Affaire Dominici

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L’affaire Dominici, commençant dans la nuit du 4 au 5 août 1952, est une affaire criminelle survenue en France. Elle fut suivie par plusieurs journalistes, tant français qu'étrangers.

Sommaire

[modifier] Historique

Dans la nuit du 4 au 5 août 1952, six coups de feu sont tirés à une heure dix. Quatre heures plus tard, les corps de trois Anglais, Jack Drummond, sa femme Anne et leur fille Elizabeth, qui a la tête fracassée, sont trouvés par Gustave Dominici près de leur voiture en bordure de la nationale 96, à quelques mètres de la ferme familiale (la Grand Terre) et à quelques kilomètres du village de Lurs dans les Basses-Alpes (aujourd’hui Alpes-de-Haute-Provence).

Les fils de Gaston Dominici accusent leur père et mettent en cause leur neveu. Gaston « avoue qu’il avait vu Mme Drummond se déshabiller et lui avait proposé d’avoir un rapport sexuel. Elle était d’accord et en a même redemandé. Le bruit alerta le mari. Une bagarre s’ensuivit et Gaston fit taire le mari ulcéré ». Ces aveux sont faits neuf fois, mais rétractés cinq fois.

Le procès de Gaston Dominici débuta le 17 novembre 1954. Déplaçant les foules, il a une ampleur internationale et mobilise plusieurs écrivains français. Gaston Dominici, fruste et peu loquace, présente une défense malhabile. Au bout de douze jours d’audience, et malgré l'absence de preuves, Gaston Dominici, 77 ans, est déclaré coupable sans circonstance atténuante, ce qui le condamne à mort.

Devant les invraisemblances relevées durant le procès, une nouvelle enquête fut ordonnée quinze jours après le verdict. En 1957, le président Coty commua la peine et, en 1960, le général de Gaulle libéra Gaston Dominici qui, sur la fin de sa vie, devint l'ami d'un moine bénédictin du monastère de Ganagobie lequel reçut sa confession qu'il ne trahit jamais. Gaston Dominici décéda en 1965, sans qu'on sache jamais son degré d'implication dans le triple meurtre de la famille Drummond.

[modifier] Thèses contradictoires

De nombreuses thèses ont été émises pour expliquer le crime :

  • La thèse officielle, celle du crime passionnel ;
  • La thèse de règlements de comptes post-résistance (Drummond, agent secret britannique, aurait été liquidé).
  • La thèse de conflits de famille autour de la grand'terre ;
  • La thèse du patriarche s'accusant des faits pour défendre sa famille ;

[modifier] Affaires du même type

Une affaire très similaire à celle de G. Dominici s'est déroulée en Allemagne en 1960, l'affaire dite Vera Brühne [1]. Les points communs, très clairs quand on connaît bien l'affaire Dominici, sont les suivants :

  1. le mobile, résidant dans le passé de la victime et non de l'accusée ;
  2. une implication des services de renseignement de RFA liée avec la victime, ancien trafiquant d'armes ;
  3. une sociologie de la société bavaroise dans un contexte de conservatisme et de rigidité des mœurs généralisés ;
  4. une influence néfaste et catastrophique de la presse de l'époque qui, non seulement a flatté les plus bas instincts de la foule et l'a conforté dans ses tendances, mais a interféré sur le procès en apportant des témoignages totalement faux ;
  5. une subordination totale de la justice au politique, en l'occurrence le ministre du Land de Bavière de l'époque, F.-J.Strauss ;
  6. l'accusée sort de prison au bout de 18 ans, par un système de grâce complètement arbitraire, sans révision de l'affaire.

En 2000, les médias germaniques font leur aggiornamento et rétablissent la vérité. Il ne semble pas y avoir de projet de révision du procès mais l'essentiel de la mise à disposition de tous les éléments et témoignages au public est fait. On en est loin pour l'affaire Dominici, qui porte décidément très mal son nom.

[modifier] Critiques de la justice

L'action de la justice dans le cadre de cette affaire a été fortement critiquée par les commentateurs.

Jean Giono étudiera en particulier les différences entre le langage de l'accusé (30 à 35 mots selon lui) et celui des accusateurs (plusieurs milliers de mots). Il écrivit Notes sur l'affaire Dominici [2].

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes et références

  1. pour un résumé en français, voir l'Affaire Vera Brühne.
  2. Jean Giono, Notes sur l'affaire Dominici, Gallimard, 1955, (ISBN 978-2070228294)

[modifier] Films inspirés de l'affaire

[modifier] Documentaire

  • Orson Welles réalisa pour la télévision un documentaire demeuré inachevé sur l'affaire. La quasi intégralité de ses images ont été retrouvées et regroupées dans un documentaire intitulé L'Affaire Dominici par Orson Welles, réalisé par Christophe Cognet [1].

[modifier] Bibliographie

  • André Benedetto, Pourquoi et comment on a fait un assassin de Gaston d., Éditions Pierre Jean Oswald, 1975.
  • Jean-Charles Deniau et Madeleine Sultan, Dominici : c'était une affaire de famille, Ed. de l'Archipel.
  • Jean Giono, Notes sur l'affaire Dominici, Gallimard, 1955, (ISBN 978-2070228294)

[modifier] Liens externes