École royale du génie de Mézières

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Dessin au lavis de la halle aux blés de Paris par Nicolas Le Camus de Mézières (1763). Source : BNF.
Dessin au lavis de la halle aux blés de Paris par Nicolas Le Camus de Mézières (1763). Source : BNF.

L'École royale du génie de Mézières fut fondée en 1748 sur proposition du comte d'Argenson, secrétaire d'Etat à la Guerre et de Nicolas de Chastillon, commandant de la citadelle de Charleville-Mézières. 542 ingénieurs militaires y furent formés.

Les locaux de l'école sont aujourd'hui occupés par la préfecture des Ardennes.

Sommaire

[modifier] Programme des études

Les élèves étaient recrutés sur concours, en principe uniquement dans le second ordre (la noblesse). Le concours portait sur une interrogation de mathématiques dont le programme recouvrait les cours de Camus et de Bezout, et l'on recrutait une vingtaine d'élèves. Les examinateurs au concours d'entrée furent Étienne Camus puis l'abbé Bossut. Chastillon fut le premier directeur de cet établissement.

Les études duraient deux années :

  • une année de théorie, qui se concluait par le concours de sortie, comprenant
    • des cours de mathématiques, de statique et d'hydraulique (assurés par Bossut) ;
    • des séances de dessin au lavis des trois systèmes de fortification de Vauban ;
    • des séances de dessin des ordres d'architecture selon Claude Perrault ;
    • des cours de stéréotomie et de coupe des bois ;
  • une année de pratique, pendant laquelle les élèves faisaient :
    • les exercices de l'école de siège à l'automne,
    • des exercices de levé à la toise et à la boussole de bâtiments de la ville
    • un levé de plan détaillé d'une place forte particulière, avec finition au lavis.

Selon l'ordonnance de 1776, après les deux années de service à l'école, les élèves prennent le titre d'aspirants au corps royal du génie et le rang de lieutenant en second d'infanterie et servent en cette qualité deux autres années, au sein du corps royal de l'artillerie, où il sont attachés comme surnuméraires aux compagnies des mineurs et de sapeurs. Après ces deux années, les aspirants au corps royal du génie servent deux années au sein d'une brigade de ce corps avec le rang de lieutenant en premier. A la suite de ces deux années, les aspirants sont placés deux ans au moins auprès des régiments d'infanterie.

[modifier] Réformes de l'école

  • L'ordonnance du 4 décembre 1762 multiplie par cinq les promotions (une centaine d'élèves), changeant nécessairement la forme des cours : nécessité de supports écrits, diminution des travaux dirigés en plein air (demandant trop de temps et d'encadrement), augmentation des travaux en salle. Le recrutement se démocratise aussi : Coulomb, Monge sont admis à suivre les cours. Des leçons de physique, inspirées du cours de l'abbé Nollet, font leur apparition dans le cursus.
  • La mort de Chastillon en 1764 fait disparaître la scission entre les deux années (théorique et pratique).
  • L'ordonnance de 1776, réclamée à cor et à cris depuis une dizaine d'années par l'aristocratie, met un terme à l'ouverture du concours aux sujets du tiers état : les promotions diminuent à une dizaine d'élèves à partir de cette date.
  • Règlement-Instructions de 1777, largement inspirées par Gaspard Monge, qui donnent la primauté au dessin géométral (qui deviendra plus tard la géométrie descriptive) et à la mécanique dans les épreuves du concours de sortie.
  • Création d'un laboratoire de chimie en 1782.
  • Avec trop peu d'élèves-ingénieurs, le concours de sortie est de facto supprimé à partir de 1787. Le Comité de Salut Public, sur proposition de Lazare Carnot, transfère l'école en 1794 à Metz, puis elle fusionne en 1807 avec l'École d'artillerie de Châlons et devient l'École d'application de l'artillerie et du génie, la principale école d'application de la toute nouvelle École polytechnique. Après la défaite de 1870, l'école déménage à Fontainebleau. En 1912, la formation du génie est séparée et devient l'École militaire et d'application du génie de Versailles tandis que la formation de l'artillerie devient l'École militaire de Fontainebleau. En 1940, suite à l'invasion allemande, l'Ecole militaire et d'application du génie déménage à Avignon. L'école est dissoute en 1942, puis recréée à Angers en 1945 comme École d'application du génie d'Angers. Une seconde école est créé à Versailles, l' école supérieure technique du génie qui devient en 1976 l'École supérieure du génie militaire. Les deux écoles fusionnent en 1995 pour donner l'École supérieure et d'application du génie.

[modifier] Élèves de l'école de Mézières

[modifier] Bibliographie

  • Bruno Belhoste Du dessin d'ingénieur à la géométrie descriptive : l'enseignement de Chastillon, (1990) In extenso, n°13
  • Bruno Belhoste L'alliance entre théorie et pratique (1997), La Recherche, n°spécial 300 ans de science, pp. 40-45, ISSN 0029-5671
  • B. Belhoste, A. Picon, J. Sakharovitch Les exercices dans les écoles d'ingénieur sous l'Ancien Régime et la Révolution (1990), Histoire de l'Education, n°46, p. 53
  • Anne Blanchard, Les ingénieurs du roy de Louis XIV à Louis XVI : étude du corps des fortifications, ESID, coll. Études Militaires, univ. de Montpellier, 1979, 635 p.
  • "Ecole du génie de Mézières (1749)", sous la direction du chevalier de Chastillon, Cahiers du Centre d'étude d'histoire de la défense, n° 11.

[modifier] Lien externe