Alcoolémie

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L'alcoolémie[1] est le taux d'alcool présent dans le sang. Elle se mesure généralement en grammes par litre de sang, en milligrammes par 100 ml de sang ou en millimoles par litre de sang.

Correspondance des valeurs : un gramme d'éthanol par litre de sang équivaut à 22 millimoles par litre de sang ou bien à un demi-milligramme d'éthanol par litre d'air expiré.

Sommaire

[modifier] Calcul approché de l'alcoolémie

[modifier] Calcul

Soit T l'alcoolémie approchée et K le coefficient de diffusion (0,7 pour l'homme et 0,6 pour la femme)

La densité de l'éthanol étant d'environ 0,8, on obtient alors :

T = \frac{V \times p \times 0,8}{K \times m}

Avec :

  • V : le volume d'alcool ingéré en ml ;
  • p : le degré d'alcool de la boisson ingérée ;
  • K : le coefficient de diffusion ;
  • m : la masse de l'individu en kg.

[modifier] Exemple

Soit un individu ayant consommé 2 bières 25 cl à 5 %

L'individu est une femme de 55 kg : K = 0,6  :
T=\frac{500 \times 0,05 \times 0,8}{0,6 \times 55} \approx 0,60\,g/l\;de\;sang
L'individu est un homme de 80 kg : K = 0.7  :
T=\frac{500 \times 0,05 \times 0,8}{0,7 \times 80} \approx 0,36\,g/l\;de\;sang

[modifier] Facteurs métaboliques

[modifier] Absorption

Suite à son ingestion, l'alcool est absorbé selon une vitesse qui dépend de différents facteurs, tels que :

  • présence d'aliments dans l'estomac (effet retardateur) ;
  • concentration en alcool de la boisson consommée (effet amplifiant) ;
  • vitesse de consommation (effet amplifiant).

Environ 20% de l'alcool est absorbé au niveau de l'estomac et les 80% restants le sont au niveau de l'intestin grêle. L'absorption de l'alcool se fait par un processus physique basé sur la différence de concentration de part et d'autre de la membrane digestive.

[modifier] Distribution

L'alcool ne demeure pas confiné dans la circulation sanguine et se répartit dans l'ensemble des tissus de l'organisme ; l'alcool étant hydrophile, sa concentration dans un tissu dépend de sa teneur en eau.

Une fois absorbé, l'alcool se retrouve dans la circulation sanguine au niveau du système de la veine porte. De là, il suit la circulation sanguine : veine porte, foie, cœur droit, poumons, cœur gauche puis autres tissus.

À consommation égale d'alcool en une même période de temps, un homme aura un taux d'alcool sanguin moins élevé que la femme. Ceci s'explique par le fait que, généralement, ses masses corporelle et musculaire sont plus grandes que celles de la femme. Ainsi, l'alcool trouve davantage d'espace ou de volume de distribution dans le corps de l'homme (et ainsi demeure moins confiné au niveau sanguin).

[modifier] Élimination

Dès que l'on commence à absorber de l'alcool, l'organisme commence à l'éliminer. Lors de la phase de consommation, l'apport d'alcool est plus grand que ce que peut éliminer le corps. Par conséquent, l'alcoolémie augmente. Une fois tout l'alcool absorbé, l'apport devient nul et l'élimination exerce son action. L'alcoolémie commence à redescendre. L'alcool est principalement éliminé par voie métabolique au niveau du foie par un système enzymatique appelé "alcool déshydrogénase". Cette voie, responsable de l'élimination de plus de 90% de l'alcool présent dans l'organisme, est par ailleurs rapidement saturée, de telle sorte que la vitesse d'élimination demeure constante; on ne peut l'augmenter (ou la diminuer) par un quelconque autre moyen. Le taux d'élimination de l'alcool est en moyenne de 15 milligrammes par 100 millilitres à l'heure (15 mg / 100 ml / heure). D'une personne à l'autre, le taux peut varier entre 10 et 25 mg / 100 ml /heure. La consommation abusive d'alcool a tendance à faire augmenter le taux d'élimination.

[modifier] Effets de l'alcool en fonction de l'alcoolémie

L'alcool agit principalement sur le système nerveux central, et provoque dès que l'alcoolémie dépasse les 0,5 g/l (50 mg/100 ml)de sang les effets suivants sur la plupart des sujets :

  • rétrécissement du champ visuel ;
  • augmentation de la sensibilité à l'éblouissement ;
  • altération de l'appréciation de l'espace et notamment des distances ;
  • diminution des réflexes et augmentation des temps de réaction à des situations imprévues. La durée moyenne du temps de réaction en conditions normales est évaluée à une seconde environ. Dès 0,5 g/l, ce temps de réaction atteint 1,5 seconde. Plus l'alcoolémie est élevée, plus le temps de réaction est allongé ;
  • surestimation de ses capacités ; l'effet généralement euphorisant de l'alcool inhibe certains réflexes et peut induire des comportements périlleux ;
  • intoxication sévère au delà de 3 g/l, avec risque de coma éthylique élevé ainsi que risques d'hypothermie et d'hypoglycémie.
  • à partir de 3.8 g/l, le sujet risque la mort. Au delà de 5 g/l, la mort devient fortement probable.

Ces effets, lorsqu'ils sont présents chez un conducteur de véhicule, peuvent rendre la conduite plus dangereuse :

  • si un obstacle survient, la mauvaise appréciation des distances, combinée à un retard dans le temps de réaction dû aux reflexes altérés, risquent de provoquer un freinage trop tardif ;
  • l'effet euphorisant peut conduire à des prises de risques inconsidérés, comme rouler à une vitesse excessive, se montrer agressif envers les autres usagers, oublier de mettre la ceinture de sécurité ou le casque...

[modifier] Taux légal

Dans les pays respectant la Déclaration universelle des droits de l'homme, les interdictions ne peuvent avoir pour motivation que l'intérêt commun. De fait, ce n'est pas la consommation de l'alcool en soi qui est répressible, mais les effets néfastes qu'elle entraîne. En général, cela s'applique à trois situations :

  • enfant mineur : l'alcool ayant un effet néfaste sur le développement de l'enfant, il est en général interdit de servir de l'alcool aux mineurs dans les débits de boisson ; En France, on a le droit de servir des alcools non distillés (bières et vins) à partir de 16 ans, et des alcools distillés à partir de 18 ans.
  • trouble à l'ordre public : l'ivresse publique et manifeste (ou ivresse sur la voie publique) est en général réprimée ;
  • la conduite sous l'emprise de l'alcool, pouvant causer des accidents.

Les deux premiers points sont en général soumis à un contrôle des faits ou du comportement ; il n'y a donc pas de limite en termes de d'alcoolémie proprement dite. Le dernier point ayant des conséquences pouvant être mortelles, les législations définissent en général une limite légale au delà de laquelle la conduite est interdite.

Le Code de la route définit donc une concentration limite au-delà de laquelle un automobiliste n'est plus autorisé à utiliser son véhicule.

En France, le taux légal est de 0,5 g d'alcool par litre de sang (ou 0,25 mg par litre d'air expiré), ce qui correspond approximativement à deux verres de vin ou deux verres standard de tout autre alcool (bière, whisky...).

Au Canada, le taux légal est de 80 milligrammes d'alcool pour 100 millilitres de sang ou 0,08% (m/v), ce qui correspond à 0,8 g d'alcool par litre de sang.

Pour la Suède, le taux légal est de 0,2 g par litre de sang, et au Royaume-Uni il est de 0,8 g/L de sang.

Dans certains pays comme la République tchèque, le taux légal est tout simplement de 0 g par litre de sang. Cependant, il est apparu que certaines personnes, sans consommer d'alcool, possèdent naturellement une très légère alcoolémie, ce qui conduit à remettre en question le taux légal de 0 g par litre de sang dans les pays ayant adopté un tel taux.

[modifier] Moyens de contrôle de l'alcoolémie

  • contrôle comportemental : celui-ci n'est pas pratiqué en France ; il présente l'intérêt de détecter des troubles de comportement pouvant être dus à d'autres toxiques (médicaments, cannabis) ; il consiste en général en des tests d'équilibre (tenir un certain temps sur une jambe, marcher le long d'une ligne sur une certaine distance), et des tests d'appréciation des distances (se toucher le nez les yeux fermés en partant bras tendus)
  • éthylotest, ou alcootest : analyse semi-quantitative de l'air expiré par indicateur coloré (oxydation de l'alcool par le dichromate de potassium) ;
  • éthylomètre électronique : analyse de l'air alvéolaire expiré par un détecteur semi-conducteur (sa résistivité varie en fonction de la quantité d'alcool adsorbée en surface) ou par une cellule qui compare les changements de hauteurs d'ondes envoyés par un émetteur IR.
  • analyse du taux plasmatique après prise de sang.

Ces deux derniers moyens de contrôle apportent une preuve de l'alcoolémie, ce qui peut donner suite aux sanctions appropriées, alors que l'éthylotest est utilisé pour détecter l'alcoolémie positif, lequel sera suivi par une mesure précise par prise de sang ou éthylomètre.

[modifier] Sanctions

[modifier] France

Les peines encourues en France pour une personne conduisant avec une certaine alcoolémie.

  • Pour une alcoolémie comprise entre 0,5 et 0,8 g par litre de sang : une amende de 135 euros et la perte de six points.
  • Pour une alcoolémie supérieure ou égale à 0,8 g par litre de sang : deux ans d'emprisonnement, une amende pouvant atteindre 30 000 euros, la confiscation du véhicule, la suspension du permis de conduire et la perte de six points.

En cas d'infraction très grave (récidive, homicide), la peine encourue est, en plus des sanctions pénales, l'annulation du permis de conduire pour une durée pouvant atteindre dix ans.

[modifier] Vocabulaire

L'utilisation récurrente de l'expression "taux d'alcoolémie" est un pléonasme dès lors que l'alcoolémie désigne en elle-même un taux.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Lien externe

[modifier] Notes et références

  1. L'alcoolémie étant un taux, il est incorrect de parler de taux d'alcoolémie, cette expression étant un pléonasme.