Épiménide

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Épiménide (en grec ancien Ἐπιμενίδης / Epimenídês), poète et chaman crétois du VIIe siècle av. J.-C. Il a longtemps été considéré comme un personnage légendaire.

Sommaire

[modifier] Biographie

La plupart des histoires concernant Épiménide sont consignées par Diogène Laërce (I, 110). Épiménide est originaire de Cnossos, en Crète. Selon la tradition, il naît dans une famille de berger, habitant à l'ombre du palais du roi légendaire Minos. Alors qu'il cherche un mouton égaré, il trouve une caverne dans laquelle il tombe endormi pendant 57 ans. C'est en fait la grotte d'un dieu à mystères, qui lui donne pendant son sommeil la connaissance de la nature et de l'organisme humain, et lui accorde le don de divination. L'épisode inspire à Goethe le poème le Réveil d'Épiménide (Des Epimenides Erwachen, 1815).

Revenu dans le monde des hommes, il se fait connaître par sa sagesse et ses connaissances occultes. Adepte du jeûne, il se nourrit uniquement d'une substance végétale, qu'il conserve dans un sabot de bœuf. Il peut séparer son âme de son corps, et voyager ainsi par l'esprit.

À cause de sa sagesse, il est invité par Solon vers 596 (46e olympiade) à Athènes, afin de purifier la ville du sacrilège commis par les Alcméonides (profanation du droit d'asile). Athénée (XIII, 602 c-d) rapporte qu'il purifie l'Attique par un sacrifice humain et la consécration d'un temps aux Érinyes. En récompense de ses services, il n'accepte qu'un rameau de l'olivier sacré, dédié à Athéna.

De retour en Crète, il meurt à l'âge de 157 ans (ou 299, selon les sources). Par la suite, Sparte prétendra également abriter le tombeau du sage. On trouve son corps couvert de tatouages — pratique inconnue en Grèce antique sauf pour le marquage des esclaves — ce qui le rattache à la tradition thrace du chamanisme. L'expression Ἐπιμενίδειον δέρμα / Epimenídeion dérma, « la peau d'Épiménide » est ensuite utilisée pour désigner une chose cachée.

[modifier] Œuvre

Selon la tradition, il est l'auteur d'une Théogonie (Γένεσις καί Θεογονία / Genesis kai theogonia), des Argonautiques et de plusieurs traités religieux en vers, comme les Rites de purification (Καθαρμοί / Katharmoí). Il est cependant probable que ces traités aient été forgés par la suite par des adeptes de l'orphisme.

Quelques fragments attribués à Épiménide ont été retrouvés. L'un d'entre eux figure dans l'épître à Tite, l'un des livres du Nouveau Testament. Paul de Tarse y écrit :

« Quelqu'un d'entre eux [les Crétois], leur propre prophète, a dit : « Les Crétois sont toujours menteurs, de méchantes bêtes, des ventres paresseux. »
(I, 12, trad. J.N. Darby)

Il est probable qu'aucun des fragments ne soit d'Épiménide même. Dans le cas contraire, cette phrase est une auto-référence paradoxale connue sous le nom de paradoxe d'Épiménide.

[modifier] Sources

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

  • H. Demoulin, Épiménide de Crète, Arno Press, New York, 1979 ;
  • (de) H. Diels, « Über Epimenides von Kreta », Sitzungsberichte der Koniglich preussischen Akademie der Wissenschaften (Berlin), 1891, p. 1387 sq. ;
  • E. R. Dodds, Les Grecs et l'irrationnel, Flammarion, coll. « Champs », Paris, 1977 (1re publication 1959) ;
  • (en) M. P. Nilsson, Minoan-Mycenaean Religion and its Survival in Greek Religion, Villadsen og Christensen, Danemark, 1968.