Yōichi Masuzoe

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Yōichi Masuzoe
Yōichi Masuzoe

Yōichi Masuzoe (舛添 要一, Masuzoe Yōichi?), né le 29 novembre 1948 à Yahata, qui fait aujourd'hui partie de Kitakyūshū, dans la préfecture de Fukuoka, est un politologue, universitaire, écrivain et homme politique japonais, membre du Parti libéral démocrate. Il est élu à la proportionnelle nationale à la Chambre des conseillers du Japon, la chambre haute de la Diète, depuis 2001 et est ministre de la Santé, du Travail et du Bien-être depuis le 27 août 2007, reconduit à ce poste dans le Cabinet de Yasuo Fukuda le 26 septembre 2007. Il est aussi bien connu du grand public et l'un des habitués des plateaux de télévision.

Sommaire

[modifier] Formation et carrière professionnelle

Originaire de Kyūshū, il fait toute sa scolarité dans sa ville natale de Yahata puis entre à la faculté de droit et de sciences politiques de l'Université de Tōkyō dont il sort diplômé en histoire des systèmes politiques et du droit européen en 1971. Il part ensuite parfaire sa formation en Europe, tout d'abord à l'Institut d'histoire des relations internationales contemporaines de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne de 1973 à 1975 puis à l'Institut de hautes études internationales (HEI) de l'Université de Genève de 1976 à 1978. Il se spécialise alors dans l'étude des relations internationales et tout particulièrement sur le système politique et diplomatique français. Une fois rentré au Japon, il retourne à l'Université de Tōkyō où il sera professeur associé en sciences politiques et en histoire de 1979 à 1989.

[modifier] Le scientifique reconnu

Parlant 7 langues (japonais, anglais, français, allemand, espagnol, russe et italien), auteur de plusieurs ouvrages et articles sur la France et sur l'étude de ses relations avec le Japon ou encore de la comparaison entre les systèmes politiques des deux pays dans les années 1980, il est alors considéré comme un des experts japonais sur ces questions et plus généralement sur les dossiers internationaux et est donc sollicité tout aussi bien par les médias et par les milieux politiques.

[modifier] La médiatisation

Tout d'abord, dans un contexte de grands bouleversements dans les relations internationales (du fait du délitement du bloc soviétique) mais aussi de la crise de plus en plus marquée du système politique japonais (notamment par la multiplication des scandales politico-financiers), il est régulièrement invité dans les débats d'experts qui se multiplient alors à la télévision, et le restera jusqu'à aujourd'hui encore, acquérant ainsi une certaine notoriété auprès du public.

Il devient notamment un habitué de l'émission Asa Made Nama Terebi (朝まで生テレビ?) de la chaîne TV Asahi qui consiste à faire débattre, parfois de manière assez vive, des experts, des journalistes, des intellectuels et des hommes politiques sur des sujets divers allant de la politique intérieure à des questions d'actualité internationale ou de société et qui a lieu tard après minuit une fois par mois depuis le 24 avril 1987. Ainsi, sur les 229 éditions du programme qui ont été diffusées entre avril 1987 et avril 2006, Masuzoe y est apparu 95 fois.

Sur la même chaîne, il est aussi régulièrement l'invité du Beat Takeshi's TV Tackle (ビートたけしのTVタックル?), là aussi une émission débat mais diffusée toutes les semaines en prime time dans une atmosphère plus décontractée et présentée par le célèbre Beat Takeshi (plus connu, en tant que réalisateur et acteur, sous le nom de Takeshi Kitano). Ses relations avec les médias portant sur l'actualité politique et les questions de société le poussent à entrer en 1989 au sein du comité éditorial du magazine en langue anglaise Japan Echo, qui reprend tous les trimestres une sélection d'articles japonais qu'il traduit en anglais et publie ainsi pour les diffuser dans le monde anglophone, et il est d'ailleurs, de 1998 à 2001, rédacteur en chef des Cahiers du Japon, l'équivalent francophone de cette publication.

[modifier] Un expert gouvernemental

Mais il est également très tôt approchée par le monde politique. Il est en effet conseiller du Comité des sages Japon-France du ministère des Affaires étrangères de 1981 à 1984, puis du Comité pour les études internationales du bureau du Premier ministre à partir de 1984, il en devient membre de 1997 à 2001. De plus en plus critique vis à vis de l'organisation de l'Université de Tōkyō, il en démissionne en juin 1989 pour créer son propre think tank en économie politique et en relations internationales, le Masuzoe Institute.

Tout en restant un expert reconnu pour la diplomatie du Japon et son système politique, il s'exprime de plus en plus dans les années 1990 en faveur du renforcement de la sécurité éthique et de la réglementation concernant les technologies à risque, et en tout premier lieu l'énergie nucléaire, afin d'éviter au maximum les erreurs humaines, notamment en renforçant la coopération internationale dans ce domaine et dans le même temps rassurer les populations quant au développement de telles industries[1][2]. Il est ainsi membre de 1987 à 2007 du Comité pour la promotion de la politique énergétique (CEPP), un think tank portant sur la recherche énergétique et plus particulièrement sur le développement du nucléaire au Japon, ainsi que de la Commission gouvernementale sur le nucléaire. Il est alors l'un des tous premiers à mettre l'accident nucléaire de Tokaimura du 30 septembre 1999 sur le compte de la négligence humaine, et à défendre alors le renforcement de la législation en matière de sécurité des centrales ainsi que la réforme de la formation des ingénieurs nucléaires[3].

[modifier] Carrière politique

[modifier] La candidature au poste de gouverneur de Tokyo

Il est une première fois solliciter par le PLD en 1991 pour tenter de prendre le poste de gouverneur d'Hokkaidō au socialiste Takahiro Yokomichi, mais il refuse.

C'est finalement un évènement marquant de sa vie qui va le pousser à s'investir en politique. En effet, à partir de 1997, il s'est occupé pendant plusieurs années de sa mère, touchée par la maladie d'Alzheimer. Cette expérience, relatée dans un livre, When I Put a Diaper on My Mother (« Lorsque j'ai mis une couche à ma mère ») paru en 1998 et devenu un best seller[4], l'a alors poussé à porter un regard critique sur le système de sécurité et d'assistance sociale, notamment de l'aide, des soins et du soutien aux personnes âgées.

C'est alors que la fédération locale du PLD lui propose de se présenter à l'élection au poste de gouverneur de Tōkyō[5]. Toutefois, critiquant le mode de désignation interne des candidats du parti, il refuse toute étiquette politique et se présente comme indépendant.

Il se dit alors vouloir reconstruire le « réseau de sécurité sociale » qui selon lui fait défaut[6] et fait campagne sur les thèmes du bien être, de l'assistance sociale, de la décentralisation et de la dérégulation, proposant notamment d'augmenter le nombre de vice-gouverneurs de 3 à 6 afin de mieux répartir les tâches[7].

Lors du scrutin le 11 avril 1999, il arrive en troisième position, derrière l'écrivain et ancien ministre, lui aussi proche du PLD qui a fait campagne sans affiliation partisane, Shintarō Ishihara qui est élu (avec près d'1,7 millions des voix et 30,5 % des suffrages), et derrière le candidat du Parti démocrate du Japon (et désormais ministre de la Justice dans le gouvernement Fukuda) Kunio Hatoyama (850 000 voix environ et 15,6 % des suffrages). Il obtient toutefois un score honorable, étant devancé de peu par Hatoyama avec 836 104 voix et 15,3 % des suffrages. De plus, il devance le candidat finalement soutenu par le PLD et ancien Secrétaire général adjoint pour les Affaires humanitaires et Coordinateur des secours d'urgence de l'ONU Yasushi Akashi (690 000 voix, 12,6 %).

[modifier] Élu à la Chambre haute

Le décès de sa mère en 2000 l'amène à pousser encore plus loin son engagement politique.

Il est élu sur la liste du PLD, grâce surtout au soutien personnel de Jun'ichirō Koizumi, en juillet 2001, et est réélu en 2007. Il adhère ainsi totalement à ce parti mais refuse de s'inscrire dans une des factions partisanes qui le composent. Spécialiste des questions de relations internationales, notamment partisan du renforcement des liens avec l'Europe (et plus particulièrement avec la France) et la Corée du Sud ou la Chine, il siège au sein de la Commission des Affaires étrangères et de la Défense et en est successivement le directeur de 2003 à 2004 puis le président de 2005 à 2006.

Mais surtout, il conserve une image médiatique d'expert franc et compétent hérité de son passé de scientifique, et continue à arpenter les plateaux de télévision pour exposer ses positions. Il partage alors la plupart des positions phares défendues par Jun'ichirō Koizumi, comme son mépris du jeu des factions, l'appel à la reconnaissance des forces d'autodéfense comme une armée de plein droit ou encore le soutien à une réforme de l'administration[8] et de la constitution[9]. Il devient d'ailleurs président du Conseil de recherche politique du PLD et président par intérim par intérim de la Commission de la Chambre haute sur la Constitution à partir d'octobre 2006.

Souvent considéré comme un électron libre au sein de la majorité, et malgré le soutien (bien qu'il n'ait jamais tu ses critiques à son égard) dont il a fait preuve vis-à-vis de Jun'ichirō Koizumi, il se montre en revanche très critique envers son successeur Shinzō Abe. Il lui reproche surtout son manque de contrôle sur ses ministres qui sont touchés tour à tour par des scandales[10] et de renforcer par ses réformes la fracture sociale. Suite à l'échec du PLD à l'élection à la Chambre des Conseillers en 2007, Abe, fortement critiqué dans son propre camp et très impopulaire, est forcé d'ouvrir son Cabinet à certains de ses opposants au sein du parti, comme Masuzoe.

[modifier] Le ministre et la réforme de la sécurité sociale

Le jour de sa nomination le 27 août 2007, Yōichi Masuzoe déclare « mettre en jeu sa carrière politique » sur l'identification des 65 millions de dossiers que l'administration a admis en mai avoir perdu et représentant des cotisations et des droits à la retraite, résultat de décennies de mauvaise gestion de l'Agence d'assurance sociale qui a amené à ce que beaucoup de retraités reçoivent moins que ce qu'ils auraient du[11]. Ce scandale avait été l'une des causes majeures de la défaite du PLD aux élections à la chambre haute, tandis que Yōichi Masuzoe a toujours fait des questions de sécurité sociale et d'aides aux personnes âgées plus particulièrement l'un de ses principaux chevaux de bataille en politique.

Néanmoins, le 12 décembre, le gouvernement annonce que 19 millions de dossiers ne pourraient finalement totalement être traités, du fait que leurs ayant-droit sont soit morts, soit ont changé de nom (du fait d'un mariage), sont ont un nom incorrect enregistré dans le système informatique. De fait, ces personnes doivent donc, pour recouvrer la totalité de ce qui leur est du, faire les démarches nécessaires de leur côté. Le ministre a toutefois refusé de s'excuser ou de démissionner (et malgré les appels de l'opposition à son retrait du Cabinet), déclarant mettre tout en œuvre pour résoudre ce problème[12].

En matière de santé, il a surtout décidé de lancer une vaste campagne de vaccination en priorité des personnels potentiellement en contact avec la grippe aviaire (docteurs, inspecteurs de quarantaines ou autre personnels de santé ou de l'immigration), soit en tout 6 400 doses environ qui pourront être portés dans un second temps à plus de 10 millions d'individus qui sont dans le milieu médical ou dans les services publics. C'est le premier plan au monde de vaccination contre la grippe aviaire[13].

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

[modifier] Références


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