Antoine Dorfeuille

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Dorfeuille.

Philippe-Antoine Dorfeuille (1754-1795), est un comédien, un grand voyageur et un révolutionnaire français.

Sommaire

[modifier] Biographie

A la fin de l'Ancien Régime, le théâtre se divise entre le théâtre de province, le théâtre de boulevard et les grandes institutions à privilèges (Opéra, Comédie-Française). Mal reconnu par le théâtre parisien, il tente en vain à deux reprises d'entrer au Théâtre-Français, jouant dans des salles de boulevard (Variétés-Amusantes, Favart), et mène carrière en province.

En 1789, il s'enthousiasme pour la Révolution, multipliant textes et saynètes patriotiques. Missionnaire jacobin, il visite successivement les sociétés politiques de tout l'Ouest français (de la Bretagne au Pays basque) puis celles du Midi méditerranéen. Il met ses talents de comédien et d'auteur dramatique au service de son anticléricalisme, de son hostilité à l'aristocratie, de son exaltation des valeurs militaires des volontaires nationaux, donnant lecture de ses écrits (Miracle de la sainte omelette, La lanterne magique patriotique ou le coup de grâce à l'aristocratie, Lettre d'un aristocrate à son maître, La religion de Dieu et la religion du Diable, etc.). Lui-même s'engage dans l'armée, devient aide de camp de plusieurs généraux et se lie d'amitié avec Dubois-Crancé.

Admirateur de La Fayette et de Mirabeau en 1790-1791, puis des Girondins en 1791-1792, son évolution le porte vers les Montagnards en 1793. Particulièrement enthousiaste à l'égard de Marat et d'Hébert, cet apôtre de la Nature, du Soleil et de la Raison prend part à la lutte déchristianisatrice, qu'il prolonge par une assimilation au Père Duchesne, au nom duquel il écrit à Roanne.

Reconnu par les représentants en mission à Lyon (Albitte, Fouché, Collot d'Herbois surtout), il est chargé de la Commission de justice populaire de Ville-Affranchie, puis de différentes missions dans les départements voisins (il assure, en particulier, le contrôle de la manufacture d'armes de Saint-Étienne). Cet homme au prosélytisme facile ne survit pas longtemps à la chute de Robespierre. Sans arrêt inquiété, malgré les appuis dont il jouit au Comité de surveillance générale, il est arrêté le 2 mars 1795, tente en vain d'intervenir auprès des représentants en mission et écrit, le 29 avril pour lui annoncer qu'il se sait condamné. Détenu avec d'autres à la Maison d'arrêt de Roanne, il est assassiné lors du massacre du 4 mai 1795, en fin d'après-midi, pendant la Terreur blanche.

Le 21 floréal an III (10 mai 1795), sa veuve publie à Paris les Relations du citoyen dorfeuille, égorgé dans les prisons de Lyon par les agens des Émigrés, récit adressé aux Conventionnels.

Antoine Dorfeuille a parfois été confondu, à tort, avec Pierre-Paul Gobet, dit Dorfeuille (1745-1806), auteur et comédien[1],[2].

[modifier] Source partielle

Philippe Bourdin, « Révolution et engagement militant à l'aune des biographies », dans Siècles, Cahiers du centre d'histoire « Espaces et cultures », Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise Pascal-Clermont-Ferrand II, n° 11 « Engagements politiques », premier semestre 2000, p. 7-33

[modifier] Notes et références

  1. Voir Edmond Denis de Manne, Nouveau dictionnaire des ouvrages anonymes et pseudonymes la plupart contemporains, Lyon, N. Scheuring, 1862 (nouvelle édition), p. 328, explique que « plusieurs biographes, Étienne et Martainville, dans leur Histoire du Théâtre-Français, M. Paul Lacroix, dans son Catalogue de la bibliothèque de Soleinne, et nous, à leur exemple, ont confondu cet Antoine Dorfeuille avec Pierre-Paul Dorfeuil ». Le même est orthographié « Pierre Paul Gabet », dit « Dorfeuille », à la fin du même ouvrage, dans la « Table alphabétique des auteurs dévoilés », p. 16.
  2. Voir Alfred de Lacaze, « Dorfeuille (Antoine) » et A. Jadin, « Dorfeuille (P.-P.) », in Jean-Chrétien Ferdinand Hoefer (dir.), Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Paris, Firmin Didot frères, fils et Cie, 1858, tome 14 (« Dexbach-Duchesnois »), p. 605-606, qui l'orthographient « Dorfeuille ».

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes