Régime de Vichy

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Histoire de France

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Voir aussi :

Chronologie de la France

La France sous le régime de Vichy traite de l'histoire de la France entre 1940 et 1944 lorsque le pays est sous domination allemande. Les Allemands, qui occupent d'abord la partie nord, et à partir de novembre 1942, le pays tout entier, laissent l'administration française sous l'autorité d'un gouvernement français dirigé par le maréchal Pétain promu président du Conseil par Albert Lebrun et installé à Vichy. Dès juin 1940, Pétain, qui n'a pas le statut de président de la République, met en œuvre une Collaboration avec les Nazis. Celle-ci prendra plusieurs formes au cours de la guerre, dont les arrestations de Résistants et de francs-maçons, ainsi que les rafles de Juifs.

Sommaire

[modifier] Les circonstances

Icône de détail Article détaillé : Bataille de France.

[modifier] Prologue: La défaite de 1940 et l'invasion allemande

En réponse à l'invasion de la Pologne par les troupes d'Adolf Hitler, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre au IIIe Reich. Adoptant alors une stratégie défensive, les deux alliés, au lieu d'envahir l'Allemagne dont l'armée est occupée en Pologne, laissent passivement son armée détruire les troupes polonaises. La France réagit mollement en lançant, le 7 septembre, 9 de ses 102 divisions dans une offensive sur la Sarre. L'Allemagne n'a pourtant pas daigné réagir, mais très vite devant la vitesse à laquelle l'armée polonaise, organisée avec des conseils français, s'effondre (à peine plus d'une semaine), renforçant ainsi le mythe d'une armée allemande invincible, la France rappelle ses troupes qui quittent l'Allemagne le 17 octobre. Les Français restent donc derrière la ligne Maginot et temporisent, en espérant pouvoir s'appuyer sur un blocus maritime, comme celui qui provoquera l'effondrement allemand en 14-18. C'est la « drôle de guerre ». Mais le 10 mai 1940, Hitler attaque en envahissant les Pays-Bas, le Luxembourg et la Belgique. Le commandement français s'y attendait et lance ses troupes à la défense de la Belgique, comme prévu. Utilisant à plein les concepts des novateurs français de 1918, ignorés par leur propre commandement (choc et rapidité, couple char-avion, concentration), le fer de lance de l'armée allemande (une dizaine de divisions blindées) traverse le massif des Ardennes, jugé impénétrable par les généraux français (et donc mal défendu, et mal soutenu lorsque l'attaque apparut évidente) et encercle du sud vers le nord l'armée franco-britannique engagée en Belgique.

Début juin la messe est dite. Vaillamment défendu autour de Dunkerque par quelques divisions françaises qui se sacrifient, le contingent britannique regagne l'Angleterre lors de l'opération Dynamo. Le gouvernement quitte Paris le 10 juin pour Bordeaux. Les réfugiés qui fuient la Belgique et le Nord de la France sont alors rejoints par deux millions de réfugiés de la région parisienne. Pour Jean-Pierre Azéma, entre le 15 mai et le 10 juin, au moins six millions de Français auront abandonné leur domicile et participé à l'« exode » de 1940, se retrouvant sur les routes sous les attaques de la Luftwaffe et ruinant la logistique militaire française. La bataille de France est perdue, en dépit de la résistance farouche et héroïque de nombreuses unités. La campagne militaire cause près de 100 000 morts français et 40 000 allemands, et les Allemands capturent plus de deux millions de prisonniers.

Le 10 juin 1940, Mussolini, allié de Hitler, déclare la guerre à la France, mais ne parvient pas à faire avancer ses troupes à travers les Alpes bien défendues. Franco, sollicité, refuse d'entrer en guerre contre la France, même lorsque l'effondrement français est patent.

[modifier] La demande d'armistice

C'est la panique en France dans le monde politique et militaire. Les uns se résignent à la défaite et réclament l'armistice, les autres veulent poursuivre la lutte comme promis aux Britanniques, en s'appuyant sur les colonies et notamment l'Algérie.

C'est le premier camp, soutenu par le général Maxime Weygand le maréchal Pétain, Pierre Laval et François Darlan, qui l'emporte. Le général de Gaulle, partisan de la poursuite de la guerre, rejoint Londres, où il prononce son appel devenu célèbre mais passé relativement inaperçu dans le chaos ambiant. Le noyau de la France libre se constitue alors, avec d'autres volontaires français. D'autres personnalités se sont aussi réfugiées en Amérique. Le président du Conseil Paul Reynaud, qui lui voulait continuer la lutte, choisit finalement de démissionner le 16 juin 1940.

Le président de la République Albert Lebrun nomme alors Philippe Pétain président du Conseil. Le lendemain, ce dernier annonce à la radio que la France doit cesser le combat et demander l'armistice. Le gouvernement Philippe Pétain, constitué à Bordeaux le 17 juin, et le Parlement s'installent en juillet à Vichy, ville calme, et disposant de grandes capacités hôtelières. Il met en place une propagande destiné à justifier ses choix dont celui de la nouvelle « capitale ». Le culte de la personnalité en est le principal moteur.

Le 22 juin 1940, la délégation française doit aller signer l'armistice, à Rethondes, dans le wagon qui avait servi de cadre à l'armistice de la Première Guerre mondiale et devant le monument qui parlait de l'orgueil criminel de l'Empire allemand vaincu par les peuples qu'il voulait faire esclaves. Hitler fait ensuite exploser le monument sous les caméras. Quant au wagon il sera envoyé à un musée berlinois où il sera détruit par un bombardement allié en 1943. L'Allemagne entend ainsi effacer la défaite de la Première Guerre mondiale et humilier la France.

[modifier] L'armistice

Icône de détail Article détaillé : Armistice du 22 juin 1940.

Les conditions de l'armistice sont motivées par les préoccupations d'Hitler à cette époque : Il faut bien sûr, empêcher de façon durable que la France ne redevienne une grande puissance militaire, mais à court terme, il faut veiller à ce que sa flotte ne rejoigne pas le Royaume-Uni qui reste le dernier pays à vaincre ou à séduire, car un accord de paix avec le Royaume-Uni reste souhaité en cette fin du mois de juin. Enfin, il ne faut froisser ni l'allié italien, ni le potentiel allié espagnol. Ce sont toutes ces considérations complexes qui vont déterminer le contenu de la convention d'armistice, un texte bref de vingt-quatre articles, qui contient notamment les clauses suivantes :

 La France coupée en quatre: Zone "libre", Zone occupée, départements annexés et le Nord de la France directement sous administration militaire.
  • Les prisonniers de guerre (plus de 1,5 million d'hommes) restent en captivité jusqu'à la signature d'un accord de paix.
  • La moitié nord, ainsi que la côte atlantique, passent sous occupation allemande : c'est la zone occupée, qui couvre à peu près les trois cinquièmes du territoire. Le reste constituant la zone libre, c'est-à-dire non occupée, regroupée essentiellement au sud de la Loire. Les deux zones étant séparées entre elles par la ligne de démarcation.
  • La France doit pourvoir à l'entretien de l'armée d'occupation. Il s'avéra que le montant de ces indemnités allait être fixé de façon quasi discrétionnaire par les Allemands, et leur montant s'élèvera, en moyenne, à 400 millions de francs par jour.
  • Dans la zone libre, l'armée française est limitée à 100 000 hommes.
  • La souveraineté française s'exerce sur l'ensemble du territoire, y compris la zone occupée, l'Alsace et la Moselle, mais dans la zone occupée, il est stipulé que l'Allemagne exerce les droits de la puissance occupante, ce qui implique que l'administration collabore avec elle d'une manière correcte.
  • L'Empire français reste également sous l'autorité du gouvernement français.
  • Les vaisseaux de guerre rejoignent leurs ports d'attache du temps de paix, dont certains, comme Brest, se trouvaient en zone occupée (« La désignation de ces ports sera faite d'après les ports d'attache des navires en temps de paix »).
  • La France doit livrer les réfugiés politiques allemands ou autrichiens présents sur son sol.

Le choix d'Hitler de laisser à la France vaincue son empire peut paraître aujourd'hui tout à fait contestable. À l'époque, dans une lettre au Duce, Hitler a justifié ce choix (ainsi que celui de maintenir une zone non occupée), par le souci de ne pas pousser la France et sa puissante flotte à continuer la guerre à partir de ses colonies, la marine allemande n'étant pas en mesure de conquérir le vaste empire colonial outre-Méditerranée, et l'envoi de troupes dans des contrées éloignées n'entrant pas dans la stratégie d'Hitler. Dans les faits, à l'exception de l'Afrique équatoriale française et de la Nouvelle-Calédonie, les colonies françaises ne se rallieront ni à de Gaulle ni aux Alliés dans les mois qui suivront l'armistice.

De son côté, Churchill, face au risque insupportable de voir la flotte française rejoindre ses ports d'attaches maintenant occupés par l'ennemi, conformément aux conventions d'armistice envoie le 3 juillet 1940, une flotte britannique sommer la flotte française de Mers el Kébir de se joindre à elle, ou de rejoindre les Antilles françaises. L'amiral français Marcel Gensoul rejeta l'ultimatum, sans informer Vichy de toutes les possibilités ouvertes par celui-ci, dont celle de rejoindre les Antilles françaises pour se mettre à l'abri des Allemands. Il s'ensuivit un combat naval, au cours duquel les principales unités françaises sont détruites.

En outre, l'Italie bien que revendiquant l'ancien comté de Nice et la Savoie, dont elle n'est pas parvenue à s'emparer, doit se contenter de Menton. Les autres territoires revendiqués ne seront occupés par l'armée italienne qu'ultérieurement, le 11 novembre 1942, lors de l'invasion de la zone antérieurement non occupée.

[modifier] Le fondement législatif du régime de Vichy

Le 10 juillet 1940 est soumise à l'Assemblée nationale, réunion de la Chambre des députés et du Sénat, une proposition de révision de la Constitution permettant d'attribuer les pleins pouvoirs maréchal Pétain, président du Conseil. Sur 649 suffrages exprimés, 57 députés et 23 sénateurs votent « non », 20 autres parlementaires s'abstiennent (dont 3 après de demande de rectification de leur vote) et le reste approuve. La séance fut présidée par Jules Jeanneney.

Le texte adopté était :

« Article unique.- L'Assemblée nationale, donne tous pouvoirs au gouvernement de la République sous la signature et l'autorité du maréchal Pétain, président du Conseil, à l'effet de promulguer par un ou plusieurs actes la nouvelle Constitution de l’État français. Cette constitution devra garantir les droits du travail, de la famille et de la patrie. Elle sera ratifiée par la Nation et appliquée par les Assemblées qu'elle aura créées. »

Cet acte législatif n'ayant pas été voté dans les formes[1] prévues par les lois constitutionnelles de 1875 organisant les institutions de la Troisième République, sa régularité est sujette à caution, mais il met fin, de fait, à la forme républicaine du gouvernement de la France.

La nouvelle constitution, rédigée par le maréchal Pétain, ne sera jamais promulguée, le chef de l'État n'édictant que 12 actes constitutionnels, pris entre 1940 et 1942 sur la base de la loi constitutionnelle de 1940, pour organiser provisoirement le régime de l'État français.

[modifier] Repères chronologiques

1940

1941

1942

1943

1944

[modifier] La « Révolution nationale » dans le paysage politique français

Icône de détail Article détaillé : La Révolution nationale.

« Je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur » proclame le 17 juin 1940 le maréchal Pétain, nouveau président du Conseil, qui vient de demander à l'Allemagne nazie les conditions d'un armistice. Dans son message aux Français du 25 juin 1940, le jour même de l'armistice, il annonce la dite « Révolution nationale ». « C'est à un redressement intellectuel et moral que d'abord, je vous convie », ajoute-t-il. Tandis que la devise républicaine « Liberté, Égalité, Fraternité » est remplacée par le slogan « Travail, Famille, Patrie » qui s'avérera réactionnaire dans ses modalités d'application. Charles Maurras, fondateur de la revue royaliste L'Action française, salue la disparition de la « gueuse » (la République) en parlant d'une « divine surprise ». Les fondements idéologiques de cette « Révolution nationale » sont précisés dans le discours du 11 octobre 1940 :

« Le désastre n’est, en réalité, que le reflet, sur le plan militaire, des faiblesses et des tares de l’ancien régime politique […] Jamais, dans l’histoire de la France, l’État n’a été plus asservi qu’au cours des vingt dernières années […] par des coalitions d’intérêts économiques et par des équipes politiques ou syndicales, prétendant fallacieusement représenter la classe ouvrière. Il faut aujourd’hui reconstruire la France […] On ne saurait davantage y découvrir les traits […] d’une revanche des événements de 1936 […] L’ordre nouveau est une nécessité française. Nous devrons tragiquement réaliser, dans la défaite, la révolution que dans la victoire, dans la paix, dans l’entente volontaire de peuples égaux, nous n’avons même pas su concevoir. »

« Le régime nouveau sera une hiérarchie sociale. Il ne reposera plus sur l’idée fausse de l’égalité naturelle des hommes, mais sur l’idée nécessaire de l’égalité des « chances » données à tous les Français de prouver leur aptitude à « servir ». Seuls le travail et le talent redeviendront le fondement de la hiérarchie française. Aucun préjugé défavorable n’atteindra un Français du fait de ses origines sociales, à la seule condition qu’il s’intègre dans la France nouvelle et qu’il lui apporte un concours sans réserve. On ne peut faire disparaître la lutte des classes, fatale à la nation, qu’en faisant disparaître les causes qui ont formé ces classes et les ont dressées les unes contre les autres. Ainsi renaîtront les élites véritables que le régime passé a mis des années à détruire et qui constitueront les cadres nécessaires au développement du bien-être et de la dignité de tous. »

En 1940, l'immense majorité des Français reconnaissent l'homme providentiel dans ce « beau vieillard » de 84 ans, auréolé dans son prestige de vainqueur de Verdun, qui sera l'objet d'une grande vénération entretenue par des institutions comme la Légion française des combattants, créée le 29 août 1940. Cependant, en dépit des déclarations conciliantes du maréchal repoussant toute idée de revanche, ses plus ardents soutiens de la droite cléricale, conservatrice, antidreyfusarde et parfois réactionnaire ne s'y trompent pas en savourant le départ de ceux qu'ils honnissaient. Ainsi, Paul Claudel écrit dans son journal :

« La France est délivrée après soixante ans de joug du parti radical et anticatholique (professeurs, avocats, Juifs, francs-maçons). Le nouveau gouvernement invoque Dieu et rend la Grande Chartreuse aux religieux. Espérance d'être délivré du suffrage universel et du parlementarisme. »

Comment ne pas qualifier de revanche les lois d'exclusions d'août et octobre 1940, qui frappent francs-maçons et Juifs d'interdictions professionnelles ? La chasse aux communistes, entamée sous le gouvernement Daladier, était une priorité du régime de Vichy, avant même que les Allemands ne s'en préoccupent. Elle est une constante de la politique collaborationniste, d'octobre 1940 à la Libération. Le PCF avait été interdit sous la Troisième République, en septembre 1939 à la suite du pacte germano-soviétique, et toute activité communiste était donc déjà illégale à l'avènement de Pétain.

L'historien Jean-Pierre Azéma a ainsi pu retenir six caractéristiques de l'esprit qui anime le régime réactionnaire de Vichy :

  • la condamnation sans appel du libéralisme ;
  • le refus du principe égalitaire, proclamé par la Révolution ;
  • une pédagogie anti-intellectualiste ;
  • la défiance à l'égard de l'industrialisme ;
  • l'affirmation d'un nationalisme fermé (qui s'oppose au nationalisme républicain d'avant l'affaire Dreyfus) ;
  • l'appel à un rassemblement national.

Certains, comme l'historien communiste Roger Bourderon dans les années 1970 ou l'écrivain Bernard-Henri Lévy en 1981, ont qualifié de fasciste le régime de Vichy. Cette idée n'a pas été reprise par la plupart des historiens de la période, notamment Jean-Pierre Azéma et Robert Paxton qui mettent en avant que Pétain, fort du soutien populaire qu'il avait créé, a refusé l'idée d'un parti unique que lui proposait Marcel Déat en août 1940, et également que l'obsession de la discipline qui caractérise les sermons moralisateurs du maréchal ne s'est pas traduite par une réelle militarisation du pays tournée vers l'expansion. Ceci découle en partie des conditions de l'armistice. Il y a sans doute une volonté d'embrigadement dans la création des Chantiers de la Jeunesse qui accueillent, dés août 1940 les 100 000 jeunes de la classe 1940 qui ne peuvent pas être incorporés dans l'armée d'armistice, et qui sont encadrés par des officiers pour se livrer à divers travaux d'utilité publique en plein air. Mais ils ne seront pas l'équivalent des mouvements de jeunesse fascistes comme les Jeunesses hitlériennes. Les partis collaborationnistes à tendance fascistes comme le Parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot ou le Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat sont longtemps restés marginaux par rapport au gouvernement et à l'entourage du maréchal. Ce n'est qu'en 1944 que les Allemands ont imposé l'entrée au gouvernement de Joseph Darnand, chef de la Milice, et de Philippe Henriot d'abord (6 janvier 1944), puis de Marcel Déat (16 mars 1944).

[modifier] Le cléricalisme de Vichy

Le régime de Vichy va rechercher l'appui de l'Église catholique, dont l'influence à cette époque reste non négligeable. Pétain n'était pas, avant qu'il ne devint chef de l'État, un catholique pratiquant, mais du moins avait-il quand même été élevé dans l'Église, alors que Laval et Darlan étaient plutôt « de l'autre bord ».

Le courant passe bien entre le maréchal et les prélats de l'Église française, qui se pressent pour lui rendre visite à Vichy. En tête de ces évêques et cardinaux pétainistes, le cardinal Gerlier, primat des Gaules. La doctrine catholique de l'époque, et notamment sa composante sociale, a largement inspiré la Révolution nationale, au point que le cardinal Gerlier a pu déclarer « Travail, Famille, Patrie, ces trois mots sont les nôtres ». Depuis la fin du XIXe siècle, la France avait connu des gouvernements pour lesquels l'étiquette de « laïque » était plus ou moins synonyme d'anticlérical. L'Église catholique en France comptait bien profiter d'un gouvernement favorable pour marquer quelques points.

Les membres du clergé retrouvent leur place dans les cérémonies officielles. En plus de ce genre de signes extérieurs de sympathie, l'épiscopat français obtient satisfaction sur un certain nombre de points :

  • La loi de 1904 qui interdisait aux religieux d'enseigner dans le public est abrogée en septembre 1940.
  • Les mouvements de jeunesse reçoivent l'agrément officiel en décembre 1941. En 1942, le projet de Pucheu d'instaurer un mouvement de jeunesse unique est écarté.
  • L'enseignement privé confessionnel reçoit des subventions de l'État (400 millions de francs en 1941).

En revanche, l'Église n'obtient pas le droit d'enseigner la religion à l'intérieur des locaux scolaires. Malgré cela, l'épiscopat reconnaît la légitimité du régime du Maréchal jusqu'en 1944. Cette légitimisation n'empêche pas certains prélats d'exprimer publiquement des critiques, par exemple au sujet des déportations des Juifs, dès juillet 1942. Ceci n'empêche pas non plus un certain nombre de catholiques et membres du clergé de se détacher nettement du régime et de s'engager dans la Résistance.

L'une des institutions du nouveau régime à laquelle les catholiques accordaient le plus volontiers leur concours est sans conteste la Légion des combattants, qui remplace toutes les associations d'anciens combattants. Dès sa fondation, les prêtres y adhèrent en grand nombre ainsi que quelques évêques. Par la suite, certains des cadres de la Légion participeront à la création de la Milice, mais d'autres l'abandonneront, tel le lorrain François Valentin, l'un de ses dirigeants les plus actifs, qui choisit le 29 août 1943, troisième anniversaire de la Légion, pour lancer un appel à la résistance.

[modifier] La spécificité du régime de Vichy dans l'Europe occupée

Fanion du régime de Vichy arborant la francisque.
Fanion du régime de Vichy arborant la francisque.
Pièce de 2 francs « ETAT FRANÇAIS » 1943
Pièce de 2 francs « ETAT FRANÇAIS » 1943
Pièce de 2 francs « ETAT FRANÇAIS » 1943, « TRAVAIL FAMILLE PATRIE »
Pièce de 2 francs « ETAT FRANÇAIS » 1943, « TRAVAIL FAMILLE PATRIE »

La spécificité de la France de Vichy réside dans le fait que le chef de l'État et le gouvernement restent sur place. Le fait que jusqu'en novembre 1942, le gouvernement de Vichy ait été localisé en zone non occupée et bénéficie ainsi d'une autonomie relative, représente un cas unique dans l'Europe occupée. La collaboration d'État commence en France dès la proclamation de l'armistice. Paxton souligne que les autorités civiles d'un pays occupé sont normalement amenées à coopérer avec l'armée d'occupation dans un certain nombre de domaines techniques afin d'assurer les services essentiels aux populations civiles, étant entendu que les soldats occupants bénéficient également de ces services.

Au Danemark, le premier ministre Thorvald Stauning pratique une collaboration économique développée avec l'Allemagne.

En Norvège, Quisling, authentique nazi, est imposé au pouvoir en 1942 par les Allemands.

Aux Pays-Bas, le gouvernement s'exile à Londres avec la reine Wilhelmina. Le pays fut alors administré par le Reichskommissar Arthur Seyss-Inquart qui poussa en avant le parti pro-nazi NSB (Nationaal-Socialistische Beweging, Mouvement national-socialiste).

En Belgique, après la capitulation du 28 mai 1940 décidée par le roi Léopold, le gouvernement se réfugie en France et s'exile ensuite à Londres, alors que le roi reste dans son palais de Laeken. La Belgique est alors placée sous une administration militaire allemande qui laisse travailler les services administratifs belges, sous la direction de secrétaires généraux.

En Tchécoslovaquie, la partie tchèque est annexée par l’Allemagne sous le nom de protectorat de Bohème et Moravie. À sa tête est placée un Gauleiter (protecteur) allemand, d’abord von Neurath, puis Heydrich. La Slovaquie est placée sous l’autorité de Mgr Tiso.

Quant à la Pologne, une partie de son territoire est rattachée à l’Allemagne, tandis que le reste de son sol, placé définitivement sous autorité allemande, reçoit le nom de gouvernement général. C’est le dirigeant nazi allemand, ex-avocat, Hans Frank, qui en est nommé gouverneur général.

En Hongrie et en Roumanie les nazis bénéficient de l'alliance spontanée des gouvernements en place.

La Bulgarie, après une période de neutralité, devient l'alliée de l'Axe le 1er mars 1941.

La Grèce capitule face à l'invasion de l'Allemagne et de l'Italie en avril 1941.

[modifier] Les hommes du régime de Vichy

Philippe Pétain, Chef de l'État Français.
Philippe Pétain, Chef de l'État Français.

Pétain, Laval et Darlan, le chef d'État et ses deux premiers ministres (qui n'ont en fait que le rang de vice-premier ministre) sont les trois politiques les plus emblématiques de la période. Darlan a été Premier ministre de février 1941 à avril 1942.

L'historien Robert Frank souligne que le point d'accord fondamental entre les trois hommes a d'abord été leur volonté de cesser un combat meurtrier et inutile, et sur ce point, ils bénéficient du soutien de la grande majorité des Français. Tous les trois parient sur une victoire finale du Reich. À partir du moment où l'armistice est signé, certaines conséquences en découlent : les Français qui veulent continuer le combat deviennent hors-la-loi. Aucun des trois hommes n'avait initialement adhéré à une quelconque idéologie mussolinienne ou hitlérienne, mais dans l'atmosphère de la défaite, ils s'en rapprochent très rapidement et leurs intérêts deviennent liés à ceux de l’Allemagne : la paix allemande leur permet de développer la Révolution nationale et de refaire la France à partir de l'Empire et de la zone non occupée. Que le Royaume-Uni reprenne le dessus, et ce sont les troubles qui risquent de réapparaître en France avec le retour triomphal des dissidents.

  • Philippe Pétain. Pour les Français de l'époque, Pétain est le vainqueur de Verdun, il est adulé par la majorité des Français qui approuvent l'armistice et lui font confiance pour défendre les intérêts de la France face à l'ennemi. Les anciens combattants forment le noyau le plus fidèle des partisans de Pétain. Marc Ferro a montré les paradoxes de Pétain, partagé entre son antigermanisme profond et sa volonté de collaborer avec le Reich : Pétain a bel et bien voulu la collaboration, mais il la subordonne aux intérêts de son nouveau régime. Malgré son grand âge et les atermoiements dont il fera souvent preuve, Pétain est bel et bien l'inspirateur de la Révolution nationale. Il entend régénérer la France en instaurant un régime autoritaire qui s'appuie sur l'armée, l'Église, les notables et les élites. Il ne s'est pas signalé dans son passé par des positions fascistes et a même été considéré jusque dans les années 1930 comme un maréchal « républicain ». Selon les mots de Robert Franck, « l'antisémitisme d'État de Vichy est en grande partie le sien, puisqu'il a contribué personnellement à la rédaction du premier statut des Juifs. »
  • Laval, seul membre du gouvernement à être muni d'un Ausweiss permanent (le droit de passer d'une zone à l'autre) pense être l'homme de la situation pour entamer une négociation globale avec le vainqueur. Il n'est impliqué ni dans l'élaboration ni dans l'application de la Révolution nationale. Son passé de pacifiste proche des francs-maçons l'éloigne considérablement des amiraux et des cardinaux, compagnons naturels de Pétain. La collaboration avec l'Allemagne est la grande politique à laquelle il doit attacher son nom. Au nom de celle-ci, il accepte de collaborer aussi pour la déportation des Juifs. Il n'hésite pas à faire inclure les enfants de moins de 16 ans dans les convois de déportation, alors que les Allemands ne le demandaient pas.
  • Darlan, chef d'état-major de la marine et artisan du réarmement naval de la France dans les années 1930 était considéré comme républicain, en ce sens qu'il n'avait aucun penchant monarchiste ou clérical. Jusqu'au-boutiste de la poursuite des combats jusqu'en juin 1940, puis rallié à l'Armistice et poussant la collaboration d'État avec l'Allemagne plus loin que Laval pendant la période, de décembre 1940 à avril 1942 où ce dernier avait été écarté de la place de vice-premier ministre, allié des Américains pendant la courte période où il est au pouvoir en Afrique du Nord, il peut paraître comme un opportuniste ambitieux, ce qu'il est sans doute. Selon Robert Franck, l'ensemble de ses positions s'explique par des considérations de géostratégie biaisée par une phobie des Britanniques consécutive à l'affaire de Mers el Kébir. Il veut préserver la marine française et l'Empire. Sans affinité particulière avec le fascisme, il ne cessera de penser qu'une victoire du Royaume-Uni serait pire que la domination allemande et entrainerait « le retour au pouvoir des Juifs cosmopolites et des francs-maçons inféodés à la politique anglo-saxonne » (notes de Darlan, octobre 1940). Son antisémitisme est durable puisque c'est son gouvernement qui prépare et promulgue le deuxième statut des Juifs en juin 1941. Contrairement à Laval, il adhère globalement au projet de Révolution nationale.

[modifier] Les quatre phases successives du gouvernement de Vichy

Pétain, Laval et Darlan sont les trois personnalités qui ont exercé les plus hautes responsabilités dans l'État français, de juin 1940 à la Libération. Autour d'eux, on peut distinguer plusieurs vagues successives dans le personnel politique du régime de Vichy :

Le Vichy de la revanche réactionnaire (1940-1941)

Toutes les composantes de la droite sont présentes dans le premier gouvernement Laval : des ultras assagis (Paul Marion, du PPF), des maurrassiens (Raphaël Alibert, Yves Bouthillier), des libéraux (Lucien Romier), divers réactionnaires (général Weygand, Xavier Vallat). La gauche n'est pas absente, par exemple René Belin, ancien leader de la CGT.

Le Vichy technocratique (1941-1942)

Avec l'arrivée de Darlan (1941), un personnel beaucoup plus jeune – que l'on appellerait plus tard des technocrates – fait son entrée en politique Pierre Pucheu, ministre de l'Intérieur, François Lehideux, à la production industrielle, jeunes loups de la banque Worms, dans le cabinet de Darlan, René Bousquet à la police.

Le Vichy « pragmatique » de Laval (1942-1943)

Le retour de Pierre Laval en 1942 marque aussi un certain retour d'un personnel politique plus républicain, très éloigné de la volonté de revanche politique du Vichy de 1940. L'objectif du gouvernement Laval est très pragmatique : donner des gages à l'Allemagne par la Collaboration pour obtenir une plus grande autonomie de la France et une bonne place dans l'Europe nouvelle. Le gouvernement Laval marque un peu la fin de la Révolution nationale (avec par exemple la réhabilitation des départements républicains contre le régionalisme prôné par le Vichy traditionaliste de 1940).

Le Vichy des ultra-collabos (1944)

À partir de 1944, les ultra-collaborationnistes de Paris, sympathisants nazis à côté desquels Laval paraît presque modéré, entrent en force au gouvernement : Philippe Henriot, Marcel Déat et Joseph Darnand.

[modifier] Quelques dirigeants et hauts fonctionnaires de premier plan

[modifier] La Collaboration d'État (1940-44)

À la suite de Stanley Hoffmann (1974), d'autres historiens, comme Paxton ou Azéma ont coutume de désigner sous le terme de « collaborationnistes » ceux qui souhaitaient, pour des raisons idéologiques, parce qu'ils étaient sympathisants fascistes ou nazis, une collaboration renforcée avec l'Allemagne hitlérienne. Il s'agit, par exemple, du chef du Parti populaire français (PPF), Jacques Doriot, de l'écrivain Robert Brasillach, à la tête de la revue Je suis partout, ou encore de Marcel Déat. Ceux-ci ont pu influencer la politique menée par les gouvernements de Vichy, quoique ce n'est qu'en 1944 que les ultra-collaborationnistes deviennent majoritaires au gouvernement.

[modifier] La collaboration économique

La collaboration économique, au sens où l'entendent des historiens comme Paxton[2] découle d'abord de la dette de guerre théoriquement fixée par l'armistice de juin 1940, mais pratiquement fixée au cours des ans de façon unilatérale par les Allemands qui établissaient arbitrairement le taux du franc par rapport au mark. Cette dette, censée correspondre à l'entretien des troupes d'occupation a été en moyenne de 400 millions de francs par jour, l'équivalent de quatre millions de salaires journaliers d'ouvriers. L'emploi du terme de « collaboration économique » signifie que la politique prédatrice de l'Allemagne s'est effectuée sous administration française comme conséquence désastreuse de l'armistice de 1940.

De même on peut également ajouter les prisonniers de guerre, qui sont 1,5 million à travailler pour l'Allemagne en Allemagne pendant presque toute la durée de la guerre.

En octobre 1940, on comptait en France un million de chômeurs, conséquence de la désorganisation complète de l'économie due à la débâcle. Rapidement après l'armistice, le gouvernement de Vichy décida d'autoriser les entreprises françaises à accepter des contrats avec les Allemands. Les commandes allemandes seront le principal moteur du redémarrage de l'économie française. Le nombre de chômeurs était descendu à 125 000 en 1942, et à la Libération, il était pratiquement nul. De façon générale, avec les indemnités d'occupation, l'Allemagne arrive à faire travailler l'agriculture et l'industrie française en grande partie pour son compte : en 1943, d'après les statistiques de l'Office central de la production industrielle, 100 % de l'industrie aéronautique, 100 % de la grosse forge, 80 % des BTP, 60 % de l'industrie du caoutchouc travaille pour le compte de l'Allemagne. Henri Rousso note que les chiffres sont probablement surévalués, mais qu'ils donnent un ordre de grandeur correct. Selon l'historien allemand Jaekel, « Au printemps de 1942, 170 000 Français travaillaient sur place dans les services de la Wehrmacht et 275 000 à la construction d'aérodromes et de fortifications comme le mur de l'Atlantique, 400 000 enfin à la fabrication d'armements. »

En outre, entre 1942 et 1944, le commissaire général du Reich pour l'emploi et la main d'œuvre, Fritz Sauckel va exiger que la France envoie deux millions de travailleurs au titre du STO. Seuls 600 000 partent effectivement, qui s'ajoutent aux 700 000 travailleurs volontaires. Volontaires et STO sont plus ou moins rémunérés.

Selon le général von Senger und Utterlin de la Commission d'armistice allemande :

« L'industrie française des armements de guerre fut remise à pleins tours pour les armements allemands. […] Sans le potentiel économique de la France, Hitler n'aurait pas pu faire durer la guerre aussi longtemps. C'est cela qui fut le grand profit qu'Hitler tira de la conquête de la France. »

[modifier] La collaboration policière

Indépendamment de la collaboration avec l'occupant, les autorités de Vichy mettent en œuvre dès 1940 « une politique répressive au nom de l'ordre et de la lutte contre « l'Anti-France »[3] ». Vichy renforce ensuite son organisation policière en étatisant les polices municipales (avril 1941) et en instituant d'innombrables polices parallèles spécialisées comme le Service de police anticommuniste (SPAC) ou la Police aux questions juives (PQJ), et le ministre de l'Intérieur Pierre Pucheu crée dès 1941 les Groupes mobiles de réserve (GMR) qui participeront à la lutte contre les maquis aux côtés de la Milice. En mai 1944, on dénombre ainsi plus de 120 000 hommes participant au maintien de l'ordre [4].

À la demande ou sous la pression directe ou indirecte de la puissance nazie, la police française est engagée dans des rafles de Juifs. Mécontente des résultats, la Gestapo est cependant amenée, de plus en plus, à reprendre la main sur la gestion des opérations. Elle finit par l'obtenir quasi-complètement, notamment après l'occupation de la zone libre et en se faisant aider, cette fois, par la milice de Vichy créée en janvier 1943. Au début, en particulier lors des rafles ou arrestations importantes nécessitant une préparation et une logistique, par exemple celle du Vel d'Hiv, qui se déroule en France occupée les 16 et 17 juillet 1942, des agents de Préfecture ou des policiers français peuvent prévenir des arrestations. Des Juifs sont ainsi sauvés. Ils bénéficient également de protections de la part d'une partie de la population. Localement, des auteurs ont mis en évidence des cas de désobéissance civile[5] qui, la plupart du temps, demeurent anonymes. Par la suite, les gens se cachant, les interpellations massives ne peuvent plus être pratiquées. Ce sont les interpellations dans la rue ou les filatures qui s'y substituent. En ce qui concerne sa zone d'intervention proprement dite, le gouvernement de Vichy ne peut potentiellement mettre la main que sur le tiers des Juifs présents sur le territoire français. Les Juifs étrangers y sont les plus vulnérables, y-compris lorsqu'ils parviennent à franchir la ligne de démarcation.

Il n'y eut jamais plus de 3 000 policiers allemands en France occupée, le plus souvent des officiers et des gradés. Ils reçoivent également le concours de nombreux supplétifs (recrutés parmi des gens en mal d'insertion, dont quelques russes blancs, allant même jusqu'à des membres de la pègre). La collaboration requise de la police française a permis aux Allemands de contribuer à réaliser certains de leurs objectifs :

Il faut en préciser le contexte, celui d'une menace allemande permanente et la force de l'injonction en résultant. C'est ainsi que le 9 mars 1942, Hitler signe un décret pourvoyant la France d'un « Chef suprême des SS et chef de la police » et organisant les rapports avec la police française, extrait :

« Quartier général du Führer, le 9 mars 1942,
Un chef supérieur des SS et de la Police est institué dans le ressort du commandant militaire en France.
[...] Dans ce domaine d’activité, il a le droit de donner des instructions aux autorités et forces de police françaises et le droit de les contrôler. Il dispose de l’engagement des Forces de Police Françaises de la zone occupée. La fixation du droit, ainsi que la promulgation des dispositions fondamentales pour l’organisation et les prescriptions juridiques des autorités françaises, y compris leur annonce, sont l’affaire du commandement militaire [...]
La collaboration avec les services du SR de la Wehrmacht se règle d’après les principes édictés conjointement par le Haut Commandement de la Wehrmacht et le Chef de la Police de sûreté et du SD.[6]  »
    — Signé Adolf Hitler

La collaboration en résultant fut formalisée sous le gouvernement Darlan par ce qu'on appelle les « accords » Bousquet-Oberg de juillet 1942. Auparavant, dès l'armistice de juin 1940, les Allemands étaient venus chercher dans les camps de prisonniers de guerre les républicains espagnols, sans que l'État français (le Régime de Vichy) ne proteste. Ces derniers sont alors la seule catégorie recherchée par les Allemands dans les camps de prisonniers, et la plupart d'entre eux sont déportés dans le camp de concentration de Mauthausen. Hitler cherche à ce moment-là à entraîner l'Espagne de Franco dans la guerre.

Jusqu'à l'invasion de l'Union Soviétique en 1941, la lutte anticommuniste n'est pas une priorité pour l'Allemagne nazie. Néanmoins, Vichy continue l'œuvre amorcée par Daladier, avant d'obtenir une autorisation en bonne et due forme des autorités d'occupation en août 1940. Ultérieurement, lorsque les communistes commencent à perpétrer des attentats contre les Allemands, puis à mettre sur pied diverses formes de résistances, les communistes arrêtés par la police française sont livrés aux forces d'occupation.

Les accords Bousquet-Oberg aboutissent à ce qu'en 1942, ce soit la police française qui assume les rafles de Juifs regroupés avant la déportation dans des camps qui, pour leur grande majorité, seront les antichambres de la mort. Les gendarmes français ainsi que les douanes se verront confiés la surveillance des voies d'accès et des abords limitrophes du camp de Drancy. Il est cependant établi aujourd'hui qu'ils n'en assumèrent pas la gestion, laquelle fut prise en charge par les SS. Selon le rapport Dannecker (du nom du chef de la Gestapo à Paris), le « fichier Tulard », qui recense les Juifs, a été fourni par la préfecture de Police au service IV J de la Gestapo, en charge de la question juive (ordonnance allemande du 21 septembre 1940). Alors que, à cette époque, la « solution finale » n'a pas encore été mise en application, ce fichier permettra, par la suite, nombre de rafles et d'arrestations, dont celles d'août 1941 dans le XIe arrondissement de Paris ainsi que la rafle du Vel d'Hiv.

La police française doit normalement pourchasser tous les résistants. Cependant, les actions de la police en zone sud restent relativement discrètes jusqu'en novembre 1942 [7]. En effet, pendant cette période, la chasse aux dissidents est l'affaire des services de renseignements de la marine et de l'armée d'armistice (ce qui n'empêche pas quelques éléments des services secrets de l'armée de terre de tremper secrètement dans la Résistance). Puis, à partir de 1943, la charge de la lutte contre les résistants est globalement transférée à la Milice de Darnand, notamment la lutte contre les maquis.

Le 25 août 1942, plus de deux cents policiers allemands, munis de faux papiers français sont autorisés à pénétrer en zone sud avec des voitures gonio pour y faire la chasse aux radios clandestines.

[modifier] La collaboration militaire

Hitler ne veut pas d'une collaboration militaire institutionnelle entre la France et l’Allemagne : il se méfie des Français, et même des collaborateurs déclarés. De plus, après l'écrasante défaite de 1940, l'armée française fait bien pâle figure[8],[9]. D'un autre côté, Pétain et les différents personnages de Vichy, pratiquent la collaboration d'État dans divers domaines, précisément dans l'espoir d'obtenir pour la France un rôle de second dans l'Europe de l'« ordre nouveau »[9].

La neutralité française initialement affichée permet de fait aux Allemands de se reposer sur l'armée française pour repousser d'éventuelles attaques britanniques en métropole ou dans l'Empire français[8]. L'armée d'armistice est limitée à 100 000 hommes en métropole, mais elle comprend 450 000 hommes dans les diverses colonies[10]. En septembre 1940, après que l'Afrique équatoriale française (AEF) ait basculé dans le camp de la France libre, à Dakar, l'armée restée loyale à Vichy repousse les forces navales anglaises et françaises libres[11].

Darlan essaye de marchander d'importantes concessions militaires et politiques, en signant les protocoles de Paris paraphés le 28 mai 1941. Ces protocoles consistent en quatre documents dont les trois premiers concernant l'utilisation par les Allemands des bases de Bizerte (Tunisie), de Dakar (Sénégal) et d'Alep (Syrie), et l'engagement par les Français à défendre ces bases contre une éventuelle attaque britannique ou américaine (alors que l'Allemagne, elle-même, n'est pas encore en guerre avec les États-Unis)[12],[13]. Ces concessions visaient à obtenir un renforcement de l'armée d'armistice. La véritable contrepartie espérée résidait dans un quatrième document qui contenait toutes les concessions politiques demandées aux Allemands, mais ne fût jamais signé par une autorité allemande d'un niveau supérieur à celui de l'ambassadeur d'Allemagne Otto Abetz[12],[13].

Malgré l'opposition de Weygand, chef des armées en Afrique, le gouvernement de Vichy relance les Allemands durant tout l'automne 1941, mais ne ratifiera jamais ces accords[12]. Darlan consentira alors, à la manière de Laval, à des concessions sans contreparties : des fournitures (camions, carburant, pièces d'artillerie) sont livrées à Rommel via la Tunisie. Quelques vedettes lance-torpilles transitent par le Rhône[12]. Quant au protocole sur la Syrie, il a été immédiatement appliqué, avant toute signature, et permis à la Luftwaffe de bombarder à partir de la Syrie les forces britanniques en Irak. Aussi a-t-il entraîné une riposte des Anglais et des Français libres au Levant, qui vont récupérer les territoires de Syrie et du Liban après plus d'un mois de combats ayant fait plusieurs milliers de victimes dans les deux camps[14]. Il représente le cas de concessions militaires les plus poussées de la part de Darlan et de Pétain[14].

Affiche de la LVF.
Affiche de la LVF.

Après l'été 1941, c'est à l'extérieur du gouvernement que tous les mouvements collaborationnistes s'unissent plus ou moins avec la bénédiction de l'ambassadeur Otto Abetz pour créer la « Légion des volontaires français » (LVF), qui est en fait une association de droit privé. De juillet 1941 à juin 1944, 16 000 volontaires se présentent, parmi lesquels 7 000 hommes sont retenus pour être engagés sur le front russe. La LVF est financée et entretenue par les Allemands, ils combattent dans des unités allemandes et portent l'uniforme allemand[15]. Après un premier affrontement peu convaincant avec les forces soviétiques, le 536e régiment d'infanterie dans lequel sont regroupées les troupes de la LVF, est ramené à l'arrière et confronté aux seuls partisans. L'ensemble des collaborateurs engagés sous l'uniforme allemand (LVF, Milice et Waffen-SS français) sera ensuite regroupé dans la division Charlemagne[16],[17]

Une tentative de récupération de la LVF sous l'appellation de Légion tricolore par le gouvernement de Vichy sera un cuisant échec, en grande partie parce que le gouvernement voulait en faire une force française sous uniforme français ce qui n'était pas du tout du goût des allemands[15].

En novembre 1942, lors du débarquement allié en Afrique du Nord, après des combats, parfois assez violents – comme ceux qu'ordonne au Maroc le général Noguès pour résister aux Américains –, à partir du 11 novembre, le général Juin et la plupart des officiers français en Afrique du Nord se sont joints aux alliés, en Algérie et au Maroc[18]. Cependant en Tunisie, les amiraux Derrien et Esteva restent fidèles au maréchal qui a ordonné aux forces françaises d'Afrique de résister et de combattre les alliés[19],[20].

À la suite du débarquement allié en Afrique du Nord, une unité militaire, la Phalange africaine (parfois appelée « compagnie Frankonia »)[21] qui ne regroupera pas plus de 300 hommes est constituée en Tunisie pour combattre les Alliés aux côtés des forces de l'Axe. Elle sera écrasée fin avril 1943[15],[22].

[modifier] La pratique de la collaboration des gouvernements de Vichy

L'entrevue Hitler-Pétain à Montoire, dont le but est de manifester la bonne volonté française afin d'obtenir des concessions, ne débouche sur aucun résultat concret : juste après l'entrevue, sur ordre du gauleiter Bürckel, près de 100 000 Mosellans sont expulsés de Lorraine vers la France. De plus, 6 500 Juifs allemands, que les nazis ne veulent pas interner dans leur propre pays, sont raflés au Palatinat et en Bade-Wurtemberg, pour être confiés au gouvernement de Vichy. Celui-ci les interne au camp de Gurs, en zone sud, en attendant de les relivrer à l'ennemi, lorsque celui-ci aura pu mettre en route ses camps d'extermination de Pologne.

À partir de l'automne 1940, Laval commence à faire des concessions unilatérales aux Allemands, dans l'espoir d'être payé de retour d'une façon ou d'une autre : il cède ainsi les intérêts français dans les mines d'or de Bor, en Yougoslavie, ainsi que les réserves d'or que les Belges avaient confié à la France en mai 1940.

Darlan pousse la politique de collaboration un peu plus loin que ne l'a fait Laval en essayant de pratiquer avec Hitler la politique du donnant-donnant. En fait, Hitler ne sera jamais vraiment favorable à une collaboration avec les Français, et les concessions militaires et policières faites par Darlan n'obtiendront pas les contreparties politiques souhaitées.

En avril 1942, Laval revient au pouvoir et essaye de promouvoir la politique de la « relève », c'est-à-dire, le départ en Allemagne de jeunes travailleurs français dans le cadre du Service du travail obligatoire (STO), en échange du rapatriement de prisonniers dans la proportion d'un prisonnier pour trois ouvriers. Quelques mois plus tard, en novembre 1942, à la suite de l'opération Torch, la zone libre est envahie, et la France devient entièrement vassalisée par l'Allemagne. Pour contrer les résistants de plus en plus nombreux dans les maquis, la police française laisse la place à la Milice, en contact direct avec la Waffen SS.

En mars 1944, la Milice participe à l'assaut contre le maquis des Glières (Savoie), aux côtés des forces allemandes, et aux répressions qui s'ensuivirent.

En juin 1944, au moment du Débarquement et lors de la Libération du territoire français par les Alliés, aucune troupes de celles qui restaient au gouvernement de Vichy ne se battent aux côtés des Allemands.

[modifier] Les Juifs en France pendant le régime de Vichy

[modifier] Repères chronologiques

  • 10 juillet 1940 : Pierre Laval fait voter par le l'Assemblée nationale les pleins pouvoirs (constituant, législatif, exécutif et judiciaire) au maréchal Pétain, qui devient chef de l'État.
  • 3 octobre 1940 : premier statut des Juifs. Les citoyens juifs français sont exclus de la fonction publique, de l'armée, de l'enseignement, de la presse, de la radio et du cinéma. Les Juifs « en surnombre » sont exclus des professions libérales.
  • 4 octobre 1940 : La loi du 4 octobre 1940 prévoit l’internement des Juifs étrangers dans des camps. Ce seront ceux de Beaune-la-Rolande, de Pithiviers et de Jargeau dans le Loiret, de Saint-Cyprien (Pyrénéés-Orientales) ainsi que d’autres encore sur l’ensemble du territoire.
  • 29 mars 1941 : création du Commissariat général aux questions juives (CGQJ). Xavier Vallat premier commissaire ; Louis Darquier de Pellepoix lui succède de mai 1942 à février 1944.
  • 13 mai 1941 : zone occupée : premières rafles de Juifs étrangers, organisées par la préfecture de Police.
  • 2 juin 1941 : deuxième statut des Juifs : par rapport au premier statut, durcissement de la définition du Juif, allongement des interdictions professionnelles, numerus clausus à l'université (3 %), et les professions libérales (2 %). Les Juifs sont obligés de se faire recenser en zone libre.
  • janvier 1942 : conférence de Wannsee : les officiels nazis définissent les modalités pratiques de la « solution finale », c'est-à-dire l'extermination complète des Juifs d'Europe, enfants compris.
  • 20 mai 1942 : port de l'étoile jaune obligatoire (application le 7 juin) en zone occupée.
  • '16-17 juillet 1942 : rafle du Vel' d'Hiv à Paris, arrestation de 12 884 Juifs déclarés « apatrides » (3 031 hommes, 5 802 femmes et 4 051 enfants).
  • 8 septembre 1943 : capitulation de l'Italie conduisant à l'occupation de la zone italienne (Nice) jusqu'alors épargnée par les rafles.
  • 15 août 1944 : dernier convoi de déportation depuis Clermont-Ferrand.

[modifier] Le gouvernement de Vichy et les Juifs

Il y a en 1940 environ 300 000 Juifs en France métropolitaine, parmi lesquels 150 000 citoyens français et 150 000 étrangers. Les deux tiers de l'ensemble, mais la très grosse majorité des Juifs étrangers vivent en région parisienne. Sur les 150 000 Juifs français, 90 000 sont de vieille souche et parmi les 60 000 Juifs étrangers, souvent immigrés de l'Europe de l'Est, la moitié a été naturalisée dans les années 1930.

Les Juifs de France vivent une situation d'oppression depuis juillet 1940 jusqu'à la mi-1942. À partir du printemps 1942, ils doivent faire face à la politique de la « solution finale » décidée par les nazis dans l'Europe occupée depuis la conférence de Wannsee. Cette tentative d'extermination des Juifs dans toute l'Europe occupée est maintenant connue sous le nom d'Holocauste ou de Shoah. Il s'agissait pour les nazis de déporter tous les Juifs d'Europe vers des camps d'extermination situés en Pologne. Jusqu'en novembre 1942, date de l'occupation de la zone libre, la situation des Juifs n'est pas exactement la même en zone libre et en zone occupée. Les lois françaises antijuives s'appliquent sur l'ensemble du territoire, mais en zone occupée s'ajoutent des décrets allemands.

Le gouvernement de Vichy va mener une politique de restriction des droits des Juifs et des francs-maçons dès son installation, avant que les Allemands n'en aient exprimé la demande expresse. Dès juillet 1940, le ministre de la Justice Alibert crée une commission de révision des 500 000 naturalisations prononcées depuis 1927. Le retrait de la nationalité concernera 15 000 personnes dont 40 % de Juifs. L'abrogation du décret Crémieux prive 100 000 Juifs d'Algérie de la citoyenneté française. En octobre 1940, le Conseil des ministres promulgue le premier statut des Juifs (voir Lois contre les Juifs et les étrangers pendant le régime de Vichy) : les citoyens juifs français sont exclus de la fonction publique, de l'armée, de l'enseignement, de la presse, de la radio et du cinéma. Les Juifs « en surnombre » sont exclus des professions libérales. Le deuxième statut des Juifs, de juin 1941 est encore un peu plus restrictif : il allonge la liste des professions d'où sont exclus les Juifs et établit un numerus clausus limitant la proportion de Juifs à 3 % dans l'université et 2 % dans les professions libérales. Enfin, en juillet 1941, les Juifs doivent céder leurs droits sur les entreprises à des « Aryens ». Les Allemands avaient appliqué cette mesure en zone occupée depuis octobre 1940. Un Commissariat général aux questions juives est créé en mars 1941, sous la direction de Xavier Vallat. Sa mission est de veiller à l'application de la législation antijuive. Selon les mots d'Asher Cohen :

« Sans cette législation sanctionnée par un gouvernement français respecté parce que légitime, les déportations ultérieures étaient presque impensables, en tout cas, bien plus compliquées à exécuter [...] L'aryanisation semble être le domaine où une certaine efficacité fut obtenue et où les résultats furent impressionnants. Les Juifs furent effectivement écartés de la vie économique de la nation, apparemment sans grande difficulté. »

Quant aux Juifs étrangers, venus des pays de l'Est suite déjà aux menaces et persécusions nazies d'avant guerre, ils sont considérés comme des indésirables en France. Les difficultés de la capitulation ont, aussi, rendu les conditions d'accueil beaucoup plus précaires. À partir du 4 octobre 1940, les préfets peuvent interner les étrangers de « race juive » dans des camps spéciaux ou les assigner à résidence. En février 1941, 40 000 Juifs étrangers croupissent dans une série de camps : Les Milles, Gurs, Rivesaltes, etc. En juillet 1940, alors que la « solution finale » n'était pas encore à l'ordre du jour, les Allemands avaient expulsé 20 000 Juifs d'Alsace et de Lorraine vers la zone non occupée. Plus tard, à partir de 1942, lorsque des pressions commencent à s'exercer pour pouvoir mettre en œuvre la « solution finale », le gouvernement français sut toujours se montrer conciliant pour livrer aux Allemands des Juifs étrangers. La collaboration entre les polices allemandes et françaises est renforcée par ce qu'on appelle les accords Bousquet-Oberg, du nom du chef de la police française et du représentant en France de la police allemande. Les Allemands peuvent compter sur la police française pour rafler les Juifs étrangers, du moins jusqu'à la fin 1942.

[modifier] Mise en œuvre de la solution finale

Les Allemands commencent à mettre en œuvre en France leur politique d'extermination massive des Juifs d'Europe dès mars 1942, où un convoi de déportés juifs quitte Compiègne, plaque tournante vers les camps d'extermination. Officiellement, il s'agit de les regrouper dans une région mal définie (on parle de la Pologne) que les Allemands auraient décidé de mettre à la disposition des Juifs. Parmi eux se trouvent des Juifs français, et le gouvernement de Vichy n'exprime pas de protestation. En zone occupée, les Juifs sont obligés de porter l'étoile jaune à partir de mai 1942. Cette mesure ne sera jamais imposée en zone sud, même après son occupation par les Allemands. La déportation des Juifs va prendre une grande ampleur à partir de la rafle du Vel' d'hiv, les 16 et 17 juillet 1942 : 12 884 Juifs apatrides (3 031 hommes, 5 802 femmes et 4 051 enfants) sont arrêtés par la police française, rassemblés au Vélodrome d'hiver dans des conditions sordides, puis à Drancy, d'où ils seront acheminés vers les camps d'extermination. Fin août 1942, en zone libre, 7 000 Juifs étrangers sont raflés et livrés aux Allemands.

Les deux trains de mesures antijuives, celui d'octobre 1940 et celui de juin 1941 n'avaient guère soulevé de protestations de la part des autorités religieuses qui restaient le plus fidèle soutien du régime. Tout juste, le cardinal Gerlier, primat des Gaules, avait-il remis au chef de l'État, en septembre 1941 une note exprimant des réserves sur la politique antisémite. Son homologue protestant, le pasteur Boegner, avait adressé une lettre personnelle à l'amiral Darlan un peu plus tôt, en mars 1941. De même, les conditions très dures d'internement des Juifs étrangers n'avaient guère ému l'opinion publique. Seules quelques organisations charitables, soit juives, soit protestantes (la CIMADE), rejointes par quelques catholiques s'étaient préoccupées de porter secours aux internés des camps de Gurs, Noë, Récébédou, etc.

À partir de la mi-1942, on assiste à un revirement de l'opinion publique. Le port de l'étoile jaune, d'abord avait suscité la réprobation de beaucoup de Français ainsi qu'une nouvelle protestation du pasteur Boegner. Ce sont enfin les rafles de l'été 1942 qui provoquent un tournant décisif. Non seulement parmi les chrétiens de base, mais également parmi la hiérarchie catholique. En plus des démarches confidentielles, cinq prélats catholiques de la zone sud font connaître publiquement, en chaire, leur désapprobation. La protestation la plus célèbre est celle de Mgr Jules Saliège, archevêque de Toulouse, dont la lettre est lue en chaire le 23 août.

Dorénavant, Laval et Bousquet mettront en avant l'opposition de l'Église dans les pourparlers avec Oberg pour réduire l'implication de la police française dans le processus de déportations des Juifs. Selon les mots de Serge Klarsfeld, « la fin de cette coopération massive ne se situe pas en 1943 [...] mais en septembre 1942 ». Ce tournant ne veut pas dire arrêt : la police française, toujours sous les ordres de Bousquet, arrête dans la région parisienne 700 personnes en octobre, 600 en novembre et 835 en décembre, dont la plupart étaient françaises.

En novembre 1942, les Allemands envahissent la zone sud. Aussitôt, le Höherer SS und Polizeiführer s'installa dans toutes les préfectures pour développer ses activités antijuives. La police allemande montre sans doute moins d'efficacité que la police française, mais elle traque aussi bien les Juifs français que les étrangers, et beaucoup de Juifs français de la zone sud, se croyant protégés ou oubliés par le gouvernement de Vichy, n’avaient pas pris l'habitude de se cacher. De novembre 1942 à septembre 1943, la zone d'occupation italienne, à savoir les deux départements de la Savoie et surtout les Alpes-Maritimes, devient le dernier refuge pour les Juifs. On en trouve près de 30 000, en septembre 1943 dans ce qui s'avèrera être une souricière, lorsque les Allemands envahissent la zone après la capitulation de l'Italie. Sous la conduite d'Alois Brunner, la police allemande et une unité de Waffen-SS ratissent les trois départements, mais faute d'un appui suffisant des autorités françaises, l'opération n'aboutit qu'à l'arrestation de 2 000 Juifs, déportés à Drancy puis à Auschwitz.

[modifier] Les Justes de France

Icône de détail Article détaillé : Juste parmi les Nations.

Une grande partie des 75 000 Juifs déportés vers les camps de la mort le furent avec la participation de la police du gouvernement de Vichy. Une partie des 225 000 Juifs qui échappèrent à la déportation bénéficièrent du silence, de la complicité ou de l'aide active d'un très grand nombre de Français qui sont restés pour la plupart anonymes. Les institutions religieuses, juives, protestantes ou catholiques jouèrent un rôle de premier plan pour l'accueil, la production de faux papiers et l'organisation de filières d'évasion. Les protestants, très minoritaires en France se sont souvent montrés d'une grande détermination dans ce sauvetage. Sous la conduite du pasteur André Trocmé et de sa femme Magda, Le Chambon-sur-Lignon, village de Haute-Loire, accueille, de 1941 à 1944, pour des périodes plus ou moins longues, un total de 2 500 Juifs.

[modifier] Statistiques [23]

Il y avait, en 1940, 330 000 Juifs en France. Entre le printemps 1942 et la Libération de 1944, 76 000 Juifs sont déportés vers les camps d'extermination, en 79 convois. 2 500 seulement reviendront. Un tiers étaient des Juifs français, et deux tiers des Juifs étrangers. 14 % avaient moins de dix-huit ans et 12 % plus de soixante ans.

De mars à décembre 1942, 43 000 Juifs ont été déportés en 43 convois, à destination d'Auschwitz. Les trois quarts venaient de la zone nord et le quart restant de la zone sud.

En 1943, 17 000 Juifs sont déportés en 17 convois, 13 pour Auschwitz et 4 pour Sobibor.

En 1944, (7 premiers mois), 16 000 Juifs sont déportés en 14 convois pour Auschwitz.

[modifier] Novembre 1942 : l’opération Torch et l'occupation de la zone libre

Le mois de novembre 1942 est un tournant dans la Seconde Guerre mondiale, qui marque le moment où, pour la première fois depuis les accords de Munich (1938), Hitler a perdu l'initiative à l'Ouest. Pour la France de Vichy, il s'agit d'une rupture qui n'a pas échappé aux contemporains. En perdant à la fois sa souveraineté sur une partie de la France et sur l'Empire, la situation spécifique qui permettait de justifier la politique de neutralité et de collaboration s'effondre.

Dans le cadre de l'opération Torch, les Américains et les Anglais débarquent le 8 novembre 1942 sur les côtes d'Afrique du Nord, en Algérie et au Maroc. Grâce à l'action des résistants locaux, qui, en accord avec les consuls américains, occupent les points stratégiques d'Alger, et y neutralisent pendant plusieurs heures les généraux vichystes, à commencer par Juin et Darlan, les Alliés pourront débarquer sans opposition, puis encercler la ville et obtenir dans la journée sa capitulation avec son port intact . Par contre, à Oran, et surtout au Maroc, le général Noguès, résident général fidèle à Vichy, oppose une résistance qui se solde par 1 346 morts français et 2 000 blessés d'une part et 479 morts américains et 720 blessés. Il s'ensuit une situation politique complexe à Alger où les Américains traiteront avec Darlan qui se trouve par hasard à Alger, et prend le pouvoir en Afrique au nom du Maréchal. Darlan conserve toutes les lois de Vichy et maintient les déportés politiques dans les camps de concentration d'Afrique du Nord. Il est abattu le 24 décembre 1942 par le jeune patriote Fernand Bonnier de La Chapelle, et remplacé par Giraud. Ce dernier maintient le régime de Vichy et fait arrêter 27 chefs de la résistance. Il faudra attendre le 30 mai 1943 pour que de Gaulle s'installe à Alger, mais sur la pointe des pieds, et plusieurs mois encore pour que, après avoir évincé Giraud en octobre 1943, il parvienne enfin à rétablir la législation républicaine.

Pour Vichy, l'opération a une double conséquence :

D'une part, la perte complète de l'Empire, car après que l'AEF (Afrique équatoriale française) est passée dans le camp de la France libre dés août 1940, puis la Syrie et le Liban, après l'intervention des Britanniques, c'est non seulement l'Afrique du Nord qui échappe au contrôle de Vichy, mais aussi l'AOF (Afrique occidentale française) qui se rallie à Darlan le 23 novembre. Le 30 novembre, la Réunion se rallie à la France combattante.

D’autre part, l'invasion par la Wehrmacht de l'ancienne zone libre met fin au statut très particulier de la France occupée. L'armée d'armistice, qui a combattu violemment les Alliés au Maroc livre la zone sud aux forces de l'Axe sans tirer un coup de feu. Ce qui n'empêche pas les occupants de la dissoudre. Laval créé alors la Milice, dirigée par Darnand, pour remplacer l'armée dissoute et réprimer les dissidents. Quant à la flotte de Toulon, elle se saborde in extremis le 27 novembre 1942, contre la demande de Laval, et après s'être laissée encercler par les Allemands et avoir refusé de rejoindre les Alliés.

[modifier] Les relations diplomatiques avec les Alliés

Le Royaume-Uni, peu de temps après l'Armistice (22 juin 1940), attaqua la flotte militaire française stationnée à Mers el Kébir, tuant 1 297 militaires français et coulant ou endommageant gravement de très nombreux bâtiments. Il craignait que la flotte militaire française tombe dans les mains de la Kriegsmarine et puisse être employée contre ses propres forces navales qui étaient essentielles pour le maintien de libres communications maritimes mondiales et pour les communications maritimes des Alliés. En conséquence, Vichy rompit immédiatement ses relations diplomatiques avec le Royaume-Uni.

Il faut noter que les conditions de l'Armistice permettaient, sous très strictes conditions, que la France (régime de Vichy) conserve l’utilisation de sa Marine nationale. Le régime de Vichy s’était toutefois engagé auprès des Alliés à ce qu’elle ne tombe pas dans les mains de l'Allemagne du 3e Reich, mais il avait refusé de l’envoyer hors d’atteinte de la zone d’influence de l'Allemagne, soit en Grande-Bretagne, ou soit dans les lointains territoires de l'Empire colonial français (comme par exemple dans les Antilles françaises). Ce refus de mettre hors d’atteinte la Marine nationale n'était pas sécurisant pour Winston Churchill. Celui-ci fit donc saisir par la Royal Navy des bâtiments français stationnés dans les ports britanniques et l'escadre française stationnée dans le port Alexandrie (Égypte), placée sous le commandement de l’amiral René-Émile Godfroy, fut dans ce port, après la conclusion d’un accord avec l’amiral Andrew Cunningham (commandant de la Royal Navy en Méditerranée) assignée à résidence jusqu'en 1943 et désarmée[24].

L'URSS maintint, jusqu'à 30 juin 1941, ses relations diplomatiques avec le régime de Vichy, elle les rompit car le régime de Vichy soutint l'opération Barbarossa.

Les États-Unis accordèrent leur reconnaissance diplomatique au régime de Vichy et envoyèrent en France, jusqu’en novembre 1942 (invasion de la zone Libre par les troupes du 3e Reich), l’amiral William D. Leahy en tant qu'ambassadeur des États-Unis. Le président Franklin Delano Roosevelt et son secrétaire d'État Cordell Hull espéraient user de l'influence américaine pour encourager la résistance des éléments du gouvernement de Vichy opposés à la collaboration militaire avec l'Allemagne. Ils voulaient aussi encourager le régime de Vichy à la résistance envers des demandes militaires allemandes comme l’usage des bases aériennes françaises en Syrie, ou voulaient lui faire déplacer des matériels de guerre du territoire métropolitain en Afrique du Nord. La position américaine était que le régime de Vichy devait prendre aucune mesure n’étant pas explicitement exigée par les termes de l’Armistice et/ou pouvant compromettre les efforts des Alliés dans la guerre.

Le Canada maintint, jusqu'au début de novembre 1942, ses relations diplomatiques avec le régime de Vichy, il le fit tant de sa propre initiative qu'à la demande du gouvernement britannique qui souhaitait conserver une voie de communication. Il les rompit avec l'entrée des troupes allemandes dans la zone libre administrée par le régime de Vichy[25].

L'Australie maintint, jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, ses relations diplomatiques avec le régime de Vichy et entretint également des relations diplomatiques avec la France libre du général de Gaulle ; citation de l’ambassade de France à Canberra : « De juin 1940 à juillet 1944, la représentation diplomatique française basée à Sydney était duale, une représentation officiant pour le gouvernement de Vichy et l’autre pour le général de Gaulle »[26].

[modifier] L'empire colonial français (1940-1945)

[modifier] La guerre « franco-française »

La période 1940-1944 voit s'affronter certains Français les uns contre les autres :

  • Deux pouvoirs se disputent la légitimité : le gouvernement de Vichy et l'autorité de Londres sont amenés à des confrontations directes pour se disputer les morceaux de l'Empire français. À Dakar, en septembre 1940, les forces fidèles à Pétain repoussent l'intervention franco libre-britannique, et en Syrie, les troupes de la France libre affrontent aux côtés des Britanniques les troupes fidèles à Vichy dans des combats meurtriers.
  • En métropole, on voit s'affronter la Résistance intérieure (globalement ralliée au Général de Gaulle, mais en partie influencée par le parti communiste) et qui s'étoffe considérablement à partir de 1943, à la Milice française, créée en janvier 1943 pour lutter contre le « terrorisme », c'est-à-dire contre la Résistance, et qui opère sous les ordres des occupants.

[modifier] L'affaire Syrie-Liban (juin-juillet 1941)

La Syrie et le Liban étaient des territoires placés sous tutelle française par un mandat de la SDN que les Français considéraient donc comme faisant partie de leur Empire. Début 1941, le général Dentz y commandait une armée de 37 700 hommes dont 28 000 indigènes[27],[28]. En s'en échappant quelques mois avant pour rejoindre les Forces françaises libres en Palestine, le général de Larminat n'avait réussi à entrainer que 300 hommes.

Le 1er avril 1941, il se produisit en Irak (pays sous influence britannique) un coup d'État antibritannique soutenu par les services allemands. L'enjeu pétrolier est évidemment de première importance. Tout en négociant les protocoles de Paris dont l'un est relatif au Levant (nom alors donné au Moyen-Orient), Darlan, avec l'accord personnel du maréchal Pétain, approfondit la collaboration avec l'ennemi en lui accordant en Syrie un soutien technique, ainsi que la possibilité pour les avions de la Luftwaffe, d'utiliser les aérodromes de la Syrie pour aller bombarder les Britanniques en Irak. Darlan rencontre Hitler le 14 mai 1941, puis Abetz avec lequel il signe les accords de Paris qui prévoient, entre autres, de façon explicite, l'utilisation des bases françaises en Syrie[29].

Cette situation nouvelle ne fait qu’aggraver l’inquiétude des Britanniques et des Américains. Lorsque les Britanniques en ont fini avec la rébellion de Rachid Ali, ils attaquent les forces françaises de la Syrie et du Liban le 8 juin 1941. 30 000 soldats britanniques épaulés par une division de Français libres attaquent les 40 000 hommes du général Dentz. Loin de se limiter à un « baroud d'honneur », les Français du général Dentz résistent. Les combats durent jusqu'au 14 juillet et se soldent par 1 066 tués et 5 400 blessés pour les Français du général Dentz, 650 tués et blessés pour les Français libres et 4 060 tués et blessés pour les Britanniques[27]. Le gros des troupes regagne la France, mais, malgré la dureté des combats qui viennent de les opposer, 5 500 hommes se rallient à la France libre. Pourtant les Britanniques qui ne souhaitaient peut-être pas le maintien d'une force française importante au Moyen-Orient, avaient rendu difficile le contact entre officiers français libres et les prisonniers vichystes[28].

[modifier] La Résistance

Icône de détail Article détaillé : Résistance intérieure française.

Certains des premiers groupes de Résistance qui se sont développés en zone libre comme le mouvement d'Henri Frenay, Combat ne s'opposent pas à proprement parler au maréchal Pétain, et en revanche, les investigations policières restent discrètes, alors que dés 1940, la police de Vichy traque sans merci les militants communistes qui ne sont pas encore engagés clairement dans la Résistance. Dans les divers camps d'internement contrôlés par le gouvernement français, Denis Peschanski ne relève pas de présence appréciable de détenus politiques français qui ne soient pas communistes : « Entre 1940 et 1942, le camp répressif fut largement à dominante anticommuniste » [30]. Il n'empêche qu'au fur et à mesure que la Résistance monte en puissance, le gouvernement Vichy est amené à faire respecter son autorité. La lutte contre la Résistance sera l'une des principales missions de la Milice, créée le 30 janvier 1943 et dont le chef sera Joseph Darnand. Ses effectifs atteignent 30 000 hommes. Mais seulement 6 000 sont actifs à un moment donné, en participant également, comme supplétifs des Allemands, à des opérations contre les maquis, notamment celui des Glières. Ils participent également à toutes sortes d'exactions et d'assassinats.

Jusqu'en juin 1944, selon l'historien et résistant Marcel Baudot, 2 000 Français réputés collaborateurs sont tués : ce sont des membres des partis collaborationnistes, comme le PPF ou la Milice, mais aussi des fonctionnaires de Vichy ou des individus accusés d'activité en faveur de l'occupant. 4 000 cas semblables sont dénombrés entre le 6 juin 1944 et la libération des différents départements concernés.

Les archives de la Milice ont été entièrement détruites et ne sont donc pas consultables.

[modifier] Débarquements et Libération

Pour les Français, 1944 sera une année de grande allégresse grâce à la Libération. Elle sera également une année de souffrances et de larmes à cause des bombardements qui précèdent et accompagnent les deux débarquements de Normandie (6 juin) et de Provence (15 août).

Les autorités de Vichy, adoptant une façade de neutralité, tentent de détourner les Français de la résistance : « Nous ne sommes pas dans la guerre » déclare soudain Pétain en demandant aux fonctionnaires de demeurer à leurs postes. En son nom, l'amiral Auphan essaye de prendre contact avec les alliés et même avec de Gaulle. Il est éconduit [31] pendant que Laval est à la recherche de solutions parlementaires et invente des combinaisons politiques où Queuille serait à l'Élysée et Herriot à Matignon. Finalement, il tient le 17 août un simulacre de Conseil avec quatre ministres et rejoint Belfort où il est pris en charge par les Allemands. Trois jours plus tard, c'est Pétain qui est emmené de force par les Allemands. Tous deux se retrouvent le 7 septembre au château de Sigmaringen (Bade-Wurtemberg) où sont regroupés un certain nombre de rescapés du régime de Vichy et de la Collaboration.

Les Américains avaient menacé de mettre la France sous administration militaire. De Gaulle parvint à retourner la situation. Lorsqu'il arrive le 14 juin à Bayeux, il est accueilli par les ovations de la foule et y installe un commissaire de la République. Par la suite de Gaulle se rend dans Paris libéré par les Résistants et la division Leclerc, et y reçoit un bain de foule triomphal. Son gouvernement provisoire est enfin reconnu par tous les Alliés le 23 octobre, et Roosevelt renonce définitivement à l’installation en métropole libérée d’un gouvernement militaire de l'AMGOT – certains historiens estiment même que les Américains n'y avaient jamais vraiment songé aussi sérieusement qu'il a longtemps été cru. De Gaulle rend alors visite au président américain, qui affecte d’avoir abandonné ses préventions à son égard.

La France, libérée et à nouveau souveraine, reprend sa place dans le camp allié, et les préfets vichystes n’ayant fait aucune difficulté pour passer leurs pouvoirs aux nouveaux commissaires de la République, l’administration se rallie en bloc au nouveau gouvernement provisoire sans secousses majeures.

[modifier] La fin du régime de Vichy

L’ordonnance du Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF) du 9 août 1944 relative au rétablissement de la légalité républicaine sur le territoire continental affirme la permanence en droit de la république française. Pour cela elle doit nier la légalité du gouvernement de Vichy et de ses actes (constitutionnels ou pas).

L’Article premier précise :

« La forme du gouvernement de la France est et demeure la République. En droit, celle-ci n'a pas cessé d'exister. »

D’où découle l’article deux :

« Sont en conséquence, nuls et de nul effet tous les actes constitutionnels, législatifs ou réglementaires, ainsi que les arrêtés pris pour leur exécution, sous quelque dénomination que ce soit, promulgués sur le territoire continental postérieurement au 16 juin 1940 et jusqu'au rétablissement du Gouvernement provisoire de la République française. »

Voilà pour la continuité républicaine et l’« effacement » de la législation du régime de Vichy. L’article sept de l’ordonnance baptise le régime de Vichy comme « l’autorité de fait se disant gouvernement de l’État français », niant de fait sa légalité.

Légalement, après l’ordonnance du 9 août 1944, le régime de Vichy n’est plus, il se résume à une autorité de fait.

[modifier] Notes, sources et références

  1. Alors qu'aux termes de l'article 8 de la loi constitutionnelle du 25 février 1875, une loi de révision constitutionnelle ne peut être votée qu'à la majorité absolue des membres composant l'Assemblée nationale, la majorité fut, sous les pressions de Laval, calculée sur les suffrages exprimées
  2. Robert O.Paxton, La collaboration d'État in La France des années noires sous la direction de J.-P. Azéma, Le Seuil, 1993. Sur la collaboration économique, voir p. 357 du tome 1 de l'édition de poche 2000
  3. J.P.Azéma et O.Wievorka, Vichy, 1940-44, Perrin, 1997, coll.Tempus p. 191
  4. J.P.Azéma et O.Wievorka, Vichy, 1940-44, Perrin, 1997, coll.Tempus p. 192
  5. Jean-Marie Muller, Désobéir à Vichy, la résistance civile des fonctionnaires de police, les Presses Universitaires de Nancy, 1994
  6. Yves Cazaux dans René Bousquet face à l’acharnement, Éd. Jean Picollec , 1996 (ISBN 978-2864771265)
  7. Sur la faiblesse de la répression policière en zone sud avant 1942 vis-à-vis de la Résistance non communiste, voir notamment
    • J.M.Berlière, Les Policiers français sous l'occupation, Perrin, 2001, p. 35
    • D.Veillon, O.Wievorka, La Résistance, in La France des années noires, T2, p. 89.
    • D.Peschanski, Répression de la Résistance par Vichy, in Dictionnaire historique de la Résistance, Robert Laffont, 2006, p. 789
    Peschanski insiste sur le caractère très ciblé de la répression vis-à-vis des communistes, avant ou après leur entrée en résistance. L'ensemble des auteurs soulignent qu'avant 1942, une large frange de la Résistance non communiste était relativement bienveillante vis-à-vis du Maréchal, en même temps qu'une partie des services chargés, en principe, de lutter contre les résistants, tel le BMA (Bureau des Menées Antinationales) sont engagées dans une forme de Résistance. De nombreux dirigeants de la Résistance non communistes seront arrêtés, mais relâchés : Chevance- Bertin, Bertie Albrecht, François de Menthon, Marie-Madeleine Fourcade, Bertrande d'Astier de la Vigerie (nièce d'Emmanuel), Ravanel
  8. ab Robert Paxton, L'armée de Vichy, éd. anglaise, 1966 ; éd. française Tallandier, coll. Points-Histoire, 2004, p. 356-357
  9. ab Jean-Pierre Azéma, De Munich à la Libération, 1938-1944, Éditions du Seuil, coll. Points Histoire, 1979, p. 108-111
  10. Jacques Marseille, article « L'Empire » dans La France des années noires, Éditions du Seuil, coll. Points-Histoire, 2000, p. 282
  11. Jean-Pierre Azéma, Olivier Wievorka, Vichy, 1940-1944, Perrin, 1997, Édition 2004, coll. Tempus, p. 75
  12. abcd Robert Paxton, « La collaboration d'État » dans La France des années noires, Tome 1, Éditions du Seuil, coll. Points-Histoire, 2000, p. 371
  13. ab Robert Aron, Histoire de Vichy, 1940-1944, Fayard, 1944, p. 425-441
  14. ab Robert Paxton, L'armée de Vichy, éd. anglaise 1966 ; éd. française Tallandier, coll. Points-Histoire, 2004, p. 254-261
  15. abc Robert Aron, Histoire de Vichy, 1940-1944, Fayard, 1944, p. 619-623
  16. Jean-Pierre Azéma, De Munich à la Libération, 1938-1944, Éditions du Seuil, coll. Points Histoire, 1979, p. 341
  17. Philippe Burrin, « La guerre franco-française : vers Sigmaringen » dans La France des années noires, Éditions du Seuil, coll. Points-Histoire, 2000, p. 39-45
  18. Robert Paxton, L'armée de Vichy, éd. anglaise 1966 ; éd. française Tallandier, coll. Points-Histoire, 2004, p. 388-389
  19. Robert Paxton, L'armée de Vichy, éd. anglaise 1966 ; éd. française Tallandier, coll. Points-Histoire, 2004, p. 390-397
  20. Jean-Pierre Azéma, De Munich à la Libération, 1938-1944, Éditions du Seuil, coll. Points Histoire, 1979, p. 277-281
  21. histoquiz-contemporain.co, Les dossiers HistoQuiz, « La Seconde Guerre mondiale », « la Phalange africaine »
  22. Pierre Giolitto, Volontaires français sous l'uniforme allemand, Perrin, 1999, Éditions Tempus 2007, p. 283-323
  23. François et Renée Bédarida, La persécution des juifs in La France des années noires, T2, Éditions du Seuil, 1993, p. 151-152 Les Bédarida renvoient eux mêmes aux travaux de Serge Klarsfeld
  24. Les Forces navales françaises
  25. Le Canada et Vichy.
  26. L'Australie et Vichy
  27. ab Robert Paxton, l'Armée de Vichy, 1966, édition française, Tallandier, 2004, p. 263-265
  28. ab Jean-Louis Crémieux-Brilhac, « La France Libre », dans La France des années noires, Tome 1, éditions du Seuil, 1993, collection Points-Histoire, 2000, p. 205-206
  29. Robert Paxton, La France de Vichy, Éditions du Seuil, 1972, éd. 1997 Collection Points-Histoire, p. 163-164
  30. La France des camps, l'internement 1938-1946, Gallimard, 2002, p. 212
  31. J.P.Azéma, de Munich à la Libération, p. 340

[modifier] Bibliographie

[modifier] Ouvrages généraux

  • Henri Amouroux, La grande histoire des Français sous l'Occupation, 8 volumes, Laffont, à partir de 1976
  • Jean-Pierre Azéma, De Munich à la Libération, 1938-1944, Le Seuil, 1979
  • Max Lagarrigue, 99 questions… La France sous l'Occupation, CNDP, 2007, (ISBN 978-2-86626-280-8)
  • Philippe Burrin, La France à l'heure allemande, Le Seuil, 1995
  • Eberhart Jäckel, La France dans l'Europe de Hitler, Fayard, 1968
  • Robert Paxton, La France de Vichy, 1940-44, Le Seuil 1973, nouv. éd. corrigée, 1997 ; rééd. avec mise à jour bibliographique, 1999
  • Henri Michel, Vichy, année 1940, Robert Laffont, 1967.

[modifier] Autres

  • Jean-Pierre Azéma, « Vichy, l'héritage maudit », Les Collections de « L'Histoire », janvier 2002.
  • Marc Ferro, Pétain, Fayard, 1987.
  • Stanley Hoffmann, « La droite à Vichy », in Essais sur la France, Le Seuil, 1974.
  • Laurent Joly, Xavier Vallat. Du nationalisme chrétien à l'antisémitisme d'État, éd. Grasset, 2001.
  • Pascal Ory, Les Collaborateurs, éd. du Seuil, 1976 ; nouv. éd., coll. « Points. Histoire », 1980.
  • Jean-Baptiste Duroselle, L'Abîme, 1939-1944, Imprimerie nationale, 1982
  • Jean-Pierre Azéma, « La Milice », Vingtième siècle. Revue d'histoire, n° 28 octobre 1990.
  • Serge Klarsfeld, La Shoah en France, le calendrier des déportations (septembre 1942-aout 1944) , Paris, 1978.
  • Serge Klarsfeld, Vichy-Auschwitz, 1942, Fayard, 1983.
  • Asher Cohen, Persécutions et sauvetages, Cerf, 1993.
  • Laurent Joly, Vichy dans la « Solution finale ». Histoire du Commissariat aux Question juives, éd. Grasset, 2006.
  • André Kaspi, Les Juifs pendant l'Occupation, Le Seuil, 1991.
  • Simon Kitson, Vichy et la chasse aux espions nazis, Autrement, 2005.
  • Michael Marrus et Robert O. Paxton, Vichy et les Juifs, éd. Calmann-Lévy, 1981 ; nouv. éd. Libraire générale française, coll. « Le livre de poche », 1990.
  • Denis Peschanski, Les Tziganes en France, 1939-1946, éd. du CNRS, 1994.
  • Id. La France des camps, l'internement 1938-1946, Gallimard, 2002
  • Dominique Rossignol, Vichy et les francs-maçons : la liquidation des sociétés secrètes, Jean-Claude Lattès, 1981.
  • Michèle Cointet, L'Église sous Vichy, 1940-45, Perrin, 1998.
  • Michèle Cointet, Vichy et le fascisme, Complexe, 1999.
  • Jacques Duquesne, Les catholiques français sous l'Occupation, Grasset, 1966 reéd. 1986.
  • Isabel Boussard, Vichy et la corporation paysanne, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1980.
  • Jacques Cantier, L'Algérie sous le régime de Vichy, Odile Jacob, 2002, (ISBN 2738110576).
  • Jacques Cantier et Eric Jennings (dir.), L'Empire colonial sous Vichy, éd. Odile Jacob, 2004.
  • Yves-Maxime Danan, La vie politique à Alger de 1940 à 1944, Librairie générale de droit et de jurisprudence, 1963.
  • Eric Jennings, Vichy sous les tropiques. La Révolution nationale à Madagascar, en Guadeloupe, en Indochine, 1940-1944, Grasset, 2004.
  • Robert O. Paxton, L'Armée de Vichy, éd. Tallandier, 2004.
  • Marcel Baudot, « L'épuration : bilan chiffré », Bulletin de l'Histoire du temps présent n° 25, septembre 1986.
  • Philippe Bourdrel, L'Épuration Sauvage. 1944-45, Perrin, 2002
  • Henry Rousso, Le Syndrome de Vichy, éd. du Seuil, 1987 ; nouv. éd., « Points. Histoire », 1990.
  • Henry Rousso, Vichy, un passé qui ne passe pas, éd. Fayard, 1994 ; nouv. éd., Gallimard, coll. « Folio. Histoire », 1996.
  • Alain Decaux, Morts pour Vichy, Perrin, 2000
  • Jean-Pierre Bertin-Maghit, Les Documenteurs des Années Noires, éd. Nouveau Monde, 2004, (ISBN 2-84736-044-1).
  • Marc Boninchi, Vichy et l'ordre moral, Puf, 2005.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Textes intégraux

[modifier] Liens externes

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