Albe-la-Longue

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Cité antique fortifiée du Latium, Albe-la-Longue (Alba Longa) est l'une des plus anciennes cités d'Italie. Elle est située à 20 km au sud-est de Rome.

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[modifier] Légende et origine d'Albe

Selon la légende, Albe-la-Longue (en italien Alba Lunga) est fondée par Ascagne (Iule), fils d’Énée, trente ans après la fondation de Lavinium. Chronologiquement, cela signifierait à peu près au milieu du XIIe siècle av. J.-C., peu de temps après la destruction de Troie (qui aurait eu lieu en 1184 av. J.-C. selon les Anciens).

Ascagne aurait fondé une dynastie de rois albains (Voir en:Latin kings of Alba Longa), dont nous ne connaissons que les noms de Procas et de ses fils Numitor et Amulius. L’héritier légitime de Procas était Numitor, mais il est chassé par son frère Amulius, qui usurpe le trône et contraint Rhéa Silvia, la fille de Numitor, à entrer dans les rangs des vestales pour lui ôter tout espoir d'avoir une progéniture qui peut venger son grand-père. Quand Rhéa Silvia donne naissance aux jumeaux Romulus et Rémus, engendrés par Mars, Amulius ordonne de les tuer. Mais les jumeaux sont abandonnés sur le Tibre et sauvés. Devenus hommes, et prenant conscience des droits de leur naissance, ils tuent Amulius et rendent le trône à Numitor. Ce dernier, en remerciement, leur permet de fonder une nouvelle cité, Rome : ainsi, les Romains regardent traditionnellement Albe-la-Longue comme leur cité-mère.

Alors que la puissance de Rome augmente, les deux cités entrent en conflit, et finalement sous le roi Tullus Hostilius (vers le milieu du VIIe siècle av. J.-C.), une guerre entre elles est provoquée par le célèbre combat des Horaces et des Curiaces. Albe est détruite (665 av. J.-C.), pour ne jamais être reconstruite, et ses habitants sont déplacés à Rome, où la colline de Caelius leur est offerte.

[modifier] Rois d’Albe-la-Longue

Selon Denys d'Halicarnasse, les rois d’Albe-la-Longue forment une chaîne de descendance directe entre Ascagne et Romulus. Grâce à Tite-Live, nous connaissons deux rois d’Albe-la-Longue qui ne font pas partie de cette séquence. Les deux ont régné sous Tullus Hostilius, un roi romain. Le premier fut Gaius Cluilius qui meurt lors d’une guerre contre les Romains. Mettius Fufetius, qui lui succède, est aussi exécuté par Tullus Hostilius pour traîtrise.

[modifier] Données archéologiques et interprétation historique

Localisation probable d’Alba Longa sur une carte du Latium antique, entre le lac albain et le mont albain(1886, G. Droysens Allgemeiner Historischer Handatlas)
Localisation probable d’Alba Longa sur une carte du Latium antique, entre le lac albain et le mont albain
(1886, G. Droysens Allgemeiner Historischer Handatlas)

La localisation de la cité latine antique a fait l’objet de nombreux débats depuis le XVIe siècle. Le point de départ est l’histoire de la fondation chez Denys d'Halicarnasse qui parle d’un site entre Monte Cavo et le lac albain. Le site a été identifié à plusieurs reprises : au couvent de Saint Paul à Palazzola, près d’Albano, ou à Coste Caselle, près de Marino, ou enfin à Castel Gandolfo. Il est établi que c’est à Castel Gandolfo que se trouve la villa de Domitien, dont des sources antiques affirment qu’elle occupe l’emplacement de la citadelle d’Albe.

Les données archéologiques disponibles remontent à l’Âge de fer et établissent l’existence d’une série de villages, dont chacun posséde sa propre nécropole, le long de la côte sud-ouest du lac albain. Quand Rome les détruit, ces villages devaient être en phase encore pré-urbaine, et commençaient à se regrouper autour d’un centre qui aurait bien pu être Castel Gandolfo. Cette hypothèse découle du fait que la nécropole qui s’y trouve est beaucoup plus grande, ce qui laisse penser à une plus grande ville.

Plus tard, durant la période républicaine, le territoire d’Alba (l’Ager Albanus) voit la construction de nombreuses villas résidentielles, qui sont mentionnées dans la littérature antique et dont des vestiges sont toujours visibles.

[modifier] Le sanctuaire de Jupiter latiaris

Au sommet du Mons Albanus se trouve un sanctuaire très ancien consacré à Jupiter Latiaris. Florus, l’historien romain du IIe siècle, rapporte que le lieu aurait été choisi par Ascagne, le fondateur d’Albe-la-Longue, qui après la fondation de la cité aurait invité les Latins à y célébrer des sacrifices en l’honneur de Jupiter.

Dans le sanctuaire, on célébre chaque année les Feriae Latinae, au cours desquelles toutes les cités appartenant à la confédération des peuples latins se réunissent pour sacrifier au dieu un taureau blanc, dont la chair est distribuée aux participants. Il s'agit donc d'un culte fedéral et sa situation proche d'Albe-la-Longue témoigne de l'hégémonie qu'il devait exercer sur les autres lieux de culte de la région, parmi lesquels devait figurer Rome.

Après la destruction d’Albe-la-Longue et la substitution de Rome comme centre hégémonique, la tradition rappelle l'édification d'un véritable temple dédié à Jupiter Latiaris sur le mont Albain sous le règne de Tarquin le Superbe. Ce temple de Jupiter sur le Capitole, inauguré traditionnellement en 509 av. J.-C., est destiné à remplir les fonctions du sanctuaire fédéral latin, établissant le centre religieux à Rome.

Il ne subsiste aujourd’hui du sanctuaire antique que quelques vestiges du mur d’enceinte, qui ont été déplacés du site, et des restes importants de la route pavée qui en permette l’accès et qui rejoint la Voie Appienne près d’Aricie.

[modifier] Voir aussi