Syndicalisme

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Le syndicalisme (de syndic, venant lui-même du grec sundikos, qui assiste quelqu'un en justice) est le mouvement qui vise à unifier les travailleurs dans des organisations, les syndicats, pour défendre leurs intérêts communs (hausse des salaires, meilleures conditions de travail, baisse du temps de travail, lutte contre le licenciement…).

Le syndicalisme désigne également l'action militante qui cherche à poursuivre les buts d'un syndicat.

Dans son sens le plus courant et le plus accepté, le terme syndicalisme s'applique aux syndicats de salariés et dans une moindre mesure aux syndicats étudiants et lycéens. Le terme "syndicat professionnel" désigne également, dans certains pays, les organisations patronales.

Les années 1880 ont marqué la naissance de syndicalisme en Europe. En France, c'est une loi de 1884 qui a autorisé la création de syndicats.

Sommaire

[modifier] Le syndicalisme en France

Le syndicalisme est issu des groupements corporatifs (métiers, compagnonnage...) des sociétés modernes et médiévales. Ces groupements sont interdits par la loi Le Chapelier de 1791 et subissent une répression opiniâtre lors de la première révolution industrielle. Mais en 1864, la loi Ollivier abolit le délit de coalition et autorise le droit de grève. Les syndicats ne sont cependant légalisés qu'en 1884 avec la loi Waldeck-Rousseau, qui comporte encore plusieurs restrictions. En particulier, le syndicalisme est toujours interdit dans la fonction publique.

Des syndicats patronaux se créent sur cet exemple. Dès lors, le syndicalisme tend à embrasser l'ensemble de la société du travail et affiche des objectifs politiques : la CGT est créée en 1895, au congrès de Limoges. Le syndicalisme français, dit d'action directe, est caractérisé par ses velléités révolutionnaires et d'indépendance vis-à-vis des partis politiques. Ces principes sont affirmés lors du congrès de la CGT d'Amiens en 1906 (charte d'Amiens).

Après la Grande Guerre, une partie du syndicalisme se rallie aux idées socialistes puis communistes, alors qu'une minorité s'oriente vers le réformisme. Ainsi la CFTC, de tradition chrétienne européenne, créée en 1919, apporte une réponse sociétale en contrepoids de la tradition marxiste. En 1936, la CGT compte environ 6 millions de membres : la puissance syndicale s'exprime par le nombre.

Lors du Régime de Vichy la conception corporatiste de l'organisation du travail est mise en avant et divise le monde syndical. Un dirigeant de la CGT, René Belin devient ministre de la Production Industrielle et du Travail du Maréchal Pétain en juillet 1940. Dans les années 40 est crée la CGC, syndicat sectoriel composé d'une multitude de syndicats professionnels locaux (d'ingénieurs essentiellement - Mines, Ponts, métallurgie, électricité...).La promulgation en 1941 de la Charte du Travail organise la dissolution des organisations syndicales existantes et la création de syndicats uniques par corporation. La majeure partie des syndicalistes s'organisent alors clandestinement.

Les libertés syndicales sont rétablies par une loi du 27 juillet 1944 et les confédérations dissoutes sont recréées. En 1948, un courant sécessionniste de la CGT, réformiste et opposé à la domination du Parti communiste sur la CGT, crée la CGT-FO. En 1964, la CFTC par déconfessionnalisation devient la CFDT, une nouvelle CFTC - dissidente - est créée par des militants qui refusent la déconfessionnalisation. En 1992, le mouvement "autonome", comportant principalement des syndicats qui, en 1947, avaient refusé de choisir entre la CGT et FO, s'organise dans l'UNSA.


Les grandes organisations sont confédérées par rassemblement de fédérations qui regroupent elles tous les syndicats d'une même profession, et d'unions locales qui regroupent tous les syndicats d'une ville ou d'un département autour de la Bourse du travail. Il ne faut donc pas confondre syndicat (par exemple le syndicat des charpentiers de la Seine) et organisation syndicale (par exemple la CGT, ou la CFDT).

Si, aujourd'hui, les grandes organisations syndicales sont moins puissantes, les syndicats sont encore présents dans la réalité du travail, même s'ils ont perdu une grande partie de leur assise tertiaire depuis les années 1970. Du fait de la fixation de seuils par effectifs et des risques de se syndiquer, seul un salarié sur deux est amené à élire des représentants.

Ce déclin est dû à la crise de l'industrie (bastion syndical), une insuffisante prise en compte du secteur tertiaire et des PME par les syndicats, la privatisation d'entreprises, un phénomène d'externalisation, l'insuffisante prise en compte du travail féminin, la chute du communisme et la division syndicale.

Alors que le taux de syndicalisation dans le secteur privé est à peine supérieur à 5% (alors que les autres pays européens sont aux alentours de 30, voire 50%), la France a un paysage syndical divisé, constitué de cinq confédérations représentatives de droit (CGT, CFDT, Force ouvrière, CFTC et CFE-CGC) ainsi que trois grandes autres organisations (qui rassemblent pour chacune d'elles un effectif plus grand que d'autres organisations qui sont elles considérées comme représentatives) non représentatives de droit (l'UNSA, la FSU et l'Union syndicale Solidaires dont font partie entre autres les « SUD »).

D'après le ministère du travail, 8 % des travailleurs français sont syndiqués en 2003.

D'après une étude du ministère du travail sur la syndicalisation (DARES, octobre 2004), le taux de syndicalisation dans les entreprises de moins de 50 salariés est de 3,5 % (contre 5,2 % dans le secteur privé) ; il n'est que de 2,4 % chez les salariés en CDD ou en intérim (contre 9,5 % chez les salariés en contrat à durée indéterminée et à temps complet). Selon un sondage TNS-Sofres de décembre 2005, les causes de non-syndicalisation sont :

  • pour 38 %, le sentiment que les syndicats ne comprennent pas leur problème
  • pour 36 %, la peur de représailles de leur direction
  • pour 34 %, la division syndicale (80% des sondés estimant qu'il y a trop de syndicats en France)

[modifier] Le syndicalisme en Angleterre

On parle en Angleterre de "trade unions" ou "labour unions" pour désigner les syndicats. Le syndicalisme fut sévèrement réprimé en Angleterre jusqu'en 1824. Les années 1830 à 1840 furent marquées par la dominance de l'action politique dans les syndicats. En 1850 se formèrent des syndicats plus stables, mieux pourvus en termes de ressources, mais souvent moins radicaux. Et le statut légal des syndicats fut établi par la Commission Royale en 1867 lorsque celle-ci admit que la mise en place de ces organisations avantageait autant les employeurs que les salariés. Le texte fut légalisé en 1871.

Les unions les plus influentes de la période victorienne furent les unions de travailleurs qualifiés, notamment le Amalgamated Society of Engineers (article en anglais : [1]). Les unions alliant travailleurs qualifiés et semi-qualifiés connurent une progression assez faible jusqu'à l'émergence des "New Unions" à la fin de l'année 1880. Les syndicats ont joué un rôle important dans la création du Comité de représentation des travailleurs (Labour Representation Committee, qui constitue la base du parti travailliste actuel (Labour party, lequel entretient toujours des liens étroits avec le "Trade union movement"

Voir aussi l'article (en) : Trade unions

[modifier] Le syndicalisme dans le monde

[modifier] Liens internes

Anarcho-syndicalisme | Éco-syndicalisme | Charte d'Amiens | Lutte des classes | Syndicalisme de lutte | Syndicalisme chrétien | Syndicat étudiant et lycéen

[modifier] Bibliographie

[modifier] Liens externes