Aa (fleuve)

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Aa
Longueur 80 km
Débit moyen 10 m3.s-1
Surface du bassin 1 215 km2
Régime pluvial océanique
Se jette dans Mer du Nord
Pays France France
Cours d’eau - Hydrologie
Accumulation de macro-déchets flottants, en amont du siphon qui fait passer l'Aa sous le canal de Noeufossé à Arques. 29 Septembre 1996
Accumulation de macro-déchets flottants, en amont du siphon qui fait passer l'Aa sous le canal de Noeufossé à Arques. 29 Septembre 1996

L'Aa est un petit fleuve français (80 km) du nord de la France, pour partie canalisé. C'est un fleuve très connu des amateurs de mots croisés (« le premier fleuve de France »).

De nos jours, il est devenu un endroit paisible et riche pour le randonneur amoureux de vraie nature.

Sommaire

[modifier] Histoire & Géographie

[modifier] Géographie

L’encyclopédie méthodique de géographie moderne (1782)[1] présente l'Aa comme suit ;

« AA, rivière des Pays-Bas, qui prend sa source dans le Boulonnais, passe à Saint-Omer, au-dessus de laquelle elle forme les marais où sont les îles flottantes , se divise en trois branches, dont la droite, dite Haute-Colme, fournit aux canaux de diverses villes de Flandres, telles que Bourbourg, Mardyck, Dunkerque , &. La gauche se rend dans le canal de Calais ; & celle du milieu, qui garde son nom, se dirige sur Gravelines , & se jete un peu au-dessus dans la mer, après un cours d'environ 14 lieues. Le nom de cette rivière, qui est commun à d'autres en Suisse, en Allemagne , dans les Pays Bas & dans la Livonie, est une dégradation du mot latin aqua. »

L'Aa prend sa sourcedans les collines de l'Artois à Bourthes et se jette dans la Mer du Nord à Gravelines après avoir traversé et drainé le marais audomarois.

Ce joli petit fleuve sert de frontière entre les départements du Nord et du Pas-de-Calais sur une partie de son cours.
Ses principaux affluents sont le Bléquin, le Thiembronne.

[modifier] Histoire du cours d'eau

Autrefois écologiquement très riche, l'Aa a été sur son cours moyen, durant une décennie environ (1985-1995), l'une des rivières les plus polluées de France notamment entre Blendecques et l'aval de Saint-Omer, et de façon moindre jusqu'à Gravelines ensuite). Même si quelques poissons migrateurs (dont anguilles et quelques lamproies) arrivaient encore à franchir ce « bouchon » pollué, cette pollution avait un important effet de fragmentation écologique. Les anciens barrages n'étant plus entretenus, certains bras ayant été tubés ou comblés, le niveau et le volume d'eau de la rivière diminuaient fortement à l'étiage, ce qui concentrait fortement la pollution la rivière. En été, elle était littéralement devenue un égout à ciel ouvert sur certains tronçons.


Cette situation s'est considérablement améliorée au cours des années 1990, avec l'aide de l'Agence de l'Eau, du Parc naturel régional Audomarois (devenu Cap et Marais d'Opale, après sa fusion avec le PNR du Boulonnais) et d'ONG environnementales, mais dans le même temps les pollutions d'origines agricoles ont fortement augmenté.

L'Aa connaît aussi des problèmes importants d'inondations, probablement liés à l'imperméabilisation croissante, au drainage et aux pratiques agricoles, avec un record historique de crue (niveau record dépassé de 40 cm à Esquerdes).

[modifier] Environnement

Dans les années 1995-2005, la turbidité et l'eutrophisation d'origine agricole augmentent, et remplacent les pollutions industrielles et urbaines qui ont elles été en grande partie traitées.
Dans les années 1995-2005, la turbidité et l'eutrophisation d'origine agricole augmentent, et remplacent les pollutions industrielles et urbaines qui ont elles été en grande partie traitées.

La vallée de l'Aa, bordée de coteaux calcaires et encastrée entre deux plateaux acides autrefois d'une richesse écologique exceptionnelle et couverts de landes acides à bruyères et d'une zone humide perchée (paratourbeuse, à sphaignes) était et reste d'une grande richesse naturelle et paysagère. Elle est à ce titre classée ZNIEFF et pour partie en zone de parc naturel régional. En mesure compensatoire au passage d'une route sur le plateau d'Helfaut, quatre réserves naturelles volontaires ont été créées dans les années 1990, devenues réserves naturelles régionales, qui s'ajoutent à la réserve naturelle du Romelaere près de Saint-Omer et à une réserve sur les coteaux calcaires de Wavrans plus en amont.

La rivière était autrefois riche en truites et saumons. Au XIXe et au début du XXe siècle, on y trouvait parmi les plus grosses truites de mer de France, ce qui pourrait être dû aux moulins à farine qui rejetaient dans la rivière leurs déchets de meuneries riches en vers de farine[2]. Les anguilles remontaient nombreuses jusqu'à la source. Si le castor y a disparu prématurément, la loutre était encore présente au début des années 1940.

En raison de plusieurs rejets industriels et urbains, cette rivière a été dans les années 1980 l'une des plus polluées de France. L'Agence de l'Eau y a mesuré à Blendecques des taux d'oxygène parmi les plus bas de France, difficilement en raison du fait que les bactéries filamenteuses colmataient les systèmes autonettoyants de la station automatique d'analyse. En été à St-Omer, des nuages de moustiques chironomes plumeux s'élevaient autour de la rivière et parfois les chats pouvaient la traverser en marchant sur l'eau, ou plus précisément sur une croûte durcie de bactéries et de pâte à papier séchée par le soleil[3].

Record de pollution : Fin des années 80 et début des années 1990, le taux d'oxygène de cette ancienne rivière à salmonidés était souvent (de jour), de 0,1 à 0,5 ppm, au lieu de 8ppm au minium (ici à Blendecques, en centre ville, après le dernier rejet de papeterie. Une seconde station d' épuration et un atelier de désencrage amélioreront très nettement la situation dans les années 1990-2000
Record de pollution : Fin des années 80 et début des années 1990, le taux d'oxygène de cette ancienne rivière à salmonidés était souvent (de jour), de 0,1 à 0,5 ppm, au lieu de 8ppm au minium (ici à Blendecques, en centre ville, après le dernier rejet de papeterie. Une seconde station d' épuration et un atelier de désencrage amélioreront très nettement la situation dans les années 1990-2000

À partir des années 1990, avec l'aide de l'Agence de l'Eau et la mise en place d'un contrat de rivière qui s'est transformé en schéma d'aménagement et de gestion des eaux (SAGE), la situation s'est nettement améliorée concernant les rejets industriels et urbains. Ce sont maintenant les pollutions agricoles (engrais, pesticides), les inondations et l'érosion induites, et la turbidité qui en découle, qui posent problème.

La vallée de l'Aa abrite plusieurs corridors biologiques d'importance régionale, et constitue à ce titre un axe important de la trame verte et bleue régionale. Sur l'Aa amont, autrefois botaniquement et phytosociologiquement très riche[4], la sécheresse a tari à plusieurs reprises (1976, 1996, 2003...) les sources de la rivière. Dans ces conditions, les polluants se concentrent, d'autant que la plupart des petits barrages ne sont plus fonctionnels et que le castor n'existe plus pour faire ses barrages retenant l'eau.

Il est navigable en aval de Saint-Omer et Arques où il est connecté au canal de Neufossé par une écluse géante. Celle-ci permet de franchir 13 mètres de dénivelé. Elle a remplacé l'ascenseur à bateaux des Fontinettes qui a fonctionné jusqu'en 1967.

Il est concerné par deux schémas d'aménagement et de gestion des eaux, celui de l'Audomarois pour sa partie amont et celui du delta de l'Aa pour son cours aval. Des enjeux importants de solidarité existent sur ce territoire, car la Flandre maritime ne dispose pas de ressources en eau. Elle tire son eau de quatre captages : l'un situé à Guines qui alimente le secteur de Calais, celui de Louches qui alimente la communauté de communes de la région d'Audruicq et trois captages situés dans l'Audomarois qui alimentent le Dunkerquois. En période de sécheresse, de l'eau est prélevée aussi dans la Houle, dans le marais audomarois, pour le Dunkerquois.

[modifier] Images prises lors d'épisodes de pollution

[modifier] Galerie d'images

[modifier] Données des stations hydrométriques

On peut interroger une banque de données sur les stations hydrométriques de l'Aa en consultant le site hydro.eaufrance.fr. Elle permet, par exemple, de savoir que les basins versants sont :

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes & références

  1. Voir page 283 de l’encyclopédie méthodique de géographie moderne imprimée à Paris, M DCC. LXXXII (1782), Chez Plomteux, Imprimeur des états
  2. Source : Association TOS
  3. Source : Nord Nature St Omer et SOS-Nature défense des milieux humides
  4. Source : F. Duhamel, CRP (Centre régional de Phytosociologie, Conservatoire botanique national)
  5. Article à ce sujet dans le journal l'Indépendant du 5 oct 1990 (édité à Saint Omer), qui cite le chiffre de 9 tonnes/jour de rejet de fibres en rivière par les papetiers

[modifier] Liens externes