Révolution cambodgienne

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Quand les révolutionnaires cambodgiens arrivent au pouvoir en 1975, ils sont déterminés à créer une nouvelle société en commençant par détruire tous les aspects de l'ancienne.

Ils mettent progressivement à exécution un programme qui consiste à faire déplacer les gens des zones urbaines dans des coopératives agricoles, à rééduquer en supprimant l'idée même de propriété privée, à développer une économie et une médecine autosuffisantes, à supprimer l'argent et les repas familiaux.

Le régime centraliste des Khmers rouges (dont la devise pourrait se réduire à "Aime ton État comme toi-même!") commence aussi à exécuter systématiquement toute personne ayant eu des relations avec l'ancien gouvernement. Les gens des villes comme les intellectuels doivent quant à eux être rééduqués et ralliés au nouveau régime qui en a besoin comme forces tactiques. Les relations avec le Vietnam vont se dégrader et les quelques 10 000 Vietnamiens qui étaient restés après mai 1975 vont être pour la plupart éliminés, du fait de leur ancienne position économique et du fait d'infiltrations grandissantes de soldats vietnamiens sur le territoire cambodgien qui accroissent la méfiance des dirigeants vis-à-vis des ambitions stratégiques et économiques de leur grand frère voisin.

On peut également noter la création de centres de torture et d'exécution tel que Tuol Sleng, également appelé s-21. Il s'agit d'un ancien lycée transformé en prison où ont défilé près de 200 000 personnes. Il n'y aura que 7 survivants sauvés par leurs talents, tels que la sculpture ou la peinture. À leur arrivée en 1978, les vietnamiens ont trouvé que les dernières personnes présentes à Tuol Sleng avaient été exécutées par les khmers rouges afin de pouvoir s'enfuir.

Le nombre exact de victimes du régime appelé "Khmer rouge" par les occidentaux est encore débattu. Les spécialistes estiment ce nombre compris entre 1 million et 3 millions de morts[1].

Sommaire

[modifier] Peut-on parler de génocide ?

L'article génocide montre qu'il y a quatre génocides reconnus par les Nations unies. Les massacres du Cambodge n'en font pas partie, mais cette qualification est discutée. La question de l'ampleur n'est pas un critère fondamental. Le génocide pendant la Seconde Guerre mondiale concerne plus de 5 millions de Juifs et entre 50 000 et 80 000 de Tziganes.

Il existe au sujet de l'ampleur la notion de massacre de masse. L'article 6 du statut de la cour pénale internationale, qui a repris ce qui a été défini par les Nations unies à la suite de la shoa, précise dans quel cas on peut parler de génocide. (Voir génocide).

Quel est l'ethnie ou le peuple ou le groupe religieux, etc., ciblé en tant que tel, par la naissance de ses membres ? Où est la volonté d'éradiquer un tel ensemble distingué par sa naissance, en tuant jusqu'au fœtus sortis des ventres ouverts des femmes enceintes comme au Rwanda ? Le comportement des "Khmers rouges" (ou, selon leur terminologie, des Kampuchéens révolutionnaires) correspond à l'idéologie des gardes rouges de la Chine, qui les a précédés, mais en l'exacerbant, doublée d'une désorganisation qui a ajouté aux massacres politiques une catastrophe humanitaire. Il n'y a pas eu de racisme[2] mais une population politiquement (mais pas forcément économiquement) déclassée sur des critères purement sociaux.Toutefois la transformation des Khmers considérés comme ennemis du Parti en "Khmers Hanoï" c'est-à-dire assimilés aux Vietnamiens , considéré historiquement comme le plus grand ennemi par le Cambodge racialise ces crimes et en fait l'argument de nombreux universitaires.

La qualification de génocide est remise en question par certains historiens (Sacha Sher, Steve Heder, Philip Short), par certains juristes (Ong Sophinie, David Boyle) mais d'autres , une majorité reconnaissent le caractère génocidaire: David Chandler, Milton Osborne et Ben Kiernan.Le reportage de Rithy Pann a mis l'accent sur le caractère génocidaire. Il y'a donc un débat. Par exemple pour Sacha Sher, le terme de génocide pourrait ne pas être écarté s'"il est rapporté à une volonté de faire disparaître un groupe culturellement, ce qu'envisageait au départ l'inventeur du mot, Raphael Lemkin pour ce qui est de l'assimilation des Juifs, et ce qui s'est produit avec les musulmans et certaines minorités ethniques des plateaux cambodgiens. Seulement, ce sens a été abandonné par les définitions de l'ONU, étant donné que cela risquait d'inclure trop de crimes coloniaux et autres contre la pensée et les traditions de maints peuples ou minorités. On pourrait en fait tout cataloguer sous ce terme de génocide selon le sens qu'on veut bien lui prêter (...). Mais si l'on s'en tient aux définitions juridiques reconnues internationalement, ce qui s'est produit au Cambodge ne s'y rapporte pas." La communauté internationale attend les jugements des dignitaires Khmers Rouges pour que le statut de génocide soit reconnu.

En tout cas, tout le monde semble d'accord pour dire qu'il y a eu crimes contre l'humanité (notamment des déplacements forcés de population) et crimes de guerre (contre les officiers civils et militaires de l'ancien régime).

[modifier] Bibliographies

  • Sacha SHER, Le Kampuchéa des "Khmers rouges", essai de compréhension d'une tentative de révolution, l'Harmattan, 2004.
  • BEN KIERNAN, Le Génocide du Cambodge 1975-79, Gallimard, 1998.
  • D. CHANDLER, Pol Pot, Frère Numéro Un, 1993, Plon, Paris, 343 p.
  • M-A. MARTIN, Le mal cambodgien, histoire d'une société traditionnelle face à ses leaders politiques 1946 - 1987, Hachette, 1989, 307 p.
  • F. PONCHAUD, Cambodge, année zéro, Julliard, Paris, 1977.

[modifier] Notes

  1. Deux millions de morts : « 27 ans après le génocide, le procès des Khmers rouges s’ouvre au Cambodge » dans Le Figaro du 3 juillet 2006, [lire en ligne]
  2. la question demeure cependant controversée: cf par exemple Ben Kiernan 'Le génocide cambodgien: la part du racisme,' Histoire, no. 248, novembre 2000

[modifier] Voir aussi

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