Yukio Hatoyama

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Yukio Hatoyama le 17 novembre 2007
Yukio Hatoyama le 17 novembre 2007

Yukio Hatoyama (鳩山 由紀夫, Hatoyama Yukio?), né le 2 février 1947, est un homme politique japonais, secrétaire général du Parti démocrate du Japon (PDJ), le principal parti d'opposition du pays. Il est élu à la Chambre des représentants du Japon depuis 1986, pour le 9e district électoral d'Hokkaidō depuis 1996 (avant cela, il était l'un des représentants de l'ancien 4e district de cette île).

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Origines et formation

Le Premier ministre Ichirō Hatoyama et ses deux petits-fils, de gauche à droite Yukio et Kunio Hatoyama
Le Premier ministre Ichirō Hatoyama et ses deux petits-fils, de gauche à droite Yukio et Kunio Hatoyama

Né dans l'arrondissement de Bunkyō à Tōkyō, Hatoyama est le fils de l'ancien ministre des Affaires étrangères de Takeo Fukuda (1976-1977) Iichirō Hatoyama, le petit-fils de Ichirō Hatoyama, ancien Premier ministre japonais (1952-1954) et fondateur du PLD, et l'arrière petit-fils de l'ancien samouraï Kazuo Hatoyama qui fut président de la Chambre des représentants de 1896 à 1897. Il est également le frère aîné de Kunio Hatoyama, qui est lui-aussi engagé dans la politique japonaise mais au sein du Parti libéral démocrate et qui est l'actuel ministre de la Justice du gouvernement Fukuda. Son grand-père maternel n'est autre sinon que Sojiro Ishibashi, le fondateur du fabriquant de pneus Bridgestone.

Il fait, comme son frère et la plupart des membres de sa famille, l'essentiel de sa scolarité, du primaire au collège, au sein de la prestigieuse Compagnie scolaire Gakushūin, institution privée connue pour être essentiellement réservée aux enfants de l'aristocratie japonaise. Il fait ensuite des études scientifiques brillantes, étant diplômé ingénieur de l'Université de Tōkyō en 1965 (à seulement 18 ans), puis recevant son Ph.D. en génie industriel de la prestigieuse université américaine de Stanford en 1976.

[modifier] Carrière professionnelle

Contrairement à son frère cadet, qui se fait élire à la Chambre des représentants à seulement 28 ans en 1976, Yukio Hatoyama ne s'engage pas tout de suite dans le combat politique. Il devient en effet universitaire, exerçant successivement comme chercheur assistant à l'Institut de Technologie de Tōkyō (東京工業大学, Tōkyō Kōgyō Daigaku ?), plus connu sous le nom de TiTech ou Tokodai, de 1976 à 1981 puis professeur associé à la faculté de gestion de l'Université Senshū de 1981 à 1983. Il démissionne ensuite pour devenir le secrétaire particulier de son père à la Chambre des conseillers.

[modifier] Carrière politique

[modifier] Les débuts au PLD

Il se lance finalement en politique et est élu à la Chambre des représentants sous les couleurs du Parti libéral démocrate lors des élections de 1986, dans l'ancien 4e district électoral d'Hokkaidō. Il est alors soutenu par l'une des plus puissantes et des plus anciennes factions internes du parti, le « Club du Jeudi » (木曜クラブ, Mokuyō kurabu?) plus connu sous le nom de « faction Tanaka » car dominé par l'ancien Premier ministre et figure dominante de la vie politique japonaise dans les années 1970 et 1980 Kakuei Tanaka.

Il devient alors rapidement l'un des principaux représentants d'une nouvelle génération montante au sein du parti et qui se montre de plus en plus critique vis-à-vis de la vieille garde. Il anime alors, avec deux autres quadragénaires et quinquagénaires entrés récemment à la Diète, Masayoshi Takemura et Shyusei Tanaka, le « Groupe d'études pour une utopie politique » (ユートピア政治研究会, Utopia Seiji Kenkyūkai?). Dans un contexte de scandales politico-financiers, cette association interne au PLD et qui transcende les différentes factions déclare vouloir combattre la corruption et la collusion des hommes politiques avec les milieux financiers ou industriels, tout en dénonçant la bureaucratie et l'administration trop lourde à la fois de l'État et du gouvernement, se positionnant ainsi dans une optique néolibérale et réformatrice.

[modifier] La dissidence

Dans un contexte de crise profonde de l'économie japonaise née de l'éclatement de la bulle japonaise, de plus en plus d'élus du PLD décident de le quitter pour former des partis dissidents. La plus grande scission a lieu en 1993 lorsque ce parti, qui avait gouverné sans discontinuer depuis sa création en 1955, perd la majorité en raison de défections à répétition. Une motion de censure (la seule de l'histoire du Japon) est alors votée, provoquant de fait des élections anticipées remportées par une coalition anti-PLD unissant des membres de l'opposition de longue date (essentiellement de gauche, dont le Parti socialiste japonais) et des dissidents de l'ancien parti majoritaire (qui restent plutôt à droite, mais avec une nette tendance réformiste).

Parmi ces derniers se trouvent le Nouveau Parti pionnier, ou Nouveau parti Sakigake, créé le 22 juin 1993 sur la base de l'ancien « Groupe d'études pour une utopie politique ». Il est présidé par Masayoshi Takemura, Shyusei Tanaka en est son vice-président, Hironuki Sonoda son secrétaire général et Yukio Hatoyama en devient donc le président du Comité des Affaires générales et n°4 du parti. De plus, Hatoyama est alors nommé secrétaire-général adjoint du Cabinet issu de cette coalition anti-PLD et dirigé par Morihiro Hosokawa, du Nouveau parti du Japon et lui-même ancien dissident du PLD depuis 1992. Le secrétaire général du Cabinet que Hatoyama seconde alors n'est autre que Masayoshi Takemura.

Mais dès avril 1994, le Nouveau Parti pionnier quitte la coalition anti-PLD avec le Parti socialiste, et tous deux forment alors une nouvelle majorité complétée par le PLD qui revient ainsi aux affaires sans obtenir encore le poste de Premier ministre qui revient, jusqu'à janvier 1996, au socialiste Tomiichi Murayama. S'il reste au sein du Nouveau Parti pionnier et ne rejoint pas le Shinshitō, ou parti de la nouvelle frontière, formé en 1994 par tous les mouvements issus des départs du PLD depuis le début des années 1990 ainsi que des sociaux-démocrates qui refusent de voir ce dernier revenir au gouvernement, Yukio Hatoyama s'éloigne petit à petit des instances dirigeantes, cautionnant de moins en moins que l'ancien parti majoritaire retrouve son pouvoir de jadis.

Finalement, lorsqu'en janvier 1996 le président du PLD, Ryūtarō Hashimoto, devient Premier ministre, avec le soutien toujours du Parti socialiste et du Nouveau Parti pionnier, plusieurs militants de ce dernier, emmenés par Yukio Hatoyama et Naoto Kan, le quittent. Ils sont alors rejoints par des dissidents du Shinshitō, avec à leur tête nul autre que Kunio Hatoyama, le frère de Yukio. Tous les trois fondent alors leur propre mouvement, le Parti démocrate du Japon, en vue des élections législatives d'octobre 1996. Kunio Hatoyama en devient le co-président, spécialement chargé des factions internes, avec Naoto Kan qui lui s'occupe de l'administration. Lors de l'élection, ce nouveau parti obtient alors 52 élus à la Chambre des représentants, devenant la troisième force politique du Japon et la deuxième de l'opposition, derrière le Shinshitō. En septembre 1997, Yukio Hatoyama abandonne la présidence qui est seule exercé par Kan, et devient secrétaire général et donc n°2 du parti.

[modifier] L'opposition

[modifier] La formation du premier parti d'opposition

En 1998, le Shinshitō explose. Une minorité suit Ichirō Ozawa, son président depuis 1996, pour former le Parti libéral, un mouvement de droite néolibérale qui rentre alors dans la majorité menée par le PLD. Le reste se disperse d'abord en une multitude de mouvements qui finissent par se fédérer au sein du Parti de la bonne gouvernance, créé au début de l'année 1998. Finalement, le 27 avril 1998, cette dernière fusionne avec le parti des frères Hatoyama et de Naoto Kan ainsi qu'avec une majorité de l'ancien PSJ (une minorité se regroupant au sein du Parti social-démocrate) et d'autres petits mouvements libéraux, centristes ou sociaux-démocrates pour former le nouveau et actuel Parti démocrate du Japon, qui devient la principale force d'opposition.

[modifier] Le chef de l'opposition

Naoto Kan en est son premier président de 1998 à septembre 1999, mais un scandale le pousse à démissionner (il n'aurait pas payé 10 mois de cotisations à la caisse des retraites). Suite à cela, Yukio Hatoyama est élu à la tête du parti et devient donc de fait le chef de l'opposition. Il le restera jusqu'en décembre 2002.

Il s'attache alors à assoir durablement le PDJ comme principale force d'opposition. Bien que lui-même fermement libéral et issu du centre-droit, il oriente de plus en plus son parti vers le centre-gauche et le social-libéralisme, défendant une tactique proche de la troisième voie (entre socialisme traditionnel et conservatisme libéral) mise en avant à l'époque notamment par le Parti démocrate américain de Bill Clinton ou le New Labour du britannique Tony Blair. Cette politique pousse certains poids lourds du mouvement, restés fermement attachés aux valeurs de droite, à retourner au PLD. C'est le cas notamment de Kunio Hatoyama, le propre frère de Yukio.

Malgré ces défections, le poids politique du parti ne cesse de se renforcer à chaque élection. Ainsi, à la veille des élections anticipées de 2000, le PDJ dispose de 150 parlementaires, soit 95 représentants et 55 conseillers, au lendemain du scrutin il en compte 182 (avec 127 représentants, soit 32 de plus que dans la chambre sortante). Le renouvellement de la moitié de la Chambre des conseillers en 2001 fait encore augmenter ce nombre à 183[1].

Il est aussi le premier chef de l'opposition japonais à pouvoir formé un Cabinet fantôme, appelé Vice-cabinet (Tsugi no naikaku?) ou officielle en anglais Next Cabinet (NC). En effet, cette prérogative de l'opposition est créé par une réforme en 1999. Il dirige alors quatre de ces contre-gouvernements, du 1er octobre 1999 au 13 décembre 2002.

Toutefois, malgré ses succès, il est forcé de présenter sa démission de la présidence du parti le 3 décembre 2002, deux mois et demi seulement après sa réélection à la tête du mouvement. En effet, le comité directeur lui reproche le manque de transparence de son projet d'absorption dans le PDJ d'autres petits partis d'opposition, dont surtout le Parti libéral d'Ichirō Ozawa[2]. Le 13 décembre, il est officiellement remplacé par celui qui avait été son prédécesseur, Naoto Kan.

[modifier] Toujours une figure déterminante de l'opposition

Même s'il en a perdu la présidence en 2002, Yukio Hatoyama conserve un poids politique considérable au sein de la principale force d'opposition. En effet, il y dirige le « Comité pour la mise en œuvre d'un changement de politique » (政権交代を実現する会, Seiken Kōtai o Jitsugen suru Kai?), plus généralement désigné sous le nom de « groupe Hatoyama », qui, avec actuellement 52 parlementaires sur les quelques 222 que comptent le PDJ, constitue la principale faction interne du mouvement. Il s'agit de la tendance la plus modérée et la plus centriste.

Le 25 septembre 2003, la dissolution, qu'il avait commencé à préparer, du Parti libéral dans le PDJ est entérinée.

Il reste donc l'une des personnalités les plus écoutées du parti, et l'un de ses principaux porte-paroles. Il est ainsi chargé au sein de la direction du mouvement de la question des enlèvements de Japonais par le régime nord-coréen dans les années 1970, puis, de 2004 à 2005, en vue des élections législatives, il est ministre des Affaires étrangères du Cabinet fantôme, prenant ainsi une part importante à la campagne. Après l'échec cuisant du PDJ lors de ce scrutin et la victoire du PLD, qui pour la première fois depuis les années 1980 retrouve à lui seul la majorité absolue à la Chambre des représentants, il est élu secrétaire général du parti.

[modifier] Famille

Il a épousé l'ancienne danseuse de la revue Takarazuka connue alors sous le nom de scène de Petite Miyuki (若 みゆき, Nyaku Miyuki?) et désormais auteur de livres portant sur les arts domestiques (cuisine, décoration, notamment) sous le nom de Miyuki Hatoyama (鳩山 幸, Hatoyama Miyuki?). Leur fils, Kiichirō Hatoyama (鳩山 紀一郎, Hatoyama Kiichirō?), né en Californie pendant les études de son père en 1976, est diplômé en génie urbain de l'Université de Tōkyō, et est actuellement professeur associé à la faculté d'ingénierie de ce même établissement, il travaille essentiellement sur les transports urbains et notamment la circulation routière.

[modifier] Références

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

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