Shkodër

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Shkodër - Shkodra - est une ville du nord-ouest de l'Albanie, la ville principale de la région et au bord du lac du même nom, le plus grand lac des Balkans (d'une surface de 370 km carrés), près des fleuves Drin, Kir et Buna, où passe la frontière actuelle de l'Albanie avec le Monténégro. Elle compte actuellement environ 200 000 habitants et abrite le Château de Shkodra, qui se touve à une hauteur de 130 mètres. L'origine de son nom provient de l'endroit où passe pour se verser à l'Adriatique le fleuve Drin, de l'albanais "Shko - Drin" qui signifie "Va-Drin". Shkodra est entourée également d'un massif montagneux, incluant les montagnes de Cukal (1 722 mètres), de Maranaj (1 576 mètres), de Tarabosh et de Sheldi.

Fondée au Ve siècle avant J.-C., Shkodra est une des villes les plus vieilles de l’Albanie. C’est un centre économique et culturel important pour l’Albanie.


Sommaire

[modifier] Nom

Shkodër, vue du château de Rozafa
Shkodër, vue du château de Rozafa

On connaît aussi Shkodër sous sa forme définie Shkodra, plus conforme à l'usage des spécialistes occidentaux, qui désignent les toponymes féminins albanais par leur forme définie et les masculins par leur forme indéfinie : d'où Shkodra, et Vlora plutôt que Vlorë, Peja et non Pejë (le "ë" fonctionne comme l'"e" muet du français : on ne le prononce donc pas au final) ; alors qu'on dit Elbasan plutôt qu' Elbasani et Prizren au lieu de Prizreni.


[modifier] Histoire de Shkodra

[modifier] Antiquité

La zone autour de l'emplacement actuel de Shkodra, a été habitée depuis l'époque de la préhistoire, où on a trouvé des traces de l'époque du Paléolithique (la veille pierre) Moyen, et depuis le Néolithe les fouilles ont mis en évidence une continuité de vie jusqu'à nos jours. Cela provient du fait que cette zone connaît une combinaison de facteurs climatiques rares et très favorables. En bas de la coline de Tepe, à la partie sud de la ville d'aujourd'hui, les fouilles archéologiques ont révélé des objets de l'Age de Bronze (-2 000 ans) av. J.-C.

A cette époque, vers le IVe siècle av. J.-C. Shkodra est le centre d’une tribu d’Illyriens, les Labéates. La ville connait un développement économique important, les premières monnaies datant de - 230 (av. J.-C.). De ces monnaies on apprend que le nom de la ville à l'époque était Scodrinon.

En - 181 (av. J.-C.), Shkodra devient la Capitale du Royaume d'Illyrie, sous la direction du Roi Gent (en albanais) ou Gentius (181-168 avant J.-C.). Durant le IIe siècle av. J.-C., au château de Shkodra eurent lieu une multitude de guerres contre Rome, mais les Romains finiront par l'occuper en - 168. Shkodra devient alors l'un des centres de l'Empire Romain. Avec les réformes de Diocletian, elle devient un centre régional. Shkodra était traversée par des routes de commerces importantes allant vers la côte Dalmate au Nord, et à travers le fleuve Drin à l'Est (Kosovo).


[modifier] Moyen Âge

Avec l'arrivée des slaves dans les Balkans (VI-VII s.) Shkodra est occupée et devient centre de Zeta au XI s. Ensuite s'ensuit une brève occupation bulgare. Au XIV s. elle devient un centre important autonome possédant des institutions développées et en 1360 elle devient la capitale de la Principauté de la famille puissante des Balshaj. En 1396 elle passe sous la domination des Vénitiens - la République Vénitienne -, laquelle reconstruit le Château de Shkodra et appelle la ville Scutari. Shkodra possède alors des instituions et des lois comme tous les autres centres vénitiens développés autour de l'Adriatique. Les Vénitiens se retirent après deux révolutions populaires, en 1474 et 1478-1479, et après avoir tenu face[1] aux diverses tentatives de conquête ottomanes la cèdent par traité à l’Empire ottoman en 1479, qui coïncide avec la mort de l'héros national Gjergj Kastrioti.


[modifier] L’occupation ottomane

Avec la mort de l'héros national Gjergj Kastrioti (Georges Castriote - Skender-Beg), qui dirigea le peuple albanais contre l'occupation Ottomane, en 1479 le Sultan Mehmet II entoure Shkodra, la dernière ville non occupée de l'Albanie, avec plus de 100 000 soldats. La défense de Shkodra aura continué durant 7 mois par une garnison d'environ 1 600 personnes. Cette défense fût décrite par le premier historien albanais, témoin de ces évenements, originaire de Shkodra, Marin Barleti. Son livre "The Siege of Shkodër" fût édité en Europe en 1504. Après l'occupation ottomane, la ville se dégrada petit à petit, mais se redéveloppa au XVII s. devenant un centre important de l'Empire Ottoman. A cette époque, la ville compte plus de 1 800 maisons et commence à s'établir dans la plaine où elle se trouve actuellement. Se développèrent particulièrement le commerce, la production d'armes, le travail de la soie, du cuivre, et de l'argenterie.

Elle sera à cette époque sous la domination de la famille shkodrane des Bushat. En 1787, cette famille tente pour la première fois de créer une principauté indépendante albanaise, tentative qui fût écrasée par l'Empire Ottoman.

En 1718 sont ouvertes à Shkodra les premiers consulats et en 1730 fût fondée la Chambre de Commerce. Au XVIIIe siècle, la ville est chef-lieu de la partie nord de l’Albanie (partition réalisée, appelée « Paschallec » et administrée conjointement par les Ottomans et par les riches familles albanaises). La ville est administrée par la famille des Bushatllinj (1757-1831). Des révoltes populaires ont lieu en 1833-1836, 1854, 1861-1862 et 1869.

La ville connaît sa plus grande période de développement économique au milieu du XIXe siècle. En 1870, le nombre des habitants était de 50 000. Elle devient un grand centre commercial pour la région balkanique occidentale avec environ 3 500 commerces. Les industries de tannerie, textile, du tabac et de la poudre à canon s’y développent. En 1865 le Château de Shkodra est abandonné du fait que le lit du fleuve Drin a changé. La ville se transforme en port fluvial et continue son commerce avec l'extérieur à travers les liaisons avec Oboti, Ulqin et plus tard Shengjini et Tivar. Une école jésuite et un monastère franciscain sont créés.

En 1878 fût créée la Ligue de Prizren (mouvement révolutionnaire albanais) pour éviter le démantèlement des terres albanaises. Shkodra sera un centre important de ce mouvement national patriotique. L'armée de Shkodra lutte pour la défenses des terres albanaises de Plavë et Guci (actuellement au Monténégro), Hot (partiellement actuellement au Monténégro et au Nord d'Albanie), Ulqin et Tivar (au Monténégro actuellement). Commence ainsi une période trouble, qui a pour conséquence une diminution rapide de la population. Shkodra prit une part active à la déclaration d'indépendance de l'Albanie, notamment à travers la figure éminente de Luigj Gurakuqi.


[modifier] L’histoire entre les deux guerres mondiales jusqu'à aujourd'hui

Le soulèvement de 1911 de la région du Nord, secoua l'occupation ottomane en Albanie. Après la proclamation de l'Indépendance en 1912, la Ville signa un acte contre les décisions des grandes puissances occidentales (voir la Conférence des ambassadeurs à Londres de 1913) qui laissèrent en dehors des territoires albanais plus de 40% de ses terres (dont le Kosovo). Les habitants de Shkodra organisés dans la Ligue de Shkodra prennent part à la lutte contre l’annexion de la région de Plava et Gucia (Kosovo) et de la région de Hoti et Grudes, et dans la guerre contre les Monténégrins qui reprennent la ville d'Ulcinj.

Pendant les guerres balkaniques et la Première Guerre mondiale, à cause de sa position géographique et la sortie sur Adriatique, Shkodra devient un objectif pour la Serbie et le Monténégro. Ces derniers essaient de prendre la ville en 1912-1913 et pendant sept mois la lutte entre les habitants de la ville (les Albanais) et les armées serbes et monténégrines fut rude. En 1913 grâce à un traître (Esat Pashe Toptani) les armées serbes et monténégrines réussissent à entrer dans la ville et brûlent une bonne partie de la ville. Mais ils se retirent de la ville le 14 mai 1913 car la Conférence des Ambassadeurs à Londres attribue cette ville à l’Albanie.

En Janvier 1916 Shkodra est occupée à nouveau par les armées autrichiennes, mais avec la fin de la Première Guerre Mondiale, Shkodra est sous administration internationale, et ce n'est qu'après le Congrès de Lushnja (ville au centre de l'Albanie actuelle) que Shkodra est gouvernée par le gouvernement albanais issu de ce Congrès.

Dans les années 1924 à 1939 Shkodra connaît un développement industriel avec quelques petites fabriques principalement dans l'alimentation et le ciment. En 1939 elle a environ 70 fabriques et durant cette période de monarchie albanaise, la ville est administrée par les puissances européennes, possédant ainsi des institutions et subissant des réformes progressistes. En 1939 l'Albanie est occupée par l'armée fasciste de l'Italie.

En 1945, la dictature communiste commence, et la ville souffrira durant 45 ans de l'écrasement communiste qui avait pour but de défaire Shkodra de ses traditions démocratiques, économiques et culturelles provenant de ses relations étroites avec le monde extérieur. Des personnalités éminentes et importantes de Shkodra seront alors poursuivies et exécutées, les institutions culturelles et réligieuses seront transformées selon la nouvelle idéologie. Tout fût mis en oeuvre pour que Shkodra perde son identité millénaire. Néanmoins, Shkodra donnera les premiers signaux du rejet du communisme et de l'ouverture vers le chemin de la démocratie en Janvier 1990.


[modifier] L'Héritage Culturel de Shkodra

L'héritage culturel de Shkodra pour la nation albanaise commence au XV s. par les premiers écrits de la langue albanaise, et au XVIII - XIX s. se développent l'art, le sport, les musées, les bibliothèques, l'art photographique, l'édition et plus tard, le cinéma et l'énergie électrique. On parle notamment de la bibliothèque de la riche famille des Bushatllinj, de la société littéraire, et des différentes organisations culturels et sportives (les sociétés «Bashkimi » (l’Union) et « Agimi » (l’Aube)). Les premières revues albanaises diffusées à l’intérieur des frontières de l’Albanie sont imprimées à Shkodër. En 1878 on y fabriqua la première bande musicale, et les photographes albanais de la famille Marubi y travaillient (la photothèque de ces photographes était très riche). C’est aussi à Shkodër que la Fête du Travail (le 1er mai) est fêtée première fois en Albanie.


[modifier] Le lac de Shkodra/Skadar

Icône de détail Article détaillé : Lac de Shkodra.

Le lac de Shkodra (Liqeni i Shkodrës en albanais), aussi connu sous son nom serbe de « lac de Skadar » (Skadarsko jezero en serbe), sous son nom italien de « lac de Scutari » (Lago di Scutari en italien), est le plus grand lac de la péninsule balkanique.


[modifier] Archevêché

  • Archidiocèse de Shkodër-Pult
  • Cathédrale Saint-Étienne de Shkodër

Personnalités nées à Shkodër

Loreta Fishta (1991) - mannequin , actrice de cinema

[modifier] Notes et références

  1. Description du siège par Giorgio Merula, composé en latin, édité en septembre 1474.

[modifier] Voir aussi

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Shkodër.