Élie de Rothschild

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Le baron Élie Robert de Rothschild est un homme d'affaires français né le 29 mai 1917 et mort à Scharnitz (Autriche) le 6 août 2007.

Fils de Robert de Rothschild (1880-1946) et de son épouse, Gabrielle Beer (1886-1945), de la branche de Paris de la Famille Rothschild, Élie de Rothschild sert dans les troupes alliées au cours de la Seconde Guerre mondiale puis rentre en France à la fin de la guerre.

Sommaire

[modifier] La guerre

Sa vie d’aristocrate prend un tournant particulier, en Belgique, le 17 mai 1940. Alors jeune sous-lieutenant au 11e régiment de Cuirassiers, comme tant d’autres, il est fait prisonnier. Avec son frère Alain, il tombe aux mains d’une armée que tous deux savent déjà plus que menaçante pour eux. Pour le régime du IIIè Reich, détenir deux Rothschild est un « trésor de guerre ». Une revanche sur la tentative manquée de main basse sur l’entreprise financière à aryaniser. Déjà en 1938, le baron Louis (de Vienne) fut arrêté. Un enlèvement et moyen de pression sur les autres membres de la famille aux ramifications européennes, les nazis souhaitant acquérir les entreprises minières et sidérurgiques que la dynastie possédait en Tchécoslovaquie.

Une rencontre entre les représentants nazis et le groupe Rothschild eut lieu à Paris. Une première négociation fut un échec. La rançon fut proposée en couronnes tchèques, devises alors sans valeur au change. Une contre-proposition aboutit à une acquisition en livres sterling, versée sous forme d’actions, et à la libération du baron Louis. Mais entre-temps, le groupe Rothschild avait flairé la guerre, qui pointait son nez. Par un judicieux système financier, il avait fait du complexe industriel tchécoslovaque, une propriété anglaise. Quant aux actions elle étaient aux mains de l’Etat de Vichy. Frustrés, les nazis allaient bientôt disposer de deux otages “symboles”, en la personne d’Elie et de son frère Alain.

[modifier] "Quartier V.I.P"

Avec grand nombre de prisonniers, ils traverseront une partie de l’Allemagne à pied et entreront par train le 23 mai au camp de Nienburg sur Weser (l’oflag X B, en Basse-Saxe). Après avoir été “aimablement” dénoncés par des camarades français, informés de leur projet d’évasion, les deux frères (ayant projeté de se faire confectionner une tenue civile) seront transférés dans la forteresse de Colditz (oflag IV C).

Une prison à consonance politique, avec son quartier V.I.P. Des personnalités connues y étaient détenues, comme un fils de Léon Blum, Robert, fait prisonnier à Bar-le-Duc, le fils de Winston Churchill, Randolph, journaliste et correspondant de guerre pour le Daily Express, capturé à Narvick ainsi que le Comte Lascelles, cousin du roi d’Angleterre.

De ses cinq ans de captivité, Elie de Rothschild avait rapporté une bonne condition de détention. Il relativisait avec celles de ses amis déportés. Il termina pourtant son périple de prisonnier de guerre au camp de Lübeck (oflag X C, dans le Schleswig-Holstein), réputé parmi les plus pénibles. A partir du 28 mai 1944, les anti-Allemands et Juifs y sont transférés.

Ancien combattant, prisonnier de guerre, il aimait narrer son passé de captif.

Le baron Elie avait une histoire particulière au sein des Rothschild, qu’il partageait avec son frère Alain (décédé en 1982). Au moment où la Judengasse de Francfort était rasée par les bombardements alliés, il était en captivité. Deux cents ans après la naissance de son ancêtre Mayer Amschel, agent financier du landgrave de Hesse-Kassel et premier banquier de l’illustre dynastie.

[modifier] Mariage et après-guerre

Alors aux mains du Reich, le baron Elie épousa une amie d’enfance, Liliane Fould-Springer. L’union se fit par procuration, le 7 octobre 1941. Elle était son aînée d’un an. Ils s’étaient connus enfants, lorsque les deux familles se fréquentaient autour de Chantilly. Liliane Fould-Springer était la fille du banquier Eugène Fould (cousin d'Achille Fould) et de la baronne autrichienne Marie-Cécile von Springer (fille de l'industriel Gustav Springer]]. Ce couple avait fait l’acquisition en 1926, du Palais abbatial de Royaumont et des terres avoisinantes. La baronne Liliane et son frère Max y ont passé leur vie.

Après la guerre, le baron Elie retrouva une activité dans la propriété viticole de la famille. Dans le Bordelais, il s’attela à relancer les cépages de Château-Lafite, célèbre Premier Grand Cru classé de 1855.

Pendant que son frère Alain et son cousin Guy (décédé en juin 2007) reprenaient place au siège de la banque, le baron préparait une nouvelle activité du groupe financier. Puis vint le moment de céder la direction à son neveu Eric, qui fonda la célèbre marque Domaines Barons de Rothschild. Elle regroupe désormais une vingtaine de Châteaux issus de différents cépages. Elie de Rothschild fut également actionnaire dans les remontées mécaniques au Mont Blanc à Brévent puis à Chamonix, dont, en 1972, le comte Dino Lora Totino lui revendra la totalité de ses parts. Il détenait 25 % du capital de l'empire bancaire de la famille. Ancien président du conseil d'administration de la banque suisse Rothschild AG de Zürich, il avait participé à la reconversion de la compagnie ferroviaire Paris-Lyon-Marseille (PLM) en une chaîne d'hôtels et de restaurants. En 1979, il prit à son tour la présidence de la Banque, au départ de son cousin Guy. Pas pour longtemps puisque deux ans plus tard, le gouvernement socialiste décida de nationaliser l’affaire familiale, qui se replia à Londres et à New York.

[modifier] Le baron et les femmes

Son verbe un rien rebelle complétait son aristocratie. Il a vécu, profitant pleinement de sa fortune, en commençant par l’art. Grand amateur de peinture, il débute sa collection à l'âge de dix-huit ans. Après sa première année de droit, il demande à son père de lui offrir un paysage d’Utrillo, qu'il complètera avec le temps de toiles de Rembrandt, Dubuffet, Picasso...

Sa cuisine était l’une des premières tables privées de France sous la conduite des chefs Henri Provenchère, Sylvain Bel... Son vin était le meilleur au monde. Il avait tout pour séduire. Les femmes évidemment. Amateur d’évasion, on lui attribua diverses liaisons :

  • Françoise de Langlade (décédé en 1983), rédactrice en chef de Vogue, épouse du célèbre styliste Oscar de la Renta
  • la plus connue, Pamela Beryl Digby, veuve de Randoph Churchill. Pamela Digby, une arriviste anglaise que son épouse Liliane nommait en deux mots « cette femme ». Amante d’hommes riches, elle compta parmi ses conquêtes Giovanni Agnelli et Ali Khan, deux amis du baron. Elle deviendra américaine en épousant MM. Hayward puis Harriman et terminera sa carrière comme ambassadrice des Etats-Unis en France, où elle décédera à l’hôtel Ritz en 1997.
  • la dernière, Ariane Dandois, antiquaire d’art (place Beauvau), remarquée pour sa grande beauté et avec qui il aura une fille reconnue, Ondine de Rothschild (du même âge que sa petite-fille Esther-Eva).

[modifier] Article connexe

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