Alessandro Moreschi

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Alessandro Moreschi (11 novembre 1858 - 21 avril 1922) est un chanteur italien. C'est l'un des castrats les plus célèbres de la fin du XIXe siècle. Il était le seul castrat du répertoire de bel canto qui réalisait des enregistrements sonores.

Il était plus connu que son cadet Domenico Mustafa, un ancien Direttore Perpetuo de la Chapelle Sixtine. Domenico Salvatori et Giovanni Cesari étaient également des castrats célèbres.

[modifier] Vie et carrière

Alessandro Moreschi est né au sein d'une grande famille catholique, dans la ville de Monte Compatri. Il a été suggéré qu'il fut castré aux environs de 1865, mais les raisons de cette opération demeurent incertaines : il se peut qu'elle soit due à un problème purement médical (notamment à une hernie scrotale) ou pour des raisons musicales.

Néanmoins, c'est en tant que castrat qu'il entra dans l'école de musique de San Salvatore, où il fut remarqué par Gaetano Capocci, qui devint son professeur. En 1873, il fut nommé premier soprano de la chapelle de Laterano. En 1883, il fut invité à rejoindre la Chapelle Sixtine, après avoir été entendu dans le rôle de Seraph dans l'oratorio Christus am Ölberge de Beethoven. À cette époque, Moreschi était soprano léger et doué d'une extraordinaire pureté et agilité. C'est la raison qui lui valut le surnom d'Angelo di Roma et il fut nommé soliste de la Chapelle Sixtine par le pape.

En 1891, il fut nommé secrétaire de la Chapelle. En 1898, Moreschi fut élevé au rang de directeur de chœur ; deux ans plus tard, on lui demanda de chanter lors des funérailles du roi italien Umberto I au Pantéhon.

Durant le printemps de 1902, Moreschi réalisa le premier enregistrement pour phonographe de sa carrière. Il effectua d'autres enregistrements en 1904. En tout, il en fit 17, dont 8 où il chantait en solo.

Moreschi était, mis à part ses rôles de soliste et de directeur de chœur, aussi professeur de chant. Un de ses élèves réalisa un mémoire à propos des méthodes d'enseignement de Moreschi : l'élève dut traduire ses techniques et son intonation aussi véridiquement que possible. Il tenta de faire admettre ce dernier dans l'école de musique du successeur de Mustafa, un certain Don Lorenzo Perosi, mais il n'y parvint pas. Curieusement, cet élève devint un excellent joueur de contrebasse.

En mars 1913, il se retira dans sa maison de Rome où il passa le reste de ses jours. Il continua de chanter pour certaines circonstances, comme lors d'une grande célébration à la Cappella Giulia en 1914. Il était également ami avec le compositeur allemand Franz Habock, auteur de l'œuvre Die Kastraten und ihre Gesangskunst, où il prévoyait de revisiter le répertoire de Farinelli en 1914, avec Moreschi. Pourtant, ce projet n'aboutit pas en raison de plusieurs obstacles ; les raisons de la guerre et du dépérissement de la voix de Moreschi ont été avancées, jusqu'à ce que Habock lui-même annonça les vraies raisons de cet échec : Moreschi, comme tous les chanteurs de la Cappella était incapable de chanter le répertoire baroque avec aisance.

Moreschi mourru d'une pneumonie lors de l'été de 1922, dans sa maison de Rome.

[modifier] Opinion des critiques

L'opinion des critiques est divisée à propos des enregistrements de Moreschi : certains disent qu'ils sont peu intéressants, et que Moreschi était un chanteur médiocre, tandis que d'autres critiques soulignent le talent du chanteur qui fut malheureusement victime de l'époque des enregistrements. Il faut pourtant signaler que l'âge qu'avait Moreschi quand il enregistra, de 44 à 46 ans, est considéré par beaucoup de chanteurs lyriques comme l'âge d'or d'une voix. D'autres critiques pensent qu'il était un très bon chanteur, notamment en considérant son âge de l'époque et le fait que, quand Moreschi était jeune, les professeurs étaient incapables d'enseigner correctement aux castrats - voix qui avaient déjà presque disparu.

Beaucoup des attaques vocales de Moreschi étaient en fait des notes d'agrément (glissando ou port de voix). De plus, l'esthétique du chant de Moreschi, qui impliquait une passion extrême dans le chant et une sorte de perpétuel sanglot, peut apparaître comme étrange pour l'auditeur moderne et peut être perçue comme une faiblesse technique ou l'effet d'une voix vieillissante.

La qualité de ses enregistrements est variable : le Crucifixus de Rossini est de mauvaise qualité (Moreschi le ré-enregistra en 1904) mais le Pie Jesu de Leibach est meilleur et la chanson Ideale de Tosti l'est également, comme le prouvent les applaudissements des choristes à la fin de cet air.

La plus fameuse pièce que Moreschi ait enregistrée est l’Ave Maria de Gounod et de Jean-Sébastien Bach [1]. Il s'agit peut-être ici de la seule performance de Moreschi qui rappelle les castrats du répertoire baroque : il y a une passion forte dans le chant - « un sanglot dans chaque note », comme le dit un contemporain[réf. nécessaire] - et Moreschi, malgré son âge, atteint le contre-Si sans effort audible.

En considérant les apparitions de Moreschi, Habock dit en 1914 :

« Moreschi était de taille moyenne et plutôt de petite stature ; il n'avait pas de poils faciaux et sa poitrine était large et surdéveloppée. Dans sa jeunesse, lorsqu'il chanta l'oratorio de Seraph à l'âge de 25 ans, sa tessiture s'étendait du Do 3 au Mi 5. Maintenant pourtant, à la fin de sa carrière, elle s'étend du La 3 au Sol 4. La voix parlée de Moreschi possède une certaine qualité, et fait plus penser à un contre-ténor. Pourtant, sa voix et son apparence donnent l'impression qu'il reste une personne jeune. » (Moreschi avait 56 ans à l'époque.)

[modifier] Références

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Alessandro Moreschi ».