Ancus Marcius

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Série Rome antique

Le pont Sublicius, selon Luigi Canina
Le pont Sublicius, selon Luigi Canina

Ancus Marcius est le quatrième des sept rois légendaires de la Rome antique.

Son règne nous est présenté principalement par les historiens Tite-Live et Denys d'Halicarnasse.

Comme ses prédécesseurs, après un bref interrègne, Ancus est élu (en 640 avant J.-C.) par le peuple romain, une élection ratifiée par le Sénat. Il est le petit-fils de Numa Marcus, gendre de Numa Pompilius et premier pontife romain, donc lui aussi un Sabin. Ancus Marcius, appartenant à la gens Marcia, était donc le petit-fils ou l'arrière-petit-fils de Numa Pompilius.

Sommaire

[modifier] Un roi pieux

Dès le début de son règne, Ancus charge le grand pontife de mettre par écrit les révélations des Commentaires de Numa, il agrandit le temple de Jupiter Férétrien et instaure le collège des fétiaux. Surtout, Ancus restaure les pratiques religieuses négligées pendant le règne de son prédécesseur, le belliqueux Tullus Hostilius. En effet, selon la tradition et selon lui-même, Tullus, superstitieux et négligeant le rituel, avait été foudroyé pendant un sacrifice mal exécuté. Denys d'Halicarnasse rapporte cependant un autre récit auquel, dit-il, il n'accorde aucune foi, et selon lequel Ancus Marcius aurait en fait profité d'une tempête pour assassiner le roi Tullus Hostilius en incendiant sa maison.

[modifier] Un roi bâtisseur

Ancus agrandit la Ville : il jette le premier pont en bois sur le Tibre, le pont Sublicius et annexe le Janicule. Il étend l'influence de Rome vers la mer en créant à l'embouchure du Tibre le port d'Ostie et en construisant des salines, ainsi qu'un camp militaire. La construction d'Ostie est d'ailleurs le point le plus contesté du récit traditionnel. Aucune découverte archéologique n'est venue corroborer cette thèse et tous les éléments mis au jour montrent que la construction du port est beaucoup plus tardive. Il dirigea aussi la construction du fossé des Quirites et de diverses autres fortifications (sur l'Aventin et le Janicule, entre autres). Son règne est également marqué par l'apparition de problèmes sociaux : la prison du Tullianum est creusée en pleine ville, au flanc du Capitole, pour les délinquants.

[modifier] Un roi guerrier

Le bonus Ancus est présenté comme un roi pacifique, mais, d'après Tite-Live, « les circonstances convenaient mieux à un Tullus Hostilius qu'à un Numa »,[1] et Ancus est souvent amené à faire la guerre contre ses voisins. Les Latins sont vaincus (guerres contre Politorium, Médullia, puis Tellènes et Ficana) et déportés en grand nombre autour du mont Aventin qui est intégré à la Ville.[2] On fait aussi allusion à des batailles contre Fidènes (où Tarquin est cité comme lieutenant d'Ancus) et Véies. La fonction guerrière d'Ancus Marcius est aussi marquée par le fait que sa première préoccupation était la protection de cette cité : c'est pour empêcher les voisins de Rome de s'installer sur le Janicule qu'il l'annexe et le fortifie. De plus, Tite-Live précise qu'Ancus Marcius a fait creuser le fossé des Quirites afin de protéger Rome.

[modifier] La succession étrusque

L'ambitieux Lucius Tarquin l'Ancien, d'origine corinthienne, se place dans l'entourage d'Ancus : il devient l'ami du roi et est nommé tuteur de ses deux fils. Par d'habiles manœuvres politiques, il parvient à se faire élire comme successeur d'Ancus Marcius en 616 avant J.-C. et devient le premier roi étrusque de Rome.

[modifier] Une place importante dans la tradition

Dans la tripartition fonctionnelle décrite par Georges Dumézil, Ancus Marcius tient une place de choix puisqu'il est rattaché à la prospérité. Après Romulus et Numa Pompilius, qui incarnent la duplicité de la souveraineté (souveraineté basée sur la puissance pour le premier et souveraineté formelle, d'origine sacerdotale pour le second), et Tullus Hostilius, qui incarne la puissance guerrière, Ancus Marcius représente la production. Le fait que ce soit le quatrième roi de Rome qui soit rattaché à sa prospérité (symbolisée dans la tradition par l'extension vers la mer avec la fondation d'Ostie et la conquête de villes situées entre la mer et Rome ou par la construction du pont Sublicius) n'est pas sans signification. Dans la tripartition fonctionnelle de Dumézil, la fonction de prospérité arrive hiérarchiquement en quatrième position, si l'on considère la duplicité de la première fonction, à savoir la souveraineté. Est-ce un hasard ? Le nom-même d'Ancus Marcius est par ailleurs étymologiquement lié à la mer et au Tibre, puisque Ancus viendrait du grec Ankos, mot signifiant « courbure » et désignant la coude que fait le Tibre avant de se jeter dans la mer. Or c'est cette extension vers la mer qui a permis à Rome de s'ouvrir à la méditerranée entière. Et même si cette ouverture ne deviendra importante qu'à partir du IIIe siècle av. J.-C., c'est elle qui a permis à Rome de prospérer économiquement parlant en commerçant avec différentes civilisations méditerranéennes. Comme signalé plus haut, Ancus Marcius est aussi le premier roi à avoir construit une prison à Rome (dont les fondations ont été retrouvées il y a quelque temps, remontant exactement à la période de son règne). Et en général, les civilisations qui construisent des prisons ont atteint un certain niveau de prospérité.

[modifier] Notes et références

  1. Tite-Live, Ab Urbe Condita, I-32
  2. Eutrope : Abrégé de l'Histoire Romaine (tr : Maurice Rat) : « V. - Après lui, Ancus Marcius, petit-fils de Numa par une fille de ce prince, prit le pouvoir. Il combattit avec ardeur contre les Latins, ajouta à la capitale le mont Aventin et le mont Janicule, bâtit sur la mer la cité d'Ostie, à seize milles de la ville de Rome. Dans la vingt-quatrième année de son règne, il succomba à une maladie. »
  Les Rois de Rome  
Tullus Hostilius (-672 à -641) Ancus Marcius (-641 à -616) (Roi sabin) Tarquin l'Ancien (-616 à -575)


[modifier] Bibliographie

  • Tite-Live, Histoire romaine. De la fondation de Rome à l'invasion gauloise. Livres I à V. Garnier-Flammarion. Traduction d'Annette Flobert. ISBN 2080708406
  • Eutrope : Abrégé d'histoire romaine, CUF Latin, Les Belles-Lettres, 2003. ISBN 2251014144
  • Thierry Camous, Le Roi et le fleuve. Ancus Marcius Rex aux origines de la puissance romaine, Collection Études anciennes, Les Belles-Lettres, Paris, 2004. ISBN 225132656-1