Alan Heusaff

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Alan Heusaff (23 juillet 1921, Saint-Yvi - 1999, Dublin) est un militant nationaliste et linguiste breton, impliqué dans la collaboration.

Sommaire

[modifier] Biographie

Origine

Fils de Sébastien Heusaff et de Marie-Anne Faron. Il a un frère non impliqué dans un quelconque mouvement politique. Sa famille est originaire de Toulgoat, près de La Forêt-Fouesnant. Il est né en 1921 à Saint-Yvi près de Rosporden, en Cornouaille, et fréquente l'École Normale de Quimper pour devenir instituteur.

Jeunesse

Il adhère en 1938 au Parti National Breton, indépendantiste. À la même époque, il adhère également au Kadervenn, un noyau de combattants organisé par Célestin Lainé, en compagnie d'Alan Le Louarn, qui voulait en faire l'embryon d'une armée bretonne et qui recrutait de nombreux anciens de l'organisation clandestine Gwenn ha Du (terrorisme), responsable d'attentats à partir de 1932. Il participe ainsi aux manœuvres secrètes de juillet 1938 sur les terres de Lanvaux, dans le centre de la Bretagne.

La collaboration

Il écrit des articles dans le journal sous le pseudonyme Mab Ivi de 1941 à 1942. Il a fait de la propagande dans l’Heure Bretonne et dans Arvor avec Yann Ar Beg. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il s'engage dans les Bagadou Stourm (Groupes de combat), service d'ordre du PNB, organisées par Yann Goulet. En 1943, il s'inscrit au Bezen Perrot. Cette formation, créée par Célestin Lainé, est devenue, selon la définition même de son chef, « la première armée bretonne en guerre contre la France depuis la défaite historique de Saint-Aubin du Cormier ». Cette organisation est rapidement prise en main par les nazis et incorporée dans le SD (Sichereitsdienst, Service de sécurité) et participe, en Bretagne, aux combats contre la Résistance. Il est blessé lors de ces opérations. Il est adjoint de 1943 à 1945 du chef du Bezen Perrot.

Il affirme dans une interview en 1970 à Ronan Caerléon : « Dès 1938 je partageais les convictions que la Bretagne ne pourrait pas regagner sa liberté “dre gaer” (de gré) ; l’État français s’y opposerait de toutes ses forces. J’étais d’accord pour que nous recherchions des appuis à l’extérieur où qu’ils soient, puisque nous n’étions pas assez forts pour atteindre notre but seuls. [...] Peu m’importent les accusations telles que celles contenues dans des articles de journaux français et dans certains ouvrages même écrits par des Bretons que “le Bezen Perrot se couvrit d’autant de crimes que la milice Darnand” D’un côté, les combattants seraient donc des saints et de l’autre des brutes ? Pour moi, ce que j’ai vu de l’action du Bezen Perrot se compare avec les actes des combattants d’autres guerres et c’est un lieu commun de dire que la guerre n’est pas un jeu. Je fus blessé assez grièvement pour devoir rester à l’hôpital plus de quatre mois et ceci, dans un combat à découvert, au cours duquel Larnikol de Plovanaleg et Lezet de Saint-Malo tombèrent pour la Bretagne. »

Une récente étude des archives de Kristian Hamon montre la présence des nationalistes bretons : Yves Le Négaret, Taldir Jaffrennou et Alan Heusaff faisant partie de l'association “Amis de la LVF”.

L'exil

La progression de l’armée américaine en direction de Rennes suite à la percée d'Avranches oblige les membres de cette unité à fuir avec Lainé en Allemagne. Certains d'entre eux, comme Ange Péresse, restent en Allemagne, où ils vivent tranquillement sous une fausse identité. Alan Heusaff, avec de nombreux compagnons, décide de partir pour l'Irlande, en passant par l'une des organisations mises sur pied en collaboration avec le mouvement républicain des "patriotes" gallois, rassemblés au sein du mouvement politique Plaid Cymru.

La ligue celtique

En 1950, il reprend ses études à l'Université de Dublin, et, trouve ensuite un emploi dans le service national de l'aéronautique irlandaise. Il se marie avec Bríd Ní Dhochartaigh de Donegal en 1953. Ils ont 6 enfants.

En 1959, il crée, avec Yann Fouéré, le journal Breton News qui se veut le lien entre tous les exilés politiques bretons. En 1961, avec Yann Fouéré, et avec Gwynfor Evans et J. E. Jones, respectivement président et secrétaire général du Plaid Cymru, il fonde sur l'Ile de Rhos au Pays de Galles, la Celtic League (Ligue Celtique), mouvement dans lequel les différents partis nationalistes des régions celtiques étaient représentés. En 1972, Breton News prend lenom de Carn, une dénomination commune dans toutes les langues celtiques, et devient l'organe officiel de la Ligue celtique. Il est élu secrétaire général de la Ligue Celtique. Il est rentré au moins une fois en Bretagne, en 1980, à l'occasion du décès de Célestin Lainé, pour disperser ses cendres sur le champ de bataille de Saint Aubin du Cormier.

Dans une lettre à Al Liamm en août 1995, il déclare ne pas voir d'erreur dans deux livres de Faurisson :

« N’em eus lennet nemet daou levr gant Faurisson, anezho disoc’h enklaskoù graet gantañ hag em eus kavet doare perverzh hag onest dezho. Ha dall e oan ouzh nammoù enno? (...). N’em eus ket gwelet c’hoazh levr na danevellskrid ebet o tiskouez e oa faos an disc’hoù-se  »

Soit :

«  Je n'ai lu que deux livres de Faurisson, les résultats de ses recherches que j'ai trouvé méticuleux et honnête. Est-ce que j'ai été aveugle à des tares dedans ? (...) Je n'ai pas encore vu un livre ou un article qui montre que ces résultats [réévaluation des chiffres de l'holocauste] sont faux  »

Il déclare cependant de manière catégorique être contre l'Holocauste (et donc encore moins la nier) :

« Krediñ a ran koulskoude e kollas e-leizh a Yuzevien (ha re all) o buhez en trevvac’hoù. Ha digarez ebet, din da c’houzout, evit bezañ o lazhet pe lezet da vervel  »

Soit :

« Cependant je crois vraiment que de très nombreux juifs (ainsi que d'autres) ont perdu leur vie dans les camps de concentration. Et il n'y a aucune excuse, selon moi, pour les avoir tué ou les avoir laisser mourir  »

Jusqu'à sa mort en novembre 1999, Alan Heusaff a lutté pour réaliser, au sein de l'Union Européenne, une fédération des nations celtiques.

[modifier] Œuvre littéraire

Alan Heussaff a été récompensé en 1993 par le Prix Xavier de Langlais pour l'ensemble de son œuvre. Il est notamment le traducteur en breton de Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche. Il laisse également des mémoires restées inédites.

[modifier] Œuvre linguistique

C'était aussi un linguiste, l'un des rares à s'être intéressés au breton après l'avoir eu comme langue maternelle. On lui doit le premier dictionnaire entièrement rédigé en breton, le Geriaoueg Sant-Ivi, lexique du dialecte de la commune de Saint-Yvi. Publiée dans une première version de 1962 à 1973 dans la revue Hor Yezh, cette étude, révisée, a été réunie en volume en 1996.

Le premier dictionnaire tout-breton de An Here le citait aussi comme contributeur majeur, ce qui avait soulevé des protestations à cause du passé politique du personnage. Son nom ne figure pas dans la seconde édition (largement augmentée) puisqu'il n'y a pas participé.

[modifier] Publications

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