monographie par Claude Riehl. Éditions Tristram, 2005
  • Vaches en demi-deuil. Traduction et postface par Claude Riehl. Éditions Tristram, 2005
  • Le Cœur de pierre. Traduction de Claude Riehl, avec des notes et une postface du traducteur. Editions Tristram, 2002.
  • Tina ou de l’Immortalité. Traduction de Claude Riehl, Suivi de : Arno à tombeau ouvert par Claude Riehl. Editions Tristram, 2001.
  • Scènes de la vie d’un faune. Trad. : Jean-Claude Hémery, avec la collaboration de Martine Vallette. Postface de Jean-Claude Hémery. Christian Bourgois éditeur, 1991 / 2001.<br
  • La République des savants. Traduction de Martine Vallette, avec la collaboration de Jean-Claude Hémery. Collection Les Lettres Nouvelles, Julliard, 1964, 2001.
  • Histoires. Traduction de Claude Riehl, avec une postface du traducteur. Editions Tristram, 2000.
  • Vaches en demi-deuil. 10 récits champêtres. Traduction de Claude Riehl, avec une postface du traducteur. Editions Tristram, 2000.
  • Miroirs noirs. Traduction de Claude Riehl, Christian Bourgois éditeur, 1994.
  • Roses & Poireau. Traduction de Claude Riehl, Dominique Dubuy et Pierre Pachet. Maurice Nadeau éditeur, 1994.
  • Brand’s Haide.Traduction de Claude Riehl, Christian Bourgois éditeur, 1992.
  • Léviathan. Trad. : Dominique Dubuy, Pierre Pachet, Jean-Claude Hémery et Claude Riehl. Christian Bourgois éditeur, 1991.
  • Soir bordé d’or. Une farce-féerie. 55 Tableaux des Confins Rust(r)iques pour Amateurs de Crocs-en-langue. Traduction de Claude Riehl, Maurice Nadeau éditeur, 1991.

[modifier] Plusieurs essais ont paru en revue

  • Ma bibliothèque. Trad. : Hartmut Traub, Hans Hartje et Claude Mouchard. Notes de Hartmut Traube. Po&sie n°44, Editions Belin, 1988.
  • Le Poète et le critique. Trad. : Hartmut Traub, Hans Hartje et Claude Mouchard. Po&sie n°44, Editions Belin, 1988.
  • Remerciements pour le prix Goethe. Trad. : Aglaia I. Hartig. Po&sie n°57, Editions Belin, 1991.
  • ainsi qu'un dossier de la revue Il Paricolare, dirigré par Jean-Pierre Cometti, 2006.
  • On peut également lire un extrait de : Zettel’s Traum (ZT 547-552). Trad. : Claude Riehl. Antigone n°19, 1994.

[modifier] Liens externes

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